Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

30 octobre 2006

Lula four more years!


Voilà. Le Brésil l'a révé, Lula l'a fait. Le fondateur du Parti des Travailleurs, ancien ouvrier metalo et syndicaliste vient d'être réelu pour 4 ans. Il a triomphé dans cette exercice si difficile aux hommes de gauche: sortir intact et même renforcé, de l'exercice du pouvoir et de ses ombres. Destin extraordinaire que celui de cet homme fêté à la fois par les pauvres et par le FMI. Lula est devenu social-démocrate, et voyez comme, depuis, ses amis altermondialistes qui se réunissaient jadis autour de lui, à Porto Allegre, se sont subitement détournés. Ils ne l'ont pas rejeté mais l'on juste dégagé de leur Olympe. Ils font désormais les yeux doux à Chavez, un vrai anti-impérialiste celui-là, où à Evo Morales qui suit ses traces et bâtit un axe avec le très fin Ahmadinedjad. A la différence de ceux-là, Lula était trotskiste dans sa jeunesse. Mais il semble qu'il n'y ait qu'en France que les trotskistes doivent le rester à vie, et même qu'ils se multiplient par générations spontanées...
Lula aide les pauvres à l'être moins. Il prouve chaque jour que l'Etat a encore un rôle à jouer en politique. Mais il dit aussi ceci: "J'ai appris dans la rue, et non pas à l'université que l'on ne peut dépenser que ce que l'on a". Certes, ce n'est pas tout à fait exact, mais il semble que ce viatique ne soit guère plus enseigné à l'ENA...La rue c'est quand même une belle école du réel.
Lula croit, comme Mme Royal, a la démocratie participative. Ségolène s'est emparée du sujet, elle l'a "épongé", mais elle on la traite de "populiste". De Lula, nul n'ose encore dire cela. On observe seulement qu'il semble populaire.
Au fait, c'est drôle mais "Ordem e progresso" ça sonne un peu comme "l'ordre juste", non?
Faisons un rêve, mes amis, qu'un jour en France un homme ou une femme issu(e) du peuple et du syndicalisme, puisse accéder à la fonction suprême...
Ceci encore:
-Bonne nouvelle, DSK annonce que la campagne interne au PS "entre dans la réalité". Signe que l'on avait raison de souligner ici à quel point elle était , jusqu'ici, surréaliste...Mais je crains fort qu'il n'entende pas la même chose. Il veut dire que les militants ouvrent les yeux sur la vraie nature de sa rivale. Quelque chose me dit quand même qu'en demandant le retrait des CRS des banlieues, DSK a commis un déni de réalité...
-Hollande, après le chahut du zénith, prie les militants de ne pas se comporter "en supporters". Comme quoi ma comparaison avec le foot n'était pas totalement déplacée....

28 octobre 2006

Les hauts de hurlement


J'ai écouté sur le net le discours de Ségolène Royal au Zénith. Remarquez d'abord comme nous sommes friands de ce qui est prohibé( les enregistrements étaient interdits), quelque soit l'intérêt réel que présente un meeting politique. J'en ai couvert des centaines et franchement je ne regrette pas ce temps là. Ça m'a fait un peu l'effet d'une cure de jouvence. Et j'ai trouvé que cela ne volait pas très haut. La ci-devant favorite des sondages et des media qu'elle fait bien vendre a toutes les peines à faire passer ses idées qui sont souvent intéressantes (même le jury populaire qui gagnerait seulement à ne plus s'appeler ainsi), car dans ces occasions il faut surtout brosser le militant dans le sens du poil (ça donne des chefs d'oeuvres pompiers du genre: "mes chers camarades, sans vous rien n'est possible, mais avec vous tout devient possible"). Et, mon dieu, que c'est bête un militant! J'avais oublié à quel point... Quitte à régresser, je préfère encore des supporters de foot, c'est moins prétentieux.
Comme l'enregistrement a été pris par des fabiusiens, on entend régulièrement des beuglement: "Laurent président!", ou encore "Le projet! le projet!" (le projet socialiste, on l'aura compris, d'une indigence qui n'a d'égal que l'indulgence avec laquelle la presse française l'a accueilli). Ce projet, heureusement, les mieux placés pour savoir qu'il est totalement irréaliste et qu'il mettrait la France plus bas que terre en six mois, ce sont les candidats eux mêmes. Même Fabius le sait, mais toute sa tactique consiste à lui coller au maximum pour épouser l'aile gauche du parti, cette combien fameuse aile gauche censée être la seule voie pour gagner une élection interne. On verra bien. DSK qui n'y croit pas une seconde non plus, louvoie. Mais cela donne des vrai instants de grâce, de lucidité, comme par exemple lorsqu'il affirme qu'il ne verrait pas d'un mauvais oeil qu'EDF sponsorise demain une école d'ingénieur. Même Sarkozy n'ose pas aller aussi loin, et il a tort. Je vous renvoie à l'étude en tous points remarquable que consacre cette semaine "The Economist" à la France et en particulier au volet consacré aux universités qui démontre magistralement comment le refus obstiné et hypocrite par la gauche de toute forme de sélection, de concurrence et d'autonomie des universités a accentué finalement la production d' inégalités toujours au profit de l'élite (qui envoie ses enfants dans les grandes écoles) et aux dépens du peuple (qui n'a pas encore compris que les universités -80% d'entre elles en tout cas, celles qui ne trichent pas- délivraient des diplômes qui ne valent guère plus que le prix du papier.
Mais enfin, Ségolène Royal réussit quand même à glisser entre deux hurlements (le projet! le projet!)...que "ce n'est pas avec le seul projet que l'on ira au devant des français", ce qui est quand même le but d'une élection présidentielle.
Tout ça pour dire qu'en écoutant cet enregistrement pathétique je me demandais- vous allez encore me trouver sévère mais qui aime bien châtie bien- si nous n'avions pas, au fond, la gauche la plus bête du monde...

23 octobre 2006

Chirac a-t-il acheté l'UDR?


Le documentaire de Patrick Rotman avance un récit inédit de la prise par Jacques Chirac du mouvement gaulliste en 1974. Selon le film, Chirac, alors premier ministre, aurait utilisé les fonds secrets de Matignon pour convaincre le "baron" Alexandre Sanguinetti, "couvert de dettes et menacé d'un contrôle fiscal" de s'effacer au profit de Chirac, son ennemi juré. Thèse séduisante mais que rien, absolument rien, ne vient hélas étayer. Toujours et encore ce journalisme d'insinuation qui ne rend pas service. Et dire que ce film avait été précédé d'une réputation d'irrévérence! Pour la première fois on allait faire un portrait sévère d'un Président de la République avant même qu'il n'ait quitté l'Elysée! Fausse irrévérence en vérité et degré zéro de l'enquête. Un seul exemple: Pas un mot de l'affaire Boulin, le gaulliste social que Giscard comptait envoyer dans les pattes de Chirac pour l'affaiblir, assassiné mystérieusement mais avec le concours de quelques réseaux politiques occultes. Pourtant, en octobre 2003, le journaliste Benoît Collombat, de France Inter avait réalisé et diffusé une enquête passionnante( mais que personne n'a relayée) mettant directement en cause Charles Pasqua. (vous pouvez écouter ici cette enquête)
Il y avait eu beaucoup moins de roulement de tambour à l'époque...Au lieu de faire une enquête sérieuse Rotman nous ressert les vieux poncifs sur Chirac chaleureux et sympathique, naturellement porté à gauche mais manipulé par le tandem Juillet et Garaud qui tenta d'en faire leur "cheval" pour l'Elysée...On sait la suite, Chirac est entré à l'Elysée sans ses éminences grises. Quand à ce qui était censé être le "clou" de la première partie, le soutien du RPR à Mitterrand entre les deux tours de l'élection de 1981...c'est un secret de polichinelle...Bref, rien de nouveau sous le soleil

17 octobre 2006

Un débat social-(irréal)iste

Je viens de suivre l'intégralité du débat Ségo-DSK-Fabius, sur mon ancienne chaîne. "Débat "est d'ailleurs un bien grand mot. C'était plutôt un grand O. Ce qui frappe c'est que ce débat consacré aux questions "économiques" n'était pas un débat d'économistes, mais de "socialistes", ce qui peut passer pour une vérité de La Palisse, mais est en réalité très surprenant. On dirait que personne au PS ne pense qu'une politique sociale doit s'appuyer sur l'économie. Et que personne n'a semblé vouloir rappeler qu'il faut bien d'abord produire ce que l'on souhaite redistribuer. La seule solution- surtout si l'on veut continuer à travailler moins- c'est de miser sur les secteurs à forte valeur ajoutée et ou les gains de productivité, sont importants. Dans ce cas, inutile de vouloir retenir des entreprises qui délocaliseront de toute façon et d'autant plus volontiers d'ailleurs qu'on leur sucrera leurs aides publiques. Mieux vaut privilégier les secteurs où la France dispose d'avantage concurrentiel.
Débat de socialistes caricatural car personne n'a osé briser le consensus sur un programme dépensier et absolument irréaliste.
Par dessus le marché (!), je ne comprend toujours pas comment on peut avoir en 2006 un débat économique en France sans intégrer les aspects internationaux. C'est un peu hallucinant!
J'attendais DSK plus allant et plus moderne, mais il avait peur de passer pour droitier. Au bout du compte Ségolène Royal l'emporte à mon avis haut la main grâce à sa fraîcheur, son parler concret et proche du terrain, à un courage indiscutable face à quelques vaches socialistes sacrées (les 35 heures parfois synonyme de régression sociale!), et enfin, last but not least, parce qu'elle ose dire qu'elle n'a pas réponse à tout, ce qui est à mon sens une première venant d'un homme politique français aspirant aux plus importantes fonctions. Mais c'est vrai, au fait, ce n'est pas un homme...

14 octobre 2006

Deux Nobel "musulmans"



Pamuk, Yunus, deux Nobel pour le monde "musulman", mais à chaque fois c'est l'humanité qui est récompensée. Je n'ai pas-encore- lu Pamuk, mais je sais que le choix de l'inventeur du micro-crédit est une sacrée bonne "pioche", comme on dit aujourd'hui. Mohamed Yunus, l'homme qui ne prête qu'aux pauvres et veut remiser la pauvreté dans les musées est un vrai bienfaiteur du genre humain, un génie qui a montré que les règles du capitalisme n'étaient pas mauvaises en soi à condition d'être appliquées avec un peu plus de largeur d'esprit et, oui disons-le, de générosité.
Rappelons rapidement le principe de la "Grameen Bank": Elle ne prête que des petites sommes, quelques centaines de dollars, à des démunis qui n'ont absolument aucune garantie. Non seulement ça marche, mais il fait des profits! Mieux: Sa banque affiche un taux de remboursement de plus de 98%, alors que les établissements "classiques" en sont à moins de 50% et sont obligés de faire payer ce risque à ceux qui remboursent! Enfin, la quasi totalité des clients de Grameen sont des femmes, ce qui a contribué à améliorer leur statut dans la société bengalaise. Younous a essaimé en Afrique (au Mali notamment) et il a fait des émules chez nous avec Maria Nowak ou Jacques Attali. Pourtant cette formule sert bien peu à nos "pauvres", nos "exclus" et autres précaires. Est-ce parce que les bénéfices de l'assistance sont devenus plus attrayants que l'activité? Voilà encore une question tabou en France. La poser c'est se faire beaucoup d'ennemis.

09 octobre 2006

Retour aux réalités

L'information la plus importante du week end?
L'assassinat, à Moscou de la journaliste Anna Politkoskaïa. Elle dénonçait inlassablement la politique de Poutine en Tchétchénie, et les crimes de son homme lige Kadirov. C'est elle qui avait déjà accusé le Kremlin d'avoir tenté de l'empoisonner au moment ou elle couvrait la prise d'otage de Beslan.
L'absence de réaction officielle russe témoigne que Poutine ne songe même pas à masquer son sentiment. S'il n'a pas organisé, il couvre.
Certes, on ne fait pas de bonne politique avec de bons sentiments, mais il serait temps que l'Europe, et la France singulièrement puisqu'elle raffole de ces "alliances de revers" anachroniques avec la Russie, se rende compte qu'un rappel à l'ordre sérieux s'impose. On ne peut guère envisager d'aller très au delà face à un membre permanent du conseil de sécurité, mais qu'on songe simplement aux commentaires lourds de sous-entendus qu'avaient suivi la poignée de main Bush-Sarkozy, Quand personne ne s'émeut d'un sommet Chirac-Merkel-Poutine. A moins qu'on ne considère qu'une faille de civilisation nous sépare de la Russie.
Demain, il faudra répondre à la Corée du Nord, qui vient de procéder à un essai, et à l'Iran qui décourage toute entreprise diplomatique au sujet de son programme nucléaire. On verra quel genre d'alliée est la Russie.
Un beau sujet de dissertation: A l'heure de la mondialisation, une politique étrangère d'un grand pays peut-elle prendre en compte le respect des droits de l'homme?

A Londres, L'ancien ministre de l'intérieur Jack Straw est traité de raciste parce qu'il a exprimé haut et fort ce que de plus en plus d'anglais pensent tout bas: Le port du voile dans les sociétés démocratiques occidentales n'est pas qu'un droit vestimentaire. Il érige une barrière entre la femme musulmane et le reste de la société. Ce n'est pas un signe religieux mais un signe d'oppression culturelle de la femme. Le modèle multi-culturaliste britannique tremble sur ses bases depuis les attentats de Londres perpétrés par des jeunes anglais musulmans. Pour ces raisons, je pense, comme Henry Porter dans l'Observer, que
Straw devrait être remercié et non isolé comme commencent à le faire ses amis politiques.
Ne pas affronter ces réalités c'est accepter la montée inexorable des partis xénophobes, comme le montre le résultats des élections en Flandre.