Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

19 décembre 2007

brèves de fin d'année

-Deux traders de chez Goldman Sachs (New York) vont gagner cette année entre 5 et 15 millions de dollars de bonus. Dans leurs analyses de marché il avaient prévu la crise des "subprimes" et ont convaincu leur chef d'équipe qu'il fallait prendre des positions à la baisse sur ce titres. Conséquence: ils ont fait gagner 4 milliards à la firme, à rapprocher des 2 milliards perdus sur les "subprimes", que dans le même temps d'autres banquiers de Goldman Sachs continuaient de faire acheter à leur clients! Vive la crise!

-La conférence de Bali s'est terminée sans accord sur une réduction quantifiée des émissions de gaz à effet de serre, mais sur un engagement des pays en développement de participer à l'effort global. C'est déjà ça. A Kyoto, les mêmes ne voulaient absolument pas en entendre parler, considérant que c'était aux pays développés de réparer leurs erreurs. Entre-temps la Chine est devenue aussi productrice de CO2 que les Etats-Unis. Cela dit, l'objectif de réduction de 50% les émissions d'ici 2050 reste très hypothétique. Les spécialistes considèrent que c'est un seuil minimum pour contenir à 2°C le réchauffement climatique...à la fin du siècle. D'ici là, en effet, la situation ne fera qu'empirer car il faut que le stock de CO2 constitué (et qui continue d'augmenter) s'évacue. Il y a une obligation morale à prendre néanmoins le problème à bras le corps. Une question reste toutefois en suspend: Le progrès technique, les économies d'énergie, le recours aux énergies renouvelables seront ils suffisants pour faire face à la demande mondiale croissante d'énergie, ou bien allons nous devoir changer de façon de vivre? En attendant rassurons ceux qui se demandent comment faire un Noël écologiquement responsable. Ce soucis est louable mais ses conséquences ne sont même pas infinitésimales...

-Après Annapolis, Paris, où les Palestiniens ont moissonné 7 milliards et demi de dollars de (promesses de) dons sur 3 ans. Les trois quarts de la somme de ce "Palesthon" serviront à payer les arriérés de salaires de la pléthore de fonctionnaires qu'il a fallu créer pour compenser l'asthénie économique des territoires. S'il y a bien une chose qui ne manquera pas dans le futur Etat, c'est bien de fonctionnaires! Pour qu'il y ait une réelle amélioration de l'éco nomie il faudrait que les Palestiniens, personnes et biens, puissent circuler librement d'une ville de la Cisjordanie à une autre. Ne parlons même pas de Gaza d'où même les malades ne peuvent pas sortir. Les Israéliens expliquent, et ils ont sans doute raison, que la levée immédiate des blocages laisserait passer les Palestiniens mais aussi les bombes humaines et qu'au premier attentat à Tel Aviv tout le processus s'écroulerait. La solution est donc de restaurer au plus vite la capacité des palestiniens à lutter contre le terrorisme, car la volonté d'Abbas et du Fatah parait ne plus manquer.

-Tout le monde le redoute: Ingrid Bettancourt est trop précieuse pour que les Farc ne la garde pas avec les derniers otages (ils sont une quarantaine, certains retenus depuis 10 ans). On pourrait en déduire que la médiatisation de son calvaire a eu des effets pervers. C'est tout le contraire. Car même les Farcs, isolées dans la jungle et tout marxiste-leninistes qu'elles prétendent être restées font partie du "village global". Ils reçoivent les chaines par satellite et diffusent leurs communiqués par internet. Ils en deviennent forcément sensibles à l' image qu'ils donnent d'eux même. D'où ce premier geste qui peut être suivi par d'autres. A condition de ne surtout pas céder quoi que ce soit.

-Sarko et Carla. On entend plus parler que de cela dès que l'on met (prudemment et bien couverts) le nez dehors ces jours-ci. Cela passionne et amuse les Français qui ne sont surement pas dupes pour autant. Je ne rentrerai pas dans le débat sur la mise en scène de la vie privée du président. Est-ce une rupture avec l'hypocrisie du passé? Un signe de modernité "kennedien"? Un envahissement de la com? Un peu de tout cela sans doute. Bornons nous à relever qu'avec Sarkozy, mais aussi avec Royal, la France est entrée dans une peopolisation à l'américaine de sa vie politique. Jusqu'ici en Europe, à part Berlusconi, aucun leader n'était allé aussi loin. Au début du XXème siècle on pouvait être élu sur ses seules compétences politiques ou politiciennes. Le look ne comptait pas. A la fin du dit siècle il était devenu indispensable de maitriser les medias et en particulier de bien passer à la télévision. Désormais impossible d'être élu et de durer sans mettre en pratique les recettes marketing des stars de la télé et du show biz avec la presse people: La vérité compte peu ou pas. Il faut qu'ils racontent, écrivent et mettent en scène à leur intention et en permanence une, ou des histoires privées bien glamour et limiter, par ailleurs, leur curiosité sur les aspects de leur intimité qu'ils souhaitent vraiment cacher. Pour l'instant la presse française se prête assez bien au jeu. Jusqu'à quand?

-Vengeance sur internet: La pauvre Laure Manaudou en a fait les frais. Désormais les people devront prendre garde: Une rupture un peu mouvementée... et hop! A poil sur internet. Espérons que l'amie du Président n'aime pas prendre de photos, activité à laquelle on le sait nombre de jeunes couples mûs par une passion réciproque aiment s'adonner. Une solution: faire signer un contrat avant tout rapport sexuel assurant que l'on ne cache aucun appareil photo ou video. Vive l'amour! Allez, bonnes fêtes à toutes et à tous!

28 novembre 2007

Denise, rescapée de l'enfer khmer rouge


C’est une petite dame très digne. Son livre n’aura jamais de prix littéraire, d’ailleurs ce n’est pas un roman. Justement. Lors de l’enregistrement, nous étions tous, sur le plateau comme en régie, au bord des larmes. Pour la première fois, je me suis demandé si j’allais être capable de terminer une interview. Après, nous avons tous eu besoin de l’embrasser. De serrer dans nos bras ce petit morceau d’humanité martyrisé…De lui demander pardon. En notre nom à tous, le notre celui de nos ainés qui n’ont pas su ou pu la protéger.
Je venais juste de terminer, déchiré, la lecture de son récit « La digue des veuves », aux Presses de la Renaissance. Bien trouvé l’éditeur car Denise Affonço, franco-cambodgienne, est revenue à la vie après quatre ans (entre 1975 et 1979) passés dans les camps de concentration à ciel ouvert des Khmers rouge pendant lesquels elle est morte plusieurs fois. Sa fille, elle, est morte de faim, à l’âge de 9 ans, sous ses yeux. Comme elle était trop jeune pour trimer comme les autres du lever du jour au coucher du soleil, sept jours sur sept, ses bourreaux ne lui donnaient qu’une demi-ration de riz. Les privations de sa mère n’ont pas suffi à la sauver. La pauvre fillette est morte, non sans avoir demandé pardon à sa mère pour avoir « été méchante avec elle ». Les jours qui ont précédé sa mort, Jeannie, possédée par le démon de la faim avait insulté sa mère parce qu’elle ne la nourrissait pas assez. Comment peut-on jamais se remettre d’un tel supplice ? Toute la famille de Denise a connu le même sort. Son mari, un intellectuel communiste, a été exterminé dans un « camp de redressement ». Quant les Khmers rouge sont arrivés à Phnom Phen, il était pourtant enthousiaste. Les révolutionnaires allaient, pensait-il les débarrasser du régime honni de Lon Nol. Denise, citoyenne française, aurait pu être évacuée. Mais pas son compagnon et père de ses enfants. D’autres femmes ont fait ce choix et n’ont jamais revu leur mari, mais comme dit Denise, aucune n’a la conscience tranquille. Denise est donc restée et n’en veut même pas à la France pour avoir eu un cœur de pierre.
Il ne reste à Denise qu’un fils, Jean-Jacques, réfugié en France comme elle. Il avait douze ans à l’époque et fut traité comme adulte. C'est-à-dire envoyé au travail forcé, séparé de sa mère et constamment battu. Sous alimenté, sa croissance s’en est ressentie mais il doit néanmoins à ce traitement d’avoir eu la vie sauve. Il n’y avait pas de chambre à gaz au Cambodge, mais on exterminait tout aussi sûrement par la famine et les maladies. Avec les cadavres les SS khmers fabriquaient de l’engrais humain…
Aujourd’hui Jean-jacques a 43 ans. Il a encore du mal à regarder des scènes de violence trop réalistes à la télévision, et croit toujours que son père est vivant.
Tous les récits des survivants d’un génocide se ressemblent.
Celui-ci s’est déroulé, avec la complicité de la Chine, sans réaction des « nations du monde libre », trente ans après la fin de la deuxième guerre mondiale. A part quelques lampistes, les responsables n’ont pas été jugés. Pol Pot est mort dans son lit. Il y a eu d’autres génocides depuis. Rien ne change. Et c’est ça qui est vraiment à pleurer.
Pour voir ou revor l'entretien de Denise Affonço sur France24, cliquez ici

26 novembre 2007

Les moeurs politico-médiatiques

Ce n'est pas moi qui raconte, cette fois-ci mais l'excellent Jean-Michel Apathie, de RTL. Bernard Kouchner a beau incarner une "autre façon de faire de la politique", l'humanitaire et tout et tout...Quand on en vient aux media, indécrottable, comme les autres, les réalpoliticiens. Non seulement ils s'invitent quand ça leur toque, mais en plus ils prétendent faire les questions à la place de l'interviewer, et quand ils n'y arrivent pas ils s'en vont sans même dire au revoir en faisant la gueule. Je vous le dit, il faut avoir sacrément la foi pour continuer de faire ce métier. Ce sera tout.

21 novembre 2007

Pourquoi 2007 ne sera pas 95

Chirac mis en examen pour détournement de fond. Cela n'émeut personne tant Chirac, cela parait déjà du passé. Au passage, la dégringolade physique de l'homme fait peine à voir. Sur les quelques images prises de lui ces derniers mois, il marche comme un vieillard.
95 est donc la préhistoire.
Il y a de nombreuses raisons pertinentes qui expliquent que le conflit de 2007 ne ressemble en rien à celui de 1995. Laissons de côté la saison des grèves, novembre ici, décembre il y a douze ans.
Il y a bien sûr le fait que la société, le monde a énormément changé (la mondialisation est un phénomène assez bien intégré en général, même si certains Français ont encore du mal à s'y faire). Les Allemands-pour prendre un cas proche de nous- ont repoussé l'age de la retraite à 67 ans et, il faut le souligner, outre-Rhin les fonctionnaires n'ont pas le droit de grève.Chez nous, les régimes de retraite du privé et aussi de la fonction publique ont déjà été en partie réformés et la durée du travail allongée. Le bilan des 35 heures est considéré comme globalement négatif pour les salariés modestes. Tout cela, plus l'exceptionnelle victoire de Sarkozy (en terme de mobilisation et de score) explique que l'opinion ne sympathise plus avec les cheminots sur lesquels le conflit se polarise puisqu'ils ont, en théorie, la possibilité de "paralyser" le pays.
Or justement, contrairement à ce que l'on lit ici ou là, et en particulier dans la presse étrangère, il n'y a ni "blocage", et encore moins paralysie du pays. Tout juste un ralentissement, qui a un coût on y reviendra, mais en tout cas rien à voir avec le chaos de décembre 95.
La principale perturbation se situe dans les transports régionaux pour aller travailler et rentrer chez soi le soir. Les autres déplacements peuvent encore se faire en avion, et au bout de quelques jours il y avait à nouveau quelques TGV. Le Thalys et l'Eurostar ont fonctionné tout à fait normalement, conduits par des Belges ou des Anglais, merci l'Europe.
Les salariés se sont donc organisés, au prix de quelques jours de RTT (qui n'existaient pas en 95...), avec un peu de co-voiturage (découvert en 95), puis ils ont pris leur mal en patience. Beaucoup de sociétés ont mis en place des systèmes parfois collectifs pour leurs employés, à France 24 par exemple la direction a payé le taxi à tous ceux qui ne pouvaient pas faire autrement. A condition d'en trouver un, de ce côté là ça ne s'est pas arrangé. La note va être salée, de toute façon, car il n'y a pas de caisse noire patronale chez nous! Mais on n'a pas revu ces autobus qui partaient parfois à 5 heures du matin des villes de lointaine banlieues pour arriver à 8 heures et demi au centre de Paris.
La principale différence avec 95 vient de l'extraordinaire essor du deux roues, qu'il soit motorisé ou non. Depuis 12 ans les ventes de scooters croissent d'environ 10 à 15% par an. Et puis à Paris, comme dans d'autres grandes villes, il y a, bien sûr, le Vélib... Ajoutés aux vélos "privés" qu'on a ressorti des caves, ce sont des centaines de milliers de bicyclettes, poussées par la mode écolo et le réchauffement climatique, qui ont envahi nos rues, parfois de façon anarchique. C'est, hélas, le revers à la médaille: l'augmentation exponentielle des accidents corporels engageant des deux roues durant les grèves: +70% à Paris selon la Préfecture de Police! A mettre aussi sur le dos des grévistes?
C'est à Paris, plutôt en Ile de France, (et dans une moindre mesure à Marseille) que les syndicats des transports sont les plus puissants. Presque partout ailleurs les transports urbains ont été privatisés ou municipalisés. Il est donc ironique de penser que Bertrand Delanoé qui, selon la formule consacrée a inventé les embouteillages de nuit, en a aussi fourni l'excellente antidote avec le Vélib, et que de cette façon il a rendu un fier service aux usagers et indirectement aussi au gouvernement qui peut négocier sans subir une insupportable pression des salariés "paralysés".
Autre différence majeure: En 95 la surenchère avait coûté très cher aux syndicats "installés"avec l'apparition de Sud Rail sur la gauche de la CGT, et aux dépens de la CFDT. Même s'il y a eu débat interne, il est clair que la leçon a été retenue et que Thibaut avait intérêt à une reprise du travail la plus rapide possible.
Il y a d'autant plus intérêt qu'une fois admis le principe des 40 annuités (ce qu'a fait en réalité la CGT sans bien sûr le crier), il y a du grain à moudre! On le savait avant même que la négociation ne commence, entreprise par entreprise, ce qui est évidement la meilleure formule.
La SNCF propose déjà 90 millions d'euros en compensation aux cheminots sous forme d'augmentation de salaire en fin de carrière, ou de régime de retraite complémentaire. Ses confortables bénéfices (417 millions en 2006), le lui permettent, et au bout du compte, le client paiera. Ce qui n'est pas choquant d'autant que le train est, en France, encore très bon marché. Les entreprises, les clients, et pour une part aussi les salariés paieront pour des retraites qui seront peut-être meilleures, ce qui est quand même plus normal que de faire payer le contribuable. Et puis 90 millions comparés aux 5 milliards que l'Etat économisera avec la disparition des régimes spéciaux, cela laisse même une marge de négociation aux syndicats qui auront en face d'eux un représentant du dit-Etat!
Bref, en deux mots, on est revenu- enfin presque- à un fonctionnement normal dans un pays démocratique et social, à défaut d'être social démocrate.
Pour toutes ces raisons, il n'est pas exagéré de dire que la grève de 2007 aura été un bide.
Mais, même si ce n'est pas 95, il aura fallu en passer par une grève anachronique qui va couter des centaines de millions, certains disent des milliards d'euros et pas loin d'un demi point de croissance. La France pouvait-elle se le permettre? Bien sûr que non. Et tout cela parce que les syndicats modérés (dans lesquels on peut aussi ranger désormais la CGT) doivent composer avec une base influencée intellectuellement par l'idéologie d'extrême gauche que l'on voit aussi à l'œuvre dans les campus avec le refus dogmatique et suicidaire de toute réforme de l'université. Une extrême gauche qui a contribué au déclin du PC et affaiblit aussi le PS, qui pèse près de 10% aux élections, qui joue ouvertement la rue contre le suffrage universel, refuse de s'incliner devant le votes à bulletin secret dans les AG des facs, en reste à des slogans démagogiques et "anti-capitalistes", bref un courant politique anti-démocratique face auquel, bizarrement, la société ne s'alarme pas, ne se gendarme pas, ne se montre pas "vigilante", comme elle le fait avec l'extrême droite dont la toxicité est pourtant, j'ose le dire, dix fois moins grande!
Attendez, vous ne me croyez pas? Le FN, au faîte de son influence électorale, aurait-il jamais pu, l'eut-il voulu, organiser une telle tentative de déstabilisation? Vous croyez que l'extrême gauche, à la différence de l'extrême droite est non violente? Voyez les destructions dans les facs et à la SNCF...sans parler de sa complaisance "border line" envers le terrorisme politique, la violence contre l'Etat justifiée par la violence de l'Etat et autres foutaises théoriques.
Comme l'extrême droite, l'extrême gauche sera défaite. Elle le sait déjà. Alors que se profile l'inéluctable reprise et les non moins inéluctables compromis, apparaissent les premiers sabotages (que Sud Rail refuse de condamner!). Car elle va ainsi au bout de sa logique de minoritaire. Comme les réformistes finissent par faire valoir leur point de vue et que tout le monde en est à peu près satisfait, elle ne peut que casser, car tel est en réalité son seul programme politique.
Reste qu'elle jouit d'une étonnante tolérance politique et sociale, car on l'assimile à tort au côté sympathique de 68.
Il est temps que juchés sur leurs vélib', les bobos, qui s'adonnent parfois au vote de protestation pour l'extrême gauche- sans même l'excuse sociale des prolos qui votaient Le Pen-le réalisent. Ils jouent tout simplement contre leur pays.

19 novembre 2007

Faut-il bombarder l'Iran?

Depuis maintenant des mois la question est là , angoissante. Il n’est pas facile d’y répondre, encore moins de décider l’implication de son pays. Commençons par ce qui ne fait guère de doute : La république islamique d’Iran cherche bien à se doter d’une capacité de dissuasion ou d’intimidation nucléaire. Cette perspective est dangereuse, non pas tant en raison des menaces sur Israël (qui ne sont pas des menaces d’agression militaire, il faut le souligner), qu’en raison des risques de dissémination dans les autres pays de la région, inquiets de voir la grande puissance chiite accéder au club envié et prestigieux des nations disposant de « la » bombe. Si le monde laisse l’Iran disposer d’un arsenal nucléaire, ces pays accélèreraient alors leur course anarchique vers l’atome militaire. Le vrai danger serait alors de se retrouver un jour, en raison de cette prolifération, face à des dizaines ou des centaines de bombes sales aux mains de terroristes qui pourraient s’en servir sans encourir, comme l’Iran, le risque d’une réplique nucléaire immédiate sur leur territoire, c'est-à-dire l’enfer…
Il est donc important d’empêcher l’Iran de faire aboutir son projet. Ce constat ne permet pas de répondre plus facilement à la question, la seule, attaquer ou non un Etat souverain. Certains pensent que le bombardement de l’Iran serait une folie pour de mauvaises raisons. Partisans en toute circonstance de l’apaisement ceux là sont de toute façon incapables, à l’image des munichois de jadis, d’envisager la guerre, même pour éviter un péril encore plus grand. D’autres ont de meilleurs arguments, tel Martin Van Crevel, spécialiste des questions stratégiques, professeur à l’université hébraïque de Jérusalem, qui expliquait récemment pourquoi le bombardement de l’Iran serait à la fois sans risque majeur pour les Américains (et leurs alliés), en raison d’une surestimation des capacités de réaction iranienne… mais pourtant sans intérêt car ayant peu de chance de toucher au but.
Les iraniens doivent se sentir vulnérables puisque, devant les autres chefs d’Etat des pays de l’Opep ce week-end, leur président a menacé, en cas d’affrontement avec les Etats-Unis, de recourir aux bonnes vieilles méthodes années 70 : coupure du robinet et blocage du détroit d’Ormuz. C’est peut-être du bluff, mais le marché-assez nerveux ces jours-ci- a aussitôt été repris par sa fièvre haussière.
Ce soir, sur le plateau du débat, l’affable ambassadeur iranien soufflait comme toujours le chaud et le froid, assurant que l’Iran ne souhaitait pas faire un usage politique du pétrole, mais qu’il ne resterait pas non plus les bras croisés. Comprenne qui pourra.
Alors que faire ?...La non plus aucune réponse n’apporte une assurance de succès. Sans doute peut-on prendre des sanctions plus sévères contre l’Iran, par exemple sur ses approvisionnements en pétrole raffiné, puisque Téhéran importe-un comble !- un tiers de sa consommation, en raison d’une trop faible capacité de raffinage.
On ne serait pas à l’abri d’une riposte « pétrolière », mais, comme le soulignait Pierre Terzian, de toute façon le marché spécule à la hausse dès que les rumeurs de confrontation sont confortées par l’actualité. Comme disait le Général, la politique (de la France) ne se fait pas à la corbeille. Et puis cela vaut sans doute mieux que de ne rien faire.
Les Iraniens peuvent se braquer, surréagir, mais on peut avoir une bonne surprise. L’Iran est un pays paradoxal. Ce n’est pas une démocratie, mais il y a une opposition et des élections et la situation économique du pays n’est guère reluisante. Les Iraniens commencent à se rendre compte que leur turbulent président n’a tenu aucune de ses promesses. Et puis, tout le monde le sait, il faut s’habituer à vivre avec un pétrole cher. Raison de plus pour éviter de se montrer pusillanime.

16 novembre 2007

Elément de langage pour répondre aux emmerdeurs

C'est à la fin de l'article de Baqué et Gurrey sur la dépression de Jacques Chirac, dans le Monde de ce jour. Il faut bien relire l'une des dernières phrases:
"Le couple Chirac occupe toujours le vaste appartement du Quai Voltaire prêté par la famille Hariri. "Il n'a pas de patrimoine", plaide un ami, semblant oublier le château corrézien de Bity."

S'il n'y avait que Bity...

Donc, pendant les quarante dernières années, vous, moi, nous tous avons tenté de nous constituer un petit patrimoine à la mesure de nos moyens, pour nos vieux jours, pour nos enfants, mais lui qui était notre député, maire, premier ministre, Président, non. Rien. Démuni totalement, réduit à demander l'hospitalité, "provisoirement" à un ami.

Ah, ça va leur clouer le bec, aux emmerdeurs...

Excusez la trivialité mais là, on nous prend vraiment pour des cons...

08 novembre 2007

Voiture balai


Les jurés du Goncourt-Renaudot ont donc une fois de plus choisi de remercier la maison Gallimard à qui sont revenus les deux prix cette année encore. Très fort, car le livre de Daniel Pennac (chagrin d'école) n'est même pas à proprement parler un roman, mais une énième digression sur les tares par ailleurs bien réelles de notre Education Nationale. Il parait (Giesbert) que c'est digne de Pagnol. S'il le dit...
Moi, je regretterai que les prix, les grands en tout cas puisqu'il reste encore le Médicis et l'Interallié aient encore laissé passer Olivier Adam. Mais il faut dire que lorsqu'on a déjà ignoré Michel Houellebecq, le seul auteur qui ait réellement secoué une littérature française moribonde, on est pas à ça près. Ça, en l'occurrence, s'appelle "A l'abri de rien" (L'olivier). Je ne crie pas au chef d'oeuvre, c'est plein de défauts agaçants ( comme ces allusions répétées à Céline et au "Voyage"), mais par ailleurs c'est fort, juste, engagé, courageux, et oui, social. Une écriture fluide et qui donne en même temps des coups de poing dans le ventre. Adam touche, émeut avec son héroïne brisée et qui perd pied parce qu'elle ne parvient pas à canaliser ses sentiments. Et puis, par dessus tout, moi, ce qui me plait c'est qu'il me fait réfléchir aussi, en appuyant sur une plaie de notre société, à savoir notre façon de nous comporter face aux réfugiés, à l'étrangeté. Bref un roman français qui ne vous fait pas perdre votre temps. Plutôt rare.

01 novembre 2007

Attention danger, enfants!


Les enfants. Il faut faire très attention avec les enfants et surtout s'ils se retrouvent pris au milieu d'un choc de civilisations, de cultures, d'opinions, de race, de religion, j'en passe. Voir Guy Môquet. Voir il y a très longtemps (qui s'en souvient?) la pénible affaire Finaly qui, un demi siècle après l'affaire Dreyfus, faillit encore couper la France, ses intellectuels, en deux. Voir les pseudos orphelins du Tchad (ou du Darfour, on ne sait plus) arrachés à leurs parents avec la complicité de quelques chefs de tribus. Pathétique épopée de quelques illuminés de l'humanitaire qui pensaient sans doute savoir mieux que de pauvres sauvages ce qui était bon pour les (leurs?) enfants. Quoi? On ne va pas chipoter avec les lois locales quand ils s'agit de sauver les enfants. Une bonne éducation à l'occidentale, les bonnes manières, des vêtements propres valent quand même mieux que la vie dans des camps de fortune. Même avec papa et maman. Ce raisonnement a un nom, celà s'appelle du néo-colonialisme. Avec ses bonnes intentions et même ses "côtés positifs". Mais néo coloniales quand même, voire un tantinet raciste.
Bien sûr, Idriss Déby, avec ses grotesques accusations (pédophilie, trafic d'organe, esclavage) s'y entend à merveille pour réveiller les "vieux démons", et faire sangloter l'homme blanc. Comme Khadafi avec les infirmières bulgares, le président tchadien fait sa petite tambouille politique sur le dos des occidentaux. Sauf que les infirmières étaient, elles, totalement innocentes. L'affaire ne sent pas bon du tout, et, celà n'a pas manqué, il y a eu à Abéché des manifestations anti-occidentales, durant laquelle la foule chauffée à blanc (sans jeu de mot) a failli lyncher.
Il faut certes veiller à ce que les droits des accusés soient respectés, en fonction des règles internationales, mais dans un premier temps se mobiliser pour les deux journalistes scandaleusement traités comme des complices. Sans doute parce qu'ils sont Français et blancs comme les aventuriers de l'arche de Zoé. Il faut dire que c'est aussi du racisme. (On peut signer la pétition exigeant la libération des journalistes ici)
Comment traitons-nous les enfants? Les notres bien sûr, mais aussi ceux des "autres".Quand ils sont "sans papiers", la police française les piège, et leurs parents aussi, à la sortie des écoles, où les poursuit chez eux. De temps en temps en tentant de s'enfuir par le balcon, il y en a un qui tombe (A Amiens, le jeune russo-tchétchène Ivan Demsky débouté du droit d'asile , lui et ses parents). Il éviter tout vision angélique de l'immigration. Mais affirmer aussi que la politique doit se faire au niveau européen et qu'une fois passées les frontières, même clandestinement on ne peut traiter de la sorte des êtres humains.
En Inde, 60 millions d'enfants seraient au travail. Payés moins, beaucoup moins qu'un dollar par jour. Quand ils sont payés. L'enquête clandestine publiée par l'Observer britannique a montré que des gamins de 10 ans étaient vendus par leurs parents contre une misère pour travailler 16 heures par jour dans des ateliers de confection poisseux et n'étaient même pas payés. Quand ils ne sont pas assez vaillants on les bat. C'est Oliver Twist à New Dehli, au XXIème siècle.
Qui doit-on blâmer? La firme Gap, américaine, qui entend participer à la lutte contre le sida en Afrique et qui,malgré ses engagements à banir le travail des enfants, sa collaboration avec les ONG, ses 90 inspecteurs, ne peut contrôler jusqu'au moindre sous-traitant indien? Ou bien le gouvernement indien qui ne semble pas très empressé de faire respecter ses propres lois? C'est au choix, selon ses préjugés altermondialistes ou occidentalistes. Mais la vérité est qu'ils sont également responsables. Gap sait très bien qu'il ne paye pas à ses fournisseurs un prix juste, susceptible de garantir un échange équitable, et qu'il exige des délais de livraison tellement courts qu'il les oblige à sous-traiter à n'importe qui. Le gouvernement indien ne peut s'exonérer de sa responsabilité et ses protestations sont ridicules (il accuse l'Europe de préparer des mesures protectionnistes, au nom de la protection des enfants). Le pire, c'est que les deux calculs sont également contreproductifs. En ne garantissant pas l'éducation la plus avancée à ses enfants l'Inde qui manque déjà d'ingénieurs ne prépare guère son propre avenir qui sourira aux pays dont la population jouira du meilleur niveau de formation.
Gap se tire aussi une balle dans le pied. Les dégâts d'image de cette affaire vont lui couter très cher. La mère ou le père de famille européen ou américain hésitera sans doute un peu plus avant d'entrer dans un magasin Gap pour y acheter à son enfant un vêtement pour lequel un autre gamin moins chanceux aura trimé pendant que le leur allait à l'école. De surcroit, les ventes de Gap baissent déjà parce que l'enseigne peine à renouveler ses collections assez rapidement. La mode change vite et l'avenir est aux circuits courts. En comparaison, Zara s'en tire beaucoup mieux. Au lieu de presser les sous-traitants et s'exposer à une mésaventure comme celle de Gap en Inde, l'enseigne espagnole a "relocalisé" sa production en Afrique du Nord. Les salaires y sont (un peu) plus élevés qu'en Inde mais elle n'y perd pas beaucoup car aujourd'hui les coûts de main d'œuvre représentent une part très modeste, autour de 10%, du prix de vente final d'une chemise ou d'un T shirt de marque. A la caisse, nous payons surtout pour les dépenses de marketing et de transport de la marque en question. Mieux, il s'avère que le prix d'un vêtement est aussi, et peut-être surtout, une affaire de communication! Si Gap-qui a annoncé qu'il allait détruire la marchandise "made in India" concernée par le scandale, manifestait ne serait-ce qu'une intention de produire ailleurs, cela ferait peut-être réfléchir les autorités indiennes.
Leçon de ces histoires: Quand nous jouons avec les enfants, nous ne perdons rien à faire en sorte que ce soient eux les gagnants.

20 octobre 2007

ADN, Guy Môquet, la gauche va dans le mur.

Bernard Henri Levy explique dans son dernier essai ("Ce grand cadavre à la renverse"-Grasset), qu'être de gauche c'est d'abord affaire de réflexe. J'aime bien cette idée, si elle veut dire rester en éveil, en alerte, se porter spontanément au secours d'une victime d'injustice. La Justice avant l'Ordre, LA leçon de l'affaire Dreyfus. Bien. Mais ça ne doit pas empêcher de réfléchir aussi. Or, je ne comprends pas l'attitude stéréotypée de la gauche dans l'affaire des tests ADN. Je dis tout de suite que cet amendement du député Mariani me parait être une ânerie. Je trouvais réducteur cette conception biologique de la famille, scandaleux qu'on opère une sélection par l'argent en prévoyant que le test était à la charge des candidats au regroupement familial, dangereux que les pères soient testés et que des secrets de famille puissent ainsi voler en éclat. Mais je n'ai jamais compris le pilonnage de la gauche sur "le rappel des pires heures de notre histoire", des rafles de Juifs, l'accusation de fascisme, d'eugénisme, et j'en passe. C'était un amendement réac qui a été totalement vidé de son contenu et qui peut même éventuellement permettre de lever des soupçons, donner un coup de pouce à des dossiers qui sont aujourd'hui rejetés parce que les autorités administratives n'ont pas confiance dans les documents d'état civil présentés. On a même prévu que ces tests devaient être effectués sous le contrôle d'un magistrat. Ce n'est quand même pas la peine de convoquer Vichy, en un réflexe pour le coup très pavlovien.
Et que dire aussi du refus de certains profs (de gauche on l'imagine) de lire aux élèves la lettre de Guy Môquet? Uniquement parce qu'ils n'encadrent pas le Président qui en a décidé ainsi? On le craint. Ils évoquent leur souci de ne pas être politiquement manipulés, récupérés, instrumentalisés. De quelle manipulation s'agit-il? Le martyr du jeune Guy Môquet est un symbole qui a ému Sarkozy et qu'il veut donner en exemple aux jeunes collégiens et lycéens. Bien sûr, les profs ne sont pas de simples fonctionnaires aux ordres, qu'il ne faut pas s'arrêter là et qu'une explication s'impose ensuite dans laquelle les enseignants peuvent faire leur boulot. Par exemple rappeler le rôle du PCF entre 1940 et 1941? Pourquoi pas. Et si c'était cela qui les gênait? A moins qu'il ne s'agisse que d'un pur réflexe sectaire. Touche pas à mon Guy Môquet. Pourtant il y aurait beaucoup à dire autour du destin de ce jeune homme victime du totalitarisme français (Là dessus BHL a raison de relever les erreurs historiques commises Sarkozy), choisi par Vichy-le vrai Vichy pas celui que fantasme notre gauche- pour le peloton d'exécution après un attentat anti nazi, simplement parce qu'il était communiste et fils de communiste, et pour épargner d'autres Français "innocents". Vous croyez que ce n'est pas universel et actuel comme histoire, et que ça ne mérite pas d'y consacrer une heure dans les écoles?

17 octobre 2007

Le facteur Cécilia

Où est Cécilia? Cécilia, partie. Hors du nid. La presse people et politique est en pleine ébullition depuis quelques semaines. Pomponette (c'est ainsi que les paparazzi l'ont surnommée) est passée par ici (Genève), elle ne repassera pas par là (Maroc). Et pendant ce temps là, le Président se tait, semblant avoir brutalement perdu son allant. Et chacun de se demander quand et comment tout cela va finir, depuis, il faut le dire, l'incroyable épisode du vote "séché" au second tour de la présidentielle. Mais bon, qui aujourd'hui peut dire que son propre couple, sa propre histoire seront éternels? Ici, ce qui contribue à dramatiser c'est à la fois la "première" (un Président qui divorce pendant son mandat) et aussi le fait que l'on sente Super-Sarkozy, l'hyper-président réellement hyper fragilisé sur cette question. N'a-t-il pas lui-même avoué avec la franchise qui caractérise ses interventions que son seul soucis était Cécilia? Les "no comment" à répétition du porte-parole de l'Elysée, David Martinon en disent long également sur l'embarras dans lequel est plongé le Président et son entourage. Au fond, c'est comme si aucun sujet, aucun défi (l'Iran, Poutine, Trichet, les régimes spéciaux et les syndicats, etc...) ne faisait peur au Président, sauf celui-là. Peut-être espère-t-il encore un nouveau revirement de son épouse qui parait bien-il n'y a aucune information même "off" sur ce sujet-davantage déterminée, ironiquement, à pousser à cette rupture. Il faut rappeler d'ailleurs ce qu'en dit le constitutionnaliste Guy Carcassonne: L'immunité dont jouit toujours le Chef de l'Etat pendant la durée de son mandat vaut aussi pour les affaires civiles. Puisqu'il peut ne pas répondre à la convocation d'un juge aux affaires matrimoniales, il peut très bien, s'il s'obstine, empêcher le divorce! Gageons qu'il ne devrait pas adopter une telle attitude, mais-l'amour aveugle-sait-on jamais?
Le coup dur pour Sarkozy est que ce soucis arrive en même temps que les premiers nuages politiques, les conséquences des difficultés budgétaires, les infirmières bordelaises, qu'il est plus difficile à combler que leurs homologues bulgares...ce qui permet au Nouvel Obs de titrer sur "l'Octobre noir". Si ce n'est que le mois d'octobre...
L'opinion ne va pas changer d'avis sur Sarkozy parce que tout d'un coup il se retrouve célibataire. La vraie question porteuse d'éventuelles conséquences politiques est la suivante: Qui dit rupture dit souvent trahison. Lequel des deux, s'il y en à un(e), parviendra donc à passer, aux yeux du public, pour la victime?
PS: Voici un premier indice. L'Elysée commence à suggérer que l'attitude de la première dame commençait à "perturber le fonctionnement" de la Présidence de la République.

09 octobre 2007

Le fossile et le marteau



Il ne faut surtout pas manquer ce débat de France 24 : « Le Che, saint ou bourreau? ». Le Che est mort il y a 40 ans, mais « le mur de Berlin ne s’est pas effondré sur lui » dit joliment Jean Ortiz, auteur de « Che plus que jamais », ouvrage collectif et, comme son nom l’indique, hagiographique consacré à la pensée et à l’actualité du commandante. Tout est là. Pour la gauche radicale, extrême, mouvementiste, gauchiste, altermondialiste etc…à laquelle s’adjoignent tardivement les lambeaux du Parti communiste…Le Che, c’est le marxiste léniniste qui ne veut pas mourir. L’idéologie et son cortège de crimes a beau s’être effondrée partout, sauf précisément à Cuba et en Corée du Nord, la survivance du mythe Guevara porte en elle la promesse que l’histoire peut toujours se répéter. Que l’ Amérique latine fera mentir le proverbe. Tous ensemble vers un nouveau grand soir dans ce continent victime par excellence de l’impérialisme yankee ! Le communisme est mort, vive le communisme ! Et si l’on fait remarquer que Cuba n’en finit pas d’agoniser, Ortiz, modèle de communiste fossilisé, martèle que « Cuba est dans une phase de transition vers le socialisme ». Une transition qui a tendance à durer. L’inquiétant c’est qu’avec lui, l’histoire se mettrait à bégayer sans avoir rien appris des errements passés. Dans le numéro hors-série de l’Huma consacré au Che, pas un article sur la « face cachée du Che » révélée par le livre éponyme de l’opposant cubain Jacobo Machover : pas la moindre trace des témoignages de ses anciens frères d’armes (« Il tuait comme on avale un verre d’eau »), des procès expéditifs, des exécutions sommaires d’anciens batististes, mais aussi d’innocents choisis presque au hasard, pour l’exemple, parfois seulement parce qu’ils portaient l’uniforme de la police. Comme Rafael Garcia, 26 ans, injustement accusé de l’assassinat d’un membre du mouvement castriste du 26 juillet, et que le Che, superviseur de l’épuration au lendemain de la révolution, envoya au peloton d’exécution tout en le sachant innocent.
La dernière lettre de Garcia a sa jeune épouse en rappelle une autre, celle de Guy Môquet : « Mon amour adoré, ceci est la dernière lettre de ma vie. Nos quatre mois de mariage furent les plus beaux du monde. Je suis fier de ma famille. Je vous aime à la folie. La seule chose qui me peine est que je meurs innocent. Je dois te laisser mon amour, car je crois qu’ils viennent me chercher. Rendez-vous dans l’autre vie ou nous nous retrouverons, ma chérie. Rafael. » Aucune révolution, aucune épuration ne se fait sans drame. C’est précisément pour cette raison que la gauche anti-totalitaire parvint à la conclusion que la révolution n’était, tout compte fait, pas souhaitable. C’était avant les révolutions « de velours » à l’Est de l’Europe qui se libérait tranquillement du communisme. Mais comment peut-on encore parler aujourd’hui, comme le fait Patrick Le Hyarrick, le directeur de l’Humanité de « l’humanisme de Che Guevara » ? Amusant, d’ailleurs, de voir comment les communistes français aux abois tentent de récupérer aujourd’hui le mythe, en soulignant la « fraicheur » et « l’éthique » (sic) marxiste du médecin argentin qui fut décrété « cubain de naissance » par le régime castriste. A deux ou trois reprises, en effet, Guevara n’avait pas ménagé le Komintern . Moscou, et en France le camarade Maurice Thorez, se méfiaient il faut le dire beaucoup du guérillero excité de la Havane (Castro aussi, à la fin, qui l’envoya se faire tuer ailleurs, ce qui fut fait). Aujourd’hui, l’Huma encense le Che, en escamotant ses crimes et en prenant ainsi le risque de reproduire les mêmes erreurs qu’avec ceux du stalinisme, reconnus après la bataille, sous la pression des évènements. Oui, décidément, le (grand) cadavre bouge encore…

04 octobre 2007

Le Rafale, un désastre national

Le tacle du ministre de la défense Hervé Morin contre l'avion Rafale a causé la stupeur chez Dassault. Dans "Argent Public" nous avions, dès 1999 souligné la folie de cette aventure, à coup de subventions publiques, en remarquant déjà qu'aucun pays ne voulait nous acheter cet appareil ultra-sophistiqué, quand de l'autre côté nos partenaires européens mettaient au point ensemble l'Eurofighter dont l'Arabie saoudite vient de commander 72 unités. On voit ce qui reste aujourd'hui de cet entêtement dans l'orgueil national et le rêve de grandeur: L'Etat français lui-même s'apprête à réduire ses propres commandes, faute de moyens. Pour qu'un ministre tire ainsi sur un tel symbole national (les emplois etc..), c'est que nous n'avons plus guère de choix. Il n'y a là rien de réjouissant, mais j'ai ressenti une sorte de satisfaction rétrospective. A l'époque, la réaction de Charles Edelstenne, le patron de Dassault avait été des plus violente. Pas sur le plateau de l'émission, ou je lui avais posé des questions précises appuyées sur notre enquête, mais en coulisse. Des années plus tard, je me suis rendu compte que j'étais encore tricard chez Dassault. Passé sur une autre chaine, je devais animer un débat au salon du Bourget. Dassault fit savoir qu'il n'y participerait qu'avec un autre modérateur. J'étais considéré comme un ennemi! Evidemment, la chaine en question m'a demandé de m'effacer et je n'ai pas souhaité faire un esclandre. Tels sont nos moeurs journalistiques...
J'éprouve pourtant de la fierté pour ce que nous avons réalisé dans cette émission.

26 septembre 2007

Birmanie, les moines face aux képis


Toutes les religions se valent dit-on en politiquement correct. Pourtant, lorsque des dizaines de milliers de moines bouddhistes défilent en Birmanie contre la junte militaire, les démocraties se portent à leur secours, soucieuses d'éviter un nouveau bain de sang. C'est que, en politique, le bonze inquiète moins que le mollah...

23 septembre 2007

Chiens méchants et la muselière de Fillon

Bon, et si on parlait d'autre chose? Un dernier mot, quand même: cette histoire de chiens dangereux (encore une fillette mordue à mort par deux dogues allemands dans l'Oise), montre encore l'inanité de certains propos tenus ici par certains inconditionnels de la cause animale (du genre: "Aucun animal ne tue par plaisir"). L'homme a le pouvoir de façonner les races à volonté, pour le meilleur ou pour le pire. Quand j'entends la présidente de la SPA voler au secours de ces charmants molosses tueurs d'enfants, alors que le gouvernement cherche justement à les mettre hors d'état de nuire, je reste songeur. Je sais que je vais encore me faire des amis...

Enfin, essayons tout de même de changer de sujet. Il faudrait créer une SPF: Société Protectrice de Fillon. L'homme que Sarkozy étouffe de son omniprésence médiatique est en effet d'une espèce rare dans ce pays. Celle des Barre (quand il ne faisait pas l'apologie de Papon) et Rocard. Voici que ce réformateur ambitieux qui ne craint ni de parler vrai, ni d'être impopulaire a décidé de se débarrasser de sa muselière. Avec une forme d'austérité de circonstance qui tranche catégoriquement avec le côté flamboyant de Sarkozy qui commet la faute de goût de s'afficher en compagnie de milliardaires au moment où l'Etat est "en faillite" (Fillon). Un contraste saisissant jusque dans leur look: Voyez ce mépris des modes vestimentaires du premier ministre, quand Sarkozy soigne son apparence dans d'impeccables costumes Prada. Et cette raie bien marquée sur le côté qu'il doit porter au même endroit depuis ses années lycées. Ainsi est Fillon qui pourrait bien devenir indispensable dans les temps pénibles qui s'annoncent.
Et que dire de cette pauvre Christine Lagarde qui avec ingénuité et spontanéité a osé de parler de rigueur. Y penser mais ne jamais en parler, règle d'or que s'est empressé de lui rappeler le patron. Pourtant il l'aimait bien, jusque là, Lagarde et lui prédisait une belle carrière. Patatras?
Sarkozy serait bien inspiré de laisser un peu plus de champ à ses deux là. Non pas de faire "la sieste", car les Français souhaitent que le Président soit à la manœuvre, mais de respecter quelques distances constitutionnelles avec le premier ministre, responsable devant un parlement de plus en plus soumis, hélas. Adepte du système américain en tout, Sarkozy oublie que, là-bas, les pouvoirs importants du président sont équilibrés par ceux du congrès qui contrôle ses moindres faits et gestes. Est-il prêt à aller jusque-là?
Pour le moment, grisé par son succès électoral, il est vrai spectaculaire, il fait comme Giscard en 74, et Mitterrand en 81. Mais, comme hier, cela n'aura qu'un temps.

11 septembre 2007

Suis-je un barbare?

Si j'en crois Renaud Séchan, il faut croire que oui. Car je fais partie de ceux qui prennent plaisir au spectacle de la corrida, avec-je le précise sans aucune volonté de provocation-mise à mort du taureau. Je ne vous ai jamais entretenu de cette passion jusqu'ici, étant le contraire d'un prosélyte. Je trouve parfaitement respectable qu'on n'aime pas la corrida et même qu'elle répugne à certains. Ce qui m'a poussé à transiger avec ce principe c'est le clip anti-corrida commenté par M. Renaud. Que dit-il? Qu'il s'agit "à l'aube du troisième millénaire" d' un spectacle "barbare" où l'on "torture" impitoyablement un animal en public. Je reviendrai sur le terme. Mais surtout il invite chacun à "rejoindre la civilisation", en signant évidement la pétition des anti. Me voici donc rejeté, exclu de la civilisation, au sens de Renaud évidement. Car, à vous je ne sais pas, mais à moi ce type de discours m'évoque furieusement la rhétorique du bien et du mal qui hérisse tant le même Renaud et d'autres avec lui, lorsqu'elle est employée par Bush, par exemple, à propos de l'Irak. M. Renaud est tellement persuadé d'incarner la civilisation, que, forcément, tout ce qu'il n'aime pas et ne comprend pas est assimilé par lui à de la barbarie.
Je ne vais pas me livrer à une longue argumentation sur le sujet. Je renvoie simplement à l'ouvrage de Francis Wolff (ENS) "Philosophie de la Corrida"(Fayard), et pour ceux qui ont moins de temps à sa récente tribune dans Libé.
J'insiste seulement sur un point: Pour qu'il y ait torture, il faut que le "torturé" soit au préalable privé de ses moyens de défense, ce qui n'est nullement le cas du toro de combat. Celui-ci est au contraire élevé afin de développer au maximum son agressivité et sa combattivité. Une toute petite partie des bêtes sera d'ailleurs jugée digne de combattre dans des arènes, ce qui rend l'activité d'éleveur extrêmement aléatoire. Interdire la corrida aboutirait au contraire de ce que souhaitent les "anti"( du moins je l'espère) à la disparition totale de ces races de taureau, élevées chèrement dans le seul objectif du combat. ce serait un véritable génocide. On touche ici au ridicule de ce combat: "protéger" cet animal si particulier, revient donc, paradoxe absolu à la faire disparaitre en tant qu'espèce.
Reste la question du spectacle. S'agit-il d'un spectacle visible par "tous publics". Certainement pas. Il y a tous ceux qui ne supportent pas, ne comprennent pas. Ceux-là ne sont pas obligés de payer (cher) des places pour les arènes, ni même de le regarder à la télévision. Et les enfants? Je ne crois même pas qu'il s'agisse d'une question d'âge. J'ai élevé mon fils dans le respect des animaux, et nous avons un animal domestique qui est pour nous comme un membre à part entière de notre famille. Je ne l'ai jamais obligé à voir une corrida. Pendant longtemps, l'idée de la mise à mort lui posait problème. Jusqu'au jour où, à 9 ans, il était lui même demandeur. Il avait l'intention de se cacher les yeux pendant ce moment qu'il continuait de redouter, mais, sans s'en rendre compte, il l'a parfaitement supporté, et, je crois compris la chose.
L'animal meurt(souvent) dans l'arène. Bien ou mal c'est une autre question qui n'intéresse que les aficionados. C'est violent. Il meurt aussi violemment dans la nature lorsqu'il se trouve face à un de ses prédateurs. Or le taureau est une proie et l'homme qui l'a élevé est son prédateur. Il en va de même de la vache qui discrètement est emmenée à l'abattoir pour finir en steak dans nos assiettes. Sans que cela suscite autant d'émotion, alors que soit dit en passant, parfois cela devrait.
Certains enfants, et même certains adultes-ce qui est moins excusable- ont du mal à admettre ces évidences de l'ordre naturel qu'ils perçoivent comme de la cruauté. Un lion qui broie le cou d'une gazelle est-ce de la cruauté, ou simplement naturel, l'exercice de son instinct? Un chat peut-il encore chasser des oiseaux, ou bien cela lui sera-t-il bientôt interdit? Et les vers de terre dont se repaissent les oiseaux ne font-ils pas eux aussi partie du règne du vivant? Allons nous aussi les protéger et faire en sorte que les oiseaux deviennent végétariens? La bien-pensance actuelle, le principe de précaution et l'hygiénisme triomphant voudraient nous faire oublier cela et nous parlent de torture en mettant sur le même plan le sort des taureaux de combat et celui des réfugiés du Darfour. Au fond, tout simplement l'homme sur le même plan que l'animal. Mais si nous avons bien des devoirs envers les animaux, n'est-il pas, au contraire indispensable que l'homme prenne conscience de sa supériorité sur l'animal. Contrairement au fauve qui charge par instinct (en tout cas c'est dans cet objectif qu'il est élevé), l'homme ou plutôt le torero, lui, n'obéit pas à une pulsion. Au contraire, il codifie étroitement la mise à mort, la sublime et l'apprivoise en même temps, sans doute pour adoucir le sentiment de l'ineluctable. En respectant ces règles qu'il a lui-même fixées, il accepte aussi la possibilité d'y laisser sa vie. Il est aussi possible de voir dans la mise à mort l'accomplissement de la civilisation (et oui!) sur la bestialité. L'homme peut tuer un taureau dans une arène. Mais il a su faire preuve du savoir faire nécessaire pour faire naitre, vivre et mourir celui qui devient, une après-midi, son adversaire.

06 septembre 2007

Une nouvelle occasion historique

On n'a pas assez souligné l'importance du dernier discours de François Hollande devant l'université d'été du PS. Et surtout ce passage, cet aveu: "la France ne travaille pas assez". Je crois que jamais encore un premier secrétaire, un dirigeant important du parti socialiste (surtout dans l'opposition), n'avait fait un tel diagnostic. Royal avait bien laissé entendre quelques critiques contre les 35 heures, ou plutôt leur application, mais n'aurait jamais osé aller aussi loin. Cette reconnaissance (enfin !) par le leader de l'opposition du mal fondamental de l'économie française est un véritable tournant. Hollande a raison de dire qu'elle est plus importante que l'adhésion du PS, acquise depuis longtemps, aux principes de l'économie de marché. Elle devrait normalement signifier qu'il existe un consensus sur cette question et donc (là je m'avance beaucoup) sur les solutions.
Ce constat, même tardif, signifie que les politiques sont d'accord pour penser que si la France possède la croissance la plus faible de tous les pays européens (les chiffres du premier trimestre 2007 sont consternants) cela est du à un problème d'offre et non de demande. Si la France ne travaille pas assez c'est qu'elle est assommée par la fiscalité sur le travail et par un code du travail qui dissuade les entreprises d'embaucher quand leurs carnets de commande sont plein, de peur de ne pouvoir diminuer la masse salariale en cas de coup dur. Or, on peut retourner la question dans tous les sens, la seule piste intelligente était la TVA, dite "sociale" qui ferait participer tous les consommateurs (et non plus les seuls contribuables) sur tous les produits, nationaux ou importés, au financement de la solidarité. Les revenus du travail au noir seraient taxés-presque- comme les autres alors qu'aujourd'hui les salariés supportent l'essentiel du fardeau.
L'argument de l'inflation est fallacieux. Seule la trouille politique explique les hésitations. Aucun des pays qui ont adopté ce système n'ont eu à le regretter. Or, le gouvernement vient de le repousser, en tout cas jusqu'en 2009. Mauvais décision, encore une, après plusieurs choix industriels discutables (Suez-GDF, EADS), une reforme de l'université avortée, et des distributions improductives de cadeaux fiscaux au noyau dur de sa clientèle électorale. Jusqu'ici au moins, Sarkozy, le président le plus prometteur qu'ait eu la France depuis bien longtemps a préféré l'intérêt de ses électeurs aux intérêts de la France.
Reste à voir comment il se tirera de la reforme de la fonction publique et des baisses d'effectifs, autre condition indispensable à la croissance et à la compétitivité. Pour l'instant je reste sur ma faim. On dit souvent que l'élection de Sarkozy est le "mai 81" de la droite. En terme de symbole, de rupture et de promesse (dans le sens noble), c'est vrai. Il ne faudrait pas pousser la comparaison trop loin.
Pas plus que Mitterrand en 1981, Sarkozy n'est responsable de l'état alarmant de l'économie française en 2007. Ce n'est pas une raison pour la plonger encore plus dans la crise, comme le fit son illustre prédécesseur en pensant surtout à nourrir l'appetit du peuple "de gauche" pour les symboles.
Or, aujourd'hui se présente une occasion historique de mener à bien des réformes de structure qu'ont déjà faites tous nos partenaires depuis une quinzaine d'années. Tout est à revoir dans les modes de pensée et de calcul, pour intégrer par exemple la fiscalité écologique. Cesser aussi de raisonner en fonction de taux de chômage, mais plutôt de part de la population active dans la population totale. On sait en effet que la légère baisse des statistiques du chômage dans la dernière année était due à des radiations et à des facteurs démographiques favorables. Elle ne signifiait pas que la France travaillait davantage.
Il est donc plus que temps de quitter nos réflexes malthusiens et de mettre en application les solutions recommandées depuis près de 20 ans maintenant par des centaines de rapports et études, plutôt de constituer encore des commissions composées de brillants esprits qui aboutiront inévitablement aux mêmes conclusions. Tout ou presque était déjà dans la note de la Fondation Saint Simon datée de 1994 et signée Denis Olivennes (aujourd'hui patron de la Fnac), sobrement et justement intitulée: "La préférence française pour le chômage". On en est encore là.

28 août 2007

Et bien, rentrons, maintenant

Je ne fais pas partie des "workoholics" qui aiment la rentrée et l'attendent avec impatience. Pour moi, elle signifie surtout que l'été (même pourri) touche à sa fin et ça me fiche le spleen.
C'est le moment, dans ces derniers jours d'août qui sont comme un sas, de reprendre contact, d'atterrir. En vacances, je ne lis plus les journaux comme autrefois, mais seulement des livres. Ma collection attendait donc. Comme à chaque fois ce qui me frappe le plus ce sont ceux qui sont partis. Une véritable hécatombe, cet été: Antonioni, Bergman, Serrault, Lustiger, Barre, Amouroux...Si on n'y prend garde, on peut, deux ans après, demander dans un dîner des nouvelles de tel ou tel defunt en s'étonnant qu'il ne tourne plus beaucoup ou qu'on ne l'entende plus dans les medias! Pour un journaliste, ça "marque" mal.
Et puis, aussi, la sortie du livre de Yasmina Reza, "L'aube, le soir ou la nuit" (quel titre!) qui a suivi le candidat Sarkozy presque 24 heures sur 24 pendant presque un an. Histoire d'une fascination. Quel coup d'image extraordinaire! On y apprend, si j'en crois les gazettes, que Mme Reza et M. Sarkozy éprouvent un commun mépris pour les journalistes qui ne "comprennent" rien. Il y a en effet beaucoup de sots dans cette profession, mais la généralisation est évidement injuste. On ne peut en effet imaginer plus anti-journalistique que cette démarche purement artistique, esthétique même. Mais pourquoi pas? J'y reviendrai, quand je l'aurais lu.
Comme près d'un million de Français, dont notre président, j'ai passé mes vacances-la plus grande partie en tout cas- aux Etats-Unis. On entendait parler français partout, y compris dans le coin le plus reculé de l'Arizona! Curieux pays en tout cas, où, en une heure d'avion on quitte les "rednecks" puritains, obèses et conservateurs de l'Utah pour les californiens body-buildés qui militent pour l'"empeachment" de Bush. Pays du service, où l'on se met parfois à deux pour vous vendre un sandwich et vous l'emballer, où l'on sent l'activité bouillonnante à chaque coin de rue, mais où vous pouvez croiser un SDF handicapé dormant sur une plage au pied de son fauteuil. Bref, avec tous ses excès, l'exact contraire de notre société d'assistance. Il ne saurait s'agir d'imiter les américains. Mais, ne pourrait-on, au moins, s'inspirer de leur conviction dans le fait que le travail est la source de tout, y compris de la dignité humaine? Cette conception va très loin, trop loin. Les Américains, surtout les républicains, sont persuadés que si l'Etat aide les gens qui en ont besoin, il y a trop de risque que d'autres imaginent des stratégies oïsives pour profiter du système, et que cela tire toute la société vers le bas, aux dépens des bosseurs. Il y a du vrai là dedans. Pas plus tard que deux jours après mon retour, je me trouvais au bord d'une plage (française) avec quelqu'un qui se flattait de toucher le Rmi qu'il cumulait avec un juteux travail au noir. Un sport national.
Je vois aussi que l'omerta sur la "rupture" introuvable de Sarkozy commence à se briser. Certains de ses amis, anonymement pour l'instant, commencent à s'impatienter, à regretter la timidité des premières réformes. Surtout, avec la crise immobilière aux Etats-Unis, plus personne ne croit que la croissance sera au dessus de 2%, et alors ce sera la cata. La lecture des pages économiques-très pessimistes-des journaux tranche de plus en plus nettement avec celle des pages politiques qui épargnent encore Sarko et en sont restées au recit glamoureux du couple élyséen, de ses vacances de "milliardaire". C'est la France!
Moi, ça ne me choque pas que Sarko profite de ses amis riches, pourvu qu'il tienne ses promesses. Or, pour l'instant, on voit surtout un changement de style. Un forme de parler-vrai, de lucidité bienvenue. On sent une volonté de reveiller le pays, mais encore peu de prise de risque et trop de soucis de la popularité. Le retour aux réalités sera violent et c'est pour bientôt.

19 juillet 2007

Et si on (re) parlait de la rupture?

Avant de prendre congé pour quelques semaines d'évasion bien méritées, voici quelques réflexions qui seront encore valables, je crois, à la rentrée et sur lesquelles on pourra méditer.

Notre nouveau président que l'on dit hyperactif, hyperprésident, semble avoir remis la rupture à plus tard. A quand on ne sait pas, mais c'est bien dommage. Car, que l'on ait ou non voté pour lui, que l'on soit de gauche ou de droite, force est de constater que notre pays en a pourtant réellement besoin. Il n'y a qu'à voir la réforme avortée des universités pour s'en convaincre. Il n'y aura aucune amélioration réelle de l'état misérable des performances de l'Université française sans introduction de la sélection, le plus tôt possible, et d'une augmentation des droits d'inscription, accompagnés bien sûr d'un effort d'orientation, d'aide aux étudiants issus de milieux modestes et bien sûr d'aides publiques, c'est un tout. Cela fait 20 ans que tout le monde ou presque le sait et que les gouvernements successifs reculent, manquant singulièrement de courage.
Pas davantage à l'horizon de réforme du marché du travail.
Quand à la politique de cadeaux fiscaux à quelques ultra-privilégiés elle ne fait que dégrader encore nos comptes (au grand désolement de nos partenaires dans l'Euroland qui doivent supporter notre inconséquence, et le font, pour l'instant, car ils se disent que la France n'a malgré tout guère mieux à proposer que Sarkozy). Cette politique n'a pas la moindre chance de relancer l'économie tant elle concerne peu de monde. La France n'est pas les Etats-Unis des années 80. Un de mes amis,faisant partie des salariés les mieux payés de ce pays, me disait récemment qu'il avait bien tout vérifié: il n'était pas concerné par le bouclier fiscal. Une grande partie de ceux qui le sont et seraient en situation de revenir en France ne le font pas, de peur d'être l'objet d'un contrôle fiscal.
Bref, dans quelques mois, selon un grand économiste (qui a voté Sarkozy), on aura droit à un tour de vis, ce sera "la Rigueur". Encore du temps perdu en communication.
La loi sur les mineurs multirécidivistes? Le service minimum dans les transport? Attendons d'en voir les effets concrets. Et dire que certains s'offusquent qu'il puisse être étendu à l'Education Nationale! C'est à dire que les parents puissent aller travailler pendant que les profs font grève! Lamentable non?
De Berlin à Bruxelles. D'Eads jusqu'aux infirmières bulgares, en passant par le Tour de France ou il communia dans sa passion du vélo, Sarkozy veut être partout mais donne l'impression de ne pas parvenir à se concentrer sur un sujet à la fois pour le traiter à fond. Ses discours paraissent avoir été écrits pendant la campagne électorale. Henri Guéno, la plume qui l'inspire et même le guide, inquiète par sa passion jacobine dont on avait plus eu de tel échantillon depuis 30 ans au moins. On dirait du Chevènement millésime 70! A l'Elysée la guerre des conseilliers couve. Il y aura bientôt du sang sur les murs. Mais pour l'instant c'est l'été, les Français, saouls de politique pendant les six derniers mois, ne pensent plus qu'aux vancances. Sarko aussi s'y prépare ou il se concentrera sur son "seul soucis": Cécilia.
Son seul réel succès est tactique: l'ouverture politique qui a attiré à lui certains des plus beaux esprits, des plus grands coeurs de la gauche réaliste. Cette opération illustre d'ailleurs à mon avis l'obsession actuelle du Président: amender une image délabrée dans la partie la plus jeune de l'opinion, dans les banlieues ou il ne peut mettre les pieds. A ceux-là, il semble vouloir dire: "pourquoi ne m'aimez-vous pas? Voyez comme je ne suis pas sectaire, comme je veux travailler avec les meilleurs. Le Karcher, c'est le passé, faisons table rase. Je ne suis pas un méchant de droite, mais le président de tous les Français." Je comprends que Sarkozy ait été bléssé, atteint par une diabolisation stupide et mensongère. Mais il n'a pas à intérioriser à ce point cette impopularité qui est loin d'être générale.
Dernier succès en date dans le "débauchage": Strauss Khan, qui accepte de passer du statut de présidentiable à celui de haut fonctionnaire international à la tête du FMI. Bon salaire et frais de representation élevés, mais influence politique quasi nulle, sachez-le. DSK ne sera, à Washington, guère plus que le fondé de pouvoir des grands pays industrialisés. Personne ne croira en tout cas que Sarkozy n'est pour rien dans sa désignation, comme tente de s'en convaincrent les socialistes.
Pour qualifier le PS, justement, on hésite à parler d'état comateux, ce qui semble correspondre à sa situation, car de temps en temps quelques responsables de Solférino en sortent pour tenir des propos confus, incohérents. Dans ces rares moments de semi-conscience ils font pitié. Pronostic réservé donc. Beaucoup de repos nécessaire, mais l'évolution ne semble pas devoir aller dans le sens souhaité par ceux qui attendent une gauche moderne. Il y a bien Manuel Valls qui n'a pas peur de dire qu'il faut larguer le mot "socialiste" pour inventer une gauche sociale. Mais c'est un des seuls. beaucoup paraissent tentés par une nouvelle surrenchère gaucho-populiste. Un certain nombre sont encore assomés, et se taisent.
Pourtant beaucoup de gens ont mal. Particulièrement au travail. Voyez les suicides dans l'industrie automobile. Tiens, Sarkozy n'est pas encore allé chez Peugeot. Ça ne saurait tarder.
Tout cela vous parait trop rapide? Vous pensez que la France peut encore attendre? Disons que l'on peut se donner jusqu'à septembre. Mais beaucoup de Français auront du mal à saisir la cohérence. Pourtant Sarkozy pouvait, peut encore se permettre beaucoup de choses. Pourvu qu'il ne laisse pas filer l'occasion...
Bonnes vacances!

06 juillet 2007

Boutin, le maillon faible du gouvernement

Voici une pépite dénichée par l'équipe de l'excellent Pro-choix (Caroline Fourest et Fiametta Venner). Dois-je ajouter aussi à la complicité involontaire de Karl Zéro qui, l'air de ne pas y toucher, a fait de ce thème l'un de ses fonds de commerce de sa web tv.
Christine Boutin y affirme tranquillement, en réponse à une question d'un "citoyen" déjà parfaitement convaincu, qu'il est "possible" que Bush soit "à l'origine" des attentats du 11 septembre. Le plus dingue, est la raison pour laquelle cela lui parait si vraissemblable: Parce que, dit-elle, les sites conspirationnistes qui répandent ces âneries (c'est moi qui qualifie), sont parmi les plus consultés, et qu'en somme la vox populi d'internet, abusivement comparée à un réferendum démocratique, ne saurait se tromper...
Jugez en vous même, en visionnant la video. Cliquez ici. (si quelqu'un sait comment mettre des videos directement sur ce blog qu'il me dise comment on fait!)
Christine Boutin n'était encore que conseillère du futur président, lorsqu'elle tient ces propos. Vous avez constaté que "reopen 911" en a fait aussitôt un clip de propagande, en cherchant à mouiller Sarkozy. Pensez! Quelle aubaine d'avoir recruté un membre du nouveau gouvernement français!...Sarko a intéret à trouver une explication avant son prochain voyage aux States...Quand à la dame, connue jusqu'ici pour ses positions archi-conservatrices en matière de moeurs et sa dévotion pour les moindres faits et gestes du pape, cela lui vaudra de devenir une icône impromptue de la toile.
Dernière chose: Dans la "grande presse", cette gaffe (espérons qu'il ne s'agit que de cela) n'a pas l'air d'intéresser grand monde. Or, je vous le demande, qu' y a-t-il de moins excusable? Tenir ces propos dans une interview filmée ou se laisser aller à dire qu'Unetelle est une "salope" dans une conversation privée surprise par un videaste?

02 juillet 2007

Terrorisme: La vérité d'un repenti et quand Blair se décide lui aussi à "parler vrai"

Fichu anticyclone des Açores! Par sa traitrise, je me suis laissé enfermer pendant un long week-end arrosé à Birmingham, avec tout le loisir de lire la (copieuse) presse de fin de semaine. Pendant ce temps là, à Londres et à Edimbourg une cellule alqaidesque tentait de semer à nouveau la terreur. On ne doit qu'à son amateurisme qu'un nouveau bain de sang n'ait encore une fois endeuillé le Royaume Uni.
A côté des récits détaillés sur la façon dont le drame a été évité de justesse, je tombe sur une supplique d'un terroriste repenti, Hassan Butt, ancien membre du groupe djihadiste Al Mouhajiroun. Son article est intitulé: "J'implore mes coréligionnaires musulmans de renoncer au terrorisme!" Il est bon d'en citer les premières phrases: "Je me souviens de nos éclats de rire collectifs lorsque nous entendions des commentaires de gens à la télévision affirmant que la seule raison des actes de terreur islamiste tels que ceux du 11/09/2001, les attentats de Madrid, ou ceux du 7 juillet (2005), était la politique étrangère des pays occidentaux. En tenant le gouvernement (britannique) pour responsable de nos actions, ceux qui parlaient des "bombes de Blair" se chargeaient de faire notre propre propagande. De surcroît, ils faisaient en sorte que soit écartée toute tentative d'examen critique des motivations réelles de notre violence: la théologie islamique."
Face à de tels propos, certains seront bien tentés de qualifier l'ancien activiste repenti de traitre à la solde de l'occident, ce dont il se défend avec énergie (Voir aussi le récent éditorial de The Economist sur cette problématique, cette névrose, intitulé "Traitres ou martyrs, le malaise arabe"); ils n'escamoterons plus cette évidence: La question de la justification et de la conduite de la guerre en Irak se pose toujours et est digne d'être débattue dans le débat démocratique, mais elle n'est nullement le facteur explicatif du terrorisme islamique. En vertu du même raisonnement j'ajouterais qu'il en est exactement de même pour la cause palestinienne. Ces évènements sont certes encore traumatisants pour l'opinion arabe et musulmane. Pour autant, si, subitement, les forces étrangères quittaient l'Irak et si, demain, les territoires occupés étaient évacués et qu' un Etat palestinien y était proclamé, celà n'arrêterait pas les djihadistes dont la seule motivation est de mener ce qu'ils croient être une guerre de civilisation contre l'occident.
Comme par enchantement, à la veille de son départ de Downing Street, Tony Blair décidait de mettre fin à un discours lénifiant et politiquement correct qu'il avait affectionné tout au long de son règne comme premier ministre. Interrogé pour un documentaire diffusé au lendemain de la passation de pouvoirs, il s'en prend pour la première fois vertement à "l'absurdité des islamistes" qui ont nourri un ressentiment erroné contre la société britannique en laissant croire que les musulmans y étaient opprimés, alors que, comme le note justement Tony ils y jouissent probablement de plus liberté de culte et d'opinion que dans n'importe quel autre pays du monde, y compris la plupart de pays musulmans...Et Blair de souligner, comme Hassan Butt, que son pays risque de perdre la guerre contre le terrorisme du seul fait que le courant central de la société (mainstream society) est incapable d'apprécier la nature exacte de la menace.
Après avoir beaucoup louvoyé et tenté d'apaiser les courants musulmans les plus indulgents envers les attentats-suicide, et même fait appel pour les besoins de sa communication politique aux talents de Tarik Ramadan, Blair, redevenu un citoyen comme les autres, se décide enfin à tenir un language de vérité à l'opinion musulmane. Si celle-ci comprend qu'il y va de son salut de ne pas le rejeter en bloc, alors la mission de Tony Blair comme émissaire du quartet au Proche-Orient s'en trouvera facilitée. C'est un pari risqué, mais qui mérite d'être tenté.

25 juin 2007

Kouchner: Darfour, je positive!


Il n'y a pas qu'en Europe, en Afrique, et, de façon spectaculaire dans la relation transatlantique, la France est de retour. Face au Soudan, que Washington accuse de faire partie de "l'axe du mal", Paris est désormais résolument aux côtés des Etats-Unis pour "agir" et "agir vite" au Darfour. Que cela plaise ou non au régime en place. Le messianisme des " French Doctors" et celui de la droite religieuse américaine, comme deux doigts de la même main. Sur le plateau de France 24, ce soir, un porte parole du quai d'Orsay a même estimé que l'option "changement de régime", bien que n'étant pas l'objectif de la France, pouvait s'avérer comme ultime recours en cas d'entêtement du président soudanais Al Bashir. On sent que le patron a changé! Ici pas d'embrouille sur d'imaginaires "armes de destruction massive". Il s'agit d'intervention humanitaire, de droits de l'homme, de démocratie. De mettre un terme à la pire crise de l'époque, quoi qu'en disent certains.
Cette rencontre de Paris se voulait un coup de semonce aux soudanais. Une menace voilée. Comme l'enthousiasme de Sarkozy, son hyper activité sont facilement communicative, Kouchner s'est laissé allé à dire que "l'horizon s'était éclairci". Voire. On a surtout vu que les Chinois ne voulaient rien entendre. Au nom de leurs intérets, ils persistent à vouloir dissuader les autres membres du conseil de sécurité de prononcer des sanctions contre Khartoum. Ils jouent un peu le même jeu que Chirac avec Saddam. On n'en mesure que davantage l'évolution française.
Curieusement cette attitude de Pékin ne laissera peut-être un jour pas d'autre choix que l'intervention militaire, sous peine de passer pour des velléitaires. Alors on verra si la France va au bout de l'aventure au nom de ses principes, car il faudra qu'elle donne le change, fournisse des troupes. Mais on a vu avec quelle difficulté elle avait rassemblé quelques centaines de casques bleus pour le Liban.
En attendant on bombe le torse, on rameute, on bouscule le prudent Ban Ki Moon. On prend des photos, on communique. Bref, on positive!

21 juin 2007

L'effet Bild (suite). La preuve par "les Echos"

Un bon actionnaire de presse est-il un actionnaire étranger? Pour corroborer ma dernière note au sujet du projet de Bild allemand (qui semble d'ailleurs assez mal barré), voyez la guerre des journalistes gauchistes des Echos contre les appétits de Bernard Arnault et pour conserver un actionnaire majoritaire, le britannique Pearson, qui a garanti leur indépendance rédactionnelle pendant 18 ans! Ceci est bien expliqué par Vincent de Féligonde, president de la société des journalistes du quotidien économique, dans cette vidéo de Marianne.info
Rappelons que Arnault est déjà propriétaire de "la Tribune", journal qui, pendant la campagne, tronqua un sondage sur la crédibilité du programme économique de Nicolas Sarkozy trop défavorable à l'actuel président.

19 juin 2007

Haro sur l'ouverture!



Stupeur! Fureur et tremblements au PS. Ils sont scandalisés, indignés, révulsés. Mais comment a-t-il pu leur faire ça, le nouveau demi d'ouverture de l'équipe de France. Débaucher Bockel, et Amara! Et eux, les "traitres"? Quelle indécence, quelle immoralité!
Pourtant, je crois bien que l'on entendit pas de tels cris d'orfraie, à droite, lorsque Michel Rocard fit lui aussi l'ouverture (Stirn, Soisson, Durafour...). D'accord, Sarkozy fait encore plus fort. Il a non seulement le nombre mais aussi la qualité. C'est vrai, que les combats de Fadela pour l'égalité et la laïcité, c'est autre chose que l'eau tiède de Jean Marc Ayrault...Bon passons. Sous Mitterrand, souvenons nous, c'était Tapie qui était ministre de la ville. Du point de vue moral ça se posait là. Mais, que voulez-vous, Mitterrand lui avait tous les droits. Il était la gauche. Et quand on est la gauche, même si l'on perd les élections, on est quand même toujours en droit de dire ou est le Bien...
On commence à comprendre l'impatience de ces transfuges . Que dis-je? Leur désespoir de voir un jour la gauche devenir enfin pragmatique, d'arrêter de se payer de mots et de postures. Ok Fabius a piégé Borlo qui n'avait pas compris que dans "TVA sociale" il y avait "sociale". Infoutu de l'expliquer et pour cette raison mis à la porte de Bercy, non pas avec un bonnet d'âne, mais avec une augmentation! Cela s'appelle la politique....
Mais, même si cela a fait élire 60 députés de plus est-ce vraiment si brillant, alors que tout le monde sait qu'il est irresponsable de continuer à faire peser sur les seuls salariés et sur leurs employeurs (qui n'ont pas tous des golden parachutes) le poids de la protection sociale? Et Fabius, avec ça, est (re)devenu en un instant le héros du PS! La reconnaissance du ventre, direz-vous. Mais avec ce type de comportement le PS ne nous prépare rien qui vaille...
Bockel, était à lui tout seul le courant blairiste au PS. Sa motion n'obtint que 1% au dernier congrès. 1% pour un courant qui a fait ses preuves en dix ans de gouvernement outre-manche et va survivre à son créateur, non sans avoir rénové en profondeur la gauche! Mais le blairisme, au PS, même pour DSK (en tout cas dans ses propos publics) c'est déjà la droite. On l'écoutait à peine, Bockel, monsieur 1%, tant on le considérait déjà comme un étranger à la famille de "gôche". Et maintenant voilà qu'on le traite de traitre comme s'il avait vendu du beurre aux boches. Passé à l'ennemi avec son 1%, et ses convictions si peu partagées. A la fin on se lasse d'être tant méprisé. Mendès reveilles-toi ils sont devenus fous!
Que disait-il pourtant de si infâme, le maire de Mulhouse? Simplement que le petit peuple avait besoin de sécurité, qu'il fallait se montrer "dur avec le crime et avec les causes du crime". Et qu'il était temps de songer à produire avant de penser à redistribuer, de se préoccuper aussi du financement de la protection sociale, bref qu'il était temps qu'advienne "une gauche nouvelle (...) Une gauche capable de rompre avec le tout Etat, avec la culture de la dépense et de la redistribution irresponsable."
Au fond, on comprend qu'ils flippent les socialistes de voir peut-être, (je dis peut-être car je suis un sceptique professionnel mais je crois aussi à ceux qui osent qui transgressent les conformismes) la France se moderniser sans eux, pendant qu'ils en seront encore à s'entretuer.
Enfin, j'allais oublier, nous aurons la seule équipe présente à la coupe de monde de Rugby entrainée par un ministre. L'ouverture, ça le connait. Super chicos. Et si on perd, Sarko remanie?

17 juin 2007

Leçon d'humilité

Il n'y a pas d'autre mot, c'est une leçon, puisque la claque c'est uniquement Juppé qui la prend. Mais elle rebondit forcément sur le front du Président qui en avait fait son seul ministre d'Etat. Il n'y a pas de vague bleue et c'est sans doute mieux pour tout le monde.
La cacophonie sur la TVA sociale explique en partie ce reveil. Il est vrai que la mesure n'est pas facile à expliquer. Vrai aussi qu'il vaut mieux la mettre en place à prélèvement fiscaux constants. Lorsque l'on réduit par ailleurs la recette de 20 ou 30 milliards, tous les soupçons sont permis, y compris que la hausse de la TVA serve en partie à financer les réductions d'impôt pour les plus favorisés. La mesure mérite pourtant mieux que cela.
Autres leçons: Royal avec son coup de fil à Bayrou a rendu service aux socialistes. Deux lignes vont s'affronter, la sienne et celle de Fabius qui a certes joué un joli coup en mettant habilement le thème de la TVA sociale sur le tapis dès le soir du premier tour. Borloo n'avait pas l'air très sur de son affaire.
Reste "la" nouvelle qui parasite tout: l'officialisation de la séparation du couple Hollande Royal. Le people débarquant dans une soirée électorale, c'était du jamais vu...

16 juin 2007

Sarkozy au G8: Inernet et télés, deux conceptions moyennes de l'information

Non, Sarkozy n'était pas "bourré" au G8, puisque, notoirement, il ne consomme jamais une goutte d'alcool, ce qui,soit dit en passant, est une autre sorte de "french paradox".
Néanmoins, lorsque l'on revoit les images de la dite prestation, il est évident que le Président français n'est pas dans son état habituel. Il est même méconnaissable. Quelque chose d'intriguant, que le spectateur ou le téléspectateur ne peut qu'imaginer, semble indiquer qu'il s'est produit quelque évènement en coulisse qui a influé sur le comportement de Sarkozy. Ou alors n'est-ce peut-être que la fatigue, une indigestion, ou seulement l'immense contentement, le plaisir d'être là, enfin et pour la première fois, ce qui, autant qu' une surdose d'alcool peut en effet déclencher un état euphorique.
Toujours est-il que cet épisode- devenu pendant une bonne semaine l'évènement internet dont les images ont été vues plus d'un miilion et demi de fois- illustre ce qui a changé: Préference sur la toile pour ce qui est "interessant" plutôt que pour ce qui est "important", selon une notion anglosaxone séparant l'actualité en deux catégories. Mais aussi, grande réactivité et curiosité des internautes tranchant avec une certaine apathie des medias audiovisuels traditionnels. Enfin, le plus grave, absence totale de soucis d'exactitude de l'information et confusion du "vrai" avec le "vraissemblable". Revenons en détail sur la séquence:
Premier temps: Ces images diffusées en direct par plusieurs chaines d'information apparaissent embarrassantes pour le Président qui n'y est pas à son mieux. Mais aussi pour le journaliste qui ne sait ce qu'elles signifient. Le plus simple, normalement, serait de demander des explications à l'interessé ou, à défaut à quelque porte-parole. Mais nul ne se soucie de celà, et faute de pouvoir les expliquer, les images ne sont pas "éditées", c'est à dire sorties de leur contexte pour être présentées dans leur curiosité au télespectateurs. "Sarkozy à l'air bizarre" n'est pas une information suffisament importante pour que les journalistes la creusent davantage, pas plus qu'il n'avaient d'ailleurs montré de l'ardeur au sujet de l'abstention de Cécilia Sarkozy, fait beaucoup plus important en soi et aussi plus facilement vérifiable qu'un supposé état éthylique. Mauvais exemple: le journaliste de la télévision belge qui dut ensuite présenter ses excuses, pour avoir conclu trop rapidement.
Deuxième temps: Plusieurs internautes mettent la video en ligne sur You-tube et Dailymotion. Elles sont dupliquées, remixées, publiées sur des centaines de blogs. C'est vrai qu'en les revoyant on note que Sarkozy est quand même dans un drôle d'état et que sa tenue n'est pas très "présidentielle". L'ennui c'est que les internautes font à leur tour un acte d'édition et titrent, sans en avoir ni le moindre doute, ni le moindre indice: Sarkozy "saoûl" (ou "bourré") au G8. Compte tenu de l'effet multiplicateur d'internet et du nombre de plus en plus grand de gens qui utilisent ce moyen pour s'informer, la rumeur se répand que Sarkozy était bourré (drunk, borracho etc...) pour sa première participation au G8, et que les télés françaises ont soigneusement voulu escamoter "l'affaire". Les journaux se mettent alors à publier des brèves au sujet d'une video mise en ligne sur internet et qui laisse supposer que etc..et qu'un journaliste de la télévision belge qui avait laissé entendre que a du présenter ses excuses..Des journalistes encartés se décident, enfin, à solliciter une réaction de l'Elysée qui, superbement, déclare qu'il n'y a pas à commenter "une mauvaise plaisanterie"...belge qui plus est.
Fin de l'histoire? Pas tout à fait, car nombre d'internautes, prompt à imaginer les pires complots et convaincus par nombre d'évènements de la servilité des medias français traditionnels envers le pouvoir continueront de penser qu'on a voulu leur cacher quelque chose. L'ennui c'est qu'avec une telle absence de curiosité des "JT" et une aussi mauvaise communication présidentielle, beaucoup seront tentés de continuer à (mal) s'informer sur internet, et qu'on ne pourra vraiment les en blâmer.

11 juin 2007

Infortunes de la diversité et explication de la vague sarkozyste

Elles on toutes les deux un sourire "ultra brite". Craquant. Elles sont belles et intelligentes. L'une est ministre, et non des moindres, a été porte-parole de Sarkozy et évoque son mentor vingt cinq fois à la minute. L'autre est donnée secretaire d'Etat (sans doute auprès de Kouchner) après les législatives, parle de la politique avec les mots d'une enfant découvrant un monde merveilleux et encore inaccessible il y a quelques mois ("les politiques, c'était mes héros"). Elles sont sympathiques et méritantes et representent toutes les deux (doublement car ce sont des femmes) la diversité que souhaite heureusement promouvoir le nouveau Président. Mais voilà ni Rachida Dati, ni Rama Yade n'étaient candidates aux législatives. Bien sûr c'est leur droit, mais pourquoi? Peut-on dénoncer inlassablement le fait que l'Assemblée représente aussi mal les origines des Français et, lorsque l'occasion se présente d'affronter dans d'aussi bonnes conditions le suffrage populaire, laisser ce soin à d'autres, moins connus et moins bien soutenus? Réfléchissons à cela. Ces deux sémillantes representantes de la nouvelle époque étaient présentes, hier, sur les plateaux de télévision. C'est donc qu'en haut on estime qu'elles sont dignes d'être des porte-paroles médiatiques. Elles sont télégéniques mais prendraient trop de risques à se présenter dans une circonscription où leur implantation ne serait pas assez ancienne? La diversité ne serait pas un aussi grand avantage que cela sur le terrain? C'est possible si l'on voit la mésaventure de Malek Boutih, qui n'est pas un novice, à Angoulème. Eliminé, battu sèchement par une candidate qu'avaient choisie les militants socialistes locaux. Donc parachuté au nom de la diversité. Boutih était pourtant considéré comme "un-proche-de-Ségolène-Royal. Rien à faire. Vous direz que c'est plus son parachute que sa gueule d'arabe qui l'a fait battre. Voire. Prenez la première circonscription de l'Aisne, dont j'ai déjà parlé ici. Les militants avaient choisi Fawaz Karimet, un militant du cru, au détriment du vieux routier Dausière, député sortant. C'est lui qui s'est imposé, là aussi largement.
Il faudra étudier de près les résultats des autres candidats "de la diversité" pour voir si la physionomie de la future Assemblée sera (un peu) changée et en tirer des conclusions. Comme par exemple celle-ci, sans doute un peu hative: Pour s'imposer localement avoir une tête ou des origines quelque peu métèques est un plus grand handicap que trainer des casseroles judiciaires. Voyez Mellick, Bédier et même Carignon qui fait mieux à Grenoble que Richard Cazenave...Inquiétant non?
S'agissant du résultat national, il me semble que l'on a trop peu souligné le fait que la vague bleue s'explique davantage par le laminage du FN que par réel un effondrement de la gauche. Avec un FN à 5%, plus question de triangulaires, la droite républicaine domine et s'impose (très) largement. Une époque s'achève ou la gauche gagnait uniquement en profitant d'une extrême droite hypertophiée, et même parfois en favorisant cyniquement son essor. Sarkozy a réussi a remettre le lepénisme en place, c'est à dire plus ou moins sur son socle d'extrême-droite. Ce serait génant si, pour ce faire, il n'avait pas poussé certains de ses proches, d'origine étrangère à concourrir. Je ne sais pas, je me pose la question.
De ce point de vue les exortations des personnalités de gauche à "rectifier le tir" au second tour était assez pathétiques hier soir. D'abord parce que les électeurs ont jugé sur pièces, en l'occurrence sur une gauche sans leader, sans programme cohérent et en plus écartelée. Ensuite parce que la gauche est, grosso modo, au niveau de l'élection présidentielle. Ce qui a changé c'est que la baisse du FN s'accentue, qu'une partie des électeurs de Bayrou est rentrée au bercail séduite par l'ouverture, et que le (petit) reste a voté pour le MoDem (quel nom horrible!). La bipolarisation logique découlant des institutions reprend ses droits. Bayrou a perdu son pari. L'ironie est qu'il sera un des seuls rescapés de sa stratégie suicidaire.
Il y a place en France pour une gauche modernisée de fond en comble (ne disons plus sociale democrate, même ce modèle est dépassé) pesant entre 35% (défaite) et 42% (victoire). A condition qu'elle réussisse ce qu'a su faire Sarkozy à droite: Une modernisation de son programme et son unité derrière un chef charismatique.

09 juin 2007

"Bild" va-til secouer la presse française?

La presse française, surtout la presse quotidienne, est souvent ennuyeuse, moutonière, imprécise et pauvre en informations, reportages et enquête "in depth", en profondeur comme disent les anglo-saxons. Elle excèle dans les titres accrocheurs qui trompent sur la marchandise et introduisent des articles vides ou plats. Comme elle est souvent entre les mains de capitalistes ou d'interêts dépendant étroitement de commandes publiques elle est continuellement l'objet de soupçons de connivence ou d(e)'(auto)censure. Deux parfaits exemples viennent d'en être donné très récemment avec la censure, sur intervention d'Arnaud Lagardère, d'un papier du JDD sur l'abstention de Cécilia Sarkozy le 6 mai dernier, et celle, déjouée semble-t-il, de la reprise d'un article hongrois, d'abord paru en France dans Courrier international, traitant d'expulsions musclées d'étrangers illégaux par la police française par le quotidien gratuit Matin Plus (copropriété de Vincent Bolloré et du groupe Le Monde), au motif "qu'on ne peut pas parler ainsi de la police française". Ces affaires déplorables ont fait grand bruit et occasionné des téléscopages amusants bien racontés ici.
Tout ceci, ajouté au tonitruant parachutage à TF1 de Laurent Solly, ancien chef de cabinet de Nicolas Sarkozy, a relancé les craintes d'une main-mise "berlusconienne" de l'Elysée sur les medias. Notre vigie médiatique préférée a donné ici quelques clés qui permettent de comprendre en quoi cette mutation est peut-être en rapport indirect avec les hauts et les bas du couple Sarkozy. Cette histoire a aussi le mérite de montrer qu'un journal a priori indépendant économiquement et politiquement des industriels de l'armement et des amis du chef de l'Etat, doté d'une rédaction très chatouilleuse sur cette indépendance, prend de telles précautions d'écriture que le lecteur finit par ne plus rien comprendre à ce que l'on essaie de lui dire...sans le lui dire! Bref cela explique aussi que la presse française, même de qualité, ait aussi peu de lecteurs, comparée à beaucoup de nos voisins.
Là, on touche du doigt qu'il n'est pas facile d'analyser les raisons pour lesquelles les journaux français ont autant de mal à dire les choses de manière directe et intelligible par le lecteur déjà objet de nombreuses autres sollicitations dans sa journée de dur labeur.
Je note en effet que des journaux comme Libération ou Le Parisien que l'on ne peut soupçonner de connivence sarkozystes n'ont pas mis beaucoup de zèle à informer sur les facéties politiques de Cecilia Sarkozy. Le Monde non plus d'ailleurs, pas plus que son service politique n'avait interressé ses lecteurs au rôle apparement joué dans la construction de la candidature Royal, l'évolution de "son agenda privé" comme dirait le Monde avec son compagnon François Hollande. Avant que deux de ses journalistes ne nous disent ce qu'elles savaient dans un livre paru au lendemain de l'élection, c'est à dire-à nouveau une drôle de manie française- une fois que tout était joué. Bien. Rien n'est simple en la matière, et j'ai noté que l'hebdomadaire britannique "The Economist", grand redresseur de torts devant l'éternel, dans un article consacré cette semaine aux collusions entre les milieux de la presse, de la télévision et de la politique et des industries d'armement en France, considère que, compte tenu des relations incestueuses entre ces mondes, il est finalement étonnant que "ces conflits d'intérets ne génèrent pas davantage de censure qu'ils ne le font." Dont acte.
Je sens que vous vous impatientez. Mais ou veut-il donc en venir? Et bien à ceci que je finis par penser, comme d'autres, que la presse française a besoin d'un big bang, et que celui-ci ne peut venir que d'actionnaires étrangers dépourvus de toute attache avec le pouvoir politique ou économique français, et seulement motivés par le fait de vendre le plus de journaux possibles pour être rentable. Je vois bien ce que vous pensez: vendre du papier quelle horreur! Il faut être racoleur et mettre des photos de filles à poil comme le font les tabloïds britanniques. Ce risque existe, il ne faut pas se le cacher. Encore que, à côté des faits divers souvent graveleux, les articles politiques souvent très sevères pour le gouvernement en place jouent outre-manche un rôle de contre-pouvoir que n'exercent plus que très rarement les journaux français. Et puis, chacun sa culture et, par exemple, les révélations sur l'homosexualité ou l'infidélité d'un ministre n'emeuvront jamais personne de ce côté-ci de la manche. En revanche les domaines de la vie privé et de la vie publique n'ont plus de frontière aussi étanche qu'on ne le pensait jusqu'ici, comme le montre bien l'histoire de la "Femme fatale".
Or il se trouve que justement on nous annonce l'arrivée d'un tel journal. Je pense bien sûr au projet du groupe allemand Springer de lancer un quotidien populaire et très bon marché en France, sur le modèle du Bild d'Outre-Rhin. Ses promoteurs ne sont pas encore certains de la viabilité du projet, notament que les conditions de sa distribution lui permettront d'atteindre au moins 800000 exemplaires vendus. Il me semble en tout cas que sur le plan rédactionnel il existe en France un réél déficit d'offre que tente de combler, de manière imparfaite, internet.
Ce nouveau journal sera, il faut s'y attendre, très décrié (après le plombier polonais, le journaliste allemand), exploitant un sentiment xénophobe latent en France, il sera méprisé par les biens-pensants, mais j'en attend personnellement beaucoup.