Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

02 juillet 2007

Terrorisme: La vérité d'un repenti et quand Blair se décide lui aussi à "parler vrai"

Fichu anticyclone des Açores! Par sa traitrise, je me suis laissé enfermer pendant un long week-end arrosé à Birmingham, avec tout le loisir de lire la (copieuse) presse de fin de semaine. Pendant ce temps là, à Londres et à Edimbourg une cellule alqaidesque tentait de semer à nouveau la terreur. On ne doit qu'à son amateurisme qu'un nouveau bain de sang n'ait encore une fois endeuillé le Royaume Uni.
A côté des récits détaillés sur la façon dont le drame a été évité de justesse, je tombe sur une supplique d'un terroriste repenti, Hassan Butt, ancien membre du groupe djihadiste Al Mouhajiroun. Son article est intitulé: "J'implore mes coréligionnaires musulmans de renoncer au terrorisme!" Il est bon d'en citer les premières phrases: "Je me souviens de nos éclats de rire collectifs lorsque nous entendions des commentaires de gens à la télévision affirmant que la seule raison des actes de terreur islamiste tels que ceux du 11/09/2001, les attentats de Madrid, ou ceux du 7 juillet (2005), était la politique étrangère des pays occidentaux. En tenant le gouvernement (britannique) pour responsable de nos actions, ceux qui parlaient des "bombes de Blair" se chargeaient de faire notre propre propagande. De surcroît, ils faisaient en sorte que soit écartée toute tentative d'examen critique des motivations réelles de notre violence: la théologie islamique."
Face à de tels propos, certains seront bien tentés de qualifier l'ancien activiste repenti de traitre à la solde de l'occident, ce dont il se défend avec énergie (Voir aussi le récent éditorial de The Economist sur cette problématique, cette névrose, intitulé "Traitres ou martyrs, le malaise arabe"); ils n'escamoterons plus cette évidence: La question de la justification et de la conduite de la guerre en Irak se pose toujours et est digne d'être débattue dans le débat démocratique, mais elle n'est nullement le facteur explicatif du terrorisme islamique. En vertu du même raisonnement j'ajouterais qu'il en est exactement de même pour la cause palestinienne. Ces évènements sont certes encore traumatisants pour l'opinion arabe et musulmane. Pour autant, si, subitement, les forces étrangères quittaient l'Irak et si, demain, les territoires occupés étaient évacués et qu' un Etat palestinien y était proclamé, celà n'arrêterait pas les djihadistes dont la seule motivation est de mener ce qu'ils croient être une guerre de civilisation contre l'occident.
Comme par enchantement, à la veille de son départ de Downing Street, Tony Blair décidait de mettre fin à un discours lénifiant et politiquement correct qu'il avait affectionné tout au long de son règne comme premier ministre. Interrogé pour un documentaire diffusé au lendemain de la passation de pouvoirs, il s'en prend pour la première fois vertement à "l'absurdité des islamistes" qui ont nourri un ressentiment erroné contre la société britannique en laissant croire que les musulmans y étaient opprimés, alors que, comme le note justement Tony ils y jouissent probablement de plus liberté de culte et d'opinion que dans n'importe quel autre pays du monde, y compris la plupart de pays musulmans...Et Blair de souligner, comme Hassan Butt, que son pays risque de perdre la guerre contre le terrorisme du seul fait que le courant central de la société (mainstream society) est incapable d'apprécier la nature exacte de la menace.
Après avoir beaucoup louvoyé et tenté d'apaiser les courants musulmans les plus indulgents envers les attentats-suicide, et même fait appel pour les besoins de sa communication politique aux talents de Tarik Ramadan, Blair, redevenu un citoyen comme les autres, se décide enfin à tenir un language de vérité à l'opinion musulmane. Si celle-ci comprend qu'il y va de son salut de ne pas le rejeter en bloc, alors la mission de Tony Blair comme émissaire du quartet au Proche-Orient s'en trouvera facilitée. C'est un pari risqué, mais qui mérite d'être tenté.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous semblez ignorer que l'islamisme a été fortement encouragé par l'Occident, que ce soit en Afghanistan ou en Palestine.

Sylvain Attal a dit…

CQFD...

Anonyme a dit…

Sans compter que certains commentaires de nos confrères aux lendemains des attentats de Madrid (surtout) et de Londres, attribuant à la politique de leurs gouvernements en Irak, les "représailles" terroristes, accréditaient l'idée que ces attentats n'étaient pas volés...

Anonyme a dit…

Votre week-end à Birmingham nous aura valu un article intéressant (un de plus!)C'est tellement simple en effet de dire "Si Blair n'avait pas engagé ses troupes en Irak...etc..) Tandis que nous ,en France, nous ne craignons rien!!et "bricecout" a raison de souligner les commentaires du style "Les anglais l'ont bien cherché..."qui n'ont pas manqué. Amicalemant. Claire

Anonyme a dit…

Et dire que tant de nos compatriotes pensent encore que la raison pour laquelle nous n'avons pas eu d'attentats de grande ampleur en France, contrairement aux USA, au RU et en Espagne, est le refus de la guerre en Irak. Que les mêmes pensent qu'Israël est le grand, le seul coupable de la situation en Israël et Palestine, voire dans le monde entier ! Quand on entend Al Quaïda et des groupes algériens utiliser l'argument du voile pour nous menacer quand même, nos compatriotes devraient réaliser que ce ne sont que des prétextes. Mais non, toujours pas de prise de conscience de la plupart. Malheureusement, je pense qu'un jour ou l'autre, le réveil sera rude. Mais les mêmes diront peut-être que c'est à cause de la politique de Sarkozy et Kouchner... Quelle naïveté de leur part.
Samuel.

Anonyme a dit…

Les biens-pensants rejetteront toujours les fautes sur le dos de leurs adversaires pour ne justement pas avoir à se remettre en question, alors qu'ils sont aussi, parfois, à l'origine des problèmes, mais ça ils ne vous le diront pas...
Ils trouveront toujours de mauvaises causes/origines aux problèmes évoqués et donc la mise en place de mauvaises solutions leur permettant ainsi de perdurer dans le système ( théorie de la turbule de Chevènement ).
C'est une des facettes du jeu politique, tout particulièrement en Fraônce...