Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

26 avril 2007

Intermède Sevillan

A partir de demain et jusqu'à lundi...silence radio
Un autre mundillo est possible


Aperçu, à travers mes amis de 30 ans, de ce qui pourrait se passer le 6 mai.

Avalanche de mails sur ma messagerie ces dernières heures. Vif débat entre mes amis de trente ans (ou presque). Pas encore Ségolâtres ni Sarkomaniaques, mais leur choix est fait et m'aide à comprendre ce qui se passe en France, à partir de ce petit échantillon. Au fond, ils ne sont convaincus, mes amis, ni par la compétence de Royal, ni pas la sérénité de Sarkozy. Ils ont des craintes sur leur présidentialité, mais les refoulent. Ils se ressemblent par leur niveau d'étude, de vie, leurs goûts culturels, enfin évidement il y a des différences, mais nous faisons partie du même monde, la classe moyenne supérieure.
Beaucoup d'entre eux ont longtemps voté pour la gauche, certains le regrettent aujourd'hui tout en gardant au fond d'eux-mêmes le rêve de pouvoir un jour voter à nouveau pour un(e) candidat(e) de gauche moderne. Mais pour l'instant ce sera Sarkozy. Pourquoi? Parce que, en gros, ils font partie d'une France qui travaille beaucoup, exposée à la concurrence. Ils n'ont pas toujours le sentiment que leurs efforts sont récompensés à leur juste mesure, tandis qu'une partie de plus en plus importante de leurs revenus est ponctionnée, non pas pour alléger la souffrance des plus faibles, ce qu'ils pourraient accepter, mais pour maintenir dans l'assistance une partie de plus en plus grande du pays que l'on a renoncé à faire revenir dans l'activité (jeunes, seniors, chomeurs en reconversion etc...) Ceux-là sont des démocrates, sensibles aux alarmes tirées, comme l'a dit hier Bayrou, sur "le goût de l'intimidation" de Sarkozy, ses pressions sur les juges, les syndicats, tous ceux qui se mettent en travers de sa route. Mais, "l'économie stupide", pour eux il est plus important de remettre la France au travail, de faire preuve d'autorité contre la délinquance, de recadrer un certain nombre de "fondamentaux" d'une vie en société, au lieu de se laisser aller à son déclin. Ajoutés aux électeurs de droite convaincus, ils vont sans doute donner une confortable majorité à Sarkozy.
En face, qui voteront pour Ségolène, on a soit des salariés un peu moins aisés pour lesquels la ponction fiscale est moins perceptible sur leur train de vie, soit des gens moins exposés à la concurrence, plus "bobos" ou plus "ludiques", dont la situation materielle est mieux assise et qui ne craignent pas les lendemains. Pour ceux-là, les considérations sur l'usage démocratique, sur le vivre ensemble, le souhait d'un style de leadership plus cool, plus maternel, peut s'exprimer davantage. Les arguments sur le poids excessif de l'Etat ont moins de prise sur eux parce qu'ils sont moins touchés ou se sentent moins concernés par le déclin français.
C'est évidement à la frontière de ces deux profils, frontière assez floue forcément, que va se jouer le deuxième tour, mais je crois que la dramatisation ou la diabolisation de Sarkozy ne déplacera pas les lignes de cette classe moyenne qui s'est au moins temporairement détournée de la gauche.
Ce qui est sûr c'est que mes amis resteront mes amis...

23 avril 2007

Le culot d'Eric Besson, futur animateur de l'aile gauche du Sarkozysme.

Eric Besson au premier rang du meeting de Sarko. Là, il y va quand même un peu fort, celui qui il y a quelques semaines rédigeait encore pour le compte du PS un stupide brulot anti-sarkozyste qui dénonçait un "néo conservateur à passeport français". Bon, il a fait amende honorable, mais tout de même ce Canossa ressemble furieusement à une demande de maroquin ministeriel.
Je ne retire rien à ce que j'ai écrit ici au sujet de son bouquin. Je ne remets pas en cause non plus son honnêteté. Mais cet excès d'opportunisme, cet absence de retenue qui confine à l' indécence nuit à la sincérité du propos initial, une demande de modernisation du PS. Même accompagnée d'un appel à sanctionner Royal, je pouvais encore comprendre l'impatience du militant. Là, il me semble que la ligne rouge est franchie. Dommage.

Autres leçons

Après examen attentif des résultats d'hier, il apparait que le vote Le Pen recule partout, mais en plus grande proportion dans le sud est et l'Est que dans les départements du Nord ou l'on sait qu'il est sociologiquement davantage composé d'ouvriers ou de "cassés" de la mondialisation. Dans ces départements le vote utile à gauche à aussi moins joué qu'ailleurs. On trouve Besancenot et Buffet au dessus de leur moyenne. Ce qui semblerait indiquer que Ségolène Royal a moins bien réussi que Sarkozy son travail de récupération d'électeurs naturels de son camp, partis par déception vers les extrêmes.
Ceci serait confirmé par ce que nous disait Edouard Le Cerf de la Sofres, malgré sa claque Le Pen reste premier chez les ouvriers...
Par ailleurs, il semble que la vague des ralliements d'élus UDF à Sarko ait commencé dès cette nuit, ce qui laisse mal augurer de ce que fera Bayrou de sa "victoire". Ce matin ses principaux lieutenants étaient indisponibles pour commenter les résultats...

Quelques leçons d'après 1er tour

Voici les impressions que je n'ai pas pu donner ici dès hier soir, étant à l'antenne de la soirée électorale de France 24 (qui fut soit dit en passant un grand succès, vous devriez essayer ça change!)
Comme l'a souligné assez justement hier le publicitaire Claude Posternak sur notre plateau la France sortie des urnes de 2007 a fait un bon en avant de 50 ans en distinguant nettement 3 candidats "modérés", adeptes de l'économie de marché et favorables à l'Europe. Je préfère le visage de cette France là, avec un Le Pen à 11% que celui de 2002. Sarkozy a réussi à l'affaiblir. S'il est élu, il faudra surveiller le FN comme le lait sur le feu, c'est à dire ne pas décevoir cet électorat chatouilleux.
La France est sortie en une soirée du chiraquisme, comme le montre le résultat de la Corrèze, ou Ségolène Royal est en tête!
La première leçon qui doit être retenue, c'est que la démocratie, pour rester vive et joyeuse a besoin de renouvellement, ce qui veut dire que nous serions bien inspirés de retenir cette leçon qu'appliquent déjà nos voisins: Quand on a perdu, on se retire du jeu, on laisse la place à d'autres. Quand on gouverne, il est normal que l'on cherche à se representer, mais pas plus d'une fois. La participation massive d'hier est la marque d'un espoir dans une nouvelle génération.
Pour le reste: Sarkozy est haut, très haut même, la gauche à un niveau historiquement bas. Il sera dur à battre. Le fait qu'un nombre non négligeable d'électeurs de centre-gauche aient voté Bayrou est un signe d'impatience dans la lenteur du PS à se moderniser. Mais il ne peut pas y avoir d'alliance UDF/PS dans de telles conditions.
Pourquoi? La logique du scrutin majoritaire impose en effet de faire des alliances entre les deux tours. Ivre de son score, Bayrou a oublié ce petit détail. Or, les élus UDF vont commencer à s'inquiéter de leur sort aux législatives. Et il est probable qu'une majorité des électeurs de l'UDF, même avec des réticences se sentent sans doute plus proches du projet de Sarkozy. Il ne paut pas s'atteler à un PS faible (Ségolène Royal ne fait guère plus en pourcentage que le total Jospin+Chevènement+Taubira en 2002). Bayrou n'a pas d'autre choix que de laisser la liberté à son électorat, sauf à se condamner à ne plus compter du tour dans les 5 ans à venir.
En effet, dans toutes les démocraties européennes les partis charnières (comme le FDP en Allemagne) vont vers le pôle qui attire le plus. Or, le PS n'est pas assez fort pour agréger les centristes. Il doit d'abord faire sa mue, pour retrouver un étiage d'environ 30% qui fait que l'on devient interessant pour ses alliés. En cas de défaite le 6 mai, il serait bien inspiré, cette fois-ci, d'y travailler sérieusement et de ne pas seulement compter sur l'anti-sarkozysme pour revenir au pouvoir, ou de se laisser griser par des victoires aux élections intermédiaires.
Il est normal que l'UDF, comme d'ailleurs le FN , les verts, etc... demandent une dose de proportionnelle. Mais ce mode de scrutin sympathique en apparence est en fait vecteur d'instabilité et d'opacité. C'est celui de la IVème république, des combinazione qui au bout du compte signifient que les électeurs sont floués. Si on veut aussi, ce qui est absolument necessaire, renforcer le parlement il faut que s'y dégage des majorités claires et que les gouvernements ne soient pas menacés d'être renversés toutes les deux semaines...
La tonalité de la campagne du deuxième tour sera interessante. Si la gauche mise uniquement sur l'antisarkozysme, elle risque d'aller vers une nouvelle déconvenue. Outre que ce serait un choix médiocre, il ne se trouvera pas une majorité de Français pour croire qu' un homme qui a déjà obtenu déjà plus de 11 millions de voix au premier tour est dangereux.
Je me demande comment quelqu'un comme Jean François Khan va réagir lorsqu'il verra que son préféré Bayrou n'adhère pas au TSS, "tout sauf Sarko"?
Il faudrait plutôt que Ségolène Royal explique pourquoi elle pense que ses propositions sont meilleures pour la France, sur le plan économique et social, sur celui de la politique étrangère et européenne, sur celui de l'intégration des populations reléguées dans les banlieues, que le projet de Sarkozy. Mais elle devrait pour cela préciser au préalable un programme qui est résté dans le flou sur de nombreux points.
Voilà, sa marge de manoeuvre paraît bien étroite (on est plutôt dans le cas de figure 74 que 81), mais c'est une autre campagne qui commence!

20 avril 2007

Halte au hooliganisme sur la blogosphère!


A défaut d'avoir fait la démonstration tangible de leur utilité dans cette campagne, certains blogueurs menacent de tout casser d'ici dimanche soir en publiant des estimations de résultats avant 20 heures, au mépris de la loi, mais surtout de l'esprit de la démocratie qui exige un minimum de respect pour l'électeur au moment ou il fait son choix. Certains, comme Morandini, ont pignon sur rue dans de grands medias, ce qui me rend perplexe.
Quoiqu'il en soit, ce faisant, ils espèrent attirer l'attention vers eux grâce à l'odeur du scandale. Recette bien connue, utilisée par une certaine presse ou une certaine télévision qu'ils sont souvent les premiers à stigmatiser.
Les arguments avancés sont parfois recevables, notament le fait que les medias étrangers vont révéler ces tendances, en général très proches du résultat final, dès que les instituts les communiqueront à leurs clients, vers 18h40 en général et que n'importe quel internaute ou télespectateur disposant du satellite ou du câble aura facilement accès à ces fuites. Il est évident que la loi française est devenue totalement obsolète.
D'autres justifications sont consternantes, comme le projet de Guy Birenbaum de démontrer "par l'absurde" les ravages de la démocratie d'opinion...
Ce hooliganisme politique, je pèse mes mots, est symptomatique d'une malheureuse évolution d'internet, en particulier des blogs, une certaine catégorie de blogs en tout cas qui évolue en lisière des grands medias. Ils sont tenus par des personnalités qui s'illustrent aussi sur les antennes et se sont servi de leur blog pour contester le leadership des grands medias. Ils prospèrent sur la vague de méfiance dont sont l'objet les journalistes soupçonnés de conspirer contre la démocratie et parfois de mentir ou de cacher la réalité.
Pour revenir au fond des choses, je crois que cette affaire est importante du point de vue des principes, beaucoup plus que de ces effets. Ainsi, e ne crois pas que la révélation des estimations (réalisée rappelons le à partir des cent premiers bulletins dépouillés dans les bureaux de vote fermant à 18 heures en france metropolitaine) un peu plus d' une heure avant la fermeture des derniers bureaux de vote soit de nature, sauf cas exceptionnel mais pas totalement exclu, à modifier le résultat définitif. Le risque existe pourtant qu'un candidat qui serait distancé de peu de voix pour la deuxième place qualificative pour le second tour introduise un recours et fasse invalider l'élection. Ceux qui prennent ce risque, aussi minime soit-il, qu'ils soient Français, Belges ou Suisses oeuvrent contre la démocratie. Ce qui est curieux c'est qu'il nous rebattent sans arrêt les oreilles des entorses faites par les grands medias à ces mêmes principes.
Il y a la loi électorale qui est certainement à revoir, en particulier celle qui réglemente les temps de parole qui infantilise à l'extrême les journalistes, et il y a l'esprit de la démocratie. Le respect de celui-ci exige que sans se poser plus de questions, chacun, au lieu de dénoncer je ne sais quel ridicule complot d'initiés , observe cette tradition d'abstinence (de commentaires, de "révélations") pendant que se déroule le scrutin et donc jusqu'à ce que le dernier electeur se soit prononcé. A cet égard il faut saluer la décision prise d'avancer le vote dans les Dom Tom au samedi, même si j'ai été surpris-sur une radio- d'apprendre que cette decision était accompagnée d'une quarantaine mediatique qui empêche les domiens d'avoir accès aux radios et télé métropolitaine dès le vendredi (là encore, si c'est exact, chapeau le CSA!)
Il faut aussi féliciter les responsables de 20 minutes qui ont annoncé leur souhait de respecter la loi, même si cela doit leur faire perdre des internautes qui iront s'abreuver ailleurs, et de poursuivre leurs blogueurs qui contreviendront à cette consigne.
Au fond ce débat ne sera définitivement tranché que le jour ou tous les Français voterons avec des machines à voter. Alors, à 20 heures piles et pas avant, les journalistes découvriront comme tout le monde, non plus des estimations, mais le résultat exact du scrutin...`


22 avril : pas de résultats avant 20h


Recommandé par des Influenceurs

18 avril 2007

L'heure du choix

Essayons, pour une fois de positiver. De voir les bons côtés de cette campagne. J'en vois déjà un: Les trois principaux prétendants sont d'accord pour mettre en valeur le travail par rapport à l'assistance. Les libéraux et les sociaux-démocrates font en effet la même constatation. Par delà les classes sociales qui n'ont pas disparues, l'injustice la plus insupportable aujourd'hui est la différence de traitement entre d'un côté les gens qui travaillent dur pour un revenu modeste, sont exposées aux maladies professionnelles et plus généralement à des conditions de travail de plus en plus pénibles et doivent se battre pour maintenir vaille que vaille un pouvoir d'achat de plus en plus entamé et, de l'autre, les non-actifs qui bénéficient de revenus d'assistance et d'avantages qui sont liés à cette situation de quasi statut.
Cette anomalie a encore fait irruption pendant la campagne lorsque la région île de France a annoncé son projet de gratuité des transports en commun pour les RMIstes. Ce cadeau représente entre 52 et 142 euros par mois. Même s'il est fréquent que les employeurs prennent à leur charge une partie de cette somme cela reste une dépense importante pour un smicard. Surtout cette économie viendra s'ajouter à la longue liste de dispenses et d'exemptions qu'accorde la situation de chômeur ou de RMIste et rendra encore moins attrayante le retour à un emploi rémunéré au smic.
Parmi les non-actifs il faut distinguer entre les jeunes de moins de 25 ans qui n'ont droit à rien s'ils ne travaillent pas,et pas même au smic lorsqu'ils travaillent; et les plus de 55 ans qui entre les préretraites et les dispenses de recherche d'emploi sont de fait de plus en plus pris en charge par la collectivité.
En France, seulement 41% de la population adulte travaille. c'est un des taux les plus bas du monde qui ne s'explique pas seulement par les licenciements et les délocalisations, mais par une "préférence pour le chômage". Le coût du travail pèse trop sur les salaires. Comme on ne peut pas taxer des capitaux mobiles par définition. Il ne reste qu'à transférer une partie de cette charge sur la consommation. C'est l'intérêt de la TVA Sociale.
En face des trois candidats qui ont le plus de chances de l'emporter le 22 avril- si je mets de côté la droite extrême et l'extrême droite- un pack de candidats "anti-libéraux" dont les propositions économiques consistent à augmenter encore le poids de l'Etat dans l'économie et celui des prélèvements obligatoires. Or, en Europe, la France est le seul pays qui n'ait pas déjà réduit l'un et l'autre. Ils réclament toujours plus de "service public" sans jamais évoquer la question de son financement dans un pays ou l'Etat est aussi lourdement endetté et ou l'intégralité de l'impôt sur le revenu sert déjà à payer les intérêts de cette dette. En réalité, ils ne proposent rien d'autre que de continuer à vivre à crédit aux dépens des futures générations
La encore, avant de développer les services publics, la France doit s'occuper d'augmenter la production, c'est à dire le travail des Français. Les choses sont simples, Michel Camdessus, ancien patron du FMI les rappelle avec quelques chiffres indiscutables: En 25 ans, le PNB français par tête est passé de la 8ème à la 19ème place mondiale, un salarié américain travaille en moyenne 37% de plus durant sa vie qu'un Français. Malgré un excellent niveau de productivité, le travailleur français produit de moins en moins: En 1991, 83% de ce que produisait son collègue américain, 71% aujourd'hui. Qui peut dire que cette tendance n'est pas alarmante?
Ensuite, et ensuite seulement, on pourra débattre de la répartition de cette richesse nouvelle, comme l'a fait notamment Tony Blair qui a d'abord rétabli les conditions de la croissance britannique avant d'investir massivement dans les services publics.
Le grand défi des prochaines années sera donc de remettre chacun à sa place dans la société et de réserver les mécanismes de solidarités à ceux qui sont réellement inemployables, ou qui sont temporairement exclus du monde du travail, en supprimant les freins à l'embauche, les incitations à l'assistance.
Mais nous sommes sans doute au bout du tunnel, car le ou la nouvel(le) élu(e) aura sûrement à coeur de tenir sa promesse!

01 avril 2007

Le "Sarko bashing", dernier argument de campagne de la gauche

Je ne crois pas qu'il faille élever une stèle à Sarko. Sur la sécurité il a été plus souvent dans la pause, genre matamore, que dans la lutte efficace contre la délinquance. Il a préféré les opérations coup de poing médiatisées, comme après la mort du petit Sidi Ahmed en 2005, le gamin de la Courneuve qui lavait tranquillement la voiture de papa, le jour de la fête des pères. Au lieu de nettoyer la cité des 4000, comme l'avait promis Sarkozy, la BAC a fait une descente dans une ou deux caves devant les caméra de TF1, avec un maigre butin, puis les affaires ont repris "as usual". C'est ça qu'il faudrait reprocher à Sarkozy, plutôt que d'avoir stigmatisé la "racaille".
Au lieu de cela, la gauche de Laguiller à Royal et même à Bayrou préfère le "Sarko bashing" après les émeutes de la gare du Nord. (Ce que Libération a cru devoir appeler, dans une candeur touchante, "le début d'émeute"). La gauche est, sur ce sujet, en pleine régression. Je ne crois pas que cela lui profitera. Conseillée par Chevènement et par Dray on attendait mieux de Ségolène Royal qui semblait avoir donné des signes de rompture avec l'angélisme de la gauche bobo. Mais, avec cette démagogie de banlieue, elle doit fantasmer sur les deux millions de nouveaux électeurs, qui se trouvent surtout dans les grandes agglomérations, pensant que de la même façon qu'elle a gagné l'investiture du PS grâce aux nouveaux adhérents, elle va moissonner de ce côté là. C'est son choix. Ça ne fait pas de la grande politique.
Il est au fond inadmissible d'entendre la gauche excuser les casseurs de la gare du Nord, sous prétexte que Sarkozy aurait créé ou laissé se développer la tension entre la "jeunesse" et les flics.
Je n'en peux plus d'entendre ce terme de "jeunes" pour désigner les voyous qui estiment que la police doit rester les bras croisés devant la fraude dans les transports en commun et laisser les resquilleurs ne pas payer leur ticket, pendant que des millions de braves cons payent chaque mois leur carte orange pour aller bosser.
Des jeunes, des jeunes des banlieues, j'en ai vu, pas plus tard que cet après-midi, place du Trocadero, donner par un beau dimanche de printemps pour les passants un spectacle de Hip hop pour quelques dizaines d'euros. Polis, drôles, respectueux de ceux qui voulaient seulement passer leur chemin, jetant leurs chewing-gum dans des sacs en plastique...Un bonheur!
J'en ai assez que la gauche s'emploie à ressembler à la caricature d'elle même. Pire, ça me met en rage...