Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

25 juin 2007

Kouchner: Darfour, je positive!


Il n'y a pas qu'en Europe, en Afrique, et, de façon spectaculaire dans la relation transatlantique, la France est de retour. Face au Soudan, que Washington accuse de faire partie de "l'axe du mal", Paris est désormais résolument aux côtés des Etats-Unis pour "agir" et "agir vite" au Darfour. Que cela plaise ou non au régime en place. Le messianisme des " French Doctors" et celui de la droite religieuse américaine, comme deux doigts de la même main. Sur le plateau de France 24, ce soir, un porte parole du quai d'Orsay a même estimé que l'option "changement de régime", bien que n'étant pas l'objectif de la France, pouvait s'avérer comme ultime recours en cas d'entêtement du président soudanais Al Bashir. On sent que le patron a changé! Ici pas d'embrouille sur d'imaginaires "armes de destruction massive". Il s'agit d'intervention humanitaire, de droits de l'homme, de démocratie. De mettre un terme à la pire crise de l'époque, quoi qu'en disent certains.
Cette rencontre de Paris se voulait un coup de semonce aux soudanais. Une menace voilée. Comme l'enthousiasme de Sarkozy, son hyper activité sont facilement communicative, Kouchner s'est laissé allé à dire que "l'horizon s'était éclairci". Voire. On a surtout vu que les Chinois ne voulaient rien entendre. Au nom de leurs intérets, ils persistent à vouloir dissuader les autres membres du conseil de sécurité de prononcer des sanctions contre Khartoum. Ils jouent un peu le même jeu que Chirac avec Saddam. On n'en mesure que davantage l'évolution française.
Curieusement cette attitude de Pékin ne laissera peut-être un jour pas d'autre choix que l'intervention militaire, sous peine de passer pour des velléitaires. Alors on verra si la France va au bout de l'aventure au nom de ses principes, car il faudra qu'elle donne le change, fournisse des troupes. Mais on a vu avec quelle difficulté elle avait rassemblé quelques centaines de casques bleus pour le Liban.
En attendant on bombe le torse, on rameute, on bouscule le prudent Ban Ki Moon. On prend des photos, on communique. Bref, on positive!

21 juin 2007

L'effet Bild (suite). La preuve par "les Echos"

Un bon actionnaire de presse est-il un actionnaire étranger? Pour corroborer ma dernière note au sujet du projet de Bild allemand (qui semble d'ailleurs assez mal barré), voyez la guerre des journalistes gauchistes des Echos contre les appétits de Bernard Arnault et pour conserver un actionnaire majoritaire, le britannique Pearson, qui a garanti leur indépendance rédactionnelle pendant 18 ans! Ceci est bien expliqué par Vincent de Féligonde, president de la société des journalistes du quotidien économique, dans cette vidéo de Marianne.info
Rappelons que Arnault est déjà propriétaire de "la Tribune", journal qui, pendant la campagne, tronqua un sondage sur la crédibilité du programme économique de Nicolas Sarkozy trop défavorable à l'actuel président.

19 juin 2007

Haro sur l'ouverture!



Stupeur! Fureur et tremblements au PS. Ils sont scandalisés, indignés, révulsés. Mais comment a-t-il pu leur faire ça, le nouveau demi d'ouverture de l'équipe de France. Débaucher Bockel, et Amara! Et eux, les "traitres"? Quelle indécence, quelle immoralité!
Pourtant, je crois bien que l'on entendit pas de tels cris d'orfraie, à droite, lorsque Michel Rocard fit lui aussi l'ouverture (Stirn, Soisson, Durafour...). D'accord, Sarkozy fait encore plus fort. Il a non seulement le nombre mais aussi la qualité. C'est vrai, que les combats de Fadela pour l'égalité et la laïcité, c'est autre chose que l'eau tiède de Jean Marc Ayrault...Bon passons. Sous Mitterrand, souvenons nous, c'était Tapie qui était ministre de la ville. Du point de vue moral ça se posait là. Mais, que voulez-vous, Mitterrand lui avait tous les droits. Il était la gauche. Et quand on est la gauche, même si l'on perd les élections, on est quand même toujours en droit de dire ou est le Bien...
On commence à comprendre l'impatience de ces transfuges . Que dis-je? Leur désespoir de voir un jour la gauche devenir enfin pragmatique, d'arrêter de se payer de mots et de postures. Ok Fabius a piégé Borlo qui n'avait pas compris que dans "TVA sociale" il y avait "sociale". Infoutu de l'expliquer et pour cette raison mis à la porte de Bercy, non pas avec un bonnet d'âne, mais avec une augmentation! Cela s'appelle la politique....
Mais, même si cela a fait élire 60 députés de plus est-ce vraiment si brillant, alors que tout le monde sait qu'il est irresponsable de continuer à faire peser sur les seuls salariés et sur leurs employeurs (qui n'ont pas tous des golden parachutes) le poids de la protection sociale? Et Fabius, avec ça, est (re)devenu en un instant le héros du PS! La reconnaissance du ventre, direz-vous. Mais avec ce type de comportement le PS ne nous prépare rien qui vaille...
Bockel, était à lui tout seul le courant blairiste au PS. Sa motion n'obtint que 1% au dernier congrès. 1% pour un courant qui a fait ses preuves en dix ans de gouvernement outre-manche et va survivre à son créateur, non sans avoir rénové en profondeur la gauche! Mais le blairisme, au PS, même pour DSK (en tout cas dans ses propos publics) c'est déjà la droite. On l'écoutait à peine, Bockel, monsieur 1%, tant on le considérait déjà comme un étranger à la famille de "gôche". Et maintenant voilà qu'on le traite de traitre comme s'il avait vendu du beurre aux boches. Passé à l'ennemi avec son 1%, et ses convictions si peu partagées. A la fin on se lasse d'être tant méprisé. Mendès reveilles-toi ils sont devenus fous!
Que disait-il pourtant de si infâme, le maire de Mulhouse? Simplement que le petit peuple avait besoin de sécurité, qu'il fallait se montrer "dur avec le crime et avec les causes du crime". Et qu'il était temps de songer à produire avant de penser à redistribuer, de se préoccuper aussi du financement de la protection sociale, bref qu'il était temps qu'advienne "une gauche nouvelle (...) Une gauche capable de rompre avec le tout Etat, avec la culture de la dépense et de la redistribution irresponsable."
Au fond, on comprend qu'ils flippent les socialistes de voir peut-être, (je dis peut-être car je suis un sceptique professionnel mais je crois aussi à ceux qui osent qui transgressent les conformismes) la France se moderniser sans eux, pendant qu'ils en seront encore à s'entretuer.
Enfin, j'allais oublier, nous aurons la seule équipe présente à la coupe de monde de Rugby entrainée par un ministre. L'ouverture, ça le connait. Super chicos. Et si on perd, Sarko remanie?

17 juin 2007

Leçon d'humilité

Il n'y a pas d'autre mot, c'est une leçon, puisque la claque c'est uniquement Juppé qui la prend. Mais elle rebondit forcément sur le front du Président qui en avait fait son seul ministre d'Etat. Il n'y a pas de vague bleue et c'est sans doute mieux pour tout le monde.
La cacophonie sur la TVA sociale explique en partie ce reveil. Il est vrai que la mesure n'est pas facile à expliquer. Vrai aussi qu'il vaut mieux la mettre en place à prélèvement fiscaux constants. Lorsque l'on réduit par ailleurs la recette de 20 ou 30 milliards, tous les soupçons sont permis, y compris que la hausse de la TVA serve en partie à financer les réductions d'impôt pour les plus favorisés. La mesure mérite pourtant mieux que cela.
Autres leçons: Royal avec son coup de fil à Bayrou a rendu service aux socialistes. Deux lignes vont s'affronter, la sienne et celle de Fabius qui a certes joué un joli coup en mettant habilement le thème de la TVA sociale sur le tapis dès le soir du premier tour. Borloo n'avait pas l'air très sur de son affaire.
Reste "la" nouvelle qui parasite tout: l'officialisation de la séparation du couple Hollande Royal. Le people débarquant dans une soirée électorale, c'était du jamais vu...

16 juin 2007

Sarkozy au G8: Inernet et télés, deux conceptions moyennes de l'information

Non, Sarkozy n'était pas "bourré" au G8, puisque, notoirement, il ne consomme jamais une goutte d'alcool, ce qui,soit dit en passant, est une autre sorte de "french paradox".
Néanmoins, lorsque l'on revoit les images de la dite prestation, il est évident que le Président français n'est pas dans son état habituel. Il est même méconnaissable. Quelque chose d'intriguant, que le spectateur ou le téléspectateur ne peut qu'imaginer, semble indiquer qu'il s'est produit quelque évènement en coulisse qui a influé sur le comportement de Sarkozy. Ou alors n'est-ce peut-être que la fatigue, une indigestion, ou seulement l'immense contentement, le plaisir d'être là, enfin et pour la première fois, ce qui, autant qu' une surdose d'alcool peut en effet déclencher un état euphorique.
Toujours est-il que cet épisode- devenu pendant une bonne semaine l'évènement internet dont les images ont été vues plus d'un miilion et demi de fois- illustre ce qui a changé: Préference sur la toile pour ce qui est "interessant" plutôt que pour ce qui est "important", selon une notion anglosaxone séparant l'actualité en deux catégories. Mais aussi, grande réactivité et curiosité des internautes tranchant avec une certaine apathie des medias audiovisuels traditionnels. Enfin, le plus grave, absence totale de soucis d'exactitude de l'information et confusion du "vrai" avec le "vraissemblable". Revenons en détail sur la séquence:
Premier temps: Ces images diffusées en direct par plusieurs chaines d'information apparaissent embarrassantes pour le Président qui n'y est pas à son mieux. Mais aussi pour le journaliste qui ne sait ce qu'elles signifient. Le plus simple, normalement, serait de demander des explications à l'interessé ou, à défaut à quelque porte-parole. Mais nul ne se soucie de celà, et faute de pouvoir les expliquer, les images ne sont pas "éditées", c'est à dire sorties de leur contexte pour être présentées dans leur curiosité au télespectateurs. "Sarkozy à l'air bizarre" n'est pas une information suffisament importante pour que les journalistes la creusent davantage, pas plus qu'il n'avaient d'ailleurs montré de l'ardeur au sujet de l'abstention de Cécilia Sarkozy, fait beaucoup plus important en soi et aussi plus facilement vérifiable qu'un supposé état éthylique. Mauvais exemple: le journaliste de la télévision belge qui dut ensuite présenter ses excuses, pour avoir conclu trop rapidement.
Deuxième temps: Plusieurs internautes mettent la video en ligne sur You-tube et Dailymotion. Elles sont dupliquées, remixées, publiées sur des centaines de blogs. C'est vrai qu'en les revoyant on note que Sarkozy est quand même dans un drôle d'état et que sa tenue n'est pas très "présidentielle". L'ennui c'est que les internautes font à leur tour un acte d'édition et titrent, sans en avoir ni le moindre doute, ni le moindre indice: Sarkozy "saoûl" (ou "bourré") au G8. Compte tenu de l'effet multiplicateur d'internet et du nombre de plus en plus grand de gens qui utilisent ce moyen pour s'informer, la rumeur se répand que Sarkozy était bourré (drunk, borracho etc...) pour sa première participation au G8, et que les télés françaises ont soigneusement voulu escamoter "l'affaire". Les journaux se mettent alors à publier des brèves au sujet d'une video mise en ligne sur internet et qui laisse supposer que etc..et qu'un journaliste de la télévision belge qui avait laissé entendre que a du présenter ses excuses..Des journalistes encartés se décident, enfin, à solliciter une réaction de l'Elysée qui, superbement, déclare qu'il n'y a pas à commenter "une mauvaise plaisanterie"...belge qui plus est.
Fin de l'histoire? Pas tout à fait, car nombre d'internautes, prompt à imaginer les pires complots et convaincus par nombre d'évènements de la servilité des medias français traditionnels envers le pouvoir continueront de penser qu'on a voulu leur cacher quelque chose. L'ennui c'est qu'avec une telle absence de curiosité des "JT" et une aussi mauvaise communication présidentielle, beaucoup seront tentés de continuer à (mal) s'informer sur internet, et qu'on ne pourra vraiment les en blâmer.

11 juin 2007

Infortunes de la diversité et explication de la vague sarkozyste

Elles on toutes les deux un sourire "ultra brite". Craquant. Elles sont belles et intelligentes. L'une est ministre, et non des moindres, a été porte-parole de Sarkozy et évoque son mentor vingt cinq fois à la minute. L'autre est donnée secretaire d'Etat (sans doute auprès de Kouchner) après les législatives, parle de la politique avec les mots d'une enfant découvrant un monde merveilleux et encore inaccessible il y a quelques mois ("les politiques, c'était mes héros"). Elles sont sympathiques et méritantes et representent toutes les deux (doublement car ce sont des femmes) la diversité que souhaite heureusement promouvoir le nouveau Président. Mais voilà ni Rachida Dati, ni Rama Yade n'étaient candidates aux législatives. Bien sûr c'est leur droit, mais pourquoi? Peut-on dénoncer inlassablement le fait que l'Assemblée représente aussi mal les origines des Français et, lorsque l'occasion se présente d'affronter dans d'aussi bonnes conditions le suffrage populaire, laisser ce soin à d'autres, moins connus et moins bien soutenus? Réfléchissons à cela. Ces deux sémillantes representantes de la nouvelle époque étaient présentes, hier, sur les plateaux de télévision. C'est donc qu'en haut on estime qu'elles sont dignes d'être des porte-paroles médiatiques. Elles sont télégéniques mais prendraient trop de risques à se présenter dans une circonscription où leur implantation ne serait pas assez ancienne? La diversité ne serait pas un aussi grand avantage que cela sur le terrain? C'est possible si l'on voit la mésaventure de Malek Boutih, qui n'est pas un novice, à Angoulème. Eliminé, battu sèchement par une candidate qu'avaient choisie les militants socialistes locaux. Donc parachuté au nom de la diversité. Boutih était pourtant considéré comme "un-proche-de-Ségolène-Royal. Rien à faire. Vous direz que c'est plus son parachute que sa gueule d'arabe qui l'a fait battre. Voire. Prenez la première circonscription de l'Aisne, dont j'ai déjà parlé ici. Les militants avaient choisi Fawaz Karimet, un militant du cru, au détriment du vieux routier Dausière, député sortant. C'est lui qui s'est imposé, là aussi largement.
Il faudra étudier de près les résultats des autres candidats "de la diversité" pour voir si la physionomie de la future Assemblée sera (un peu) changée et en tirer des conclusions. Comme par exemple celle-ci, sans doute un peu hative: Pour s'imposer localement avoir une tête ou des origines quelque peu métèques est un plus grand handicap que trainer des casseroles judiciaires. Voyez Mellick, Bédier et même Carignon qui fait mieux à Grenoble que Richard Cazenave...Inquiétant non?
S'agissant du résultat national, il me semble que l'on a trop peu souligné le fait que la vague bleue s'explique davantage par le laminage du FN que par réel un effondrement de la gauche. Avec un FN à 5%, plus question de triangulaires, la droite républicaine domine et s'impose (très) largement. Une époque s'achève ou la gauche gagnait uniquement en profitant d'une extrême droite hypertophiée, et même parfois en favorisant cyniquement son essor. Sarkozy a réussi a remettre le lepénisme en place, c'est à dire plus ou moins sur son socle d'extrême-droite. Ce serait génant si, pour ce faire, il n'avait pas poussé certains de ses proches, d'origine étrangère à concourrir. Je ne sais pas, je me pose la question.
De ce point de vue les exortations des personnalités de gauche à "rectifier le tir" au second tour était assez pathétiques hier soir. D'abord parce que les électeurs ont jugé sur pièces, en l'occurrence sur une gauche sans leader, sans programme cohérent et en plus écartelée. Ensuite parce que la gauche est, grosso modo, au niveau de l'élection présidentielle. Ce qui a changé c'est que la baisse du FN s'accentue, qu'une partie des électeurs de Bayrou est rentrée au bercail séduite par l'ouverture, et que le (petit) reste a voté pour le MoDem (quel nom horrible!). La bipolarisation logique découlant des institutions reprend ses droits. Bayrou a perdu son pari. L'ironie est qu'il sera un des seuls rescapés de sa stratégie suicidaire.
Il y a place en France pour une gauche modernisée de fond en comble (ne disons plus sociale democrate, même ce modèle est dépassé) pesant entre 35% (défaite) et 42% (victoire). A condition qu'elle réussisse ce qu'a su faire Sarkozy à droite: Une modernisation de son programme et son unité derrière un chef charismatique.

09 juin 2007

"Bild" va-til secouer la presse française?

La presse française, surtout la presse quotidienne, est souvent ennuyeuse, moutonière, imprécise et pauvre en informations, reportages et enquête "in depth", en profondeur comme disent les anglo-saxons. Elle excèle dans les titres accrocheurs qui trompent sur la marchandise et introduisent des articles vides ou plats. Comme elle est souvent entre les mains de capitalistes ou d'interêts dépendant étroitement de commandes publiques elle est continuellement l'objet de soupçons de connivence ou d(e)'(auto)censure. Deux parfaits exemples viennent d'en être donné très récemment avec la censure, sur intervention d'Arnaud Lagardère, d'un papier du JDD sur l'abstention de Cécilia Sarkozy le 6 mai dernier, et celle, déjouée semble-t-il, de la reprise d'un article hongrois, d'abord paru en France dans Courrier international, traitant d'expulsions musclées d'étrangers illégaux par la police française par le quotidien gratuit Matin Plus (copropriété de Vincent Bolloré et du groupe Le Monde), au motif "qu'on ne peut pas parler ainsi de la police française". Ces affaires déplorables ont fait grand bruit et occasionné des téléscopages amusants bien racontés ici.
Tout ceci, ajouté au tonitruant parachutage à TF1 de Laurent Solly, ancien chef de cabinet de Nicolas Sarkozy, a relancé les craintes d'une main-mise "berlusconienne" de l'Elysée sur les medias. Notre vigie médiatique préférée a donné ici quelques clés qui permettent de comprendre en quoi cette mutation est peut-être en rapport indirect avec les hauts et les bas du couple Sarkozy. Cette histoire a aussi le mérite de montrer qu'un journal a priori indépendant économiquement et politiquement des industriels de l'armement et des amis du chef de l'Etat, doté d'une rédaction très chatouilleuse sur cette indépendance, prend de telles précautions d'écriture que le lecteur finit par ne plus rien comprendre à ce que l'on essaie de lui dire...sans le lui dire! Bref cela explique aussi que la presse française, même de qualité, ait aussi peu de lecteurs, comparée à beaucoup de nos voisins.
Là, on touche du doigt qu'il n'est pas facile d'analyser les raisons pour lesquelles les journaux français ont autant de mal à dire les choses de manière directe et intelligible par le lecteur déjà objet de nombreuses autres sollicitations dans sa journée de dur labeur.
Je note en effet que des journaux comme Libération ou Le Parisien que l'on ne peut soupçonner de connivence sarkozystes n'ont pas mis beaucoup de zèle à informer sur les facéties politiques de Cecilia Sarkozy. Le Monde non plus d'ailleurs, pas plus que son service politique n'avait interressé ses lecteurs au rôle apparement joué dans la construction de la candidature Royal, l'évolution de "son agenda privé" comme dirait le Monde avec son compagnon François Hollande. Avant que deux de ses journalistes ne nous disent ce qu'elles savaient dans un livre paru au lendemain de l'élection, c'est à dire-à nouveau une drôle de manie française- une fois que tout était joué. Bien. Rien n'est simple en la matière, et j'ai noté que l'hebdomadaire britannique "The Economist", grand redresseur de torts devant l'éternel, dans un article consacré cette semaine aux collusions entre les milieux de la presse, de la télévision et de la politique et des industries d'armement en France, considère que, compte tenu des relations incestueuses entre ces mondes, il est finalement étonnant que "ces conflits d'intérets ne génèrent pas davantage de censure qu'ils ne le font." Dont acte.
Je sens que vous vous impatientez. Mais ou veut-il donc en venir? Et bien à ceci que je finis par penser, comme d'autres, que la presse française a besoin d'un big bang, et que celui-ci ne peut venir que d'actionnaires étrangers dépourvus de toute attache avec le pouvoir politique ou économique français, et seulement motivés par le fait de vendre le plus de journaux possibles pour être rentable. Je vois bien ce que vous pensez: vendre du papier quelle horreur! Il faut être racoleur et mettre des photos de filles à poil comme le font les tabloïds britanniques. Ce risque existe, il ne faut pas se le cacher. Encore que, à côté des faits divers souvent graveleux, les articles politiques souvent très sevères pour le gouvernement en place jouent outre-manche un rôle de contre-pouvoir que n'exercent plus que très rarement les journaux français. Et puis, chacun sa culture et, par exemple, les révélations sur l'homosexualité ou l'infidélité d'un ministre n'emeuvront jamais personne de ce côté-ci de la manche. En revanche les domaines de la vie privé et de la vie publique n'ont plus de frontière aussi étanche qu'on ne le pensait jusqu'ici, comme le montre bien l'histoire de la "Femme fatale".
Or il se trouve que justement on nous annonce l'arrivée d'un tel journal. Je pense bien sûr au projet du groupe allemand Springer de lancer un quotidien populaire et très bon marché en France, sur le modèle du Bild d'Outre-Rhin. Ses promoteurs ne sont pas encore certains de la viabilité du projet, notament que les conditions de sa distribution lui permettront d'atteindre au moins 800000 exemplaires vendus. Il me semble en tout cas que sur le plan rédactionnel il existe en France un réél déficit d'offre que tente de combler, de manière imparfaite, internet.
Ce nouveau journal sera, il faut s'y attendre, très décrié (après le plombier polonais, le journaliste allemand), exploitant un sentiment xénophobe latent en France, il sera méprisé par les biens-pensants, mais j'en attend personnellement beaucoup.

07 juin 2007

Le monde est petit comme la blogosphère

Allez, un peu d'auto-promo, exceptionnellement. J'ai eu le plaisir de retrouver un blogueur avec qui j'avais échangé quelques points de vue ici-même. Après un passage par le site Rue 89 récemment porté sur les fronts baptismaux, il est devenu responsable technique du site internet de France 24! Nous sommes presque voisins de bureau.
Or il se trouve que le site de France 24 qui connait un grand succès (en France, ceux qui n'ont ni le câble ni le satellite n'ont que ce moyen pour recevoir la chaine) s'améliore de jour en jour. Sur son blog, Michel Levy-Provençal, alias Mikiane en donne un aperçu exhaustif et éclairé.

06 juin 2007

François Mitterrand réincarné en corbeau


J'étais, d'abord, séduit par le "blog de François Mitterrand". Par sa belle écriture classique, par son réalisme surtout. L'analyse politique était très fine et souvent pertinente. Et puis cette façon de se promener, la dague à la main, dans les allées de la maison socialiste. Cette manière d'assassiner ou simplement de ridiculiser d'un trait tel ou tel courtisan... Tout cela a bel et bien l'air "d'être" du Mitterrand. Et puis ces anecdotes "d'époque" distillées au compte-goutte dont j'ai pu vérifier qu'elles avaient, au moins certaines, une part de vérité. Elles ne pouvaient être connues que d'un très proche de Mitterrand.
Mais voici que depuis quelques jours l'auteur de ce blog mysterieux lui donne un ton que je n'aime guère. Ce n'est plus un "à la manière de" talentueux, mais une sorte de lettre anonyme ouverte. Derrière Mitterrand pointe un corbeau décidé à embarrasser certaines personnes, souvent des journalistes, avec de vieilles histoires. Le sommet de l'inquiétant étant, jusqu'à présent: "Demandez-donc à Jean Michel Apathie ce qu'il a vu, un soir de 1992, dans les toilettes du conseil régional de Haute-Normandie". Fichtre! Le tout répété avec insistance jusqu'à ce que l'interessé, excédé à bon droit, finisse par sortir de son silence. Là, je commence à avoir un peu la nausée. Car voyez-vous, j'ai beau penser que l'autocensure est la maladie la plus sévère qui ronge ma belle profession, je n'entends pas par là que tout ce que voit un journaliste doit être aussitot rapporté et encore moins publié. Apathie affirme qu'il ne se souvient de rien de marquant de cette soirée, mais confirme qu'il était bien à Rouen ce soir là. Il peut aussi avoir de très bonnes raisons de ne pas avoir raconté ce qu'il a vu, ou de vouloir s'en souvenir aujourd'hui. Un journaliste comme tout un chacun a droit au secret, à la confidentialité. Tout ne se dit pas, n'est pas bon à dire. Qui plus est, le lieu en question (les toilettes) suggère qu'il s'agit peut-être de quelque anecdote salace ou au moins intime. Or les journalistes ne sont pas des égoutiers. Certes, il faut parfois chercher là ou personne ne veut mettre les mains, mais nous ne sommes pas là non plus pour exposer le contenu des poubelles. Nous sommes maitres, et heureusement, de nos choix et même, au risque de nous tromper, seuls juges de ce qui est digne ou mérite d'être porté à la connaissance du public. Celà s'appelle la conscience professionnelle, tout simplement.
Le fait est que de plus en plus souvent hélas les journalistes, ou les patrons ou actionnaires de presse s'abritent derrière l'argument de la protection de la vie privée pour censurer des informations en réalités importantes voir essentielles pour mieux comprendre les évènements publics. Mais c'est une autre histoire et j'y renviendrai.

03 juin 2007

Legislatives à la trappe

Aviez-vous remarqué, il paraît que nous sommes en campagne électorale! Pour élire une assemblée nationale, théoriquement détentrice dans un régime parlementaire-car il en est ainsi sur le papier de la constitution de la Vème république- de la réalité du pouvoir. C'est en gagnant ces élections que le PS de Jospin déposséda Chirac du pouvoir pendant 5 ans.
On le sait bien, tout ceci est très largement à nuancer, compte tenu des pouvoirs considérables du Président de la République. Bon je n'ai pas envie de faire un cours, là, mais seulement de remarquer qu'il faut se pincer, après l'engoument de la Présidentielle, pour réaliser que des élections aussi importantes pour la démocratie ont lieu dans une semaine.
Et dire que c'est Jospin qui inversa le calendrier...Il est en partie responsable de l'évolution actuelle. Nous voici en effet, avec le quinquennat, dans un régime unijambiste qui rappelle la IIème république de Louis Napoléon Bonaparte. Les députés que nous allons élire ne ferons guère qu'un peu de figuration médiatique avant d'enregistrer les projets conçus à l'Elysée. Inquiétante évolution à laquelle il ne pourra être mis fin qu'avec un renforcement considérable des prérogatives du Parlement et la suppression du droit de dissolution.
En attendant une forte abstention est à prévoir ces deux prochains dimanches.