Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

24 mars 2005

Plus vrai que le vrai chi

Avez-vous toujours révé d'entrer dans les pensées du "chi"? Voici enfin, plus vrai que nature
Jacqueschirac.org - le Blog personnel de Jacques Chirac
Bien entendu c'est un faux, digne des impostures de Jalons ou des guignols. Un régal.
Le mieux c'est que 50% des commentaires postés réagissent en s'adressant au président comme s'il s'agissait vraiment du blog de Chirac!
La crédulité des français n'a pas de limites.

23 mars 2005

Panique à bord du "Oui"

C'est l'affolement au sein de l'équipage hétéroclite du "Oui". Sarko estime que Hollande et Bayrou sont des nuls, mais pense en réalité à Chirac qu'il tient pour le dernier des derniers. Bayrou charge Raffarin: Quoi il est incapable de désamorcer la grogne sociale cet incapabable? (je résume, c'est l'esprit). DSK, enfin, accuse Sarko et Bayrou de jouer avec le feu (en parlant trop de la Turquie). On nage en plein désarroi: "Les partisans du oui en appellent à Jacques Chirac" (Le Monde de lundi), tandis que le capitaine Chirac, totalement "à l'ouest", en appelle, lui, aux autres dirigeants Européens (Le Monde de mardi), pour qu'ils l'aident à combattre la poussée du "non"...en renonçant fissa à la directive Bolkenstein. Barroso a raison de se demander s'il reste décidément un homme politique qui fasse sont travail au pays de Descartes. De Villiers et Le Pen, eux, comptent les points.
Vous trouvez ça pathétique? Ça l'est. A défaut de traiter l'électeur en adulte, celui-ci menace de faire un gros caprice. Car enfin voici ce qu'il faudrait lui expliquer, en une minute, pour le convaincre de voter Oui:
L'Europe sociale est mort-née. Celle qui se construit, surtout depuis l'élargissement à 25- sans le moindre débat-c'est l'Europe anglaise, libérale. il est trop tard pour se gendarmer. Cette Europe là est plébiscitée par une majorité de Pays, notamment par les anciens pays du bloc de l'Est qui aspirent à la prospérité et ne rêvent que de liberté et de dérèglementation. Le moindre discours social a le don de leur rappeler les communistes. Ils sont pro-américains (c'est Reagan qui a gagné la guerre froide non?) et catholiques (merci Jean-Paul II) et n'ont absolument que faire du concept français " d'Europe puissance", laïque, comme contrepoids aux Etats-Unis. La France est minoritaire et apparaît à tous, ou presque, comme rétrograde avec son modèle "social"qui est en vérité corporatiste et n'a à donner en exemple que son taux de chomage record.
Alors que faire?
Première solution, s'en aller. Quitter l'Europe. Ce qui équivaudrait, comme le note l'économiste Alain Cotta, à un suicide.
Deuxième solution: Adopter rapidement et massivement (le oui devrait au moins atteindre 70%!) ce traité constitutionnel qui fournira à une Europe essentiellement marchande un cadre politique, diplomatique et (oui, oui!) social. Un texte qui autorise surtout le principe des cooperations renforcées entre deux, quatre ou six pays qui se sentent assez forts pour faire avancer l'Europe politique dans certains domaines. Mais autant tout de suite renoncer à l'idée ennivrante selon laquelle nous irions imposer notre modèle français- à bout de souffle et incapable de se réformer- aux 24 autres pays de l'Union. Ne se trouvera-t-il donc aucun homme politique (je n'ose dire homme d'Etat) pour exposer cette vérité transparente aux Français?
Au lieu de cela, Chirac fait de la démagogie en diabolisant Bolkenstein. S'attirant une réplique impitoyable, mais juste, des libéraux. Le pire c'est que notre Président ne se rend pas même compte qu'il apporte ainsi de l'eau au moulin des partisans du "Non".

14 mars 2005

Mon week end actif (suite)

Dimanche. Je modère une table ronde lors d'un colloque du Cercle Léon Blum (CLB). Théme: "L'école républicaine entre exclusions et émmancipation". On y parle du Rapport Obin, du nom d'un inspecteur de l'éducation nationale qui a remis un rapport alarmiste sur les contestations violentes de la laïcité, le plus souvent le fait de l'Islam. Son rapport a été purement et simplement trappé par la tutelle par peur du scandale. J'en ai fait un compte rendu et une analyse sur Proche-orient.info (sur abonnement). Je la proposerai bientôt aux lecteurs de ce blog. Le rapport, lui, accablant est en consultation libre.
Pourquoi est-il donc si difficile d'ouvrir le débat sur l'islamisation de l'école en France? C'est une question qui m'obsède. Dès qu'il est question de l'école, on n'aborde sa déterioration que par le biais du manque de moyen. Discours syndical classique.
Comme le CLB est une émanation du PS, ce sont des élus de gauche ("plurielle" ou plus rien?) qui s'exprimaient. Parmi eux, François Puponi, le maire de Sarcelles a eu le ton juste en confessant ceci: "Mes enfants sont à l'école laïque. Mais chaque jour je me demande si j'ai le droit de les y laisser par respect pour mes idées. Le jour où je les inscrirais dans public je déchirerais toutes mes cartes." Bravo pour la sincérité. Mais le même Puponi a cédé aux islamistes en accordant des horaires reservés aux femmes. Victoire des imams. Il est vrai que cela ne doit pas être simple d'être maire de Sarcelles.
En général le débat était de haut niveau. Aschieri de la FSU et Dupont Lahitte de la FCPE ont montré qu'ils étaient confits dans des idéaux soixante-huitards et qu'ils ne regrettent pas d'avoir fait la courte échelle aux amis de Ramadan. Ils sont de plus en plus isolés mais ne changeront pas.
Enfin, Jack Lang est venu "conclure" le colloque. S'excusant de ne pas avoir suivi les travaux, il a fait un discours sur la question sociale à l'école, stigmatisant le gouvernement pour avoir supprimé des postes de prof. En décalage complet avec ce qui s'était dit, à savoir que la question sociale a jusqu'ici masqué les enjeux culturels, et notament le projet segregationiste des "barbus".

Mon week end actif

Riche week-end: Je ne m'étendrai pas sur mon apprentissage du roller, en compagnie de mon fils (7ans) qui me valent de croiser des regards vaguement attendris et surtout amusés...
Samedi après-midi j'étais invité à signer mon livre, le Plaie, à l'occasion de la journée du livre politique à l'Assemblée Nationale. J'aime ce lieu qui symbolise mieux qu'aucun autre la République, la Nation française. Je l'ai longtemps fréquenté comme journaliste accrédité à mes débuts et j'aime toujours y aller, surtout depuis le jour où un limonadier islamiste a réussi à m'en interdire l'accès (pour ceux qui connaissent cette aventure.)
Bref me voilà en belle compagnie, beaucoup d'auteurs vus à la télé. Mis à part Denis Tillinac, distingué par le prix, tous ont l'air de vendre aussi peu de livres que moi. En revanche on vient bavarder avec nous de choses et d'autres, souvent sans aucun rapport avec nos livres. Quelques compliments...Je demande à un couple ce qu'il viennent faire là: "Oh! nous c'est clair on vient voir des gens connus." me dit la dame. C'est sûr, ça change de la balade chez Carrefour, remise peut-être au dimanche matin. Un autre visiteur me demande si cela ne me gêne pas d'être pris en photo avec lui. Je m'exécute. Des gens de plus en plus bizarres, obsédés, semi clochardisés me tournent autour. Parfois se décident à m'entretenir. Des facheux dont je peine à me décoller. Pourquoi ai-je le sentiment qu'ils en ont essentiellement pour les rideaux et les lambris magnifiques de cette maison? Pourquoi ai-je la désagréable impression d'être un animal curieux enfermé dans un zoo, attiré pour la distraction des simples badauds? Et puis je réalise que la vie des gens est triste et qu'à leur place, sans doute n'aurai-je pas boudé une après-midi à l'assemblée avec des gens connus. C'était ma rubrique rôle d'époque.
PS: J'ai quand même écouté quelques minutes d'un débat avec Védrine, toujours aussi brillant et interessant et (je n'en dirais pas autant), Chevènement et Noëlle Lenoir laquelle semble confondre Etat et Nation.

11 mars 2005

La démocratie en pratique

Voici ce que donnent les rapports dans les démocraties où ils ne sont pas systématiquement étouffés lorsqu'ils gênent ou commandés dans le seul but de repousser éternellement l'heure des remises en cause. Il s'agit du rapport du juge israélien Sasson, montrant comment l'argent public (encore lui!), a été détourné afin de construire de nouvelles colonies, ces fameuses colonies "sauvages" aussi appelées "avant-postes". Selon l'éditorialiste d'Haaretz, ce rapport signifie la fin de ce petit jeu de dupes, qui permettait au mouvement des colons de faire sa propre loi, au mépris des engagements du gouvernement israélien. Selon le journal, le mot "avant-postes" avait été inventé pour permettre aux colons de "continuer de créer des implantations, alors que la politique officielle consistait à ne plus créer de nouvelles implantations". Ce rapport, toujours selon l'éditorialiste devrait permettre à Sharon de faire le ménage, car il démontre pour la première fois que des fonctionnaires ou des conseillers ont détourné l'argent du contribuable pour faire obstacle à l'action de ses representants légitimes. Ce qui est, dans tout pays réellement démocratique, est une offense suprême.
Si Haaretz voit juste, il s'agirait d'une très bonne nouvelle.

Pauvre Liban!

Au Liban, la manoeuvre syrienne a finalement porté ses fruits, grâce au Hezbollah. La capacité de mobilisation des fous de dieu chiites est impressionante mais ces masses ne sauraient être comparées avec les foules, jeunes et remplies d' espoir démocratique qui ont envahi les rues de Beyrouth depuis l'assassinat d'Hariri. Le Hezbollah a en effet toute les caractéristiques d'un mouvement fasciste, s'appyant sur trois piliers: social, idéologique et militaire, plus ce qu'il faut de propagande via sa chaine de télévision "Al Manar".
Ce bref printemps libanais aura donc été l'équivalent de notre journée des dupes. Le cheikh Nasrallah a sifflé la fin de la récréation. Et il n'avait pas d'autre choix que de se comporter en agent zélé du régime asthmatique de Damas, au risque de se discréditer auprès d'une partie des libanais qui jusque-là voyait en lui une incarnation de la résistance nationale.
Le combat contre Israël et les Etats-Unis est la raison d'être du Hezbollah, son mythe fondateur. Selon ICT, centre israélien de documentation sur le terrorisme, citant des sources officielles palestiniennes, depuis la mort d'Arafat, le Hezbollah est devenu la principale source manipulation des palestiniens pour qu'ils commettent des attentats en Israël afin de faire échouer le processus de paix. Ainsi la "prime" qu'il verse aux familles pour récompenser un attentat suicide vient-elle de passer de $ 20000 à $ 100000.
Ce combat contre Israël touche une corde sensible au Liban, pays qui doit sans arrêt donner des gages d'arabité à ses voisins. C'est pourquoi la question de la paix avec l'Etat juif sera toujours une ligne rouge. Si le Liban renoue un jour avec ses traditions démocratiques, il fera naturellement la paix avec Israël, ce que le Hezbollah ne peut, bien sûr, pas accepter. Et il vient de montrer sa force. La démocratisation du Liban, si elle arrive un jour, ne passera que par son affaiblissement.

08 mars 2005

L'Angleterre, patrie du "nouvel antisemitisme"?

A force d'avoir les yeux rivés sur notre douce France et son désastre éducatif (j'y reviendrai). on en oublierait que la situation est sans doute pire chez nos voisins qui au lieu d'essayer, comme nous le faisons, de maintenir un semblant d'esprit républicain ont définitivement cédé aux sirènes communautaristes.
Il y a les Pays-Bas ou a été assassiné le cineaste islamophobe Théo Van Gogh. Mais la situation est sans doute plus préoccupante encore au Royaume Uni. Pas seulement parce que le maire de Londres, Ken Livingstone vient d'insulter un journaliste juif (et critique de son action) en le traitant de "gardien de camp de concentration", maintenant son injure et refusant obstinément de s'excuser, comme le lui a demandé, entre autres, Tony Blair. Pas seulement parce que ce même Livingstone apôtre du multiculturalisme (il semble le concevoir "Judenrein", sans Juifs), vient d'accuser Israël d'avoir procédé à un "nettoyage éthnique"au dépens des palestiniens. Il y a pire que cela et pour s'en convaincre je vous propose de parcourir le site de la journaliste Mélanie Phillips.
Dans son journal, entre autre choses (elle nous apprend par exemple que l'antisionisme est devenu le mode essentiel d'expression sur les campus universitaires du royaume), elle nous révèle le sermon prononcé le 1er Fevrier 2004, devant ses ouailles de la Mecque, le sheikh Abdul Rahman Al Sudais, venu spécialement d'Arabie Saoudite pour inaugurer la grande mosquée londonienne. Je résume : "Les Juifs d'hier sont les pères diaboliques des Juifs d'aujourd'hui. Toujours les mêmes, des infidèles, adorateurs du veau d'or, assasssins de prophètes, retifs à toute prophétie, la lie de l'humanité, que Dieu a changé en singes et en porcs. Tels sont les Juifs une lignée licencieuse, diabolique et corrompue faite de bassesse, d'habileté, tyrannie etc..."
Le pire, nous dit Mélanie Phillips, c'est que la BBC, dans son reportage sur l'inauguration de la mosquée, n'a fait aucune mention de ces antécédents, comme si elle n'en avait pas eu connaissance, se contentant de décrire le Sheikh comme un apôtre bienveillant du communautarisme.
Par ailleurs, nous rappelle-t-elle, la même BBC commençait son reportage sur le dernier attentat de Tel Aviv par les images d'une "famille dans le deuil". Il s'agissait de la famille du kamikaze palestinien qui avait décidé de se faire sauter devant la discothèque ou se déroulait une soirée de fiancailles. Le mariage n'aura jamais lieu faute de fiancé. Mais les victimes juives ne semblent pas interesser la BBC.

Argent Public (suite)

Et maintenant "Arsène Lupin à Bercy"! Ce titre, quoique tentant est en fait tout ce qu'il y a de plus inexact pour qui veut résumer la rocambolesque affaire des disparitions de déclarations de revenus de personalités politiques. D'abord parce que l'Express a rectifié ce qu'il avait d'abord annoncé sur son site, le vol-qui ne concerne pas les déclarations de patrimoine mais bien les déclarations de revenus- n'a pas eu lieu à Bercy mais à la direction des services fiscaux de Paris-Sud dont dépendent les personnes visées, ensuite parce que le voleur n'a pas laissé de carte de visite. C'est ce point, la signature ou plutôt l'absence de signature du forfait et les conjectures qu'elle autorise qui m'intrigue le plus. Je suis en plein accord avec le responsable du syndicat national unifié des impôts (majoritaire chez les inspecteurs) avec qui j'ai parlé ce matin: Tout semble avoir été fait afin que l'affaire fasse le plus de bruit possible. Comme si ce qui interessait le voleur c'était moins le contenu des documents que le fait que tout le monde apprenne qu'ils aient pu être subtilisés et le nom des intéressés. Je pense aussi que si un agent avait pris un tel risque, il se serait bien gardé de faire disparaître l'original, et aurait pris au contraire une photocopie. D'autant que dans ce cas précis, seul un nombre restreint de fonctionnaires, autour du directeur des services ont accès au coffre dans lequel sont conservées ces pièces très "suivies". Ce sont eux qui risquent maintenant de se faire taper sur les doigts.
Selon mon interlocuteur du SNUI, ces pièces "sensibles" peuvent occasionellement être réclamées par un service central (direction des impôts, inspection générale des finances, voire cabinet d'un ministre). Elles suivent alors, me dit-il, "un circuit complètement opaque sur lequel nous ne savons rien. Nos demandes d'éclaircissement sont pour l'instant restées sans réponse. Mais nous ne nous laisserons pas soupçonner indûment". On le comprend. Cette description d'un "circuit opaque" a de quoi inquiéter, en effet. Elle permet toutes les interprétations. La plus vraissemblable étant une manip politique.
De qui ou pour le compte de qui? Regardons les noms des "victimes": Fabius, Jospin, Gaymard, Claude Chirac, et vient-on d'apprendre Badinter. Qu'est-ce-qui saute aux yeux? Qu'elles ont en commun d'être toutes des présidentiables supposés ou des proches de présidentiables. Des socialistes ou des chiraquiens. Pas de Sarkozistes. Quelle conclusion est-on tenté d'en tirer? Vous me suivez... Sauf que justement, la ficelle est un peu trop grosse et vous êtes peut-être en train d'aller là on l'on veut vous amener. Car là encore, s'il s'agit de faire chanter des personnalités génantes, pourquoi ne pas s'être contenté d'un vol plus discrêt, assorti de quelques fuites dans la presse?
Déjà, immédiatement après les révélations sur le patrimoine d'Hervé Gaymard, les chiraquiens avaient accusé Sarkozy d' être à l'origine du scandale. Il peut donc s'agir d'une nouvelle opération d'intox. D'ailleurs, pourquoi le voleur n'a-t-il gardé que la déclaration de revenus qui doit avoir peu d'interêt et pas les autres pièces ayant trait au patrimoine des déclarants qui se trouvaient dans les mêmes dossiers?
C'était ma rubrique: Ces bien étranges affaires d'arrière cuisine politique.