Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

31 mars 2006

L'Assemblée a bien voté sur le CPE

Cette affaire de CPE a donné lieu a des complaisances et, plus grave à des contre-vérités journalistiques.
Le CPE est peut-être mauvais, mais en tout cas nous avons été trop longtemps complaisants avec la revendication principale des manifestants, à savoir le "retrait". Comme me le soufflait hier un sénateur, "
le retrait est une considération physiologique mais pas constitutionnelle." Un gouvernement ne peut nullement "retirer" une loi qui est à l'ordre du jour, il ne peut même pas retirer un article. Surtout quand la loi est votée.
Et la loi, bonne ou mauvaise, a été votée.
Et c'est la l'erreur commise par tout le monde et rabâchée dans les débats sans aucune contradiction, sauf par quelques rares observateurs scrupuleux:
L'Assemblée Nationale a bien discuté du CPE, c'est à dire de l'amendement modifiant l'article 3 du projet de loi sur l'égalité des chances. Cet amendement a fait l'objet de multiples sous-amendements tendant à le modifier, et presque tous ont été repoussés. Enfin l'Assemblée a adopté le CPE par 51 voix contre 23. Il suffit de se reporter au compte-rendu analytique de la troisième séance du 8 février.
Il est vrai que le gouvernement, lassé par les manoeuvres de retardement de l'opposition destinées à gagner (ou à faire perdre, c'est selon) du temps, a finalement engagé sa responsabilité (Art 49-3), mais sur
l'ensemble du texte sur l'égalité des chances, entraînant, en effet, son adoption sans vote. L'opposition a, à juste titre, dénoncé cette décision sur un texte sur lequel le gouvernement avait déjà demandé l'urgence (une seule lecture à l'assemblée et au sénat). Mais pourquoi n'a-t-elle pas déposé, sur un sujet aussi important et comme elle en a le droit, une motion de censure? Est-ce parce que nous étions à la veille des vacances parlementaires et que les députés voulaient, comme tout le monde, partir en congé?
N'ayant pas épuisé tous les recours parlementaires, l'opposition n'est pas très bien placée pour soutenir la rue. Le parlement a été traité cavalièrement mais guère plus que depuis l'instauration de cet article 49-3, utiliser régulièrement depuis 1958.
On peut demander et souhaiter que Chirac demande une nouvelle délibération du texte, en raison du contexte social. Mais cette demande ne peut en aucun cas s'appuyer sur le motif que le parlement ne se serait pas prononcé sur le point contesté, à savoir le CPE.
La gauche qui n'a pas fait complètement son travail d'opposition parlementaire montre dans cette affaire une dangereuse fascination pour la rue.

29 mars 2006

Le Million!

Le Million! C'est le nouveau mètre étalon de la vie politique française. De manifestants bien sûr. Il est largement dépassé ce soir, même selon la police (de Sarkozy, il est vrai, donc davantage portée à la sincérité des chiffres en la circonstance), les syndicats en annoncent même trois.
Première réaction: Villepin est cuit. Il devait être l'alternative chiraquienne à Sarkozy. Aujourd'hui, on ne voit pas comment il serait, en 2007, en situation d'incarner quoique ce soit. Je serais Sarko, je ne me réjouirais pas trop vite. La gauche a remporté les régionales, elle a fait gagner le non, aujourd'hui elle gagnerait haut la main, en tout cas des législatives et, avec Ségolène Royal (ou Jospin?) peut-être aussi la présidentielle. Je ne vois pas comment cela peut s'inverser en 12 mois.
Ce n'est pas très réjouissant car la gauche n'a absolument rien à proposer au pays et n'a même pas fait l'inventaire du jospinisme, en reconnaissant par exemple le mal qu'ont fait les 35 heures.
Chirac, lui, est nu. Il peut laisser Villepin administrer les affaires courantes. Ou bien nommer Sarkozy à Matignon dans une sorte de remake de Mission Impossible, ou bien encore, il en serait bien inspiré, démissionner. Au moins prendrait-il la gauche de vitesse, ce qui serait le dernier service à rendre à son camp. Et même au pays, qui serait fixé plus rapidement sur son avenir. Dans pratiquement toutes les autres démocraties européennes face à une telle perte de légitimité populaire, confirmée depuis deux ans dans les urnes et dans la rue, le pouvoir aurait depuis longtemps anticipé l'échéance. Pas en France, semble-t-il. C'est l'immobilisme français, institutionnel, économique et politique.
La leçon à tirer pour les suivants: commencer par dire ce que l'on a l'intention de faire et surtout faire ce que l'on a dit, ou risquer d'être haché menu au bout de 12 ou 20 mois par des Français en forme révolutionnaire et malheureusement assez peu conscients des problèmes et des reculs du pays.


Autre chose: ce soir j'ai suivi les deux premiers quarts de finale de la Champion's League sur Canal et les élections israéliennes sur internet. C'était parfait!
J'ai trouvé Arsenal, mon équipe fétiche, impressionante, candidate sérieuse au titre (une finale contre Lyon me comblerait), alors que le Barça, équipe également très plaisante était un peu poussive et malheureuse face à Benfica, toujours sous-estimée-à tort-dans ce genre de compétition.Ça promet! (Il y avait 5 champions du monde de 98 sur la pelouse à Londres!)
Mon commentaire à chaud sur les élections israéliennes, pour ceux que cela intéresse:
Un centre de gravité très clair au centre gauche. Olmert a été choisi pour gérer l'héritage spirituel de Sharon mais c'est un CPE. L'homme n'est pas aimé, il est à l'essai. Peretz est le premier leader travailliste qui fasse enfin du social une priorité et il est vraisemblable que pour la première fois une part significative des déshérités sépharades des villes de développement, clientèle traditionnelle du Likoud, a voté pour cet authentique homme de gauche. Il devrait obtenir un grand ministère économique et social dans le prochain gouvernement. Les pauvres, de plus en plus nombreux ont adhéré à son discours "marxien": l'économique commande le politique. Autrement dit en luttant contre la pauvreté, on oeuvre pour la paix. En somme, qu'il faut arrêter d'arroser les colonies religieuses de cisjordannie, ce qui n'apporte que la guerre et encore plus de pauvreté en Israël.

Les israéliens viennent donc de donner un mandat pour de nouvelles évacuations de territoires occupés. Une autre chose est frappante. Pratiquement tous les partis sont en faveur de ce principe, à part le PNR (Mafdal), parti des colons qui ne pèse que 7% environ. Même le Likoud, même Israël Beitenou d'Avigdor Lieberman! Ce dernier veut même rendre des territoires israéliens depuis 1948, au motif qu'ils sont peuplés d'Arabes, ce qui-au passage- est une injure raciste envers 20% de la population non juive d'Israël qui s'est toujours montrée loyale.
Bref, il y existe un consensus très large sur cette question en Israël, ce qui est une avancée considérable. Certains veulent le faire unilatéralement comme l'a initié Sharon, d'autres souhaitent ouvrir des négociations préalables avec les palestiniens. Il y aura des avocats des deux méthodes dans le prochain gouvernement.
Pour l'instant la victoire du Hamas, la libanisation de Gaza, d'où le Djihad Islamique vient de lancer sa première roquette Katyoucha sur Israël, et la victoire de Kadima, semblent donner raison aux premiers. Mais le Hamas multiplie les signes d'ouverture: la trêve observée à la lettre et une réaction extraordinairement mesurée sur l'affaire de la prison de Jericho.
Il y aura donc certainement un jour prochain des négociations avec les islamistes palestiniens. D'ailleurs, Nissim Zvili l'a révélé vendredi sur Public Sénat, dans Bibliothèque Medicis, devant Jean-Pierre Elkabbach: Il avait proposé à son gouvernement de commencer à parler avec le Hamas en 1995!
A ce soir sur RTL.

27 mars 2006

Antisémitisme dieudonnesque (suite)

Je vous "recommande" une petite visite sur le site des amis de Dieudo, en particulier cet article puant l'antisémitisme façon "Je suis partout". Y sont dénoncé les "sionistes" qui auraient envahi les medias. Le mieux, ce sont les commentaires. On y lit par exemple que la majorité des journalistes politiques sont juifs "mais qu'on n'a pas le droit de le dire." Votre serviteur y est dénoncé en bonne place, ce qui mériterait amplement une action en justice. J'ai dédidé depuis longtemps de ne pas poursuivre ce genre de propos, estimant ce genre d'initiative contre-productives.
Par ailleurs, Tristan Mendès-France nous révèle ici que cet article comportait, avant modération, un passage encore plus nauséabond dans lequel était dréssée une liste vertigineuse de Juifs, ou plutôt de noms à consonnance juive (qu'est-ce qu'un Juif je vous le demande?), soit invités soit invitant dans les medias. C'est du propre. Depuis Le Pen personne n'avait osé, ce qui ajoute du sens à la précédente note.

23 mars 2006

Dieudonné franchit le Rubicon

Voici un des premiers signes patents que, dans les banlieues, le FN élargit son audience au delà du "petit blanc raciste". En 2002, Le Pen avait déjà réalisé le meilleur score de tous les candidats chez les moins de 25 ans. Aujourd'hui, les jeunes séduits par Dieudonné, et par le discours sur les "indigènes de la République" ne cachent plus leur sympathie pour le FN, comme le montre ce compte rendu du récent non-lieu en faveur de Bruno Gollnisch, pour négation de crimes contre l'humanité. Ce texte, on ne peut plus complaisant pour le Délégué Général du FN émane du collectif "La Banlieue s'exprime", parainnée par Dieudonné, comme l'indique le site dieudonniste "les ogres." Il ne se contente pas de prendre fait et cause pour Gollnisch, mais appelle à sanctionner dans les urnes tous ses accusateurs renvoyés en correctionnelle pour diffamation. Est-ce un appel à voter FN? A moins que Dieudonné ne compte présenter ses propres listes?
Les amis de Dieudonné répondront certainement qu'il s'agit là de l'expression d'une solidarité des "muselés", au nom de la liberté d'expression. Liberté d'expression qui s'arrête, pour Dieudonné, lorsqu'il est mis en cause, comme l'attestent ses efforts (heureusement vains) pour censurer le livre d'Anne Sophie Mercier "La vérité sur Dieudonné".


21 mars 2006

Qui sont les casseurs? Réponse de France 2


France 2 a diffusé hier soir au 20 heures deux reportages très instructifs et "incorrects" sur les manifs, ou plutôt les "after". Le premier montre une bataille rangée, samedi soir place de la nation longtemps après la dispersion, entre CRS et "manifestants". Ceux-ci lancent des projectiles divers sur les policiers qui finissent par charger. Au milieu, un homme gît à terre, probablement piétiné au passage. On nous le présente comme le syndicaliste de Sud-PTT qui depuis se trouve dans le coma, pronostic vital reservé. Ses camarades interviewés témoignent: C'est bien lui, il a été frappé puis piétiné sans ménagement. Alors, on se demande si, journalistiquement, on peut aller un tout petit peu plus loin et poser cette question, sans passer pour un affreux réactionnaire: Est-ce donc le rôle de syndicalistes de défier ainsi les forces de l'ordre? Comment peut-on, ne serait-ce qu'évoquer l'hypothèse d'une bavure, à partir du moment où les affrontements ont été provoqués par les activistes de Sud, syndicat d'extrême gauche? Au moins France 2 nous a-t-il montré autre chose qui contredit les lénifiantes affirmations habituelles en pareil cas, à savoir: "les casseurs n'ont rien à voir avec les paisibles manifestants, ce sont des autonomes, des anarchistes, des provocateurs incontrôlés."
Les casseurs dont il s'agit ici ont repris tranquillement leur travail à la poste le lundi matin. Si, par malheur, leur camarade décède, le "mouvement" aura son martyr et le gouvernement sera montré du doigt.
Un postier. En 1986, les policiers voltigeurs motocyclistes-dissous depuis- dispersaient à coup de matraque les manifestants pacifistes. Malik Oussekine a été tabassé dans une petite rue alors qu'il rentrait chez lui. On ne sait même pas s'il avait pris une part active au défilé.
Deuxième reportage. Des jeunes interpellés samedi passent en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel. Il leur est reproché d'avoir cassé la vitrine d'un magasin d'électronique et/ou d'avoir volé des ordinateurs. Surprise. Là aussi il ne s'agit ni d'un casseur autonome, ni même d'un jeune de banlieue "issu de l'immigration" venu en découdre avec les flics et piller (Il y en a, France 2 nous montre aussi ceux qui viennent aux manifs uniquement pour ça), mais d'un jeune étudiant en économie bien sous tout rapport. Il prend trois mois avec sursis, et paraît désolé: Il s'excuse, même: "
Je me suis laissé tenter. Je regrette. J'aurais pu gâcher mes études." L'erreur est humaine, mais avouez que cela modifie un peu la perception que l'on a de ce mouvement.

20 mars 2006

Une histoire de piston


C'est un jeune collégien de Nanterre, appelons le Karim, il redouble sa troisième et adore le foot. Si ses résultats ne s'améliorent pas, ce sera le BEP direct. Sa mère l'élève toute seule. Son père vit au Sénégal. Il n'a pas abandonné son fils, c'est sa mère qui est partie pour que son fils grandisse en France. Elle était la nounou de mes nièces, à Nanterre. La cousine chez qui elle habitait était la voisine de palier de ma soeur. Aujourd'hui l'une de mes nièces travaille à M6, au Marketing. Elle a obtenu un stage pour Karim. Le stage d'observation en entreprise que tous les élèves de troisième doivent faire.
Un jour, il y a quelques semaines, la prof principale de Karim demande à ses élèves s'ils ont tous trouvé quelque chose, parce que pour ceux qui n'ont rien, elle a trouvé un chantier à Gennevilliers. La prof qui connaît la situation sociale et familiale de Karim lui propose le chantier.
-Pas besoin madame, j'ai un stage à M6.
-M6? La télé?
Stupéfaction de l'enseignante et de toute la classe.
-Arrête de te moquer de nous, tu veux?
Il était tout simplement impossible qu'un môme de Nanterre, en quasi échec scolaire- et black de surcroît- puisse entrouvrir la porte de la télé. La télé! autant dire le symbole de la réussite aux yeux de ces gosses!
Il a fallu que ma nièce appelle plusieurs fois la prof de Karim pour qu'elle admette que grâce à ses voisins français, bourgeois, qui ont donc quitté Nanterre depuis un certain temps pour habiter le centre de Paris, Karim échapperait au chantier. Pour l'instant en tout cas.
Cette histoire est, hélas, un parfait résumé des blocages français. Karim comme tous les petits blacks de 16 ans souffre du racisme. Comme beaucoup d' enfants élevés par des mères célibataires, d'origine étrangère et qui ont du mal a joindre les deux bouts, ses résultats scolaires sont médiocres. Ma soeur lui donne des cours de maths, mais cela ne suffit pas. Toutefois, pour Karim la principale difficulté c'est de ne pas disposer d' assez de réseaux pour que l'on puisse lui faire confiance. A moins qu'il perce dans le foot. Il paraît qu'il joue très bien, mais de là à faire une carrière professionnelle...
Il y a 15 ans j'ai écrit, avec Claude Askolovitch, un livre qui s'appelait "La France du piston" qui expliquait à quel point ces dynamiques de réseaux étaient prépondérantes en France. Tout le monde se sert de ses réseaux pour commencer dans la vie. Même ma nièce de M6 qui avait fait une maîtrise de gestion à Dauphine a eu un piston pour trouver ce job. Je n'imaginais pas à quel point nous avions raison.
La France est un pays conservateur qui se méfie des jeunes pas assez bien nés, qui condamne au chômage les élèves qui ne suivent pas le parcours normal de l'élitisme républicain: Bonne famille, bonnes études générales, bonne université ou grande école. L'innovation, la créativité n'est pas assez valorisée, sauf dans quelques domaines comme le rap ou le sport ou excellent d'ailleurs les jeunes laissés pour compte de banlieue, qu'ils soient black, blancs ou beurs.
Vendredi, je recevais à Public Sénat Christian Blanc, l'ancien président d'Air France. Il a parfaitement bien résumé les ressorts de la crise que nous traversons: "68 était un mouvement pour changer la société. Aujourd'hui la revendication principale c'est d'y entrer."

19 mars 2006

"Avec arme, à savoir avec oeuf"

Un citoyen parisien créateur d'un collectif de quartier intitulé "salauds de pauvres" est poursuivi devant les tribunaux pour avoir lancé un oeuf (frais ou pourri?) sur la dame De Panafieu alors que celle-ci visitait une cité HLM du XIXème. La citation à comparaitre évoque "une agression avec arme, à savoir un oeuf" Si les flics se mettent à faire du Alfred Jarry dans leurs commissariats....
Demain, je vous entretiendrais de sujets beaucoup plus graves

17 mars 2006

Matignon et le péril jeune

Liberation nous apprend ce matin que le CPE est sorti du cerveau d'un jeune technocrate qui a fait ses débuts au Parti Socialiste, côté "jeunes rocardiens", Louis-Charles Viossat. Passé ensuite par le cabinet de Jacques Barrot, il se retrouve au moment de la canicule 2003 directeur de cabinet du ministre de la santé Jean François Mattei, où, selon libé, il a brillé par son absence durant la crise, laissant le soin à son adjointe de gérer la crise. Recasé dans une usine à gaz administrative, c'est lui que Villepin est allé chercher pour lui confier le dossier de l'emploi des jeunes.
Peut-on imaginer plus bel exemple de la façon dont se font les carrières dans la haute fonction publique. où aucune faute ne se paye jamais très longtemps. Responsable mais pas coupable, et surtout hautement recyclable! On connaît la suite. Le CPE n'est peut-être pas une mauvaise mesure mais son accouchement technocratique peut expliquer la façon dont il est perçu dans une partie de la jeunesse. L'autre explication, comme le note aussi Libé, c'est que ni Matignon ni l'Elysée n'ont de conseiller chargé des questions interessant la jeunesse!

16 mars 2006

Assez de temps perdu

En France, il n'est jamais très bien vu de demander une acceleration des échéances électorales. Pourtant nous n'avons plus d'autre choix. Comme le note avec lucidité Jacques Attali dans l'Express, les difficultés économiques de la France sont étroitement liées à l'absence de confiance des Français dans la capaicité de leurs dirigeants à gouverner et des étrangers dans la valeur de la parole de la France. Il ne s'agit même plus de savoir si le CPE est ou non une bonne mesure. Dans une démocratie fonctionnant normalement, un premier ministre serait fondé à appliquer un texte de loi, même face à la grogne de la rue qui n'a quand même rien d'une situation révolutionnaire. Après tout, si les étudiants ne veulent plus aller en cours, cela n'empêche pas un pays de fonctionner normalement. Il vaudrait mieux s'interroger sur les raisons de leur malaise qui àa à voir avec l'impossibilité de toute réforme de l'université depuis 20 ans parce que les mêmes étudiants croient obstinément que l'ont peut avoir des diplômes qualifiants sans selection.
En Allemagne quand Shröeder a perdu une élection dans un seul Lander il a décidé de convoquer des élections générales pour demander au peuple de clarifier cette situation et éventuellement de lui donner un nouveau mandat. Il a failli gagner et aurait été conforté dans son programme de réformes. En France, non seulement ce Président a été élu sans que son score ait une signification politique claireet cette majorité élue sur un programme flou, mais lorsqu'elle a perdu 20 régions sur 22, il ne s'est rien passé.
Dans ces conditions il ne faut pas s'étonner que la France fasse du surplace et céde à la tentation de l'enfermement.

13 mars 2006

La psy qui provoque encore la foudre des musulmans

Selon le New York Times, Le Dr Wafa Sultan, une psychiatre américaine d'origine syrienne est l'objet de menaces de mort pour avoir osé mettre en doute les bienfaits de l'Islam au cours d'un débat sur Al Jazeera, en particulier pour avoir affirmé que "le choc auquel nous assistons n'est ni entre des religions, ni entre des civilisations, mais entre une mentalité moyenâgeuse et une mentalité du XXIème siècle, entre la civilisation et les primitifs, entre la barbarie et la raison." Elle a même risqué, comble du sacrilège une comparaison entre les Juifs et les Musulmans devant l'adversité: "Les Juifs, sortant d'une tragédie ont obtenu le respect grâce à leur savoir et non grâce à la terreur, grâce à leur travail et non avec des cris et des pleurs."
L'intégralité de la transcription, ainsi que la video de cette interview se trouve sur le site de Memri.
La chaîne Al Jazeera, montre à nouveau qu'elle ose poser des questions taboues dans le monde arabo-musulman, même si on sent que la sympathie du modérateur ne va pas vers le Dr Sultan. En raison de son audience, la chaîne l'a aussi, involontairement, désignée à la colère de nombreux téléspectateurs qui ont envahi sa messagerie, la menaçant des pires choses. Memri affirme que plus d'un million d'internautes ont vu la vidéo. Une nouvelle affaire d'apostasie? Souhaitons que les choses en restent là et saluons le courage de cette femme qui se présente simplement comme un être humain, laïc.
Elle est d'ailleurs qualifiée, en direct, d'hérétique par son contradicteur, un professeur égyptien qui refuse de poursuivre la discussion avec elle.
Cette femme qui vit aujourd'hui à Los Angeles a fuit la Syrie après avoir vu les Frères musulmans assassiner son professeur de médecine sous ses yeux. Son audace rend (un peu) optimiste.

PS: J'en ai parlé ce soir à RTL et cela a semblé intéresser mes comparses. Nous avons diffusé, sur Public Sénat, un reportage sur les 50 ans du planning familial. Les médecins ont confié à notre équipe qu'ils étaient de plus en plus confrontés à de jeunes filles demandant des certificats de virginité. L'une d'elles s'est laissée filmer. Après hésitation il ont décidé pour les protéger de leur fournir des certificats bidons. Un cas de conscience. Mais cela ne doit pas être une décision facile pour un médecin.

09 mars 2006

Mnef: Pourquoi Jospin ne témoignera pas

Les confrères ne semblent pas, à une ou deux exceptions près, beaucoup s’intéresser au procès de la Mnef. C’est dommage et pour tout dire inexcusable. Surtout si l’on compare avec le tohu-bohu (justifié) qu’avait provoqué l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris qui est symétriquement du même ordre pour la droite.
De même qu’il aurait été utile à la manifestation de la vérité qu’un juge entende Chirac sur ce dossier, il paraît légitime aujourd’hui que la justice demande à Lionel Jospin s’il était ou non au courant de ce système de faveurs au profit d’un certain nombre de ses proches. De surcroît, Jospin a été ministre de l’Education Nationale à l’époque des faits et la Mnef avait avec la gauche et ce ministère des relations consanguines. Pour autant, aucun juge n’a jamais sollicité le témoignage de Jospin. Jospin n’est pourtant protéger par aucun statut particulier. En fait il semble bien, comme me l’a confirmé une bonne source, que la chancellerie a donné des instructions au parquet pour que l’enquête reste soigneusement à distance de l’ancien premier ministre. Comme on se souvient des réticences de celui-ci à évoquer les casseroles de Chirac en 2002, on ne peut que soupçonner un « deal ». Le pouvoir continue-t-il de ménager Jospin ? C’est probable. Ce qui est sûr c’est que, dans cette affaire de Mnef aussi, comme dans celle des emplois fictifs, une ombre tutélaire plane sur les débats et ce sont les seconds rôles qui vont trinquer.

07 mars 2006

cousu de fil noir

Tout le monde vous le dit. Il est très bien le jeune Harry. Né à Tours voici 33 ans, on le désigne encore comme le "Martiniquais". Il a souffert du racisme. A ses débuts, on n'avait voulu de lui que sur une radio antillaise, a dévoilé un de ses proches. Je me souviens qu'à TF1 il n'y a pas si longtemps on expliquait un mauvais audimat par le fait qu'il y avait trop de noirs dans les reportages. Aujourd'hui on choisit un présentateur parce qu'il a la couleur recherchée. Du racisme positif en quelque sorte.
Le mois de novembre, Chirac et Sarkozy sont passés par là. Et surtout le marketing communautaire. Le Monde nous explique que Sarkozy veut devenir président grâce aux communautés. Il était informé avant tout le monde du "coup" de TF1 et au même moment il a d'ailleurs bombardé une autre militante black choisie au club Avéroes, secrétaire nationale de l'UMP à la francophonie. Une fille épatante, je la connais puisqu'elle est administratrice du sénat et travaillait, jusqu'à hier à Public Sénat. Une promotion météorique puisqu'elle était inconnue au bataillon de l'ump jusqu'à la semaine dernière. Une coïncidence qui en dit long sur ce qui se passe en France.
Nul doute qu'il fallait que les choses changent dans ce pays. Mais je doute que ce soit dans le bon sens. Voici accélérée la carrière de jeunes talents issus de minorités visibles qui avaient déjà fait leur trou dans le système. La grande masse des banlieues appréciera d'être "représentée" en politique ou dans les medias. et devra probablement s'en contenter. La situation sociale de l'écrasante majorité des jeunes qui connaissent les discriminations ne changera pas. Le pouvoir, les pouvoirs se seront acheté une bonne conscience à peu de frais.

Post Scriptum: Petite conversation aujourd'hui (21 mars) avec R. (je ne la cite pas même si sa nomination est publique). Elle me fait observer qu'elle n'a pas été "bombardée" et qu'elle n'était pas totalement inconnue au bataillon de l'ump puisqu'elle travaillait avec eux, à travers les associations dans lesquelles elle milite, sur les sujets de l'intégration. Dont acte. Elle me dit aussi qu'en exposant son cas je ne lui laisse pas une chance de faire ses preuves. C'est bien la dernière chose dont je voudrais être responsable!
C'est tout le problème avec la discrimination positive. Il faut que ses bénéficiaires montrent qu'ils ne doivent leur place qu'à leur mérites propres. Elle n'en manque pas, je peux en témoigner directement. Il est parfaitement exact que son parcours est tout ce qu'il y a de plus orthodoxe (Sciences-po, concours administratifs, elle a été reçue à l'assemblée et au sénat). D'ailleurs, l'Ump, à la différence de TF1 avec Harry, s'est bien gardé de faire un communiqué triomphant sur le thème: Nous avons recruté une noire. Je crois qu'elle est consciente, comme moi, des effets pervers de la discrimination positive, mais elle pense que c'est le seul moyen de changer les mentalités. Nous sommes en désaccord là dessus mais je respecte sa décision qu'elle n'a d'ailleurs pas prise à la légère.

Les musulmans et la démocratie

Je suis interpelé par un lecteur après des propos que j'ai tenu, sur RTL, au sujet du nucléaire indien et israélien. Ce lecteur trouvait douteux que je ne veuille pas reconnaitre le même droit à l'Iran ou aux pays arabes. C'est le fameux reproche du "deux poids et deux mesures". Je suis à nouveau soupçonné d'être guidé par des sentiments "antimusulmans", sinon racistes. Je lui ai répondu (voir les commentaires de la note "la gauche sectatrice..."). J'aurai pu aller plus loin sur le rôle que joue, à mon avis, l'attitude d'une communauté vis à vis du progrès scientifique et technique et le developpement économique associé à des instituttions démocratiques. Choses qui font défaut en partie ou en totalité aux pays arabes et à l'Iran.
En complément de ma réponse je reproduis donc des extraits d'un article du quotidien qatari Al-Raya, dans lequel Tarek Heggy, intellectuel egyptien, voit dans l'exemple de la démocratie indienne la preuve que les pays arabes et musulmans ne recourraient pas au terrorisme s'ils pouvaient participer librement à la vie politique de leur pays, comme c'est le cas en Inde. [1]

"Alors que [presque] toutes les communautés musulmanes dans le monde ont produit des combattants du djihad, lesquels ont rejoint Al-Qaïda et d'autres organisations [du même type], il existe une communauté musulmane qui ne participe pas à ce phénomène: il s'agit de la deuxième plus grande communauté musulmans au monde, la communauté musulmane d'Inde.
Cette communauté de plus de 150 millions de personnes (…) est la seule communauté musulmane à n'avoir pas produit un seul individu ayant un jour quitté le pays pour participer à des opérations violentes appelées 'djihad' par leurs auteurs et 'terrorisme' par [le reste du] monde.
La communauté musulmane d'Inde n'est pas riche. Elle fait partie intégrante de la société indienne (…) où un pourcentage important de la population vit à l'écart de la richesse et de la prospérité. Toutefois, aucun membre de cette communauté musulmane n'a jamais n'a jamais planifié ou exécuté d'opérations telles que l'attentat du 11 septembre 2001 à New York, ou les attentats intervenus par la suite à Madrid, Londres, Istanbul, Taba, Charm El-Cheikh et ailleurs. En outre, la communauté musulmane d'Inde (malgré son statut de minorité) a donné un grand érudit, qui joue actuellement le rôle de président d'Inde.
[2]
Ce qu'il faut noter est que la communauté musulmane d'Inde est la seule communauté musulmane [au monde] à vivre dans une véritable démocratie nationale.
Que pouvons-nous conclure de ces faits ? La conclusion évidente est qu'au cœur de chaque individu se trouve un être politique (…) Si cet être dispose de moyens effectifs et légitimes pour agir ouvertement au niveau politique, il ne cherchera pas à agir de façon souterraine.
L'Inde n'est pas seulement une démocratie ; c'est la plus grande démocratie au monde. Non seulement a-t-elle réussi à réaliser le rêve d'une existence démocratique propre à [toute grande nation], elle a aussi permis à cette nation d'accomplir des progrès significatifs dans les domaines de l'économie, de la recherche scientifique, de la production, du marketing et de l'enseignement moderne. En outre, elle gère remarquablement la diversité de la société indienne et l'actuel Premier ministre est en effet membre de la minorité Sikh [qui ne représente que 2% de la population] (…)
Les universités d'Inde (contrairement aux universités des [autres] pays du Tiers-monde) sont classées parmi les meilleures au monde (tandis que l'université du Caire - la plus ancienne université du monde arabe - n'est [même] pas classée parmi les 500 meilleures universités du monde.)
L'essentiel est que l'Inde a prouvé que quand les musulmans [comme tous les autres êtres humains] se trouvent dans un climat qui leur permet de participer pleinement à la vie politique, ils n'ont pas recours à des activités souterraines (…) et ils ne quittent pas [leur pays] pour faire sauter un avion, un train ou un bus rempli d'innocents (…)"

[1] Al-Raya (Qatar], le 21 décembre 2005
http://www.raya.com/site/topics/article.asp?cu_no=2&item_no=110189&version=1&template_id=24&parent_id=23.
[2] CNN rapporte en effet que bien que né de parents musulmans, Abdul Kalam ne se considère pas comme musulman. http://archives.cnn.com/2002/WORLD/asiapcf/south/07/18/india.president/index.html

source: Memri

03 mars 2006

Langues pendues ou fourchues?

La justice est saisie après les insultes proférées publiquement par Georges Frêche, non pas contre les Harkis en général mais contre quelques uns avec lesquels il avait un différent politique. Celà reste un comportement particulièrement indigne, venant d'un élu du peuple. Frêche a finalement été suspendu des instances du PS, mais Hollande, décidément allergique aux conflits s'est fait prier. La France devrait s'inspirer du système anglais qui permet de mettre en congé temporairement un élu, un peu comme une exclusion temporaire dans une compétition sportive. Ken Livingstone, le maire de Londres, vient d'en faire les frais: 4 semaines de suspension pour voir traité un journaliste juif de "gardien de camp de concentration." Au moins Frêche s'est-il excusé, ce qu'a obstinément refusé Livingstone.
Au delà de cette lamentable affaire, il peut-être intéressant de poser la question des limites imposées au discours politique, ou par extension à d'autres catégories de professions en contact avec le public comme les enseignants ou les journalistes, dont on veut à la fois qu'ils s'écartent le plus possible de la langue de bois et du politiquement correct, au risque de choquer des minorités ou des communautés de plus en plus chatouilleuses sur la question.
La longue liste des dérapages de Frêche ne plaide pas en sa faveur, c'est pourquoi un rappel à l'ordre, et en effet une sanction s'imposait.
En revanche, il me semble que la suspension, pour 4 mois, du professeur de physique du lycée d'enseignement catholique Gerson (Paris XVI) relève de l'acharnement. "S'il tu as froid dans le frigo (la dour de récréation ou l'élève juif était puni), il restera de la place pour toi dans le four." avait ironisé M. Ricci. Sans doute la blague n'est-elle pas bien maligne. Mais il ne faut pas confondre balourdise et antisémitisme. Certains élèves font remarquer que "le four" c'était pour M. Ricci le bureau du surveillant général où "ça chauffe pour les élèves." On ne peut accuser aussi légèrement un homme d'antisémitisme.
Où alors au train ou vont les choses il faudra bientôt rebaptiser la rue du Four à Paris, au motif qu'elle rappellerait de mauvais souvenir aux juifs...
Cette histoire me rappelle la scène inaugurale de "La tâche", le roman de Roth. Un professeur d'université commet l'imprudence de se demander devant sa classe si deux de ses élèves qui brillent par leur absence ne sont pas des "zombies". Il ignore qu'il s'agit de deux étudiants noirs et c'est le début d'un enfer qui va conduire à sa suspension pour cause de propos racistes...

01 mars 2006

L'équipe de France perd, Domenech est satisfait!


C'est magnifique! Les tricolores prennent deux buts au Stade de France, sortent la tête basse en n'ayant été capables que de transformer un penalty imaginaire... et leur sélectionneur les félicite pour avoir montrer tant de "bonnes intentions". Encore de bonnes intentions comme celles-là et nous sortirons rapidement de la coupe du monde..avec les encouragements de l'ineffable Domenech, l'homme qui conduit l'équipe de France dans le mur en klaxonnant avec ce jeu téléphoné, certes servi par de très grands talents mais avec un singulier manque d'inspiration. Voir tous ces joueurs sublimes dans leurs clubs se livrer à un jeu aussi stérile est désolant.
Et puis il y a le cas Barthez. On sent que là aussi il va s'entêter jusqu'au bout notre bon Raymond, refusant d'admettre qu'il dispose en Coupé d'un gardien d'exception, sportivement incontestable. On peut relever que les deux buts concédés sont millimétrés, il y aura toujours un doute sur ce qu'en aurait fait Coupé. La culpabilisation du public- qui a certes manqué d'élégance en sifflant Barthez- n'est pourtant pour le sélectionneur qu'un moyen de détourner l'attention de ses propres erreurs. Il a d'ailleurs commis un lapsus terrible en affirmant que le public pouvait au moins se rappeler "
ce qu'a été Fabien". En anglais, Has been.
On pourrait croire que cette défaite (après tant et tant de matches nuls peu glorieux) va enfin permettre une remise en cause. Mais non, nous avons remporté une défaite certes décevante, mais très encourageante avec toutes ces occasions qu'on n'a pas mis au fond. Comme l'a dit le commentateur de TF1( était-ce du second degré?): "
Nos adversaires n'auront pas toujours la même réussite." On tient le bon bout.