Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

22 décembre 2005

Meilleurs voeux

Nous avons tous bien besoin de faire une pause.
Je vous souhaite de passer de bonnes fêtes de fin d'année.
Rendez vous début 2006

15 décembre 2005

Manuel Valls destabilise les nouveaux identitaires

Il fallait être sacrement bien réveillé pour relever ce moment (rare) de vérité télévisuelle. Cela se passait hier, et d'ailleurs fort tard, dans "Culture et dépendances" sur France 3
Giesbert a raison d'inviter Tariq Ramadan. Depuis ses explications confuses sur la lapidation des femmes, il semble que les bien-pensants préfèrent soulever le tapis. Or il n'y a rien de pire que de paraître victimiser Ramadan. Il a à ses côtés l'ineffable Claude Ribbe, auteur du "Crime de Napoléon". face à eux, notamment, Manuel Valls, le député maire socialiste d'Evry, péchu, survolté presque, jamais aussi bon que dans l'adversité. Ramadan le bombarde: "Vous ne connaissez pas votre pays", "Vous êtes l'élite." "Vous incarnez la
classe politique". Sous entendu, même s'il ne le dit pas ainsi : "vous êtes déconnectés, comme tous les privilégiés blancs européens et judéo chrétiens qui maintiennent les derniers arrivés dans leur statut d'anciens colonisés." Ramadan voudrait que tout le monde reste dans sa petite case. l'homme politique dans son élite, dans sa France qu'il exècre et le jeune de banlieue dans sa mosquée. Bien. Valls proteste: "Je ne sais pas ce que c'est la classe politique, moi je suis un élu et j'habite en banlieue. Vous ne la représentez pas moi si. Alors pas de leçon" Et plus tard: "Vous êtes le porte parole des Frères Musulmans."
Mais le plus révélateur était ceci. Ribbe écoute tout cela, chafouin. De temps en temps il en balance une sur Napoléon. Max Gallo est au bord de l'autocritique: "Peut-être n'ai-je pas assez parlé de l'esclavage." Puis la fougue de son voisin Ramadan lui inspire cette réflexion, destinée à Valls: "Vous êtes peut-être élu, mais vous êtes le pays légal, pas le pays réel..." Valls, qui connaît ses classiques relève que c'est, mot pour mot le credo de Charles Maurras, il y a un siècle. Ribbe a compris sa bévue et doit protester qu'il "n'est pas Maurassien." "C'est quand même intéressant." persiste Valls qui jubile intérieurement (il s'extériorise rarement). Qui d'autre, à cette heure tardive aura compris ceci: Les héritiers de la pensée réactionnaire, communautaire, antirépublicaine et identitaire de l'Action Française étaient ce soir là face à Valls

05 décembre 2005

Bravo au petit lieutenant


Parenthèse cinéma: J'ai rarement ressenti pareil enthousiasme, une telle empathie pour des personnages de fiction, surtout devant une production française, que devant le "Petit Lieutenant", de l'excellent Xavier Beauvois. C'est certainement l'un des meilleurs films de l'année. Beauvois est aussi poignant dans le drame que dans le "docu", et quelle direction d'acteurs! Nathalie Baye est au top, émouvante et belle. Mention spéciale pour Roshdy Zem, à mes yeux le meilleur acteur français du moment (avec Magimel, autre fétiche de Beauvois.)

La thèse du declin

Il me semble que réagir aux difficultés que traverse la France, c'est faire mentir ce pronostic de déclin qu'expose ici Yves Laulan. Pourvu qu'il se trompe. Malheureusement j'en doute

Rocard toujours lucide

Il y a au moins encore un homme lucide au PS, c'est Michel Rocard. Comment ne pas partager son pessimisme?

02 décembre 2005

Austerlitz aux oubliettes!


Je n'ai pas une passion forcenée pour le personnage de Napoléon. Je n'ai pas envie de me lancer ici dans un énième exposé des mérites et des tares de l'empire. Il y a eu des milliers de pages écrites là-dessus et par beaucoup plus compétent que moi. Je m'en fous un peu, comme dirait Houellebecq, nouveau réac désigné par le nouvel obs.
Mais on lit sur les forum internet des torrents d'insanités sur Napoléon, accusé pêle-mêle- comme ici-d'être un précurseur de Hitler, le véritable inventeur de camps de concentration, j'en passe pour arriver, bien sûr, au noeud de la présente controverse: L'empereur a rétabli l'esclavage aux Antilles pour les beaux yeux de Joséphine. C'est le point central du livre de Claude Ribbe, "le Crime de Napoléon" (éditions Privé). On oublie gaiement que Napoléon (ou Bonaparte je ne sais plus lequel) avait auparavant aboli la traite. Mais on n'est plus à ça près.
Ce qui est grave ce n'est pas seulement le déchaînement crétin qui voudrait réduire l'oeuvre de Napoléon à cette seule décision (qui n'est pas un "détail"), c'est que cette campagne a intimidé notre président, notre premier ministre (pourtant grand admirateur de l'homme des cents jours) et même notre Sarko ( au demeurant, lui aussi un "nouveau réac" au sens nouvel obs) au point qu'aucun n'ose se montrer aujourd'hui pour le bicentenaire d'Austerlitz.
Austerlitz, c'est quand même l'histoire de France non? Et ne dites pas que vous n'aimez pas les batailles et la guerre. Moi j'ai répété "Nos ancêtres les Gaulois", comme tous mes camarades de primaire, alors que je puis vous assurer qu'aucun ne l'était, et je le savais déjà! Mais c'était à ce prix là qu'on, fabriquait des petits Français.
Après Jeanne d'Arc, voici les belles âmes, les hérauts des droits de l'homme, prêts à abandonner Napoléon et Austerlitz à Le Pen qui, dit-on caracole déjà dans les sondages non publiés. Continuez braves gens et vous aurez encore des désillusions en 2007...
Nous étions, nous Français chevaleresques, de la fête il y a quelques mois, en Angleterre, pour les 200 ans de Trafalgar. Pensez, on avait même envoyé le "Charles de Gaulle" qui ne fait plus la guerre.
Finkielkraut a bien raison: Un pays qui célèbre ses défaites mais pas ses victoires est un pays qui ne s'aime pas. Comment voulez-vous qu'on l'aime?