Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

19 octobre 2005

Archéologie socialiste







Le choc des motions, hier soir à la "Mutu" (retransmis intégralement sur Public Sénat) était passionnant. Au fond, peu de choses ont changé au PS depuis le congrès de Rennes (1990) et l'éclatement de la famille mitterrandiste. En archéologue, on peut même retrouver les strates du congrès de Metz (1979). Aujourd'hui, le NPS occupe, en gros, le créneau que tenait à l'époque le CERES de Jean-Pierre Chevènement. Un mélange d'authenticité socialiste revendiquée et de surrenchère sociale tous azimuts. Fabius incarne, lui, l'héritage mitterrandien, pur jus. Ce n'est pas pour rien qu'un Charasse se trouve encore à ses côtés. Seul le courant Utopia (rien que le nom fait secte new age) fait figure de nouveauté, mais comme un hybride écolosocialiste qui ne dépareillerait pas en sous-courant des Verts.
La prise de contrôle par la gauche, au congrès du Mans, se dessine. Comme à Metz. Les jospino-strausskhaniens (une stratification récente), alliés à la deuxième gauche rocardienne (moins l'épine sociale-libérale de Bockel) seront-ils minoritaires? C'est l'enjeu du congrès du Mans.
En écoutant les discours, et en lisant les textes des motions (y compris celui de Hollande), on constate que les socialistes, lorsqu'il sont dans l'opposition et surtout en phase de préparation de congrès, ont toujours autant de mal à avancer des propositions de réformes originales. A part l'idée de la TVA sociale qu'ils n'osent pas "vendre" de manière trop agressive (sauf Bockel), leurs propositions se résument à l'abrogation des réformes de la droite. Au panier donc la réforme des retraites, de la sécu, du code du travail, de l'impôt sur le revenu etc...Oui, mais, à la place, on fait quoi pour éviter le naufrage des finances publiques? On augmente les impôts à l'infini? Ce n'est pas très sérieux. Là dessus, seul Bockel voit juste, mais sa voix est inaudible par la "base", prise de convulsion au seul mot "libéral", surtout accolé à celui de socialisme. Il est temps, en effet, que les socialistes français se rendent compte qu'ils ne vivent pas sûr une autre planète. En Europe, il sont les derniers à refuser le réalisme de l'économie de marché. La distinction jospinienne entre "économie de marché" et "société de marché", la première étant seule réputée acceptable, a fait long feu. Le PS est donc condamné a tenir un discours impossible à traduire en actes, s'il revient en responsabilité. Comme dirait Montebourg, il est devenu "une machine à trahir". Le parti de la "réforme" est condamné à n'être que celui de la conservation des "acquis sociaux" et des avantages corporatistes.
Et celà n'a rien d'étonnant car, si le PS rechigne à devenir social-démocrate, c'est que, en France, la droite n'est pas vraiment...de droite. Du moins, elle ne l'est pas encore. Celle qui est au pouvoir avec De Villepin et Chirac se montre, en matière économique, souvent plus à gauche que Blair et même que Schroeder! Tant que cela durera il n'y aura pas d'espace, en France, pour un PS ouvertement, fièrement, social-démocrate.
Sarkozy essaie bien de se distinguer par un programme beaucoup plus libéral, c'est à dire plus à droite. Mais s'il est élu ou gouvernera-t-il? La classe politique française est décidement un objet à part.

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