Entretien hier, à Public Sénat, avec la philosophe Blandine Kriegel, présidente du HCI, haut conseil à l'intégration, La situation française résulte non pas d'un échec du modèle républicain mais de son blocage." Autrement dit, si les banlieues s'embrasent c'est parce que nous ne sommes pas suffisamment républicains. Parce que notre République et nos élites sont corrompues ou coupées du réel, nos institutions essoufflées. Les déboires du système néerlandais, très communautariste, montre bien que le mal frappe tous les modèles européens d'intégration des minorités dites "musulmanes", et pas seulement le modèle français reposant sur la laïcité.
Sous la plume de Roger Cohen, dans le Herald Tribune, je trouve aussi une autre piste intéressante (Cette "colonne" n'est malheureusement pas disponible gratuitement sur le web). Et si, nous dit-il, ces éruptions, étaient des manifestations de la crise du modèle social européen. On en voit les symptômes particulièrement sévères dans la zone euro et singulièrement en France: Faible croissance, rejet de la mondialisation, chômage de masse particulièrement chez les jeunes, mais aussi effondrement de la valeur travail et abus des systèmes d'assistance qui rendent l'activité insuffisamment attractive à des niveaux de salaires modestes « le travail c'est pour les bouffons!") Crise de système qui explique la spectaculaire perte de confiance dans les vertus du capitalisme (voir le sondage Libé-Louis Harris selon lequel 61% des français disent avoir une mauvaise opinion du capitalisme, et 51% une bonne opinion du socialisme !)
Cohen s'appuie sur une comparaison avec la réussite du modèle Singapourien, basé sur la liberté individuelle, le travail, la guerre aux discriminations (prévue dans nos textes mais que n'appliquons que mollement) et une croissance à 8% par an! Plus près de nous, on pourrait dire que si le communautarisme anglo-saxon paraît à certains si séduisant c'est peut-être tout simplement parce que la croissance y est deux fois supérieure à la notre, que le marché du travail est plus fluide et rend la recherche de l'assistance moins attrayante, en résumé que l'intégration économique, par le travail, fonctionne mieux que chez nous. Dans ces conditions les employeurs sont moins tentés de discriminer les populations d'origine étrangère! de surcroît, il est étrange que les thuriféraires du communautarisme oublient que dans le passé les anglais et les américains ont eu leur lot d'émeutes urbaines, d'une violence comparable aux "nôtres".
On parle beaucoup en ce moment de l'insuffisante visibilité médiatique des minorités "visibles", certains y voyant une explication à la crise actuelle. Je ne crois pas, pour ma part, que les casseurs soient des interprètes de cette revendication (légitime) de visibilité. J'y vois davantage un comportement nihiliste débouchant- à partir d'un prétexte- sur une tentative insurrectionnelle, peut-être récupéré par les islamistes.
Je ne nie pas les discriminations, notamment à l'embauche. Mais si l'on fouille un peu, on trouve beaucoup d'exemples d'intégrations réussies dans le monde économique. Si les secteurs des medias et de la politique paraissent plus fermées (mais c'est en train de changer) c'est que ces milieux sont particulièrement coupés du monde réel, et peu aptes à la remise en question. D'ailleurs ils font de moins en moins recette.
Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen
09 novembre 2005
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