Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

28 février 2005

Retour de vacances blanches

Retour de vacances. Pendant quelques jours j'ai donc délaissé le blog pour la glisse, sur une neige exceptionelle. De mémoire de savoyard, cela faisait quinze ans au moins que l'on avait pas vu une telle qualité de poudre!
A propos, cela m'amène naturellement à Gaymard qui dégringolait de son dupleix pendant que je descendais tranquillement les pentes de sa "chère Savoie". L'un des nombreux sujets que j'avais envie d'aborder pendant cette "abscence". L'ancien présentateur d' "Argent Public"- émission dont je suis inconsollable- a bien sûr été réjoui par ce progrès évident dans la mise en oeuvre d'une morale publique exigente pour les représentant de l'Etat. Surtout, lorsque, comme Gaymard, ils ont directement en charge la gestion de l'argent public et proclament volontiers qu'il faut se "désintoxiquer de la dépense publique", ce qui ne veut absolument rien dire, mais à l'air de faire serieux.
Gaymard a du démissionner en une semaine pour de choquantes frasques immobilières. Il s'est (modestement) enrichi sur le dos du contribuable en louant l' appartement dont il était propriétaire alors qu'il était royalement logé aux frais de la princesse. Cela lui laissait de la marge, par exemple, pour financer les travaux d'embellissement de son chalet, confié, selon Libération, à un spécialiste de l'hotellerie de luxe. Pas mal pour quelqu'un qui "n'a pas de fric."...Mais on ne ne peut s'empêcher de penser que si Hervé Gaymard avait détrourné des milliards d'euros dans un paradis fiscal, il serait peut-être encore en place, en train de se justifier. Les Français sont comme ça. Légèrement inconséquents et enclins à pardonner ce qui dépasse leur entendement ou leur échelle de prix. Alors que, on le sait depuis longtemps, l'opinion est à fleur de peau avec tout ce qui concerne le logement. Là, chaque Français connaît exactement la valeur des choses, et peut jauger le comportement de ses représentants à l'aûne de ses propres rêves de propriété. J'ai d'ailleurs entendu un analyste de l'opinion expliquer que ce qui avait le plus scandalisé les "gens" c'était d'entendre Gaymard avancer-pour sa défense- qu'il ne connaissait pas le montant du loyer de l'appartement! Alors comme ça, on peut habiter un petit palais de 600m2, aux frais du contribuable, sans même se soucier de la charge que cela représente pour ses administrés? Quelle plus belle preuve de désinvolture?
Cette "bulle", détachée de toutes considérations bassement matérielles et dans laquelle sont maintenus les hauts representants de l'Etat est très exactement le leg monarchique de cette cinquième république qui n'en finit pas d'agoniser sous nos yeux.
Je me souviens qu'en m'annonçant la suppression d' "Argent Public", malgré d'excellents scores d'audience, Olivier Mazerolles, qui exécutait les basses oeuvres de Marc Tessier (toujours fringuant pdg de Francetélévision), me fit dire que ce n'était pas un "sujet porteur". Bien vu.

15 février 2005

Chirac perd son ami Hariri.

Hariri assassiné au Liban. L'implication de la Syrie, ou de certains services syriens ne semble guère faire de doute. A sa manière de chanoine (même s'il était sunite Hariri a été éduqué dans des écoles chrétiennes), il s'était discrètement mais résolument affronté à l'hégémonie syrienne sur le Liban. Et Damas, adepte des bonnes vieilles méthodes mafieuses, a toujours reservé le même sort à ceux qui ont impétueusement contesté sa chasse guardée au Liban. On peut dire ce que l'on veut d'Hariri sauf qu'il manquait de courage.
Selon Proche-Orient Info, il était conscient des risques qu'il prenait, mais se pensait protégé par son amitié avec Jacques Chirac. Hariri était en effet un ami (et bienfaiteur?) de Jacques Chirac qui manquait rarement de prendre conseil auprès de lui avant de prendre position sur un dossier moyen-oriental.
C'est, par exemple, sur les conseils d'Hariri que Chirac a constamment fait preuve de mansuétude envers le Hezbollah, faisant un distingo subtil entre ses opérations "militaires" (souvent de vulgaires actions terroristes) et ses activités sociales et politiques.
La question que je me pose enfin est la suivante: Que va faire Chirac en souvenir de son ami Hariri, à part demander une "enquête internationale"? Cessera-t-il au moins de se montrer complaisant avec l'un des bras armés de la Syrie au Liban?
La politique étrangère française cherche encore le bout du tunnel.

le blogueur épinglé

J'ai pu vérifier, hier, la popularité (naissante) de ce blog. Dans ma denrière note j'ironisais, un peu facilement je l'avoue, sur la soirée Sposora qui n'a désormais plus de secrets pour personne, ici. Hier, donc, alors que je participais au Forum Economique des Jeux, dont une partie de l'animation m'avait été confiée, je fus assez surpris de voir venir vers moi Gilles Bertoni, le patron de cette sympathique manifestation publicitaire (événementielle, marketing etc..). "J'ai lu ce que vous avez écrit à notre sujet sur votre blog!...", froissé par mon mauvais esprit. Il me reproche, en particulier, de ne pas avoir mentioné les distinctions decernées au cours de cette soirée au Club des Entreprises Paris 2012, que je conseille par ailleurs.
Première leçon, et c'est bien ainsi, grâce à Google ou aux liens hypertextes aucun commentaire ne passe desormais inaperçu nul part sur le net.
Deuxième leçon, j'ai été pris au piège d'une sorte de conflit d'intérêts. Le simple fait d'annoncer la couleur n'a pas suffi à m'en preserver, car ce que Gilles Bertoni m'a, à demi mot reproché c'est d'avoir craché dans la soupe, "surtout que vous aviez un ami dans le jury."
Comment faire, ami lecteur, pour conserver une part d'esprit critique? Devais-je m'interdire d'aborder toute question touchant de près ou de loin à l'olympisme ou au marketing sportif, sachant que je fréquente ce monde? Avec plaisir d'ailleurs, ne contestant nullement l'utilité du sponsoring dans l'organisation d'événements que nous avons tous plaisir à suivre.
Troisième leçon, nous ne sommes toujours pas, en France, habitués à une presse réellement critique. Je ne dis pas libre, je dis critique.
Hier, je déjeunais aux côtés d'une australienne, directrice générale de la chambre de commerce et d'industrie de Sydney, qui a pris la parole lors du forum économique des jeux. Elle venait de répondre à des interview et qu'est-ce-qui la frappait? "Vos journalistes sont décidément très gentils!" Hélas.

08 février 2005

SPORSORA vous connaissez?

Moi non plus, avant d'assister, hier soir, à la remise des trophées du sponsoring sportif, deuxième édition. Faisait partie du Jury mon ami Olivier Cantet (voir l'aventure de l'heliski au Canada dans mes liens), président de Rip curl europe. Mais j'y étais avant tout dans le cadre de mes "nouvelles activités" de consultant. A force, je commence à devenir un specialiste, puisque je conseille Le Club des Entreprises Paris 2012, dans lequel je retrouve-décidement il me poursuit!- le groupe Lagardère. Un truc passionant en fait.
Bon, hier soir, le sporsora c'était un truc comme les "Césars" du marketing sportif avec un animateur lamentable. Du genre: "Mme Aglietta (presidente de Médiamétrie), vous êtes membre du jury. Avec ça, vous trouvez quand même le temps de faire des petits plats à votre mari?" Ça devait se vouloir drôle. Surtout les remise de trophées (des horribles choses en verre de plusieurs couleurs, ils n'en voudraient même pas à la boutique tout à 1 € en bas de chez moi) étaient entrecoupées de séquences ou les sponsors de la soirée du sponsorring (!) se congratulaient. La soirée Sporsora c'était donc, comme vous l'avez conclu vous même une chouette soirée ou des spécialistes du sponsoring, grâce à l'argent de sponsors organisent une soirée pour récompenser des sponsors (parfois les mêmes). Une activité apparement rentable, si j'en juge par le buffet qui était d'assez bonne qualité. On vit une époque formidable.
Les journalistes on ne devrait jamais les sortir dans ce genre d'endroit. Ils font aussitôt du mauvais esprit.
C'était assez"couloirs", non?

07 février 2005

Les JO à Paris en 2012?

Je poste moins de notes ces jours-ci, étant en train de finaliser ma contribution à un événement important pour lequel je fais office de "consultant": Le Forum économique des Jeux Olympiques qui se déroulera à paris le 14 Fevrier. Depuis que les circonstances m'ont conduit à "prendre du recul" (oh!), c'est devenu une nouvelle activité, presque un nouveau métier. Pas désagréable d'ailleurs. J'y croise des gens plutôt plus cultivés et sympathiques que dans le monde journalistique, décidément bien mal en point. Bon, je ne vais pas vous ennuyer avec ce Forum. Disons qu'il s'agit d'une démonstration de la cohésion nationale et de la mobilisation sur l'enjeu que represente l'organisation des JO en France. Je remarque d'ailleurs que l'idée d'avoir les Jeux Olympiques à Paris soulève un asseez grand enthousiasme et peu de critiques, ce qui est exceptionnel dans notre village gaullois. Il y a bien un préavis de grêve de fonctionnaires au moment ou arrive la commission d'évaluation du CIO le mois prochain. Celle-ci est chargée de donner un avis sur chacune des villes candidates. Cette menace de grêve est assez irresponsable, l'une des craintes du CIO à propos de Paris étant justement une mega grêve au moment des jeux. Mais tout le monde a confiance dans le fait que les choses se règlerons d'ici là, à l'amiable, entre gens responsables (!).
Désolé mais je ne ferais aucune révélation sur la candidature, vue de l'intérieur. Question de déontologie. Il y aurait beaucoup à dire mais je laisse cela pour plus tard. Pour l'instant, tous derrière Paris!

03 février 2005

Vous Allez Rire...(Titre Vendeur)

Bon. Le temps est venu d'une petite explication. Après tout ce blog va avoir un mois. Ça se fête. Plusieurs lecteurs et lectrices réguliers, y compris des amis, m'ont conseillé, de différentes façons de me" lâcher" davantage. J'avais pourtant l'impression de le faire, mais non il faut croire que je m'égarais. On veut me remettre dans le droit chemin: "Sylvain, tu es très bon, très sérieux mais amuses-nous donc un peu plus souvent!" Allez, laisse tomber tes analyses si pertinentes sur l'Irak et fais nous saliver avec quelques anecdotes savoureuses sur ton métier..Les stars, les paillettes, les petits côtés de tes confrères. En fait je ne sais pas, ils veulent des blagues, ils veulent s'amuser. Je les comprends. Moi aussi je trouve le monde tellement sinistre que je ne manque jamais une occasion de m'amuser. Mais quand il s'agit d'écrire, sur ce que je vois, sur ce que cela m'inspire, je n'ai pas beaucoup envie d'amuser mes contemporains. D'ailleurs excusez-moi, je trouve le culte du comique de plus en plus suspect. Aujourd'hui, celui qui ne rit pas, qui ne veut pas rire, celui-là court le risque d'être mis en quarantaine. C'est un sous-produit de la "culture Canal" qui a commencé avec le meilleur (Coluche, Bruno Carette) et a atteint le pire avec Djamel, dont je rappelle qu'il est allé apporter son soutien public à l'inquiétant Dieudonné. Drucker a fait comme s'il ne savait pas, pour ne pas se gâcher une belle audience. Nous en sommes arrivés au point ou si vous n'êtes pas un gai luron, si vous ne riez pas aux blagues des amuseurs télé, vous êtes perçu comme un sinistre individu. Le rire à la télévision, qui n'a rien à voir avec l'humour ou l'esprit, est devenu une industrie productrice d'audimat. Une souriante tyrannie.
Hier j'ai eu une conversation impromptue avec un metteur en scène d'opéra à la terrasse d'un café. Je ne le connaissais pas. "c'est normal, m'a-t-il dit, je ne suis pas très connu." Il a fait deux ou trois choses à Bastille et m'a donné son nom, mais j'ai peur de ne pas savoir l'écrire. Nous étions d'accord sur le fait que si Mai 68 avait été le signal d'une libération créatrice à partir de laquelle les artistes ont heureusement secoué le pouvoir établi, on en est arrivé, 35 ans après, à un système reposant sur le couple provocation/notoriété. Exemples: Une exposition vient d'ouvrir, à Berlin, dont on aurait jamais parlé si elle ne faisait pas ouvertement l'apologie de la bande à Baader. Ou bien, récemment à Chaillot, une création dans laquelle les acteurs chiaient sur scène. (Vous voyez, vous qui trouviez que ce blog sentait un peu trop la rose, je m'améliore). On ne sait pas pourquoi ils faisaient ça, les articles (pour ça il y en eut) se contentaient de souligner le scandale. "Demain quoi?, un meurtre en direct? "se demande notre metteur en scène qui se revendique disciple de Strehler et admirateur de Chéreau. Quand Chéreau choque, lui, on sait toujours pourquoi. Arrive alors le serveur, un jeune étudiant en théatre qui avoue qu'à son age il est tenté par ce qui provoque, tout en reconnaissant que c'est, au fond, très commercial: "J'ai du mal à dire autour de moi que j'aime Racine!", confesse-t-il.
Avec le rire, c'est pareil. Choquez vous serez adulés. Bientôt il faudra se cacher pour voir les films de Louis de Funès.
Je n'irais pas plus loin, vous renvoyant, par exemple à quelques ouvrages d'Alain Finkielkraut (encore un joyeux luron!) comme "L'imparfait du présent" (NRF, éditeur hillarant.)
Quand à moi, pardonnez-moi de revendiquer le droit au sérieux. Je préfère prendre le risque de faire chier (un peu) mon public que chier en public. Mais quand j'en entendrai une bien bonne je ne manquerai pas de vous en faire profiter...Vous savez, au fond, j'aurais voulu être Frederic Dard. Sans rancune.
PS: je promets aussi de changer rapidement ma photo, dont tout le monde s'accorde à dire qu'elle souligne mon côté raseur.

01 février 2005

Les Soldats de la 25 ème heure

"Une étape importante de la reconstruction politique de l'Irak" "La stratégie des terroristes a en partie échoué". Voici ce que Jacques Chirac a dit à Bush, au téléphone, après l'annonce de la participation massive lors des premières élections démocratiques, même sous occupation. (Un supposé oxymore sur lequel, s'agissant du monde arabe, il faudra peut-être s'interroger plus longuement). Parfait. Mais pourquoi donc Chirac ne s'est-il pas fendu de cette déclaration avant le vote. Cela aurait pu avoir l'air d'une invitation bienvenue au Irakiens. Venant qui d'un homme aussi populaire dans la rue arabe, elle aurait sûrement eu de l'influence et Chhirac pourrait même aujourd'hui s'associer à ce succès. Mais voilà. Soit Chirac s'est encore trompé en misant sur un échec de l'élection (la théorie du chaos des medias français), soit il n'a pas voulu paraître aider les Américains. Quoiqu'il en soit, il est maintenant l'homme qui vole au secours de la victoire. En l'occurrence celle de la démocratie. Tout cela n'est pas très brillant et renforce l'impression de cafouillage de la diplomatie française qui peine toujours autant à se situer sur ce sujet. Un jour nous sommes avec "les résistants irakiens" (ie les bouchers de Zarqaoui), le lendemain nous nous félicitons que leur stratégie ait échoué. Pardon "en partie échoué". J'avais oublié de vous faire savourer le poids de cette réserve qui a le mérite de ne pas insulter l'avenir. Tout comme, lorsque, se félicitant à leur tour de ce plébicite de la démocratie, Michel Barnier et ses collègues européens n'ont pu s'empêcher de glisser ce bémol: "Le processus constitutionel doit se dérouler de telle sorte que toutes les sensibilités participent à l'élaboration de la constitution." (Solana). Pour l'instant, ce sont les sunites qui boycottent le processus. C'est sûrement à eux, donc, que s'adresse ce conseil...

Raffarin, des "tunes"!

Dans la série: "juste en passant". J'aimerais bien savoir qui est le génial conseiller en communication qui a soufflé à Raffarin de choisir Tunis pour...faire le bilan de ses mille jours comme premier ministre. A côté d'un magnifique drapeau rouge au croissant et à l'étoile et dans cette grande démocratie qu'est la Tunisie de Ben Ali, le "Pompidou du Poitou" n'a pas craint les téléscopages. J'ai beau chercher, je ne vois décidément toujours pas l'idée qui se cache derrière cette initiative loufoque.