Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

16 décembre 2006

Tu seras pacha mon fils...


Depuis ma dernière note sur les prix Nobel, j'ai lu et adoré "Neige", d'Orhan Pamuk, qui est sans aucun doute l'oeuvre d'un écrivain marquant. Tout comme le restera son discours de reception du prix, admirable et émouvante "lettre au père". Je vous le recommande vraiment.

13 décembre 2006

Agitation


Il y a des jours où se dit-encore plus que d'habitude-que l'on a décidement de la chance d'être journaliste. Par exemple quand on rencontre des hommes aussi remarquables que Marc Peschanski, directeur de i-stem, laboratoire de recherche sur les cellules souches. C'était clair, limpide, intelligent. La France a pris du retard dans ce domaine à la suite de plusieurs lois bioéthiques déficientes.
Peschanski est l'un de premier médecins à avoir greffé des neurones sur des malades atteints de la chorée de Huntington, maladie dégénérative du système nerveux, caractérisée par des tremblements anarchiques incontrolables, on appelait ça, jadis, "la danse de Saint-Guy". Il a aussi mis au point un test génétique qui permet de savoir si l'on est porteur du gène responsable de cette affection. Problème: Le patient positif sait qu'il développera avec une presque certitude la maladie, aux environs de 40 ans. Ca n'incite pas à faire le test, mais au moins c'est un moyen-le seul- de mettre à l'abri sa descendance, par un tri d'embryon.
Demain avec les recherches sur les cellules souches embryonnaires, ces cellules nerveuses pourront se spécialiser...En somme les médicaments du futur. Le débat lancé par l'Eglise catholique est totalement déplacé et l'accusation d'eugénisme, scandaleuse puisqu'il ne s'agit pas de créer un homme sur mesure mais seulement d'éviter des vies de souffrance, au stade de l'embryon.
Dans un registre différent, j'espère que vous n'avez pas raté Abdulaye Wade, président de la République du Sénégal, premier chef d'Etat invité de France 24. J'avoue que je ne m'attendais pas à cette reconnaissance si vite. Avis à tous les autres.
Petit scoop ensuite avec Jacques Attali qui nous a dit deux choses sur Ségolène Royal:
1: Il ne voit pas comment elle peut-être battue l'an prochain.
2: Elle n'a pas encore de vision du monde, condition essentielle selon lui pour faire un(e) bon(ne) président(e)...mais elle va s'y mettre. Il serait plus que temps...

09 décembre 2006

Lancement réussi


Le lancement de France 24 a été de l'avis général une réussite. Evidement nous sommes conscients d'avoir encore une marge considérable de progression...Mais compte tenu des circonstances, le travail accompli par tous fut assez énorme. Finalement le génie "français" ça existe peut-être. Je mets des guillements car, comme on le sait, une partie de l'équipe n'est pas française.
Dès mercredi soir, j'ai interviewé le journaliste Thomas Friedman, qui avait publié, en 2003, un éditorial intitulé "Notre guerre avec la France" et qui disait notament ceci: "La France n'est pas notre rivale, elle est notre ennemie". C'était évidement dans le contexte du "veto" de la France au conseil de sécurité de l'ONU sur le mandat réclamé par les Etats-Unis en Irak. Dans un autre papier, il avait suggéré de donner le siège permanent de la France à l'Inde!
Aujourd'hui, Friedman-qui affirme beaucoup aimer la France- ne regrette pas l'excès de son propos. Il continue de penser que l'histoire eut été différente si l'Amérique ne s'était pas lancé dans l'aventure toute seule.
Sa participation à la soirée de lancement est, pour moi, un signe fort que France 24 ne sera pas une chaine au service de la diplomatie française ni "taillée sur mesure" pour qui que ce soit d'ailleurs. Mais je sais que nous devrons donner davantage de gages de nos bonnes intentions.
Pour autant, je trouve normal que nous aillons aussi interrogé Dominique de Villepin ce soir là. Il était interessant d'avoir la réaction de l'homme du "discours de l'ONU" au rapport Baker. Evidément le gouvernement, comme l'opposition encensent ce document.
Le lendemain, toutefois, dans le premier "débat de France 24" la tonalité était toute différente. Pas seulement de la part de Laurent Murawiec, néo-conservateur déclaré qui y voit dans les préconisations de Baker-Hamilton une capitulation pure et simple devant les dictatures moyen-orientales. Denis Lacorne, professeur à Science-po, y a vu un "tissu de banalité" et l'expert militaire Pierre Servent était à peine plus enthousiaste.
Ce rapport est assez peu original, en effet, et il relève finalement davantage de la politique intérieure américaine. Passons.

Le lendemain, encore des propos assez critiques pour la France et ses gouvernants chez Pascal Lamy premier invité de mon "entretien de france 24". Le directeur général de l'OMC estime que si la France s'adapte moins bien, ou moins vite, que ses voisins à la mondialisation, la faute en incombe à ses gouvernants. C'est à eux et à personne d'autre que revient la responsabilité d'élever le niveau éducatif de la population. C'est à cette condition que nous seront peut-être capables de créer des emplois qualifiés en nombre suffisant pour remplacer ceux qui sont détruits ou délocalisés. Et si notre système universitaire est si défaillant ce n'est ni la faute de la mondialisation, ni celle de l'Europe, mais bien celle des gouvernements successifs qui ont été incapables de le moderniser. Cela fait 20 ans que ça dure (j'y reviendrai dans une prochaine note avec l'anniversaire des évènements de 1986).
Il y avait plus fort, à mon avis dans l'interview de Lamy: En réponse à une question, il estime qu'il faut se préparer à un mouvement d'émigration des peuples européens vers des pays émergeants dont l'économie est plus dynamique que la notre et où se créeront de plus en plus d'emplois à haute valeur ajoutée.Associer
Après tout, dit-il, un tel processus n'est pas inédit et on l'a déjà observé au début du XXème siècle quand les Européens émigraient aux Etats-Unis, en Australie ou en Nouvelle Zélande...
Le risque pour notre vieux continent, dont le poids relatif dans le "monde plat" va mécaniquement baisser, c'est que ses cerveaux fasse leurs valises pour l'Inde ou la Chine et qu'il ne soit plus en mesure que d' attirer que des immigrants indigeants en provenance de pays pauvres, attirés par un généreux système de protection sociale et d'assistance qui sera devenu impossible à financer.
D'où l'urgence de réformer notre marché du travail. Ce n'est pas du libéralisme, c'est du bon sens et un simple instinct de survie si on est attaché au maintient d'une culture européenne vivante et... généreuse!

PS: Ce blog sera bientôt consultable sur le site de France 24

05 décembre 2006

Ce qui s'est passé lors de PSG-Hapoël Tel Aviv

Témoignage consternant sur ce qui s'est passé lors du triste match Psg-Hapoël TA, par un supporter juif qui se trouvait au parc ce soir là. Rien d'autre à dire.

04 décembre 2006

France24 avant France24


En exclu, 48 heures avant le lancement mondial de France 24, mes amis de memoire vive.org ont mis en ligne une émission "à blanc" (ou "à sec", en anglais "a dry run") d'un débat de France 24 tel que j'en animerai tous les jours (du lundi au jeudi). Ce jour-là nous ne nous étions pas organisé à temps pour diffuser un certain nombre de clips "politiques" visibles sur Daily motion. C'est pourquoi je trouve que ce débat manque d'images. Mais c'est pour cela qu'on s'entraine!

Ségolène Royal et le "cas" Hezbollah


C'est toujours la même chose avec Ségolène Royal. A priori, on met en doute sa compétence au delà d'un plan com pour le chabichou. Comme le dit Sarkozy à propos de la gaffe de sa rivale, un candidat à la présidence de la République "devrait avoir une idée précise de comment on évite que le conflit entre Palestiniens et Israëliens dégénère."
C'est bien le problème. Car Ségolène Royal, mais pas davantage que Sarkozy ou qu'un autre candidat n'a d'idée précise sur la question qui obsède la planète: Comment faire la paix à Jérusalem. On peut aller plus loin: Aucun grand dirigeant du Monde- pas même Kofi Annan (!)- n'a d'idée précise sur la question. Je dirais la même chose d'Ehud Olmert et de Mahmoud Abbas. Pourtant ce serait simple: Il suffirait que le premier arrête la colonisation des territoires, propose de se retirer sur la frontière de 1967 ou d'échanger des territoires équivalents situés aujourd'hui en Israël. Quand au second il renoncerait par exemple au fameux "droit au retour" des réfugiés qui est une façon sournoise de nier la "raison d'être " d'Israël: d'être, justement, un Etat juif.
En réalité les seuls qui aient une idée précise se moquent pas mal que la situation dégénère ou non. Ce sont les extrémistes comme Ahmadinedjad ou Lieberman. Le premier rayerait bien Israël de la carte, quand au second, il transfererait bien tous les Arabes d'Israël et des territoires dans un nouveau "pays" bâti on ne sait pas très bien où d'ailleurs.
Mais revenons à nos candidats, et surtout au Liban. Mme Royal s'est pris les pieds dans le tapis libanais. C'était bien prévisible. Il ne s'agit pas de cette histoire de traduction qui est, en soi, ridicule. Il est toujours possible de ne pas entendre ou comprendre ce qu'un interlocuteur vous dit dans une langue qui n'est pas la votre et qui peut être traduite approximativement. C'est un mauvais procès. Surtout quand il y a beaucoup plus grave, et que personne ne semble voir: Se rendre au Liban en ce moment, interdisait moralement de ne pas choisir clairement son camp. Au lieu de celà, Ségolène Royal a cru bon de finasser avec les rhétoriciens du Hezbollah.
En entrant dans une conversation hors sujet sur Israël avec un député du Hezbollah, elle est tombée dans le piège qu'il fallait éviter. Car le Hezbollah excèle à mettre en avant sa lutte armée contre "l'ennemi sioniste" pour entretenir son prestige auprès des libanais. Sauf qu'ils sont de moins en moins nombreux à être dupes. Le sujet de la visite de Mme Royal n'était pas Israël, sujet glissant pour tout politicien français, mais bien l'avenir du Liban.
Or, la France a un devoir de protection du Liban. Et aujourd'hui cela veut dire défendre l'union sacrée des chrétiens, des musulmans sunnites et Druzes contre la Syrie et ses seïdes fondamentalstes. Le Liban est en danger de tomber dans les griffes du fascisme islamique. Son premier ministre, officiellement soutenu par les occidentaux (mais de plus en plus comme la corde soutient le pendu), a dénoncé une tentative de coup d'Etat. Un ministre vient d'être assassiné pour s'être mis en travers du chemin syrien. Que faut-il de plus pour que l'on s'alarme?
Arrivant au Liban dans ce contexte quasi insurrectionnel, il était assez indigne de la part d'un homme politique français, fut-il une femme, de tenir une position d'équilibriste en prétendant veiller- un peu à la manière du CSA- à "l'égalité des temps de parole." Bref de faire comme si la démocratie, comme la diplomatie d'ailleurs, ça pouvait être "5 minutes pour les Juifs, 5 minutes pour Hitler."Ou plutôt 5 minutes pour les libanais qui attendent notre aide et se réclament de nos valeurs et 5 minutes pour les fous de Dieu.
Hitler, justement. On s'envoie trop souvent Hitler à la figure et c'est même une spécialité du Hezbollah dès qu'il s'agit de "l'entité sioniste". Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il s'agit de l'hommage du vice à la vertu, ne soyons pas manichéen. Mais enfin, si on y regarde de plus près, il y a quand même beaucoup de points communs entre le Hezbollah et le parti nazi. Ce projet communautaire, social, cette même organisation paramilitaire de la société, cette façon d'intimider le politique par la force physique et, bien sûr, cet antisémitisme obsessionnel. Jusqu'à la "technique du coup d'Etat" qui rappelle étrangement l'accession au pouvoir du fascisme et le nazisme en Europe. Cette façon de faire pression par la rue sur un gouvernement démocratiquement élu mais affaibli...avant de remporter des élections au moment politiquement favorable. J'entends d'ici l'argument: "Et les bombardement israéliens qui n'ont laissé que pierre sur pierre au sud Liban étaient-ils dignes d'une démocratie?" Sans doute pas, et les démocraties ont aussi leur indignité. Mais les Alliés, par exemple, tout en combattant le nazisme-ou parce qu'ils le combattaient- avaient eux aussi fait un usage démesuré de la force en bombardant Dresde et ses habitants. Personne n'a jamais qualifié ces bombardements de "nazis".
Une candidate française, si elle avait eu des idées claires et une vision du Monde aurait du profiter de sa visite pour résolument se ranger aux côtés des démocrates, dénoncer au moins la tentative de coup de force qui se déroulait pratiquement sous ses yeux. Sinon mieux valait s'abstenir. Comme les autres candidats qui en matière de politique étrangère n'ont guère fait leurs preuves jusqu'ici .
La réalité démographique du Liban est telle que le Hezbollah et ses soutiens (y compris le genéral Chrétien Aoun, de plus en plus souvent comparé à Pétain) pourraient être portés légalement au pouvoir. Il y a des précédents qui démontrent que la démocratie, ou plutôt ses aspects formels comme les élections, peuvent être dévoyés par les extrêmes. Les libanais qui se sentent proches de la France n'en veulent pas. C'est vers eux que devraient aller directement les dirigeants Français, sans se perdre dans le puzzle politique libanais.

22 novembre 2006

Bush et le chemin de Damas

Une couverture de Time en 89: Baker, main de fer dans un gant de velour deteste perdre...

Mon attention est attirée par cette brêve de l'excellent site mediarabe.info: Un journaliste de l'agence officielle syrienne se serait renseigné sur l'assassinat de Pierre Gemayel auprès d'un journal libanais pro-syrien...près d'une heure avant les faits!
Cela semble signer le forfait.
Ce qui est le plus stupéfiant dans cette histoire, c'est bien sûr la coincidence de l'attentat contre l'héritier d'une illustre famille chrétienne avec la visite du ministre syrien des affaires étrangères à Bagdad et le rétablissement de relations diplomatiques interrompues il y a 26 ans. La Syrie revient dans le jeu, avec l'assentiment de Washington où James Baker, chef de file des "paléo-conservateurs", président du groupe d'étude sur l'Irak et opposant de la première heure de l'intervention est désormais l'homme qui compte. Ses préconisations ont été mises en musique avant même d'avoir été officiellement présentées au président: Appeler à l'aide la Syrie et l'Iran. Surtout la Syrie.
Un analyste néo-con comme Laurent Murawiec (Hudson institute) me confiait hier que la réponse des républicains et de Bush à leur défaite cinglante aux élections, avait été de capituler dans l'heure et sans conditions devant l'axe du mal. Cela s'appelle la fin du voyage pour ces intellectuels idéalistes venus de la gauche et qui avaient misé sur Bush-fils pour appliquer leurs théories en matière de politique étrangère.
C'était bien la peine, en effet, si c'était pour dérouler aussi vite le tapis rouge à tous les dictateurs de la région. Demain faudra-t-il s'accomoder d'un Iran nucléaire pour avoir la paix en Irak?
Cela démontre à nouveau la cécité américaine en matière de politique moyen-orientale. D'une certaine façon la recommandation des néo-conservateurs n'était pas incohérente: Un changement de régime en Irak sans aller aussi à Damas n'avait guère de sens. C'est aussi l'avis d'un "réaliste" comme François Géré qui était de passage, lui aussi, à France 24 hier pour un "pilote", une émission non diffusée (qu'il en soit encore remercié).
Mais alors combien de soldats fallait-il envoyer? Et les Etats-Unis ont-ils vraiment la capacité de se projeter partout en même temps? Les pays arabes agités de rivalités tribales, minés par la corruption ont-ils la larme à l'oeil lorsqu'on leur parle de démocratie, surtout si celle-ci commence par avoir l'apparence d'un GI? Ils veulent peut-être qu'on les débarasse de leur tyran (en tout cas en Irak), mais est-ce pour adopter le parlementarisme?
Il en va différement avec le Liban. Et là, le soutien au mouvement démocratique libanais, fait avec le consours de la France a été plus efficace. Hélas, les nouveaux maitres de Washington ont l'air prêts à abandonner le mouvement du 14 mars à son triste sort en échange d'un petit service syrien en Irak. Après tout, Bush père avait bien lâché les chiites irakiens après la première guerre du golfe, alors qu'il leur avait promis sa protection.
Si ce scenario noir devait se vérifier, ce qui n'est pas sûr compte tenu de la combativité et du courage incroyable montré quotidiennement par les anti-syriens du Liban, alors on pourrait bien très rapidement regretter le temps des "néo-cons".

18 novembre 2006

Homonymie

Je n'ai pas eu le temps de vous raconter comment j'ai failli être enrôlé au FN! L'histoire est amusante.
Mardi dernier, en pleine "bourre" de préparation de "pilote" à France 24, je reçois à quelques minutes d'intervalle, deux coups de fils de confrères de Libé et du Monde: "Est-ce vous qui étiez ce week-end à la fête des Bleu Blanc Rouge? (BBR la fête annuelle des lepénistes). certaines "sources" nous disent vous y avoir vu et nous font une description assez précise de vous." Diable! Me voici donc tout près de la disqualification. Je fais immédiatement le rapprochement avec Anthony Attal, un dirigeant de la Ligue de Défense Juive (contrairement à ce qui est écrit il n'en est apparemment pas le président). La presse a affirmé qu'il avait été convié avec Dieudonné à la fête du FN. Apparemment quelqu'un cherche à détourner le soupçon sur moi afin de sortir la LDJ d'un mauvais pas. Son représentant est-il tombé dans le panneau? Je n'en sais rien, et je n'ai aucun moyen de le savoir, ne connaissant personne dans cette organisation qui a assez mauvaise réputation. Mais il semble que l'on cherche à se servir de moi et cela ne me plaît pas. Il est vrai que j'aurais pu, tout au plus, me trouver sur place en tant que journaliste, sans que cela soit le moins du monde compromettant. J'ai "couvert" le FN pendant des années et le précieux privilège de notre métier est, précisément, de pouvoir fréquenter des personnes peu recommandables ou considérées comme telles. Mais l'histoire est tout simplement inexacte. Je sais gré à ces deux journaux d'avoir vérifié leur information. D'autres l'ont peut-être reprise sans prendre cette précaution.
Le plus drôle c'est ce que certains ont mis en avant pour accorder un fond de vraisemblance à tout cela: Puisque j'avais accordé, en juillet, une interview à la revue d'extrême droite "Le choc du mois", je pouvais très bien faire désormais partie de la "famille". Alors là, les bras m'en tombent....Quelques ayatollahs de la profession (mais aussi quelques amis abusés) se sont émus de voir que mon nom figurait dans cette revue qui, depuis qu'elle reparaît, adopte semble-t-il (ce n'est pas une de mes lectures régulières!) un ton plus modéré et une ligne davantage pluraliste. Surtout peu de gens ont pris la précaution de lire ce que j'y disais: Je tente d'expliquer les raisons de la désaffection-peut-être provisoire- des Juifs de France (en tout cas les proches de la ""communauté") avec la gauche, mais j'explique pourquoi, à mon avis, Le Pen ne pourra jamais espérer capter une partie significative du "vote juif", tout simplement parce qu'il incarne la nostalgie de la droite vichyste et antisémite. Mon interlocuteur a été très courtois et j'ai pu relire l'interview avant parution. Je n'ai rien à en retirer.
Que l'on puisse une seconde me soupçonner, pour cette raison, de me rapprocher en quoi que ce soit du FN est risible mais aussi révélateur d'un certain terrorisme intellectuel insupportable. Diaboliser, voire criminaliser, Le Pen et ses amis depuis vingt ans n'a servi qu'à le faire prospérer électoralement et à esquiver les "bonnes questions" (comme disait Fabius) qu'il posait, en y apportant, bien sûr, de mauvaises réponses.
Tant pis pour ceux qui estiment que je suis devenu infréquentable...

15 novembre 2006

Avenir du blog

Je remercie tous ceux qui m'ont fait part ici (et pas sur la plate forme 20 minutes...) de leurs encouragements et de leur soutien.
Je ne me sens pas visé particulièrement, je fais juste quelques constatations sur une mauvaise engeance évoluant sur le net.
Mon propos ne visait évidement pas ceux qui expriment ici des désaccords avec mes points vue. Qu'ils sachent que j'apprécie autant (si ce n'est plus...) leurs contributions que celles de tous ceux qui sont d'accord avec moi...
Il s'agit de tout autre chose. Il y a des choses très intéressantes sur le net et la multiplication des vidéos amateurs dans la campagne électorale en fait partie. A mon avis elles concourrent à la manifestation d'une vérité malheureusement trop souvent absente du discours politique, ce qui a beaucoup favorisé, à mons sens, le developpement des extrêmes.
Que la pratique du "off" soit moralisée et restreinte au strict minimum me paraît très souhaitable. Puisse les "pros" en prendre de la graine!
Quand au futur site de France 24, il sera très attractif et comportera en effet une plateforme blog, au moins pour les collaborateurs de la chaine...A suivre.

14 novembre 2006

Confidence d'un blogueur lassé

Ces derniers temps, je consacre une bonne partie de ma journée à France 24 et lorsque je rentre, souvent fort tard, j'ai en général peu de temps pour consulter vos messages et les mettre en ligne. Là, je viens de refuser trois commentaires hostiles à mon post sur Karl zéro, venant d'internautes intéressés par ce qu'ils appellent les "théories alternatives" sur le 11 septembre. Pour eux, je ne suis qu'un journaliste stipendié qui désinforme ou participe au grand complot pour cacher la vérité. Ou bien je fais partie de ces gens qui préfèrent le "confort de leurs certitudes". On est sur une autre planète. Aucun argument ne permet de se comprendre. C'est une impasse totale, car nous nous réclamons tous de la Raison mais n'en avons pas la même définition. Aujourd'hui, d'ailleurs il est vain de se réclamer du rationnel.
Je ne pense pas que ces gens soient dangereux. Je pense qu'ils sont paumés. Gravement.
J'ai aussi, c'est plus banal, refusé quelques messages de nature antisémite provenant des amis de Dieudonné. Je le fais machinalement. Mais ce qui m'inquiète c'est que lorsque je regarde comment la plupart des internautes atterrissent sur ce blog, je suis consterné. A 90% ce sont des recherches google qui contiennent le mot "juif" ou "sioniste". Ou des combinaisons autour de ces mots clés. La plus demandée étant de loin "Sarkozy+Juif". J'avais en effet consacré un post à Sarkozy "traité de sale juif" par des manifestants pendant les émeutes des banlieues l'année dernière.
Je suis transparent, vérifiez vous même
Quand je vois tout cela je m'interroge de plus en plus sur l'utilité de tout ce cirque.
J'en conclus qu'elle est voisine de zéro. Je pense que beaucoup de gens se servent de nous pour se donner de l'importance et je pense que vous me lirez de moins en moins ici.

02 novembre 2006

Comment peut-on être smicard?


Je signale ce post très interessant de Daniel Schneidermann, dans le Big Bang Blog. On n'en attendait pas moins de l'indispensable redresseur de tors du PAF: Dévoiler les débats internes d'"Arrêt sur image". Je ne suis pas surpris que certains journalistes soient égarés par une méfiance instinctive envers tout ce qui peut être de près ou de loin assimilé à "la droite". De ce point de vue, Sarkozy, mais aussi TF1 sont "de droite". Cela nourrit l'estime qu'ils ont d'eux-mêmes. La méfiance ne me gêne pas. Je dirais plutôt que le scepticisme est de rigueur dans notre métier, ce qui n'est pas à confondre avec la méfiance qui a une versant trop négatif. De toute manière la méfiance, ou plutôt, donc, le scepticisme professionnel, le recul ou la distance sont des attitudes bienvenues lorsqu'elles s'appliquent à tout le monde et pas seulement à la droite....Or, beaucoup de journalistes ont tendance à investir toute démarche, pensée ou action réputée de gauche d'un a priori favorable. Comme le dit Daniel l'enfer est pavé des meilleures intentions, et dans le cas qui nous occupe (les smicards comme "cible" potentiellement récupérable dans la campagne de Sarkozy), le procès facile que l'on peut faire à TF1 de vouloir influencer l'audience pour qu'elle soit plus receptive aux thèmes de l'ami de Martin Bouygues, empêche tout simplement de poser la seule question interessante, journalistiquement:
Peut-on envisager le retour vers l'emploi d'un nombre important de chômeurs dans un pays ou l'écart est si infime entre la situation matérielle d'un smicard et celle d'un inactif qui vit de revenus d'assistance?
Sarkozy pose ce problème et c'est mal vu à gauche, sauf par Ségolène Royal peut-être. Mais est-elle encore de gauche, vous répondrons aussitôt les belles âmes? Dans le temps, être "travailliste", c'était être de gauche, socialiste même. Il semble que la gauche rejette désormais ces valeurs et qu'elle ait trouvé avec les chomeurs une catégorie plus "prolétarienne" que celle des smicards.

Il y a chomeur et chomeur, mais aujourd'hui, il en est qui ont une vie plus agréable que celle des femmes de ménage ou des caissières. Il est faux de dire que tous les chomeurs font tout ce qu'ils devraient pour retourner à l'activité. Le système ne les encourage pas à se comporter autrement et, en "homo economicus", ils arbitrent en permanence entre leur situation et celle qui deviendrait la leur en cas de reprise d'une activité. Et c'est vite fait, la conclusion est qu'il vaut mieux ne pas devenir...smicard. Comment expliquer, autrement que par des préoccupations d'ordre moral supérieures, le fait que malgré celà les smicards préfèrent le rester plutôt que de goûter aux délices de l'oisiveté? Pourquoi la gauche est-elle devenue à ce point amorale, renonçant à récompenser l'effort et le mérite, au mépris de toute justice?

30 octobre 2006

Lula four more years!


Voilà. Le Brésil l'a révé, Lula l'a fait. Le fondateur du Parti des Travailleurs, ancien ouvrier metalo et syndicaliste vient d'être réelu pour 4 ans. Il a triomphé dans cette exercice si difficile aux hommes de gauche: sortir intact et même renforcé, de l'exercice du pouvoir et de ses ombres. Destin extraordinaire que celui de cet homme fêté à la fois par les pauvres et par le FMI. Lula est devenu social-démocrate, et voyez comme, depuis, ses amis altermondialistes qui se réunissaient jadis autour de lui, à Porto Allegre, se sont subitement détournés. Ils ne l'ont pas rejeté mais l'on juste dégagé de leur Olympe. Ils font désormais les yeux doux à Chavez, un vrai anti-impérialiste celui-là, où à Evo Morales qui suit ses traces et bâtit un axe avec le très fin Ahmadinedjad. A la différence de ceux-là, Lula était trotskiste dans sa jeunesse. Mais il semble qu'il n'y ait qu'en France que les trotskistes doivent le rester à vie, et même qu'ils se multiplient par générations spontanées...
Lula aide les pauvres à l'être moins. Il prouve chaque jour que l'Etat a encore un rôle à jouer en politique. Mais il dit aussi ceci: "J'ai appris dans la rue, et non pas à l'université que l'on ne peut dépenser que ce que l'on a". Certes, ce n'est pas tout à fait exact, mais il semble que ce viatique ne soit guère plus enseigné à l'ENA...La rue c'est quand même une belle école du réel.
Lula croit, comme Mme Royal, a la démocratie participative. Ségolène s'est emparée du sujet, elle l'a "épongé", mais elle on la traite de "populiste". De Lula, nul n'ose encore dire cela. On observe seulement qu'il semble populaire.
Au fait, c'est drôle mais "Ordem e progresso" ça sonne un peu comme "l'ordre juste", non?
Faisons un rêve, mes amis, qu'un jour en France un homme ou une femme issu(e) du peuple et du syndicalisme, puisse accéder à la fonction suprême...
Ceci encore:
-Bonne nouvelle, DSK annonce que la campagne interne au PS "entre dans la réalité". Signe que l'on avait raison de souligner ici à quel point elle était , jusqu'ici, surréaliste...Mais je crains fort qu'il n'entende pas la même chose. Il veut dire que les militants ouvrent les yeux sur la vraie nature de sa rivale. Quelque chose me dit quand même qu'en demandant le retrait des CRS des banlieues, DSK a commis un déni de réalité...
-Hollande, après le chahut du zénith, prie les militants de ne pas se comporter "en supporters". Comme quoi ma comparaison avec le foot n'était pas totalement déplacée....

28 octobre 2006

Les hauts de hurlement


J'ai écouté sur le net le discours de Ségolène Royal au Zénith. Remarquez d'abord comme nous sommes friands de ce qui est prohibé( les enregistrements étaient interdits), quelque soit l'intérêt réel que présente un meeting politique. J'en ai couvert des centaines et franchement je ne regrette pas ce temps là. Ça m'a fait un peu l'effet d'une cure de jouvence. Et j'ai trouvé que cela ne volait pas très haut. La ci-devant favorite des sondages et des media qu'elle fait bien vendre a toutes les peines à faire passer ses idées qui sont souvent intéressantes (même le jury populaire qui gagnerait seulement à ne plus s'appeler ainsi), car dans ces occasions il faut surtout brosser le militant dans le sens du poil (ça donne des chefs d'oeuvres pompiers du genre: "mes chers camarades, sans vous rien n'est possible, mais avec vous tout devient possible"). Et, mon dieu, que c'est bête un militant! J'avais oublié à quel point... Quitte à régresser, je préfère encore des supporters de foot, c'est moins prétentieux.
Comme l'enregistrement a été pris par des fabiusiens, on entend régulièrement des beuglement: "Laurent président!", ou encore "Le projet! le projet!" (le projet socialiste, on l'aura compris, d'une indigence qui n'a d'égal que l'indulgence avec laquelle la presse française l'a accueilli). Ce projet, heureusement, les mieux placés pour savoir qu'il est totalement irréaliste et qu'il mettrait la France plus bas que terre en six mois, ce sont les candidats eux mêmes. Même Fabius le sait, mais toute sa tactique consiste à lui coller au maximum pour épouser l'aile gauche du parti, cette combien fameuse aile gauche censée être la seule voie pour gagner une élection interne. On verra bien. DSK qui n'y croit pas une seconde non plus, louvoie. Mais cela donne des vrai instants de grâce, de lucidité, comme par exemple lorsqu'il affirme qu'il ne verrait pas d'un mauvais oeil qu'EDF sponsorise demain une école d'ingénieur. Même Sarkozy n'ose pas aller aussi loin, et il a tort. Je vous renvoie à l'étude en tous points remarquable que consacre cette semaine "The Economist" à la France et en particulier au volet consacré aux universités qui démontre magistralement comment le refus obstiné et hypocrite par la gauche de toute forme de sélection, de concurrence et d'autonomie des universités a accentué finalement la production d' inégalités toujours au profit de l'élite (qui envoie ses enfants dans les grandes écoles) et aux dépens du peuple (qui n'a pas encore compris que les universités -80% d'entre elles en tout cas, celles qui ne trichent pas- délivraient des diplômes qui ne valent guère plus que le prix du papier.
Mais enfin, Ségolène Royal réussit quand même à glisser entre deux hurlements (le projet! le projet!)...que "ce n'est pas avec le seul projet que l'on ira au devant des français", ce qui est quand même le but d'une élection présidentielle.
Tout ça pour dire qu'en écoutant cet enregistrement pathétique je me demandais- vous allez encore me trouver sévère mais qui aime bien châtie bien- si nous n'avions pas, au fond, la gauche la plus bête du monde...

23 octobre 2006

Chirac a-t-il acheté l'UDR?


Le documentaire de Patrick Rotman avance un récit inédit de la prise par Jacques Chirac du mouvement gaulliste en 1974. Selon le film, Chirac, alors premier ministre, aurait utilisé les fonds secrets de Matignon pour convaincre le "baron" Alexandre Sanguinetti, "couvert de dettes et menacé d'un contrôle fiscal" de s'effacer au profit de Chirac, son ennemi juré. Thèse séduisante mais que rien, absolument rien, ne vient hélas étayer. Toujours et encore ce journalisme d'insinuation qui ne rend pas service. Et dire que ce film avait été précédé d'une réputation d'irrévérence! Pour la première fois on allait faire un portrait sévère d'un Président de la République avant même qu'il n'ait quitté l'Elysée! Fausse irrévérence en vérité et degré zéro de l'enquête. Un seul exemple: Pas un mot de l'affaire Boulin, le gaulliste social que Giscard comptait envoyer dans les pattes de Chirac pour l'affaiblir, assassiné mystérieusement mais avec le concours de quelques réseaux politiques occultes. Pourtant, en octobre 2003, le journaliste Benoît Collombat, de France Inter avait réalisé et diffusé une enquête passionnante( mais que personne n'a relayée) mettant directement en cause Charles Pasqua. (vous pouvez écouter ici cette enquête)
Il y avait eu beaucoup moins de roulement de tambour à l'époque...Au lieu de faire une enquête sérieuse Rotman nous ressert les vieux poncifs sur Chirac chaleureux et sympathique, naturellement porté à gauche mais manipulé par le tandem Juillet et Garaud qui tenta d'en faire leur "cheval" pour l'Elysée...On sait la suite, Chirac est entré à l'Elysée sans ses éminences grises. Quand à ce qui était censé être le "clou" de la première partie, le soutien du RPR à Mitterrand entre les deux tours de l'élection de 1981...c'est un secret de polichinelle...Bref, rien de nouveau sous le soleil

17 octobre 2006

Un débat social-(irréal)iste

Je viens de suivre l'intégralité du débat Ségo-DSK-Fabius, sur mon ancienne chaîne. "Débat "est d'ailleurs un bien grand mot. C'était plutôt un grand O. Ce qui frappe c'est que ce débat consacré aux questions "économiques" n'était pas un débat d'économistes, mais de "socialistes", ce qui peut passer pour une vérité de La Palisse, mais est en réalité très surprenant. On dirait que personne au PS ne pense qu'une politique sociale doit s'appuyer sur l'économie. Et que personne n'a semblé vouloir rappeler qu'il faut bien d'abord produire ce que l'on souhaite redistribuer. La seule solution- surtout si l'on veut continuer à travailler moins- c'est de miser sur les secteurs à forte valeur ajoutée et ou les gains de productivité, sont importants. Dans ce cas, inutile de vouloir retenir des entreprises qui délocaliseront de toute façon et d'autant plus volontiers d'ailleurs qu'on leur sucrera leurs aides publiques. Mieux vaut privilégier les secteurs où la France dispose d'avantage concurrentiel.
Débat de socialistes caricatural car personne n'a osé briser le consensus sur un programme dépensier et absolument irréaliste.
Par dessus le marché (!), je ne comprend toujours pas comment on peut avoir en 2006 un débat économique en France sans intégrer les aspects internationaux. C'est un peu hallucinant!
J'attendais DSK plus allant et plus moderne, mais il avait peur de passer pour droitier. Au bout du compte Ségolène Royal l'emporte à mon avis haut la main grâce à sa fraîcheur, son parler concret et proche du terrain, à un courage indiscutable face à quelques vaches socialistes sacrées (les 35 heures parfois synonyme de régression sociale!), et enfin, last but not least, parce qu'elle ose dire qu'elle n'a pas réponse à tout, ce qui est à mon sens une première venant d'un homme politique français aspirant aux plus importantes fonctions. Mais c'est vrai, au fait, ce n'est pas un homme...

14 octobre 2006

Deux Nobel "musulmans"



Pamuk, Yunus, deux Nobel pour le monde "musulman", mais à chaque fois c'est l'humanité qui est récompensée. Je n'ai pas-encore- lu Pamuk, mais je sais que le choix de l'inventeur du micro-crédit est une sacrée bonne "pioche", comme on dit aujourd'hui. Mohamed Yunus, l'homme qui ne prête qu'aux pauvres et veut remiser la pauvreté dans les musées est un vrai bienfaiteur du genre humain, un génie qui a montré que les règles du capitalisme n'étaient pas mauvaises en soi à condition d'être appliquées avec un peu plus de largeur d'esprit et, oui disons-le, de générosité.
Rappelons rapidement le principe de la "Grameen Bank": Elle ne prête que des petites sommes, quelques centaines de dollars, à des démunis qui n'ont absolument aucune garantie. Non seulement ça marche, mais il fait des profits! Mieux: Sa banque affiche un taux de remboursement de plus de 98%, alors que les établissements "classiques" en sont à moins de 50% et sont obligés de faire payer ce risque à ceux qui remboursent! Enfin, la quasi totalité des clients de Grameen sont des femmes, ce qui a contribué à améliorer leur statut dans la société bengalaise. Younous a essaimé en Afrique (au Mali notamment) et il a fait des émules chez nous avec Maria Nowak ou Jacques Attali. Pourtant cette formule sert bien peu à nos "pauvres", nos "exclus" et autres précaires. Est-ce parce que les bénéfices de l'assistance sont devenus plus attrayants que l'activité? Voilà encore une question tabou en France. La poser c'est se faire beaucoup d'ennemis.

09 octobre 2006

Retour aux réalités

L'information la plus importante du week end?
L'assassinat, à Moscou de la journaliste Anna Politkoskaïa. Elle dénonçait inlassablement la politique de Poutine en Tchétchénie, et les crimes de son homme lige Kadirov. C'est elle qui avait déjà accusé le Kremlin d'avoir tenté de l'empoisonner au moment ou elle couvrait la prise d'otage de Beslan.
L'absence de réaction officielle russe témoigne que Poutine ne songe même pas à masquer son sentiment. S'il n'a pas organisé, il couvre.
Certes, on ne fait pas de bonne politique avec de bons sentiments, mais il serait temps que l'Europe, et la France singulièrement puisqu'elle raffole de ces "alliances de revers" anachroniques avec la Russie, se rende compte qu'un rappel à l'ordre sérieux s'impose. On ne peut guère envisager d'aller très au delà face à un membre permanent du conseil de sécurité, mais qu'on songe simplement aux commentaires lourds de sous-entendus qu'avaient suivi la poignée de main Bush-Sarkozy, Quand personne ne s'émeut d'un sommet Chirac-Merkel-Poutine. A moins qu'on ne considère qu'une faille de civilisation nous sépare de la Russie.
Demain, il faudra répondre à la Corée du Nord, qui vient de procéder à un essai, et à l'Iran qui décourage toute entreprise diplomatique au sujet de son programme nucléaire. On verra quel genre d'alliée est la Russie.
Un beau sujet de dissertation: A l'heure de la mondialisation, une politique étrangère d'un grand pays peut-elle prendre en compte le respect des droits de l'homme?

A Londres, L'ancien ministre de l'intérieur Jack Straw est traité de raciste parce qu'il a exprimé haut et fort ce que de plus en plus d'anglais pensent tout bas: Le port du voile dans les sociétés démocratiques occidentales n'est pas qu'un droit vestimentaire. Il érige une barrière entre la femme musulmane et le reste de la société. Ce n'est pas un signe religieux mais un signe d'oppression culturelle de la femme. Le modèle multi-culturaliste britannique tremble sur ses bases depuis les attentats de Londres perpétrés par des jeunes anglais musulmans. Pour ces raisons, je pense, comme Henry Porter dans l'Observer, que
Straw devrait être remercié et non isolé comme commencent à le faire ses amis politiques.
Ne pas affronter ces réalités c'est accepter la montée inexorable des partis xénophobes, comme le montre le résultats des élections en Flandre.

30 septembre 2006

Sur l'affaire Redeker, et au delà

Mon premier réflexe, c'est la solidarité avec Robert Redeker. Elle doit être totale, inconditionnelle, active et même prosélyte. Le plus important est de résister à cette peur sourde qu'inspire à certains les fatwas de quelques fous. Ne pas oublier non plus que ces fous, pour ultra minoritaires qu'ils soient, n'en sont pas moins ultra dangereux. Comprendre aussi qu'il bénéficient d'une certaine mansuétude, hélas, du simple fait du silence de trop de musulmans qui se sentent insultés par les propos critiques contre leur prophète.
C'est qu'il y a un point sur lequel Redeker a particulièrement de mérite dans sa "provocation": Elle interpelle les fidèles musulmans sur la violence intrinsèque du Coran, originelle de l'Islam. Un passage de son texte me semble devoir être particulièrement souligné:

De fait, l'Église catholique n'est pas exempte de reproches. Son histoire est jonchée de pages noires, sur lesquelles elle a fait repentance. L'Inquisition, la chasse aux sorcières, l'exécution des philosophes Bruno et Vanini, ces mal-pensants épicuriens, celle, en plein XVIIIe siècle, du chevalier de La Barre pour impiété, ne plaident pas en sa faveur. Mais ce qui différencie le christianisme de l'islam apparaît : il est toujours possible de retourner les valeurs évangéliques, la douce personne de Jésus contre les dérives de l'Église.

Aucune des fautes de l'Église ne plonge ses racines dans l'Évangile. Jésus est non-violent. Le retour à Jésus est un recours contre les excès de l'institution ecclésiale. Le recours à Mahomet, au contraire, renforce la haine et la violence. Jésus est un maître d'amour, Mahomet un maître de haine.

Mais il faudra ici faire l'effort de me lire jusqu'au bout: Je pense que dire que: "l'islam est une religion qui, dans son texte sacré même, autant que dans certains de ses rites banals, exalte violence et haine.", c'est infliger une blessure inutile à des millions de musulmans qui vivent, heureusement, leur foi en interprétant le Coran, et en ignorant tout ce qu'il peut avoir de violent. Bien sûr, Redeker veut montrer qu'il n'est pas toujours facile de distinguer Islam et Islamisme, en raison même de la violence du texte sacré, de l'absence de séparation entre temporel et intemporel en Islam. Mais il faut aller au delà de cette constatation.
Ainsi, au risque de surprendre, je ne suis pas en désaccord avec ce que dit Tarik Ramadan dans Libération du jour. En particulier le fait que: "le contexte global de lutte contre le terrorisme (...) a amplifié, dans le monde musulman, l'impression qu'à travers les radicaux on s'en prenait à l'islam. (...) c'est une impression vécue quotidiennement et qui a fini par s'inscrire dans le réel "
Ramadan a singulièrement mis de l'eau-j'allais dire dans son vin qu'il me pardonne cette métaphore judeo-chrétienne- ces derniers temps. Qu'il s'agisse où non d'une tactique, je n'en ai cure et trouve cela particulièrement réjouissant, compte tenu de son influence dans la jeunesse musulmane en occident. Je retiens particulièrement cette évolution majeure: Ramadan estime qu'il faut prendre le terme islamophobie "avec des pincettes". Quelle victoire sémantique nous avons remporté là! Le mot "Islamophobie" est en effet extrêmement ambigu en ce sens qu'il a été créé pour interdire la critique de l'Islam et à faire taire, ou pire à intimider des gens comme Redeker. Il n'y a guère plus que le MRAP pour l'employer. Le MRAP, seule association soit-disant laïque qui-soit dit en passant- ait refusé de soutenir le professeur de Toulouse en le qualifiant même d'incendiaire.
Je crois donc avoir trouvé avec Ramadan un terrain d'accord inespéré: Le débat nécessaire sur l'Islam en occident peut encourager, chez certains, des réflexes racistes, anti-arabe ou anti-musulman. Il faut être extrêmement vigilant là-dessus. Intraitable même. De le même façon que j'ai dit et écrit qu'une critique du sionisme lorsqu'elle devient radicale, sytématique ou hystérique se confond avec l'antisémitisme, je dirais la même chose pour la critique de l'Islam. Il y a un moment où elle devient raciste ou, pour le moins où elle encourage la haine de l'autre.
Nous voici donc devant deux nécessités tout aussi importantes l'une que l'autre: refuser les diktats, les intimidations, l'autocensure (voir la lamentable affaire Idoménée à Berlin) que veut nous imposer l'Islam radical, ou plus exactement (Olivier Roy a raison sur ce point) des radicaux au nom d'une lecture littérale du Coran; et en même temps, la pente de la discrimination religieuse qui compromet notre vie commune dans une société, non pas multiculturelle, mais métissée et pluraliste.
IIl y a un autre point qui me préoccupe. C'est la timidité, la retenue de beaucoup trop de journalistes français à aborder le débat sur l'Islam. Est-ce déjà la peur qui les aurait vaincus? Ou bien l'effet de cette "sécularisation du christianisme" dont parle Redeker et qui fait que l'on préfère être faible que passer pour intolérant? Evidément, il y a la une de Libération aujourd'hui. Je la trouve un peu tardive, et l'éditorial encore un tantinet bien pensant. Les journaux gratuits qui ont moins peur de dénoter ont réagi plus rapidement. La presse anglo-saxone me paraît moins éffarouchée. Je partage l'interrogation d'Ivan Riouffol , en particulier ceci:
"Les médias sont-ils prêts à dire toutes les vérités qui dérangent ? Eux aussi se seront prêtés à l'occultation de réalités. La presse bien pensante aura attendu 2000 pour reconnaître la violence installée depuis des années dans les cités et les écoles. Elle aura longtemps sous-évalué l'antisémitisme dans les banlieues. Elle aura laissé à la commission Stasi le soin de révéler la fracture du communautarisme et au rapport Obin celui de dévoiler l'intégrisme à l'école, tandis qu'il est revenu à Philippe de Villiers d'aligner les preuves de l'emprise islamiste à Roissy. La profession sait-elle être encore curieuse ? "
Pour en revenir à cette montée du racisme contre les musulmans, même "modérés", il n'est pas faux de dire, comme Riouffol que "Le mépris dont ils se plaignent est dû, en partie, à cette indifférence des bons apôtres (mediatiques)."

28 septembre 2006

Jospin, VGE, un même problème avec la réalité


Deux retraités récalcitrants de la politique. Deux profils on ne peut plus différents.
Jospin, commençons par lui, nous explique, hier sur RTL, pourquoi, finalement, il renonce à briguer la candidature socialiste. Je résume: pas de rassemblement, donc ne pas en plus ajouter la division à la divison, tralala...En fait, sa petite opération TCS, Tous Contre Ségolène (mais derrière moi) a échoué lamentablement. Ni Fabius, ni même DSK ne veulent entendre parler d'appeler M. Jospin-le recours pour éviter au PS et à la France la "cata" Ségolène. Ils veulent tourner la page, passer enfin à la génération des quinquas (les quadras, eux devront encore attendre) ou alors ils pensent que ce ne serait pas une telle "cata", et dans les deux cas ils ont raison. Ils préfèrent se ramasser une gamelle que d'appeler papa. Ce sont des grands garçons.
"Jospin a été un bon premier ministre." C'est le genre de théorème que personne, ou presque, n'ose discuter. Peu importe que Jospin ait calé sur à peu près toutes les réformes douloureuses, comme les celle des retraites, qu'il se soit contenté de profiter de la croissance en créant des emplois subventionnés. Qu'il ait été incapable de s'adresser au peuple, et à la gauche en brisant la doctrine "niniste" dont le pays crève depuis 25 ans.
"Jospin est un homme honnête et intègre." Autre postulat. C'est sûr qu'à côté de Chirac...Mais quand même cette honnêteté connaît ses limites. L'honnêteté vis à vis de lui-même, notament, n'est pas son fort. Avez-vous déjà entendu Jospin reconnaître ne serait-ce qu'une seule erreur? Non. Jospin s'estime forcément infaillible, le meilleur de tous. Cela lui donne cette manière caractéristique de rendre les autres responsables de ses faux pas, de ses manques. Exemples? Les retraites, encore. La faute du parti. Sa défaite en 2002? La faute de Chevènement. And so on...Sans même s'apesantir sur le fameux: "Je n'ai jamais été trotskiste, vous confondez avec mon frère."
Enfin, son retrait de la vie politique. J'appréciais beaucoup Jospin, mais ce jour là, je l'ai vraiment trouvé sublime. Ça ne s'était jamais fait, en France. Enfin, un homme politique reconnaissait sa responsabilité et se retirait dignement, admettant clairement le verdict populaire. Jospin, malgré ses indéniables qualités et le très faible score de Chirac n'avait réussi à convaincre ni le peuple, ni même la gauche. Il en tirait la leçon immédiatement. Quelle gueule ça avait! Mais voilà, quatre ans d'île de Ré plus tard, c'est le reniement. Comment peut-on n'avoir rien fait pour son parti pendant 5 ans et ensuite prétendre revenir à sa rescousse, sans que personne ne vous y ait appelé? Quelle genre de morale est-ce là? Non, décidément, j'ai compris à ce moment là que Jospin nous avait abusé en nous laissant croire qu'il avait une stature morale supérieure.
Et ce matin enfin, alors qu'il venait d'annoncer la seule décision qu'un homme qui a gouverné la France pendant 5 ans (imagine-t-on, en effet, Jospin sur une estrade débattant en public avec ses anciens ministres?) pouvait prendre, le coup de pied de l'âne. Cette façon de balancer des vacheries l'air de pas y toucher!
Question: Allez vous soutenir un candidat en particulier?
Réponse. On verra je ne sais pas, je parlerai plus tard, mais il y a celui, ou plutôt celle que je ne choisirai pas". Et lorsque JM Apathie lui demande les raisons de ce "Tout sauf Ségolène", il répond avec aplomb:..."Non, je ne dirais rien de négatif sur qui que ce soit". Tant d'hypocrisie, même en politique, j'ai rarement vu ça.... Elle a raison Ségolène Royal, la machine à perdre est bien enclenchée.
Jospin s'inquiète de la pente sur laquelle se trouve les socialistes, qui les pousse à suivre l'opinion plutôt que leurs convictions. Outre que ce constat suppose que la présidente de Poitou Charente n'en a pas, qui soient aussi respectables et discutables que les siennes ou celles de Fabius, voici ce que les socialistes auraient du faire, pour échapper à la "démocratie d'opinion": En 2002, se donner un an pour désigner un(e) patron(ne) du parti qui aurait été clairement chargé(e) de les représenter dans l'opposition puis aux élections suivantes. Cela aurait laissé au premier secretaire 4 ans pour forger sa crédibilité, convaincre de ses qualités, conforter sa côte de popularité. C'est ce que font toutes les démocraties européennes. Pas la France, et cela nous rapproche du système américain dont nous prétendons nous distinguer. Au lieu de cela Hollande a reçu un mandat ambigu, celui de servir de dénominateur commun plutôt que d'être un réel leader. Il n'a donc pas su imposer son autorité, malgré d'étonnantes qualités d'opposant. Supprimer l'élection du Président au suffrage universel et adopter un régime parlementaire, primo-ministériel serait l'idéal, mais on peut attendre cela pendant des lustres sans rien changer. Autant changer les pratiques, par l'exemple.


Le rapport avec Giscard? J'y viens. Et si le "pouvoir" avait tout simplement gâté "la vie" de ces deux hommes d'Etat?
Giscard sort le dernier tome de ses mémoires, consacré à la période de son septennat. Il aborde les raisons de sa défaite en 1981, dont il a mis, on le sait, longtemps à ce remettre. On découvre que, s'il s'exprime volontiers sur le sujet, il continue d'éviter toute analyse qui le conduirait à se remettre en question. Comme avec Jospin, ses échecs trouvent leur explication dans le comportement des autres, qui n'ont jamais été dignes de lui. C'est soit la faute de Chirac qui l'a trahi, soit celle des "cloportes" (sic) de Mitterrand qui avaient orchestré l'affaire des diamants (" des petits cadeaux d'Etat..."). Giscard est passionnant lorsqu'il livre son témoignage sur l'époque. Son récit de sa visite à Mitterrand mourant est poignant. Mais sur lui-même, il est consternant. Outre que le récit de la trahison chiraquienne est connu depuis des décennies, que nous dit-il? Qu'il était bien le meilleur, qu'il aurait dû gagner et en qu'en gros, depuis 25 ans, personne n'a été à sa hauteur. Même pas Mitterrand? Non, car s'il accorde qu'il avait bien "le niveau", il a raté les réformes nécessaires à la modernisation de la France. Là encore ce n'est pas tout à fait faux, Giscard est intelligent on ne peut pas lui enlever ça. Mais cela passerait mieux accompagné d' une auto-critique (davantage que "j'ai fait mauvaise campagne..."). Mais de cela, tout comme Jospin, il est incapable. Car leur intelligence leur a dissimulé l'essentiel: comme toute chose qui fait communément défaut, elle inspire la crainte si elle n'est pas accompagnée de qualités plus émotionnelles. Question que je me suis toujours posée: Giscard arrive-t-il à dormir en se disant qu'il a envoyé à l'échafaud Christian Ranucci (le pull-over rouge) qui était très vraisemblablement innocent? Il ne nous le dit pas. Au lieu de ça, voici ce qu'il nous dit après avoir remaché toute cette période, qui soit dit en passant n'interesse plus guère personnne: Il se reproche de ne pas avoir fait un référendum sur le quinquennat, et de s'être représenté pour 5 ans. Il n'a pas d'autre problème de conscience. Ce n'est pas de son niveau.

Safia Amajan, victime de notre impuissance


Cette femme, personne ici ne la connaît. Vous ne retiendrez pas son nom très longtemps: Safia Amajan. Elle s'occupait de la promotion des femmes dans son pays. Pas n'importe quel pays, l'Afghanistan. Elle a été assassinée par des tueurs à moto, à Kandahar ou elle vivait et travaillait. Kandahar, n'est pas n'importe quelle ville. C'est le berceau de Talibans qui ont revendiqué cette "exécution". Le commandant Taliban, Mullah Ayat Khan, a expliqué que toute personne travaillant pour le gouvernement était susceptible de subir le même sort que Mme Amajan.
Grâce a élle des milliers de femmes avaient appris à lire dans une des écoles qu'elle avait créées, ou à monter un petit commerce pour vendre quelques produits sur les marchés. C'est exactement ce que ne pouvaient pas lui pardonner ses ennemis.
Lorsque l'intervention américaine renversa le régime taliban, il y a presque 5 ans, l'émancipation de la femme afghane fut considérée comme l'une des conséquences positives les plus visibles de cette guerre. Aujourd'hui les écoles ferment les unes après les autres, le nombre de suicides des femmes est en augmentation brutale. Les burquas sont de retour partout et l'on considère que plus de 60% des mariages sont des unions forcées.
La terreur talibane porte ses fruits: Ils placent parfois des bombes sous les cartables des écolières pour dissuader leurs parents de les envoyer à l'école: "
Laissez ces traditions aux chrétiens et aux juifs, et soyez de bons musulmans!" peut-on lire sur un de leur tract.
Entre-temps, les Américains ont décidé que leur mission en Afghanistan était terminée et ont envahi l'Irak.
Pourtant, à Kandahar, à quelques kilomètres de l'endroit ou Mme Amajan a été tuée, quelques centaines de casques bleus de l'ONU, parmi lesquels se trouvent quelques dizaines de soldats des forces spéciales françaises se battent toujours férocement contre les Talibans.
Mais voici le meilleur: Safia Amajan, qui savait qu'elle était une cible, avait demandé à bénéficier d'une protection militaire rapprochée. Refusé. Cela n'a pas empêché des dizaines d'officiels, dont le président Karzaï de venir prononcer des discours émus sur son cercueil. "
Nous avons des millions d'Amajan!" s'est enflammé le président à l'adresse des "ennemis de l'Afghanistan." Mais il y a deux ans, le gouverneur de la province de Kandahar, où l'autorité de celui que l'on appelle avec commisération "le maire de Kaboul" ne parvenait déjà pas avait répondu ceci à un responsable d'une organisation humanitaire:
"
Nous avons plus urgent que de nous soucier de la condition des femmes. C'est une question de priorité."
Aujourd'hui, M. Karzaï était invité à diner à la Maison Blanche, avec son homologue Pakistanais. Il paraît que George Bush voulait réconcilier ses deux alliés. Mais au Pakistan, il faut toujours qu'une femme violée produise quatre témoins pour échapper à une accusation d'adultère qui peut lui valoir la mort.
La Maison Blanche porte une responsabilité dans l'abandon des femmes afghanes. Cette impuissance, cette résignation au "choc des civilisations" c'est le signe que "la guerre contre le terrorisme" est bel est bien en train d'être perdue.

26 septembre 2006

Une télé d'information internationale française?

Depuis le début du mois, mes journées sont consacrées à l'élaboration collective de la ligne éditoriale de la future "France 24". Un exercice enrichissant, car on a que rarement l'occasion dans ce métier de réfléchir au sens de ce métier.
Cette chaîne affirme qu'elle portera un regard français sur l'actualité. Mais c'est quoi au juste? Qu'en attendent les téléspectateurs au Moyen-Orient, en Afrique, en Europe orientale, et ...en France ou elle sera disponible, gratuitement, sur le câble et le satellite, fin novembre? Comment une TV comme celle-là doit-elle traiter l'actualité française. Qu'est-ce-qui doit retenir son attention, ou contraire être laissé aux chaînes "franco-françaises"? Autant de questions qui comportent de multiples réponses. J'ai donc décidé de vous mettre à contribution. Exprimez-vous!...

20 septembre 2006

Immigration piège à ...éléction

Voyons les choses telles qu'elles sont: l'immigration est la bombe à mèche lente de l'élection de 2007. Sarkozy l'a bien compris, mais sa gestion de l'affaire des sans papiers est à la foi électoraliste, irréaliste, et contre-productive. Electoraliste, chacun le sent,car il ne vise qu'à contenir l'ogre Le Pen sur son terrain favori (Le Pen à Valmy aujourd'hui!). Irréaliste, car on voit mal comment la France pourrait en tout état de cause renvoyer dans leurs pays d'origine environ 20000 déboutés. Tout au plus y aura-t-il quelques "reconduites" opportunément médiatisées. Contre-productive, enfin, car dans la majorité des cas les immigrés qui ne remplissent pas les critères exigés par la "circulaire" ont du travail et souvent des enfants nés en France et prennent une part active à l'économie du pays. Les régulariser pour qu'ils reviennent dans le circuit de l'économie légale n'est pas idiot. Enfin, et surtout, on sait bien que seule une politique européenne de contrôle des frontières, assortie d'une réelle politique de coopération avec les pays d'origine peut apporter un début de solution au casse-tête numéro un des dirigeants des pays développés dans les années à venir. L'immigration massive (l'Espagne, pays de la zone Schenghen, a enregistré au mois d'Aout un afflux de clandestins venant du Sénégal supérieur à celui de toute l'année 2005!) menace nos équilibres économiques, démographiques et politiques. Elle est aussi indispensable pour faire tourner des secteurs entiers de nos économies. Il y a évidément une population immigrée qui vient chez nous parce qu'elle pense, à juste titre, y vivre mieux d'expédients ou de l'assistance que dans son pays. Faut-il préciser que ne trouve guère d'immigrés de ce type parmi ceux qui ont fait des demandes de régularisation?
Pour autant, "l'immigration choisie" est un concept creux et incantatoire. La mondialisation s'est accompagnée d'une ouverture des frontières bienvenue, mais qui rend le "tri" plus qu' illusoire.
Dans des Etats comme la Floride, le Texas et la Californie la population "latino" a dépassé ou en voie de dépasser en nombre celle des Américains d'origine européenne. Il faut la puissance intégratrice des Etats-Unis pour qu'ils restent une nation.
Il est inévitable que nous vivions un phénomène semblable, ici, avec une immigration musulmane et africaine. Selon une étude du gouvernement des Pays-Bas, la population des 4 principales villes, Amsterdam, Rotterdam, La Haye et Utrecht sera à majorité musulmane en 2010. Saurons-nous, face à cet événement aussi inéluctable qu'à certains égards nécessaire (le vieillissement de la population européenne met en danger le financement de nos systèmes sociaux), préserver notre modèle de société? La certitude de l'adhésion, sans ambiguïté, des dizaines de millions de citoyens musulmans européens à un modèle de coexistence excluant la violence comme mode de gestion des conflits tant dans la sphère publique que privée, et privilégiant la raison à la croyance (cf Benoit XVI) n'est-il pas un préalable absolument nécessaire? L'Islam a montré dans le passé (son âge d'or) qu'il peut produire des merveilles dans ce cadre là, mais une clarification est plus que jamais necessaire. J'attends de savoir ce qu'en pensent Sarko et la demi douzaine de candidats socialistes...

11 septembre 2006

de Ground Zéro à Karl Zéro

Cinq ans après nous nous souvenons de l'évènement inconcevable. "C'était comme une attaque de martiens" dit le sociologue Pierre Lagrange dans le podcast réalisé par Natacha et Sasha sur mémoire vive. En effet cela explique que cinq ans après les conspirationnistes recrutent à tour de bras. Des milliers, des millions même d'émules de Thierry Meyssan pullulent sur le web entretenant une véritable névrose paranoïaque. Dernière recrue, Karl Zéro qui a décidé de mettre sa notoriété, son talent, au service de la grande foutaise. Il a choisi cet anniversaire pour lancer son nouveau site web, le web2zero. Encore que celui-ci semble avoir quelque petit retard à l'allumage. Ce matin, toujours le même bandit manchot en guise "d'interlude". Il faut donc se reporter au texte adressé par l'ex ludion de Canal+, préretraité involontaire du PAF, à une certain nombre de blogeurs:

Paris, le 7 septembre 2006

Le 11 Septembre, on vous propose de revenir sur ce qui s'est passé
entre les deux tours...

Le 11 septembre, Karl Zéro lance leweb2zero.tv
Le principe ? Montrer ce qu'on ne voit nulle part dans les médias
traditionnels, et pouvoir en débattre librement.

De plus en plus, l'info est centralisée, orientée et n'offre plus la
multiplicité des points de vue qu'on serait en droit d'attendre de par
la multiplicité des médias. A une exception prêt : internet.

On a beaucoup parlé lors du "non" au référendum de 2005 du rôle
qu'avait joué le net dans la campagne. Et on espère aujourd'hui un
rôle aussi important du web pour la présidentielle, afin d'éviter deux
nouveaux tours surprenants. Mais pourquoi les médias n'ont-ils pas
retenu la leçon ? Pourquoi n'invitent-ils jamais blogueurs,
associations, petits partis, voire même simples citoyens à s'exprimer
?

On parle également beaucoup, anniversaire oblige, du 11 septembre
2001. Comment justifier que les théories remettant en cause la version
officielle soient totalement absentes des médias traditionnels et
qu'elles se retrouvent sous des centaines de formes différentes sur
internet ? On peut ne pas être d'accord avec, mais pourquoi les nier ?
Pourquoi Claire Chazal n'en parlerait-elle pas ?

Voila donc la raison de la naissance de ce site. Faire cohabiter dans
un même espace différentes tendances, opinions, idées, parfois pour
apporter des solutions concrètes à des problèmes d'aujourd'hui,
parfois pour rechercher ensemble des réponses, parfois simplement pour
le plaisir d'échanger, de débattre, de montrer ce que l'on est capable
de faire dans l'intérêt de tous.

Astiquez donc vos caméras, sortez vos téléphones portables, faites
tourner vos camescopes. Nous allons faire de même, et rendez-vous donc
à partir du 11 septembre sur
www.leweb2zero.tv


Vous l'avez compris, dans cette vulgate de la théorie du complot ce sont les media "officiels", dans lesquels K0 émargeait il y a encore peu de temps, qui tiennent le rôle des méchants.
Certes, si nous écrivons sur nos blogs, y sacrifiant notre sommeil et aussi notre vie privée, c'est que nous sommes bien conscient qu'il y a quelque chose de pourri dans le monde médiatique français. Dans l'interview déjà citée, Pierre Lagrange a raison de souligner que sous l'appellation "sens critique" on peut tout justifier y compris le révisionnisme. Quand nous, journalistes, défendons notre profession, y compris devant des imposteurs de talent comme Karl Zero, ce n'est pas par corporatisme. N'importe qui peut se dire journaliste, c'est la beauté de ce métier, mais cela suppose d'en accepter les règles. Tout ce qui n'est pas dit n'est pas forcément caché et n'en devient pas de facto vérité à révéler.

La deuxième remarque que je voudrais faire aujourd'hui est celle-ci: De quoi nous rappelons nous, au delà du buzz mediatique qui alimente les canards? Ce ne sont pas seulement les quelques 2800 morts de cette attaque terroriste. Les guerres au Darfour ou en Irak ont fait davantage de morts, et continuent à en faire. Non. C'est bien, il serait temps de l'admettre, le jour ou le grand rêve s'est fracassé. Le jour ou nous avons découvert, alors ou nous nous insurgions contre la théorie du choc des civilisations, que celle-ci avait des adeptes déterminés et qu'il nous était imposé, que nous le voulions ou non. Non, tous les musulmans ne sont pas des terroristes, et au sein même de notre société des tas de non-musulmans sont fascinés par ce défi lancé à ceux qu'ils soupçonnent d'orchestrer dans l'ombre toutes leurs frustrations. Mais l'Islam pose un problème à nos valeurs démocratiques, comme nous l'avons encore observé dans l'affaire des caricatures. Nous avons raison de vouloir continuer à blasphémer, mais aussi à voyager en avion avec du shampooing, une fiole de Whisky, un i-pod ou un ordinateur portable, bref à défendre notre mode de vie, sans que cela fasse de nous des suppôts de George Bush. Bref nous célébrons le jour ou nous nous sommes dit que nous avions un peu vite oublié le Mal.

08 septembre 2006

Les journalistes à la botte de Sarkozy?

François Bayrou, après tout, n'est pas tout à fait inutile. Depuis qu' il s'est fait chiper par Ségolène Royal le titre de "Tony Blair français" que je lui avait décerné un peu rapidement, on pouvait en effet se poser la question. Son algarade contre les liaisons incestueuses de Sarkozy avec un certain nombre de patrons de presse et, plus généralement sur la soumission de plus en plus importante de la presse (radios et Télé compris) au milieux d'affaires est fort bien venue, même si elle n'est évidement pas désintéressée.
Il faut en réalité distinguer plusieurs choses:
La connivence journalistique, véritable maladie française, est à mon avis le facteur le plus grave. On dirait un vrai fait culturel si l'on en juge par la rapidité avec laquelle un certains nombre de blogueurs, nouveau venus dans la sphère médiatique et de ce fait censés être disposés à rompre avec les pratiques de la classe journalistique "installée", se vautrent dans ce travers insupportable, pour un plat de lentille. Comme le relève fort justement Daniel Schneidermann dans sa chronique du jour (que je ne trouve plus le jour-même sur le site de Libé, décidément rien ne va plus là bas!), Il a suffit que Sarko les invite à Marseille, comme des "vrais" journalistes, et vienne tailler une bavette 5 minutes avec eux pour qu'ils perdent aussitôt leur peu de sens critique et appliquent admirablement cette règle du "off", fort utile en réalité à condition qu'elle ne devienne pas synonyme d'autorisation préalable avant publication, du style: "Oh, m'sieur Sarkozy, la grosse bêtise que vous venez de dire là, c'était "off" ou bien je peux vous citer?"
A mes yeux, avant de dénoncer le comportement de tel ou tel patron, il est bon de savoir qu'à la base même l'indépendance est un combat dont les journalistes ne sortiront vainqueurs qu'en manifestant un peu plus de solidarité confraternelle. Je ne suis pas naïf, je dis seulement ce qui est: Tant que les fayots pourront se prévaloir aux yeux de leur hiérarchie de quelques infos, même sans intérêt, le journaliste qui, lui ne mange pas de ce pain là, et se voit privé de matière aura toujours tort.
Il y a ensuite, la difficulté de plus en plus grande qu'éprouvent un certain nombre de de patron et/ou actionnaires de presse (parmi lesquels on trouve aussi des journalistes) à dissimuler à quel point ils sont impatients de voir Sarkozy élu président. Sur le fond, on peut les comprendre, car non seulement Sarko défend leurs intérêts, mais en plus il se montre souvent amical envers eux et représente un espoir de renouvellement politique dans leur famille politique naturelle. Mais, je serais Sarkozy, je leur demanderais de montrer un moins de zèle (l'affaire Paris Match, et plus récemment celle du sondage de la Tribune etc.). En effet, depuis Giscard qui avait presque tous les media avec lui en 81, jusqu'à la victoire du "non", les cas où l'opinion a fait son choix à l'inverse de celui des media dominants ne manquent pas. Ce phénomène aura tendance à s'amplifier, à mon avis pour une raison très simple qui est le discrédit de plus en plus grand des journalistes, leur manque de fiabilité, et le sentiment de beaucoup de Français qu'ils sont trop proches de la "France d'en haut". Rares sont en effet ceux dont l'avis pourrait peser réellement sur leur choix. Celui qui deviendrait, qu'il le souhaite ou non le candidat "officiel" des media, risque de s'en mordre les doigts en 2007.
Enfin, dernier point qui n'est pas moins inquiétant, la situation économiquement catastrophique de la presse écrite, et la paupérisation du métier de journaliste. De ce point de vue les derniers événements à Libération démontrent que les journaux dans lesquels les journalistes exerçaient encore le contrôle sur la ligne rédactionnelle vont disparaître les uns après les autres parce qu'ils n'ont pas pu ou su conserver la seule garantie de leur indépendance: leurs lecteurs.

04 septembre 2006

Je reviens!

Non je ne vous ai pas abandonnés! J'ai seulement profité de ces vacances pour m'occuper d'autres choses. En premier lieu de ma petite famille. Elle en avait besoin, et moi aussi. Du travail aussi et je peux donner l'exclusivité aux lecteurs de ce blog, ce qui est bien normal: Je ferai partie de l'équipe de "France 24", la "chaine d'info internationale" qui émettra fin novembre sur câble et satellite et je serais, en principe à l'antenne tous les soirs. N'en déplaise aux sceptiques et autres pisses-froid, cette chaîne deviendra vite, j'en suis convaincu, indispensable. On se demandera pourquoi un grand pays comme le nôtre a mis si longtemps avant de défier les Anglosaxons sur le terrain ô combien stratégique de l'information, mais aussi désormais les Arabes, puisque Al Jaziraa lancera bientôt son canal en Anglais. Et si l'on se dit que l'audiovisuel public coûte fort cher (ce dont je suis convaincu), on se rendra compte que les économies sont à faire ailleurs...
En attendant, c'est vrai, je me suis posé beaucoup de question sur le blog. Une petite crise de doute si vous voulez. Est-ce si utile? N'y a-t-il pas des choses plus importantes à faire que de passer des heures derrière son écran: lire, sortir au théâtre, aimer ou tout simplement...dormir! Je lisais les autres, constatant l'incroyable prolixité de certains, Birenbaum, Daniel. Chapeau! Moi l'actualité me déprimait. Cette guerre lamentable au Liban. La mort du fils de David Grossman m'a brisé. Mais aussi- BHL a dit des choses très justes là dessus- une certaine "hezbollisation des esprits".Le duel Sarko-Ségo, le retour du grand macho Lionel. Je ne sentais rien d'important ou de réellement original à dire sur tout ça, qui ne l'ai été ailleurs.
Finalement je reviens sans trop savoir ce que je peux apporter au "débat", si ces conversations sans fin ne sont pas tout simplement stériles. Allez, ça me passera sans doute.

31 juillet 2006

Israël dans le piège iranien

Voici un article d'Haaretz qui, me semble-t-il en dit plus long que n'importe quel commentaire sur ce qui se joue actuellement au Moyen-Orient et dépasse de loin la simple confrontation entre Israël et le Hezbollah. Il s'agit d'une interview d'Igal Carmon, directeur du Memri, centre de "monitoring" des medias arabes et iraniens qui indique comment le monde entier a fait preuve d'un grave défaut de jugement sur les intentions iraniennes. (merci à Gerard de "la paix maintenant" pour la traduction).

Ha’aretz, 26 juillet 2006

Comment nous sommes tombés dans le piège iranien
par Akiva Eldar




L’article qui suit est un florilège de signes avant-coureurs qui signalaient
la manœuvre exécutée par le Hamas et le Hezbollah pour rallumer le théâtre
israélo-arabe. Tous les signes convergent sur un événement et une date : la
réunion du G8. Difficile de dire ce qui est le plus grave : soit les
politiques et les militaires ont perçu ces signes et n’en ont pas tenu
compte, soit ils ne les ont pas vus.

Le 21 juillet, au matin de l’attaque contre le nord d’Israël, le journal
conservateur iranien Jomhuri Islami choisit de publier un discours prononcé
par Hassan Nasrallah le 23 mai. Le secrétaire général du Hezbollah y
déclarait : "Nous avons aujourd’hui en notre possession plus d’armes qu’il
n’en faut, quantitativement et qualitativement… Plus de 2 millions de Juifs
vivent dans le nord d’Israël, où se trouvent des centres de tourisme et de
loisirs, des usines, de l’agriculture ety d’importantes bases militaires…
Notre présence au sud Liban, voisin de la partie nord de la Palestine
occupée, constitue notre atout le plus important."

Le 11 juillet, après une rencontre avec Javier Solana, Ali Larijani, chargé
des affaires nucléaires au gouvernement iranien, s’envole pour une visite
surprise à Damas. Suite à cette visite, le vice-président syrien Farouk
a-Shara annonce que "les mouvements de résistance au Liban et en Palestine
[en clair : le Hezbollah et le Hamas] vont prendre les décisions qui les
concernent."

Le même jour, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad menace les Etats
occidentaux à la télévision, et les avertit de ne pas soutenir Israël, car
"la rage des peuples musulmans ne se limité pas aux frontières de la région…
les ondes de l’explosion … atteindront les forces corrompues [les Etats
occidentaux] qui soutiennent ce régime fantoche."

Le 3 juillet, Hossein Shariatmadari, rédacteur en chef du journal Kayhan et
très proche du dirigeant iranien Ali Khamenei, écrit : "Nous ne pouvons pas
ne réagir aux crimes perpétrés à Israël qu’à Gaza, seulement dans les terres
occupées. Pourquoi les sionistes devraient-ils se sentir en sécurité alors
que des musulmans n’ont aucune sécurité ?" Dans une interview à l’agence de
presse iranienne Mehr, Shariatmadari dit que le monde musulman ne doit pas
restreindre sa réaction aux attaques sionistes à la seule bande de Gaza,
mais qu’il doit créer une situation où "aucun sioniste ne se sentira en
sécurité, où que ce soit dans le monde". (…)

Le 16 juin, le journal Asharq Al Awsat rapporte la signature d’un accord de
coopération militaire entre la Syrie et l’Iran "pour repousser les menaces
[des Etats-Unis et d’Israël]. Le journal souligne qu’entre autres sujets, il
a été question, lors de conversations entre le ministre syrien de la défense
Hassan Turkmani et son collègue iranien Mustafa Mohammed Naijar, de la
situation au Liban et en Palestine et de l’aide à apporter au Hamas et au
Jihad islamique dans leur affrontement avec le Fatah. Le ministre syrien
déclare officiellement "un front commun contre les menaces israéliennes…
L’Iran considère la sécurité de la Syrie comme la sienne propre."

Asharq Al Awsat rapporte aussi que ce même ministre s’est rendu à Téhéran à
la tête d’une importante délégation accompagné d’officiers militaires et de
renseignement, et y avait rencontré des dirigeants politiques et militaires.
Le journal rapporte que l’Iran accepté de se porter garant d’un achat par la
Syrie de matériel militaire lourd auprès de la Russie, de la Chine et de
l’Ukraine, et d’équiper l’armée syrienne d’artillerie, de munitions, de
véhicules militaires et de missiles de fabrication iranienne. Iran allait
également contribuer à l’entraînement de forces navales syriennes.


Ecrit noir sur blanc

La Syrie annonce publiquement qu’elle a étendu ses précédents accords aves
l’Iran à la facilitation du passage de camions transportant des armes au
Liban. C’était là, noir sur blanc.

Tous ces signes ont été compilés dans les bureaux de MEMRI (Middle East
Media Research Institute), à Jérusalem. Igal Carmon, fondateur et directeur
de l’institut, qui a travaillé de nombreuses années au sein de
l’establishment militaire, a téléphoné à un ministre de ses connaissances
peu après l’attaque du Hamas contre la base militaire de Kerem Shalom. Il
proposait au ministre l’hypothèse selon laquelle la déviation du Hamas par
rapport à sa politique de cessez-le-feu (exprimée à l’époque par son
acceptation du document des prisonniers) était liée à la pression exercée
sur l’Iran pour son programme nucléaire.

Carmon dit au ministre et ami qu’il percevait une escalade dans les menaces
exprimées par l’Iran, qui augmentaient à mesure que se rapprochait la date
de la réponse que devait apporter l’Iran au G8 sur son programme nucléaire.
Il a imploré le ministre de parler à ses collègues du gouvernement, en leur
demandant de tenir leur langue jusqu’à la rencontre à Bruxelles entre le
coordinateur de l’Union européenne, Javier Solana, et le secrétaire du
Conseil national de la sécurité de l’Iran, Ali Lanjani.

"Je lui ai dit qu’il était important que les Européens comprennent que les
Iraniens n’avaient aucune intention de répondre favorablement à la
proposition de compromis américaine", se souvient Carmon. "Je lui ai dit
qu’à mon avis, s’il existait un plan iranien destiné à repousser les
pressions internationales, il faudrait alors s’attendre à une menace sur
notre frontière nord."

le lendemain, le Hezbollah attaquait le long de la frontière libanaise, et
une fois de plus, Carmon demandait de la retenue. Carmon a également jugé
que les actes terroristes en Irak, dirigés par les alliés chiites de l’Iran
emmenés par Mustafa Sadr, étaient également liés à la question nucléaire. Il
prédit qu’avant peu, les Iraniens déchaîneront des attentats terroristes
contre des cibles juives et israéliennes partout dans le monde.
"Nous assistons à un échec très grave de nos dirigeants. Ils ont laissé
l’Etat d’Israël tomber dans le piège iranien en répondant à la provocation
iranienne. ¨rovocation destinée à perturber les discussions du G8 qui était
censé parvenir à former un consensus international contre le programme
nucléaire iranien. Un dirigeant responsable aurait retardé sa réaction de
plusieurs semaines, et n’aurait pas fait le jeu de l’Iran."

"Nous avons manqué une chance de montrer au monde entier les provocations
iraniennes avant le G8. Nous avions la latitude de lancer des attaques
contre le Liban plus tard. Il aurait été possible de fixer un ultimatum
selon lequel, si les soldats n’étaient pas libérés dans un court délai, nous
utiliserions alors tous les moyens nécessaires pour les ramener à la maison.
Et entre temps, nous aurions pu prendre des mesures sur le front intérieur,
qui a été pris par surprise, et déployer trois divisions sur la frontière
syrienne."

"L’opinion n’est pas stupide. Elle aurait compris qu’une menace contre
quatre millions de personnes due au programme nucléaire iranien est bien
plus grave que la mort et l’enlèvement de soldats au nord."

L’explication à l’insistance têtue des Iraniens à retarder leur réponse à la
proposition américaine jusqu’au 22 août peut être trouvée dans les médias
iraniens. Il y a quelques semaines, des informations ont été publiées sur
une déclaration imminente d’Ahmadinejad à propos d’un "développement
important dans la capacité nucléaire de l’Iran."

Carmon estime qu’ils pourraient avoir besoin de quelques semaines
supplémentaires pour finaliser leur capacité d’enrichissement total ou
partielle d’uranium, sans dépendre d’aucun autre pays. Ce développement
pourrait aussi avoir à voir avec le développement de missiles avancés.


Peur ou colère

En entendant Olmert dire mardi que la crise au nord était une "tricherie
iranienne", Carmon n’a pas su s’il devait trembler de peur ou exploser de
colère. Furieux après Olmert, il dit : "ce n’est pas une tricherie comme au
football. Cela m’inquiète que même le président américain ne comprenne pas
qu’il ne s’agit pas ici de la ‘merde’ du Hezbollah, ou de tensions
régionales, mais bien d’une crise de dimension globale." MEMri parle du
danger que courent les alliés traditionnels des Etats-Unis, comme l’Arabie
saoudite et l’Egypte, qui sont en train de perdre leur statut régional au
profit de l’Iran, qui se trouve, lui, en train d’acquérir une capacité
nucléaire.

En même temps, la Russie, considérée comme un allié de l’Iran, prend de
nouveau position contre les Etats-Unis, en tant que puissance mondiale qui
exerce son influence au Moyen-Orient, dont elle est le principal fournisseur
en pétrole et en gaz.

Ainsi, la structure de deux super-puissances est en train de renaître, avec
la rivalité entre les blocs Est et Ouest au Moyen-Orient, comme au temps de
la guerre froide.

Le fait de ne pas tenir compte de cette menace inquiète particulièrement
Carmon, car toutes ces informations étaient disponibles, y compris le chemin
que prenaient les armes livrées par la Syrie au Liban, soudainement
"découverts" par les généraux israéliens qui l’appellent une "route de
contrebande ".

Pour Carmon, si tous les décisionnaires au sein du gouvernement et de
l’armée avaient tenu compte de l’implication de l’Iran, ils auraient compris
que tous les missiles, y compris le C-802 qui a frappé le navire israélien,
seraient en possession du Hezbollah.

"Il ne s’agit pas de tricheries", raille-t-il. "Il faut intégrer le fait que
Tsahal combat une milice iranienne, qui a le soutien logistique de l’Iran.
Les Etats-Unis doivent comprendre que Poutine est en train d’édifier un
centre d’enrichissement d’uranium en Sibérie, et que la Russie est le
principal soutien de l’Iran. La Russie y a 6.000 experts, et elle sait
comment garder cet allié, situé dans un endroit sensible. Ils sont certains
que nous serions incapables d’endurer une guerre sur le front intérieur,
comme l’ont fait les Arabes. Dans la guerre Iran-Irak, plus de deux millions
de musulmans sont morts."

Carmon s’inquiète de la possibilité que, dans quelques jours, après avoir
usé notre armée de l’air, l’Iran, de mèche avec la Russie, se porte
"volontaire" pour régler la crise entre Israël et le Hezbollah, et en
échange de cette bimbeloterie, ne gagne le véritable diamant : faire avancer
son programme nucléaire.

/…

Je suis en vacances, doté d'une pauvre connexion 56k, et ne peut donc pas aussi souvent que d'habitude valider vos commentaires.

14 juillet 2006

Zidane: une explication pour rien.

D'accord, d'accord, Zizou est un champion extraordinaire et sans lui l'équipe de France n'aurait pas fait le quart de son parcours en coupe du monde. Ok, il aime sa maman, où plutôt, "la" maman ("la" soeur), ce qui est légèrement différent, plus "pétainiste" que "camusien", si vous voyez ce que je veux dire...Mais que ses explications étaient oiseuses! Cette façon de se retrancher derrière la "provocation", pour ne pas regretter son geste! Cela anéantissait aussitôt l'exemple qu'il voulait donner aux gamins. Car les mômes, surtout en banlieue, où il faut se faire respecter tous les jours, auront bien compris que ce genre du coup de boule est à proscrire, sauf si on vous traite de "fils de p..."
Observez d'ailleurs comme la légende de Zidane victime d'insultes racistes s'est répandue sans le moindre indice. Le Mrap et Mme Buffet étaient déjà prêts à mordre! Zidane lui même a enfoncé le clou sur l'inadmissible racisme qui sévit en Italie (les insupportables commentaires du vice président du sénat: "Nous avons battu une équipe de noirs et de terroristes!"). L'ennui c'est que Zidane n'a pas été traité de "terroriste" ou de "porc de musulman", mais seulement l'objet d'une insulte malheureusement banale. On nous explique assez que "nique ta mère" (ou nique les flics) n'est pas à prendre au pied de la lettre!
Surtout, que Zidane propose-t-il? Le supplice de la roue pour injure raciste? Où bien un simple coup de boule? Désolé, Zizou tu t'es encore planté. Il aurait mieux valu te taire.
Enfin, la posture du plus grand footballeur du monde, adulé de tous, se cherchant de mauvaises excuses fait simplement et bassement écho aux justifications de tant de mauvais élèves qui, plutôt que de faire un minimum d'autocritique, sont prompt à dénoncer l'hostilité ou le racisme de la terre entière pour expliquer leurs échecs. Ce qui peut être compris (mais pas encouragé) lorsqu'on est socialement handicapé est inexcusable venant d'un être aussi doué et gâté par la vie que Zidane, et constitue assurément un mauvais exemple.
Deux mots encore: Ségolène Royal a fait une faute en croyant bon de saluer "le respect exemplaire de Zidane pour sa mère".
Ensuite, j'ai croisé hier un ami israélien qui, pour justifier le comportement de l'Etat Hebreu au Liban, s'est rangé derrière Zidane et tous ceux qui, comme Mme Royal, estiment qu'il faut punir les provocateurs plus durement que les fauteurs de violence. Malheureusement ce parallèle n'est pas tenable. D'abord parce que céder à la provocation c'est souvent faire le jeu de ses ennemis. C'est précisément pour ça que sont faites les provocations. Ensuite parce que dans le cas d'Israël, il s'agit peut-être de davantage que d'une simple provocation, la suite le dira.

11 juillet 2006

Saint Zidane, tragedien et martyr



Depuis ce fumeux, et somme toute assez puéril, "coup de boule", il n'est plus question que de ça: Qui donc Materazzi a-t-il bien pu insulter pour que notre Zizou perde ainsi tout contrôle sur lui-même? Sa mère, sa soeur, les deux à la fois? Les musulmans dans leur ensemble? On sent bien le sens de ces spéculations: tenter d'expliquer, voire de comprendre ce geste incroyable, tragique, qui se joue de notre perception du "magicien". Bertrand Delanoë a pu, par exemple, en bon méditerranéen qui se respecte, commencer à émettre l'hypothèse d'une injure visant la génitrice du grand homme, pour aussitôt relativiser la portée de son geste. Quand à Chirac, il lui a déjà accordé le pardon de la Nation, sans autre forme de procès, pour service rendu au moral des Français. Une fois de plus le Président ressemble au reste des élites françaises. Il suffit pour s'en convaincre de voir l'indulgence de la presse française (L'Equipe mise à part ), comparée au jugement très sévère des confrères étrangers (et pas seulement anglo-saxons). Pour le spectateur, amateur, admirateur de base, le malaise est bien réel. Certains éducateurs, par exemple, déploraient déjà hier un début de mouvement d'imitation chez les gamins et estimaient qu'une explication et des regrets seraient bien le minimum.
Le plus désolant est venu du sélectionneur, qui chercha dans les conséquences de l'expulsion de Zidane, la raison de la défaite, manière de ne pas répondre de son coaching minimaliste, pour ne pas dire de son inexistence totale. Oui, Zidane aurait pu marquer le but de la victoire lors du dernier quart d'heure. Il faillit d'ailleurs le faire quelques minutes avant son carton rouge d'un autre coup de tête, qui eut été plus glorieux celui-là. Toutes les insultes de l'Italie (qui en connaît un rayon) n'auraient alors pas suffi à troubler sa félicité, soyons en sûr. A quoi ça se joue...Mais il aurait aussi pu, lui et les autres, ceux qui sont restés frais sur le banc, marquer ce but dès la deuxième mi-temps, lorsqu'il apparut que la "squadra" était à pied, après une première mi-temps de folie. "Saint Zidane, tragédien et martyr", héros scandaleux, mais joueur étonnant, sans qui la finale aurait peut-être été gagnée, mais sans qui il n'y aurait sans doute pas eu de finale. On ne peut pas le juger. D'ailleurs on ne juge personne en France! On ne peut pas, non plus lui pardonner, compte tenu de son statut de mythe auprès des jeunes, du moins avant qu'il ait émis quelques regrets. Tout juste constater que derrière cette sortie funeste se masque une sorte d' acte manqué.