Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

30 décembre 2008

Le Hamas, Amos Oz et la sécurité des citoyens d'Israël






Les blogueurs de droite se sont rués sur les déclarations de l'écrivain de gauche israélien Amos Oz. Ce dernier écrit notament dans Yédioth Aharonoth:

"Les bombardements systématiques subis par les citoyens des villes et villages d'Israël constituent un crime de guerre et un crime contre l'humanité. L'Etat d'Israël doit protéger ses citoyens. Nul n'ignore que le gouvernement israélien ne veut pas entrer dans la Bande de Gaza, et qu'il préférerait continuer cette trêve que le Hamas a violée avant de l'annuler. Mais la souffrance des civils israéliens dans la zone frontalière avec Gaza ne saurait perdurer."

Amos Oz a parfaitement raison.
Il dit aussi que le monde se contrefout du calvaire des habitants du sud d'Israël, appelle leur gouvernement à la retenue mais ne songerait pas à exercer plus de pression sur le Hamas.
Il a encore mille fois raison.

On peut même ajouter que le Hamas est une organisation de type fasciste, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza par un putsch, n'y tolère aucune opposition et que dans ses mosquées on y répand une idéologie de haine antisémite que les nazis n'auraient pas reniée.
L'explication avancée par le Hamas pour justifier ses tirs de Qassam, et maintenant de Grad (forcer Israël à mettre un terme au blocus de Gaza) est totalement hypocrite et fantaisiste. Les tirs ont en effet commencé dès le lendemain de l'évacuation du territoire par l'armée israélienne, il y a 8 ans. Il n'y avait pas de blocus.
Aux dernières nouvelles le Hamas serait prêt à un accord de paix avec Israël sur base des frontières de 67. Cela reste à démontrer. Pour l'instant on voit surtout qu'il veut prouver aux Palestiniens qu'on ne peut rien obtenir d'Israël sinon par la force, c'est à dire qu'il cherche à ridiculiser et à humilier les Palestiniens qui, depuis Oslo, ont fait le choix courageux de la négociation et de la coexistence.
Mais malgré celà le Hamas controle la bande de Gaza et Israël doit faire avec. Il ne décide plus du destin de Gaza. c'était même tout l'interêt de l'évacuation: couper le cordon avec les Palestiniens.
Pour en revenir à notre écrivain de gauche, quand on fait une citation, il faut le lire au delà du premier paragraphe.
Or, un peu plus loin dans le même texte, Amos Oz ajoute ceci:
"le Hamas désire passionnément pousser Israël à une campagne militaire : si, au cours de cette opération israélienne, des dizaines ou des centaines de civils palestiniens – y compris des femmes et des enfants - sont tués, la radicalisation s'en trouvera renforcée à Gaza, ébranlant peut-être même, en Cisjordanie, le gouvernement d'Abou Mazen, qui laisserait alors la place aux extrémistes du Hamas(...)Pour Israël, la meilleure solution serait d'arriver à un cessez-le-feu total, en contrepartie d'un allégement du blocus imposé à la Bande de Gaza. Si le Hamas persiste dans son refus de cessez le feu et poursuit ses bombardements contre les civils israéliens, il faut redouter qu'une opération militaire ne joue le jeu du Hamas. Le calcul du Hamas est simple, cynique et scélérat : si d'innocents civils israéliens sont tués - parfait. Si de nombreux Palestiniens innocents sont tués - mieux encore. Face à cette position, Israël doit agir intelligemment, et non pas dans une explosion de fureur."
Encore une fois Amos Oz a parfaitement raison.
Et nous en sommes ce soir, selon l'UNRWA à 64 civils tués, parmi eux des enfants.
Le problème avec cette opération "Plomb durci", ce n'est pas qu'elle soit illégitime-Israël a le devoir de protéger ses citoyens-, mais plutôt qu'elle soit dictée par des considérations à courte vue, électoralistes, et que si elle est militairement réussie (ce qui est probable, le Hamas n'étant pas aussi redoutable que le Hezbollah), elle risque d'être politiquement contre-productive...et coûter un grand nombre de vies innocentes.
Dans toute guerre, il y a toujours des sacrifices pénibles.
En règle générale on en estime le prix et on  le compare avec celui de l'inaction.
Si un danger vital est encouru on est enclin à prendre davantage de risques et à exposer davantage de vies, de son côté et du côté de l'ennemi.
En trois jours de guerre 2 civils israéliens ont été tués, soit autant qu'en 8 ans de harcèlement du Hamas.
La vie des habitants de Sdérot est absolument infernale, mais le Hamas ne fait pas peser un danger vital sur Israël. En revanche les différents leaders politiques israéliens avaient peur de payer le prix fort en terme électoral le 10 fevrier en cas d'inaction.
Le Hamas n'est pas exactement le partenaire idéal qu'Israël aimerait avoir. Mais Israël n'a pas toujours bien traité ses partenaires.
Or, demain, il pourrait même y avoir pire que le Hamas à Gaza.
Aujourd'hui le Hamas pousse Israël à agir dans une direction douteuse. Le Hamas n'y gagnera peut-être pas, mais Israël non plus.
 Il pourrait donc ne pas y avoir de gagnant du tout.
Zvi Harel, le très avisé commentateur de Haaretz estime lui aussi que cette guerre était parfaitement évitable, car les exigences des deux côtés sont parfaitement raisonables et acceptables:
Le Hamas se dit prêt à reconduire la trève à condition qu'Israël allège substantiellement le blocus de Gaza.
Israël réclame un calme absolu sur les localités du sud-ce qui suppose que le Hamas se fasse respecter de groupes encore plus extrémistes que lui, en échange de quoi Israël se consolera que les gazaouis vivent sous la férule des islamistes, et aura alors rempli ses devoirs vis à vis de ses citoyens.

18 décembre 2008

Les droits de l'homme sont-ils un concept universel?

Voici comment je compte introduire le débat de France 24 enregistré ce soir:

Cette année 2008 se termine et avec elle les célébrations du 60 ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme, adoptée en 1948 par l'assemblée générale des nations unies. On ne peut pas dire que ces célébrations aient été très remarquées tant le spectacle du monde montre bien que les outrages aux droits fondamentaux de l'homme restent hélas encore la règle...crimes de guerre et génocides ont continué d'émailler la chronique de la fin du 20ème siècle, et même de ce début de 21ème siècle...très récemment on a vu par exemple en RDC un chef de guerre se réclamant pourtant d'une ethnie victime d'un génocide au Rwanda se livrer à des massacres de masse. Au Zimbabwe, on a vu un chef d'Etat, Robert Mugabe, héros de la décolonisation laisser mourir son peuple en le privant de la protection et des soins les plus élementaires. Il semble que nombreux sont ceux qui peinent à condamner aussi sévèrement qu'ils le devraient des pays, des dirigeants qui violent les droits de l'homme parfois de façon odieuse, sous pretexte que ce sont d'anciennes victimes. Le respect des droits des femmes sont souvent mis en veilleuse au nom du respect des cultures, et pas seulement dans les pays musulmans, comme le montrent certaines décisions de justice étranges dans des pays occidentaux. Aucune société, pas même nos démocraties ne sont exemptes de reproches: Les Etats Unis dont l'intervention en Irak a débarassé la planète d'un de ses dictateurs les plus sanguinaires depuis Hitler et Staline sont sur la sellette pour Abou Ghraib et Guantanamo. La France est par exemple régulièrement montrée du doigt pour l'état de ses prisons ou son non respect de la présomption d'innocence, ou des droits de la defense. L'histoire récente montre aussi que lorsqu'on est une grande puissance, avec par exemple un droit de veto au conseil de sécurité des nations unies, on peut bafouer les droits de l'homme en jouissant d'une assez grande impunité, voire la Russie en Tchetchénie ou la Chine au Tibet. J'ajoute, pour terminer ce tableau assez sombre, que les militants des droits de l'homme sont eux même profondément divisés sur la question du droit d'ingérence humanitaire, l'opportunité de recourir ou non à la force lorsque les droits de l'homme sont en cause.
Il y a quand même des avancées, par exemple le travail des tribunaux sur l'ex Yougoslavie ou le Rwanda qui jugent les auteurs de génocide et mettent ainsi fin à l'impunité qui (si l'on excepte le tribunal de Nuremberg était la règle depuis 1945.
Mais la Cour Pénale internationale n'est pas encore universellement reconnue.
Les droits de l'homme sont ils un concept universel?

16 décembre 2008

Lancer de Babouches sur Bush: est-ce de l'art ou de la politique?

C'est le happening de l'année 2008: Le double lancer de tatane du journaliste egyptien Mountadar al Zaidi. La double esquive de Bush. Bon pied, bon oeil. Le premier (sorte de version orientale de notre entartreur belge) est devenu le héros de l'année dans le monde arabe, détronant le petit Mohamed Al-Duhra. Dans les rues arabes on ne défile plus en brulant le drapeau américain, mais en brandissant des chaussures: la nouvelle arme de l'opprimé arabe face à la puissante armée du "grand satan". Le second quitte la scène en montrant que si sa politique moyen-orientale fut pour le moins approximative, il lui reste de bon reflèxes. Aux dernières nouvelles chacun s'emploierait à éviter la prison à "Human Pompe", et c'est tant mieux. Si tous les anti-américains se contentaient de lancer des chaussures sur l'objet de leur ressentiment plutôt que de poser des bombes ou de mitrailler d'innocentes victimes, l'humanité aura fait un grand pas en avant. Mieux vaut une paire de godasses sur Bush que deux avions sur le World Trade Center. Une chose parait certaine, compte tenu de l'enthousiasme arabe, aucun Thierry Meyssan ne viendra nous expliquer qu'il s'agit d'une conspiration américaine destinée à prouver la santé de leur Président. Just kiding.
Notons déjà qu'en plus d'être devenu mondialement célèbre (A-t-il entendu parler de la prophétie d'Andy Warhol sur le quart d'heure de célèbrité auquel chacun a droit?), l'obscur journaliste sera peut-être riche. En effet, sans même passer par la case E-bay, l'objet du délit s'arrache à prix d'or. $100000 à droite pour l'ancien coach de l'équipe de foot irakienne! 10 millions à gauche pour un saoudien anonyme! La paire de babouches achetée quelques dollars sur un marché de Bagdad spécialement pour l'occasion est devenue une oeuvre d'art...la video visionnée des millions de fois sur You-Tube. Gageons que modèle en question fera fureur à Bagdad ou au Caïre en 2009. Je me pose quand même la question: En droit irakien, l'agresseur reste-t-il le propriétaire des chaussures, qui deviennent des pièces à conviction? Rien n'est moins sûr, puisque si en la matière, s'agissant d'un "meuble", possession vaut titre, les chaussures appartiennent donc désormais-si la justice et l'Etat irakien ne s'en saisissent pas-à celui qui les a ramassées, c'est à dire, très probablement, à un membre du service de sécurité du Président américain. Mais cessons de pérorer.
En 2003, les irakiens heureux d'être liberés du tyran Saddam frappaient sa statue de la semelle de leurs chaussures, geste qui vaut suprême insulte dans le monde arabe. 5 ans plus tard, Bush échappe de justesse au ridicule grâce à son sens de l'esquive. Il s'en est fallu de peu, mais, après tout, c'est le geste qui compte, non? Dans son premier commentaire, Bush, sur un ton assez patelin, a fait observer que c'était une façon comme une autre d'attirer l'attention sur soi dans une société libre et démocratique. Façon de souligner le chemin parcouru par les irakiens en quelques années. Nous vous avons débarassé d'un dictateur et en plus nous vous donnons même la possibilité de nous foutre des coups de semelles sur la gueule. C'est pas extra la démocratie? Encore une victoire de Washington, donc, mais que les Arabes transforment en défaite. Pourtant, essayez donc de lancer une paire de chaussures à la figure, disons de Khadafi ou d'Assad, et on en reparlera.
Les libérateurs (spécialement les liberateurs américains comme Donald Rumsfeld) commettent des erreurs. Celles-ci se nomment Abu-Ghraïb ou encore la dissolution du parti Baas. Mais leur plus grande est de penser que les opprimés leur seront reconnaissant éternellement d'avoir mis fin à leur calvaire. La victoire du libérateur ne fait au contraire que souligner leur propre impuissance à se soustraire au joug qui les écrasait.

11 décembre 2008

Blog what you know best and link the rest!

Bloguez ce que vous connaissez le mieux et "liez" le reste. Si certains se demandent ce que fait désormais cette petite fenêtre, là sur la droite de l'écran, il s'agit de la liste de mes dernières navigations sur le web, du moins celles que j'ai jugé les plus intéressantes. Ainsi, même si je n'ai pas suffisamment de temps pour écrire une note-et cela m'arrive de plus en plus souvent, hélas-, je peux, au moins chaque jour vous faire profiter des articles que j'ai lu pour préparer mes émissions, où simplement en surfant pour mon plaisir, et ce dans tous les domaines.
C'est Francis Pisani qui m'en a donné l'idée, et surtout qui m'a expliqué comment faire!
Les contenus ne manquent pas sur le web, ce serait plutôt le trop plein. La plupart des internautes se plaignent d'avoir de plus en plus de mal à faire le tri entre les informations. Or, le travail d'un journaliste n'est-il pas précisément d'aider ses lecteurs, son public à faire ce tri?

05 décembre 2008

Un ministère de la relance? Courtelinesque...

Incorrigibles français. Sacré Sarko. On sait que chez nous, face à un problème on crée une taxe...désormais, lorsque ce n'est pas assez, face à un grave problème, on crée un ministère.
La crise est là. la récession est annoncée en 2009. Avec elle, hélas, une inévitable montée du chômage annoncée déjà par les fermetures partielles dans l'industrie, parfois dès le 15 décembre pour plusieurs semaines. C'est d'accord, l'Etat doit absolument se substituer au marché déprimé et jouer son rôle d'acheteur, d'investisseur, de prêteur en dernier recours. Relance keynesienne. Tant pis pour le déficit qui va se creuser, et aussi pour la dette. La crise est mondiale, Bruxelles a mis entre parenthèse l'application des critères de convergence, ses objections face aux distorsions de concurrence que vont générer ces soutiens étatiques à des secteurs en déclin. Tout cela vaut, à conditions que ces dépenses de relance soient strictement limitées dans le temps et que l'on indique dès maintenant comment l'on entend assainir rapidement les finances publiques et désendetter l'Etat, lorsque la reprise sera là. Aux Etats-Unis, pays qui a une aversion traditionnelle pour la dépense publique, Obama a indiqué qu'à côté des plans de sauvetage et de relance, on ferait la chasse au gaspi. En France, on ne dit rien. Au contraire, histoire de faciliter la reprise en main de l'ump voulue par Sarkozy, on crée...un ministère, une administration supplémentaire avec force chauffeurs, secretaires, conseillers techniques etc...avec ses dépenses courantes et extraordinaires...Et tout celà pour...coordonner les dépenses liées à la relance. Du Courteline.
Pensiez-vous que le Premier ministre, dont on se demande chaque jour un peu plus à quoi il sert, pouvait parfaitement faire l'affaire? L'Elysée n'est pas de cet avis qui s'empresse de servir ce marroquin sur un plateau à Patrick Devedjian, sans attendre le remaniement annoncé pour début 2009.
Et vous voulez que l'on croit à la "rupture"?

26 novembre 2008

En hausse, en baisse, explications.

Coup de fil matinal de Bruno Botella, de "Profession Politique", éditeur du "Bleu", une lettre d'information spécialisée, essentiellement lue par les "professionnels de la profession". C'est mon tour de participer à la "cote des politiques". On ne peut pas mettre tout un parti politique à la baisse, ce qui aurait été commode. les éditorialistes sollicités (une dizaine par semaine) doivent choisir un homme (ou une femme) à la baisse et à la hausse.
Comment ne pas choisir Ségolène Royal à la baisse? Elle est incontestablement la perdante de la semaine. Elle voulait prendre le PS. Son offensive a échoué, de justesse, mais elle échoue. Cela dit, je lui voit encore un grand avenir. L'affaire laissera des traces. Royal pèse plus ou moins la moitié du parti, alors qu'il y a une semaine elle n'avait pas de véritable courant! Et elle représente cela presque toute seule, même si elle est entourée de quelques lieutenants de talent (Peillon, Valls, Rebsamen, Bianco, Dray). Evidement le mur sur lequel elle s'est fracassé n'est pas vraiment en béton: un rafistolage des fabiusiens et des jospinistes, les emmanuellistes, hamonistes, la moitié des strauss-khanien, les delanoistes, les Hollandais (moins Rebsamen), auxquels s'ajoutent les quelques "Aubrystes"...soit à peu de chose près 90% de ce qu'était le PS ces 20 dernières années. Sans doute a-t-elle été un peu trop loin (tactiquement) en menaçant de trainer ses camarades devant les tribunaux. Le déballage mettrait aussi mis à jour des pratiques assez louches dans des fédérations qui la soutienne come l'Herault ou les Bouche du Rhône. Mais qu'importe, il faudra compter avec Royal et sa popularité dans le parti et dans l'opinion, d'autant que je prévois un contrecoup électoral sévère pour le PS de Martine Aubry. Disons qu'on verra sans doute lors des prochaines échéances une portion importante des électeurs de gauche, particulièrement de centre gauche se tourner vers d'autres "offres", celle que s'apprête à lancer Daniel Cohn Bendit, ou celle, déjà connue, de François Bayrou qui méritait d'être mis à la hausse, cette semaine.

18 novembre 2008

Chers camarades...

Bon calmons nous un peu et reprenons nos esprits, mes esprits, puisqu'au gout de certains je fais preuve de "naïveté" en parlant du combat de Ségolène Royal. Dois-je préciser que si j'ai consacré beaucoup de lignes (et même, compte tenu de ma production récente un nombre de lignes considérable) à la situation de ce parti, je n'ai strictement rien à voir avec lui. Plus rien à voir avec lui, plutôt, exactement depuis 1983. Date à laquelle je n'ai pas repris ma carte. Ça en étonnera peut-être plus d'un ici, mais si j'ajoute que déjà à l'époque j'étais rocardien, donc "droitier", ou "gauche américaine", ceux-là admettrons qu'il y a une sorte de continuité dans mes convictions. J'y ai gardé de très bons amis, comme Manuel Valls, je m'en suis fait d'autres en suivant la politique comme journaliste, Vincent Peillon, par exemple. Mon cas s'aggrave puisque ces deux-là, comme vous l'aurez remarqué, sont les plus éminents lieutenants de la dame de Poitou-Charente. En fait, il s'agit d' un hasard total, et au fond je m'en fous pas mal puisqu'il y a bien longtemps que ces choses ne m'interessent plus vraiment. J'aime bien aussi Benoit Hamon, par exemple, même si je pense à peu près le contraire de ce qu'il affirme. Comme quoi, moi je reste un bon camarade, bien que n'en étant plus stricto sensu. Depuis 1983, je me suis quand même un peu ouvert et j'apprécie de discuter, de rire parfois, avec beaucoup d'hommes politiques y compris- horreur!-des sarkozystes.
En fait, ce que je crois c'est que nous avons encore beaucoup de progrès à faire vers la démocratie en France. Jadis, le fonctionnement interne du PS pouvait être donné en exemple, aujourd'hui la seule chose qui en reste c'est le vote des militants sur le nom du premier secretaire. Jeudi prochain ils auront tout simplement le pouvoir de faire changer leur parti. Ce n'est déjà pas si mal, mais le lendemain on ne leur demandera dejà plus rien. En face ce n'est guère mieux puisque le parti majoritaire, l'ump, est aujourd'hui toujours présidé par Nicolas Sarkozy depuis l'Elysée ou il tient régulièrement des conseils restreints, certains week-end. A ce sujet Patrick Devedjian, secretaire géneral de l'ump, homme sympathique et estimable, en attente d'un marroquin a commis un beau lapsus dimanche soir sur Europe 1, en disant qu'il remettait son mandat "entre les mains du Président de la République..."
Bon, je ne cherche pas à transformer la France en démocratie scandinave, ou figurez-vous que les ministres payent leur loyer et font leurs courses avec leur propre carte bleue. Non, quand même pas! La France ne sera même jamais les Etats-Unis, ou Obama a été prié de se séparer de son Blackberry perso, car toutes les communications du Président étant propriété de l'Etat, le Congrès exige de pouvoir éventuellement accéder à ses mails qui doivent donc être archivés pour la postérité. Vous vous rendez compte, chez nous, le nombre de sms de Sarkozy-et pas seulement les milliers envoyés à Cécilia- disparus dans la nature! Ils vont pas rigoler les historiens de son quinquénat!
Pour en revenir à Ségolène Royal, je ne sais pas si elle ferait une bonne premier secretaire ou une bonne présidente, mais je ne suis convaincu par aucun argument de ceux qui la croient à peine capable d'apporter les cafés aux membres du Bureau National. Je trouve qu'elle mène sa barque avec intelligence, en évitant les initiatives personnelles qui avaient le don d'agacer ses alliés et conseillers. On lui reproche de presidentialiser le PS? Mais à quoi sert un parti politique sinon avant tout à prendre le pouvoir, puisque nous savons tous qu'une fois élus les Présidents (et c'est tant mieux) sont obligés de faire passer leurs idées après les réalités. Si demain Sarko est convaincu qu'il faut nationaliser les banques pour aider l'économie soyez sûrs qu'il le fera! Quand à cette histoire d'alliance avec le centre, mes amis, je vous conseille d'écouter la réponse de Martine Aubry à David Pujadas, dans le journal de 20 heures de ce soir, alors qu'il lui demande s'il n'y a pas de contradiction à la refuser tout en la faisant à Lille. J'ai eu beau l'écouter trois fois je n'y ai encore rien compris: A peu près ça: "J'étais contre les alliances locales, mais après avoir fait l'union de la gauche, je l'ai faite quand même avec des gens qui sont dans l'opposition à Sarkozy, et je ne le regrette pas, car ces gens vont nous rejoindre au Parti socialiste." Je n'exagère pas. Martine, si Ségolène en avait sorti une comme celle-là, qu'est-ce qu'on aurait entendu!

12 novembre 2008

PS: Big Bang ou trou noir?

Le PS est-il en train de s'autodétruire? Michel Rocard disait souhaiter un "big bang", une explosion créatrice pour que son parti se régénère. Il pensait que celui-ci pouvait avoir lieu sur la question européenne, fondamentale à ses yeux, et souhaitait une scission au sein du vieux parti d'Epinay. C'est peut-être ce qui est en train de se produire (avec, déjà, le départ de Jean Luc Melenchon). Mais il se peut qu'après cette explosion, le socialisme français ne se perde dans un trou noir, réduit à l'état d'anti-matière.
Il y a deux façons, en effet, d'interprèter le vote des militants.
-La première, est de constater que 80% d'entre eux se sont prononcés clairement pour des solutions social-démocrates, l'économie de marché et le libre échange. Et encore, les vieilles recettes protectionnistes auxquelles semblent encore croire les signataires de la motion "Hamon" peuvent apparaitre comme le fruit de circonstances particulières, le spectacle affligeant et inquiétant que donne le capitalisme dérégulé.
Il y a beaucoup de positionnements tactiques, trop sans doute, dans la préparation d'un congrès socialiste. La motion la plus à gauche obtient toujours une prime, ce qui a été le cas cette fois encore.
Quoiqu'il en soit il devrait en résulter une direction clairement "modernisatrice", derrière Segolène Royal qui a obtenu le plus de suffrage mais avec les deux motions suivantes que rien de fondamental ne différencie, et qui rapprocherait le PS des autres partis sociaux-démocrates européens.
-La seconde, c' est d'observer que le parti est ingouvernable, qu'il fonctionne encore comme la IV ème république alors que le PS a été au pouvoir une vingtaine d'années sous la Vème et fait des projets de VIème. Que les militants n'ont pas choisi assez clairement pour faire taire les innimitiés voire les haines personelles des "égos" socialistes: Bertrand deteste Martine qui hait Ségo laquelle trouve Bertrand décidément macho etc. Il peut en resulter tout et n'importe quoi y compris un front anti Royal, ce qui serait une insulte au vote des militants et à la démocratie. Et tout ça au nom de quoi? Ne vous y trompez pas, toute haine mise à part, le sujet sur lequel s'apprêtent à s'affronter ces braves camarades n'a trait ni à la mondialisation ou à la façon de la réguler, on ne se déchire pas non plus sur la politique d'intégration, d'éducation défaillante, ni sur aucun autre sujet fondamental, mais sur celle-ci: Doit-on oui ou non s'allier au Modem pour gagner? Le fait que certains (Aubry) aient répondu positivement lors d'élections locales n'empêche d'ailleurs pas les mêmes de combattre farouchement cette idée dans la préparation du congrès, prêts à faire don de leur personne pour combattre l'hydre libérale supposée se cacher derrière Bayrou, lequel Bayrou a profité de ce psychodrame interminable depuis un an et demi pour se positionner en opposant numéro un à Sarkozy, et se frotte les mains d'avance de ce qui pourrait se passer à Reims.
Notez que cette question a d'autant moins de sens que si le PS devenait-un miracle?- une force d'opposition crédible rassemblée derrière un leader respecté (qui peut tout à fait être Royal), le député du Béarn pourrait commencer à se faire du soucis.
De quel scénario sommes-nous le plus proche? Réponse à Reims dès samedi.

05 novembre 2008

A dream comes true

Beaucoup de superlatifs sont et seront, à juste titre, utilisés pour qualifier ce qui vient de se passer sous nos yeux. En effet, il n'est plus possible à personne de douter que tout est possible aux Etats-Unis. Y compris l'inimaginable il y a encore quelques mois.
Obama a parlé du rêve des "pères fondateurs", c'est plutôt celui de Martin Luther King qui se réalise 40 ans après son assassinat. (Ah les larmes de Jesse Jackson!-Un rêve de fraternité et de réconciliation raciale.
Le plus impressionnant est ailleurs:
-Obama n'a pas été élu par la mobilisation il est vrai exceptionnelle des électeurs afro-américains. Il en va ainsi à peu de choses près envers tout candidat démocrate. Obama a bénéficié, sur foi des sondages de sortie des urnes, du soutien le plus important des électeurs blancs-pour un démocrate-depuis Jimmy Carter, un blanc sudiste! Quel démnti plus éclatant à tous ceux qui craignaient que d'obscures pulsions racistes ne s'éxpriment dans l'intimité des électeurs blancs. Il y a bien eu une participation record, mais on ne note pas, d'ailleurs, qu'elle ait été beaucoup plus forte parmi les noirs.
-Il n'y a que parmi les électeurs mâles blancs de la classe ouvrière que Mc Cain devance le président élu, mais là aussi ce n'est pas vraiment étonnant.
-Obama doit son succès aux nouveaux électeurs, les jeunes qui votaient pour la première fois. Mais aussi ces nouvelles classes moyennes d'origine hispanique poussées vers le nord par les créations d'emploi dans des Etats comme le Colorado. Signe que l'Amérique a énormément changé en moins de 10 ans.
-Il le doit particulièrement aussi à l'impopularité de George W Bush. Quelque soit leur appartenance partisane, leur couleur de peau, leur religion, les électeurs qui avaient une opinion négative de Bush ont voté Obama à près de 65%. Mc Cain n'est pas parvenu à se défaire d'une image de "sortant".
La signification de l'élection est donc bien "post raciale".
-Beaucoup le feront, mais toute extrapolation à la situation française est vaine: Nous n'avons pas la même histoire que les Etats Unis. Le colonialisme a commis beaucoup de crimes, mais ici, on n'a jamais pratiqué, comme aux Etats-Unis la ségrégation raciale et encore moins la chasse au nègre. Il ne faut pas oublier que les nominations de Colin Powel puis celle de Condolezza Rice( par Bush!) aux fonctions de responsabilités politique les plus élevées après celles du Président ont préparé le terrain.
-Le silence des socialistes français, trop occupés à préparer leur congrès pichrocholin est en effet assourdissant. Les déclarations de certains ministres affirmant que Nicolas Sarkozy a montré la voie à Obama sont ridicules: Obama a certes profité dans sa jeunesse des programes de discrimination positive. Mais une fois entré en politique il ne doit sa brillante carrière qu'à ses propres qualités, et d'abord à une extraordinaire confiance en soi.
-Les Etats Unis sont en bien mauvais état. Une tâche énorme attend le Président Obama. Il est poussé par un élan et une ferveur qui rappelle celle qui accompagna l'élection de Kennedy. mais ces choses sont fragiles. Le discours de défaite d'une rare élegance de John Mc Cain indique que les américains sauront s'unir et trouver les ressources necessaires à un sursaut qui nous impressionera pas sa rapidité.

21 octobre 2008

Pourquoi le capitalisme est encore l'avenir

A quel festival de démagogie n'avons nous pas assisté ici depuis cette crise financière. Dans ce déluge, il faut bien dire que les socialistes se sont encore illustrés: Tel ténor du PS souhaite une nationalisation du crédit, tel autre recommande des mesures protectionnistes pour en finir avec le libre-échange qui serait à l'origine de tous nos maux. Partout enfin on se précipite pour châtier les quelques malheureux camarades qui s'étaient risqués à revendiquer l'étiquette "libérale", comme Delanoë ou Valls.
Nos socialistes, ou en tout cas la majorité d'entre eux, comme à la veille de chaque congrès (dont on sait qu'ils se gagnent bien entendu à gauche, même si l'élection qui suit est perdue, elle, au centre) sont à leur meilleur dans cette surenchère permanente avec l'extrême gauche. Car là, évidement c'est encore pire. Une banderole de Lutte Ouvrière-pour ne citer qu'elle- aperçue sur le chemin de la manifestation des enseignants nous informe naturellement que: "le capitalisme est en faillite, le communisme c'est l'avenir". L'éditorialiste du Figaro, Yves de Kerdrel a résumé celà à sa façon: le Krach (avec un K) est devenu le nouvel "opium des intellectuels" d'où la redécouverte dans le débat des intellectuels de gauche de ce socialisme "vintage" dont les PS venait à peine de répudier les codes marxiste pour revendiquer, enfin, ceux de l'économie de marché. Avec les subprimes, l'éclatement de la bulle immobilière et la chute de Wall Street, c'est le grand bond en arrière.
Tout ou presque a déjà été dit sur le sujet, et d'abord que libéralisme ne signifie pas dérégulation sauvage. De ce point de vue là, le mouvement entrepris sous Reagan et pouruivi par Clinton et W. Bush aux Etats-Unis relève plus d'une perversion du libéralisme que d'autre chose. Que cette crise est autant le résultat d'une dérèglementaion abusive que d'une aventureuse intervention politique sur le marché des prêts hypothécaires. N'est-ce pas Bush qui avait poussé les feux de cette société de "propriétaires", incitant à prêter à n'importe qui?
La mondialisation posait un défi aux nations. Quand tout allait bien on pouvait toujours dire que même avec des laissés pour compte, la richesse globale des nations augmentait, même et surtout au sud. Des millions d'individus sortaient en effet de la pauvreté. Certains s'enrichissaient à une vitesse jamais vue depuis la révolution industrielle en Europe, et les lendemains de la première guerre mondiale aux Etats-Unis. Au moment où cette bulle a éclaté, il fallait que les gouvernements fasse la preuve qu'ils pouvaient s'organiser entre eux pour réagir selon les principes keynesiens. Ce qu'ils firent de manière étonnament rapide et concertée, en faisant preuve de beaucoup de pragmatisme, sachant que parmi eux très peu étaient dirigés par des socialistes étatistes. Il ne s'agit pas que d'une socialisation des pertes, comme cela a été dit. L'Etat se substitue aux marchés en prétant en dernier recours, lorsque plus aucune banque ne voulait plus prendre ce risque, mais il compte bien récupérer ses billes lorsque le marché repartira à la hausse. Celà ne veut pas dire qu'il est le mieux placé pour dicter la politique du crédit, comme dans feu les économies plannifiées.
Surtout, ce que beaucoup de gens semblent avoir oublié, c'est que les cycles économiques n'ont pas disparu. Et que c'est tant mieux. Ils sont là pour purger le système de ses excès, mettre hors d'état de nuire quelques chauffards qui, sous pretexte qu'ils conduisent une ferrari se croient autorisés à rouler à plus de 200km/h, rappeler que les arbres ne montent jamais au ciel, et lui permettre de repartir sur des bases plus saines. Déjà on voit les risques d'inflation s'éloigner (à condition que ça n'aille pas trop loin), et les prix des matières premières baisser, ce qui facilitera grandement la reprise.Bref, ces crises sont salutaires car elles permettent au capitalisme-qui n'est pas un système parfait- de se régénérer. Il a encore de beaux jours devant lui. Je n'en dirais pas autant du PS.

19 octobre 2008

Vous avez dit: vive la crise?

Depuis ma dernière note sur les Etats-Unis, en date du 15 septembre, Obama a creusé l'écart dans les sondages. C'est bien entendu l'étendue et la gravité de la crise financière, la crainte d'une récession de longue durée qui expliquent cette évolution, ou plus exactement la médiocrité des prestations de Mc Cain dès qu'il est question d'économie. Obama est beaucoup plus pragmatique sur ces questions, même si son programme parait désormais en grande partie irréaliste. Mais le besoin de régulation et d'intervention étatique apporté par la crise rend plus pertinentes les solutions traditionnellement proposées par les démocrates. La crise a été la fameuse "surprise d'octobre". Et une sacrée, même si d'aucuns l'avaient vue arriver, peut-être pas avec cette intensité. Du coup l'effet "Palin" a fait long feu. Arrive alors l'épisode "Joe le plombier" qui donne l'occasion d'un autre "story telling": Un homme qui symbolise le rêve américain (déçu), écrasé par les impôts et poursuivi par le fisc, qui pour cette raison ne peut racheter l'entreprise pour laquelle il travaille. Bien joué. Ce sont, bien plus que les programmes sur ce genre d'histoires que se cristallisent les intentions de vote de dernière minute. Mais encore raté: Joe s'exprime un peu trop bien dans les medias. On découvre que s'il n'est pas un vrai "plombier", 'il est en revanche enregistré comme Républicain. Comme par hasard, il est blanc et habite l'Ohio. Le "swing state" par excellence. Depuis 40 ans celui qui gagne l'Ohio gagne l'élection. De la à imaginer un coup monté de la campagne Mc Cain, il n'y a qu'un pas. Ce dernier en a juste un peu trop fait, en citant Joe pas moins de 24 fois lors du dernier débat!
Alors? L'affaire est dans le sac? Ça se pourrait bien. Que peut il encore arriver? Tout le monde pense notament à une sous-estimation énorme du vote racial par les sondages qui ne sont pas très fiables aux Etats-Unis. Ou pire, à un attentat terroriste ou contre la vie d'Obama. On joue à se faire peur sur le thème: Il n'y aura jamais un noir à la Maison Blanche, il y aura un coup de théatre de dernière minute. Je crois quant à moi-c'est un pari, le grand pari de cette élection- que, hors mis dans quelues Etats du sud, l'Amérique blanche souhaite entrer dans une ère post raciale pour se débarrasser de la culpabilité de l'esclavage et de la ségrégation. Dans ce dessein, Obama, noir juste ce qu'il faut, apparait comme l'homme idéal.

30 septembre 2008

World's Worst - Obama, Hannity, Rove

Keith Olbermann. Un talk Show qui décoiffe. Qui oserait mettre à l'antenne un type pareil dans notre belle Télé française endormie?

23 septembre 2008

Le déclin de l'empire américain?

D'abord se méfier. Donc point d'interrogation de rigueur. Le déclin et même la fin de l'empire américain ont été annoncé moult fois, on sait ce qu'il en a été. Mais tout de même: Mille milliards de dollars? Comment supporter le prix astronomique, inouï du sauvetage d'un système financier infernal, totalement dérégulé qui menace de faire basculer le monde dans la récession? Comme toujours, les Etats-Unis feront appel aux acheteurs de bons de trésor, au premier rang desquels la banque de Chine, pour financer un déficit qui de colossal va devenir abyssal. Il va plus que doubler. Malgré ça, comme c' est très bien expliqué ici, cela ne devrait pas provoquer en soi une déterioration de la confiance que font les investisseurs dans le gouvernement américain. Les banques, qui étaient les vrais étendards de cet empire sans colonie, qui pouvaient s'endetter -et donc investir dans l'économie du monde entier- à hauteur de 30 fois leurs fonds propres, seront mises sous tutelle et devront être recapitalisées par des homologues étrangères ou s'ouvrir à des fonds souverains, venant le plus souvent de pays du golfe (ce qu'elles ont dejà commencé à faire). Il y a un an environ le gouvernement fédéral avait fait obstacle à l'aquisition des ports américains par les émirats. Cette fois il n'y a plus guerre le choix.En fait, ce sont des pans entiers de l'économie américaine, ses actifs symboles de sa souveraineté et de sa puissance qui seront ainsi bradés, sans que le gouvernement puisse faire quoi que ce soit pour stopper le mouvement. Quand au prochain président il sera pieds et poings liés et n'aura plus un sou pour financer ses promesses, qu'il s'agisse du système de santé- qui n'est pas prêt de voir le jour- ou de la guerre en Afghanistan ou en Irak.
Et là, on commence à pourvoir pronostiquer un recul de l'influence américaine dans le monde. Cette crise financière dont on n'a pas encore commencé de mesurer les effets marque la fin de la période commencée le 11 septembre 2001, durant laquelle l'hyperpuissance américaine se lançait quasiment seule dans la "guerre contre le terrorisme"afin de restaurer sa crédibilité. Cette crise n'efface pas la précédente mais s'y ajoute, ce qui complique encore davantage les problèmes du monde et le rend encore plus incertain et dangereux. Certains espèrent qu'au moins les Américains se montreront davantage disposés à la coopération avec leurs alliés naturels, notament en Europe. Ce serait un bien, mais n'est pas totalement certain. On ne doit d'ailleurs pas se réjouir de ce déclin relatif car le reste du monde n'est pas prêt à occuper la place que tenaient jusqu'ici les Etats-Unis, que ce soit en tant que garant de la sécurité ou comme moteur de la croissance mondiale. A terme, je crois que l'on peut faire confiance au génie américain pour sortir le pays de l'impasse, mais dans l'intervalle, ça va sérieusement tanguer!

14 septembre 2008

Palin sèche sur la "doctrine Bush" d'action préventive envers un pays considéré comme ennemi.

Sara Palin explique ses positions de politique étrangère sur ABC: Georgie

Obama est loin d'avoir gagné

Fin janvier j'annonçais ici même, contre l'avis de tous les "experts" une surprise Obama. Aujourd'hui, alors que presque tout le monde le voit déjà s'installer à la Maison Blanche, je crains qu'à moins qu'il ne réagisse très rapidement il ne soit en train de perdre l'élection.
En fait les Républicains sont en train, avec le retour de Karl Rove, de refaire peu ou prou le même coup qu'en 2000 et surtout 2004. L'éditorialiste du New York Times, Moreen Dowd a très bien résumé le choix qui s'offre désormais aux américains, surtout depuis le choix de la candidate à la vice présidence sur le ticket républicain:
Primo: Palin donne le sentiment que "réflechir, c'est du passé". Seule compte l'action. Elle est capable de débiter des platitudes apprises par coeur avec la même décontraction que W. Bush en 2000. Il lui suffit, par exemple, d'observer la Russie depuis l'Alaska pour savoir ce qu'il faut faire avec elle et pour le reste elle est prête à partir en guerre pour la Georgie si celle-ci devient membre de l'Otan et rester sans rien dire ni penser si Israël attaque l'Iran, car elle considère que ce n'est pas le problème des Etats-Unis.
Secondo: Elle offre une alternative à l'image de la femme libérée heroïne de "Sex and the City". Voici revenue avec elle la femme pionnière avec un bébé dans une main et dans l'autre une bible et un fusil.
Tercio: Elle fait passer Obama pour un crâne d'oeuf. Intelligent, beau parleur mais crâne d'oeuf. Pensez: une espèce de Fabius ou de Juppé noir...
Et face à cet iceberg qui déboule dans la campagne comment réagit-il? Avec calme et rationnalité. Il dit que ce n'est pas ce qui interesse vraiment les gens, que ces mensonges qui ne trompent personne c'est précisément ce pourquoi de plus en plus d'Américains se détournent de la politique. Il a raison, bien sûr, et ce n'est pas seulement vrai là-bas. Et il proclame de sa belle voix grâve: "enough!", Assez! Mais les Républicains, eux, trouvent que ce n'est pas du tout assez et ils sont près à faire à M. Parfait, M.Gendre-idéal-même-s'il-est-noir le même coup qu'à Kerry et avant lui à Gore qui était des types infiniments supérieurs intellectuellement et moralement aussi à Bush.
La presse, télé comprise, se déchaine contre McCain et Palin dénonçant leurs arguments, les mensonges de l'un et l'incompétence de l'autre, mais on dirait qu'à part quelques cercles privilégiés ou intellectuels, on n'écoute plus leurs remarques. Après tout, Bush n'a pas été élu pour sa compétence en politique étrangère, et confronté à une terrifiante attaque terroriste dont tout le monde pensait qu'elle serait infailliblement suivie de répliques, il a assuré la séurité du territoire national, fût-ce au prix de la guerre en Afghanistan et surtout en Irak.
Bien sûr, rien n'est encore tout à fait joué. Obama compte sur l'Economie, le ras le bol de l'Irak, l'effet des scandales financiers comme Enron ou encore le traumatisme du passage de Katrina qui aurait, selon certains analystes comme l'économiste Jacques Mistral annoncé le retour du besoin d'Etat et de régulation chez les américains.
Tout ça est bien beau, mais pour l'instant c'est une campagne ou il est impossible de parler un minimum de politique et Obama va bien devoir trouver la solution rapidement, sinon les beaux espoirs placés dans cette Amérique "que nous aimons" risquent de s'effondrer comme chateau de sable.

Ci-dessus quelques moments de la première interview de Palin à un grand network. Pas très convaincant et pourtant cel sera-t-il déterminant?

07 septembre 2008

Sarkozy est-il un (mauvais) social-democrate?

On connait le principe des politiques social-démocrates: compenser le déséquilibre entre la rémunération du capital et du travail, financer la protection sociale au moyen de taxes et de prélèvements sur les revenus les plus élevés. Cet effet redistributif dont se charge la puissance publique, outre qu'il se réclame d'une certaine idée de la justice sociale a pour conséquence de soutenir la consommation (on prend à ceux qui épargnent pour donner à ceux qui n'ont pas de quoi consommer) et donc la croissance. Sauf que la mondialisation et le dérapage des dépenses de santé sont venus gripper cette belle mécanique qui fit les beaux jours de la gauche scandinave et dont nos gouvernements français de gauche comme de droite ont essayé de s' inspirer, sans toujours bien y arriver, même quand ils prétendaient au contraire mener des politiques socialistes ou liberales. Aujourd'hui en effet la distribution de pouvoir d'achat, au lieu de soutenir la croissance, aggrave le déficit du commerce exterieur (les gens achètent des écrans plats fabriqués en Chine) et la non maitrise des dépenses sociales est à l'origine d'une colossale dette publique. D'où l'interêt récent, en France, pour les politiques dites " de l'offre". On trouve ses adeptes aussi bien à droite qu'à gauche. Des socialistes comme Dominique Strauss Khan ou Michel Rocard admettent fort bien qu'on ne peut pas augmenter indéfiniment les impôts et que la justice sociale n'est pas proportionnelle au niveau de taxation. Le point de départ de ces politiques "de l'offre" est de constater qu'avant d'avoir des richesses à redistribuer il faut commencer par en produire, et donc que le rôle assigné à la politique économique doit être d'encourager l'industrie et les services en les aidant à accroitre leur compétitivité afin qu'ils créent de l'emploi et des revenus, l'Etat se chargeant dans un deuxième temps seulement de corriger les inégalités.
Pour cela, il faut non seulement maitriser les dépenses publiques mais rester à un niveau de taxation raisonnable. Or, de ce point de vue la France ne peut plus se permettre-et depuis bien longtemps déjà- d'augmenter les prélèvements obligatoires. Leur part représente 43,5% du Pib en 2007, soit à peine moins que les 44,9% du pic historique de 1999. Ce poids s'explique essentiellement par les besoins de financements de la Sécurité Sociale. Du reste on paye relativement peu d'impôts en France et beaucoup de cotisations sociales, c'est à dire qu'en France on continue de trouver plus normal de taxer les salariés que les rentiers et les héritiers, le travail, l'arbre, plutôt que son fruit. Resultat, très rapidement il n'y a plus de fruits... Lorsque tous les grands pays européens-y compris les social-democraties du nord de l'Europe- s'employaient à faire baisser les prélèvements obligatoires, la France, seule ou presque, continuait de montrer son incapacité à suivre ce chemin vertueux, s'obstinant à vivre au dessus de ses moyens. Résultat: nous avons aujourd'hui le record d'Europe des prélèvements. Et on continue!
Le RSA est une excellente disposition qui transformera un revenu d'assistance (le RMI) en une incitation à reprendre une activité. Encore eut-il fallu en limiter l'application dans le temps pour ne pas encourager la précarité sur fonds publics. Avouer que l'on est incapable de trouver 1 milliard et demi d'euros d'économies (ne serait-ce que dans des dépenses improductives, il ne s'agit pas de couper les dépenses de recherche et developpement d'ailleurs trop faibles) dans un budget de près de 1000 milliards est tout simplement à désesperer du génie français. Les plus démoralisés doivent être ceux qui ont voté pour Sarkozy en ésperant précisément une rupture avec les mauvaises habitudes du passé. Pour l'instant, à quelques exceptions près, comme celle du sénateur Alain Lambert, nul dans son camp ne cherche à le remettre dans le droit chemin de ses promesses électorales. La décision du Président (Le parlement n'a pas été consulté. On attend les effets de la réforme de la constitution avec impatience!) de le financer par une taxation de l'épargne est donc non seulement anti économique mais injuste socialement (le bouclier fiscal). Cela ressemble à une mesure de gauche, raison pour laquelle le PS et les medias politiquement corrects l'on d'abord saluée, mais c'est uniquement un trompe-l'oeil: On ne taxe pas les "gros" capitalistes (il n'y a qu'à voir le scandale du régime fiscal des stocks-option), mais seulement la consommation differée de millions de français moyens inquiets pour leur retraite. En espérant simplement que le prélèvement soit suffisament faible pour être indolore et donc sans conséquences politiques. Tout celà confirme que la politique économique n'a pas de pilote en France. D'ailleurs savez-vous qu' il n'y a même pas de conseiller en charge de l'économie à l'Elysée? A moins qu'Henri Gaino ne s'en charge. Dans ce cas, helas, tout s'explique.

25 août 2008

Perles de l'été

Pendant ces vacances, j'ai fait ceinture. Même pas de connexion internet sous la main! Petite session de rattrapage, pour ne pas vous laisser sur votre faim!
-Dès mon retour, crise internationale majeure avec la guerre russo-georgienne qui balaie les espoirs de l'après guerre froide. Je me suis d'abord méfié de l'anti-poutinisme primaire, réflexe des medias français. Saakachvili n'avait-il pas déclenché les hostilités en lançant cette attaque contre les séparatistes ossètes au prix de nombreuses victimes civiles? Puis, très vite la réalité du piège russe n'a pas tardé à éclater, tout comme les réelles intentions de Moscou: Abattre le régime pro-occidental georgien et "finlandiser" un pays qui regarde vers l'Union Européenne et l'Otan. Medvedev et Poutine se sont joué de Sarko qui pensait sincèrement que les Russes étaient encore des "partenaires" qui voulaient seulement donner une leçon au diablotin de Tbilissi. Il s'agissait en fait de défier l'Otan et de mettre à l'épreuve la résolution de l'occident. L'affaire n'est pas terminée. Certes, personne n'a envie de "mourrir pour Tbilissi", mais il est inconcevable de laisser la Russie contrôler le transit du pétrole d'Azerbaïdjan via l'oleoduc BTC, alors qu'elle a déjà montré qu'elle n'hésitait pas à faire un usage politique des robinets de gaz.
La donne géopolitique globaleva s'en trouver durablement modifiée. Cela a déjà pour éffet de remettre en selle Mc Cain dans la course à la Maison Blanche et explique le choix du véteran Jo Biden comme collistier d'Obama. Ce n'est qu'un début. Avec la Russie on est passé en quelques semaines de la détente d'après guerre froide à la sècheresse des thèses Huntingtonienne sur le "choc des civilisations".
-Les JO ont été un triomphe total, sportif et politique, pour la Chine. Poulidor est bien français. Nous sommes quasiment champions du monde des medailles d'argent et de bronze et nous sommes satisfaits, semble-t-il, de jouer les seconds rôle (pardon aux experts, étonnants et à Alain Bernard). Comme prévu, les milliers de journalistes accrédités à Pekin ont décortiqué les vices du régime chinois, aux quatre coins d'un pays-continent, ouvert les yeux du monde sur les exactions au Tibet, les atteintes au droits sociaux et humains etc...Je plaisante bien sûr. Il n'y en a eu que pour l'excellence de l'organisation chinoise, la gentillesse de l'accueil etc. Ces jeux resteront comme ceux de la honte et de la crétinisation de masse. Mais c'était inévitable tant le CIO a abdiqué son ideal. Le choix de Pékin était bien entendu une erreur. Il n'a été fait que pour satisfaire les sponsors, ces nouveaux dieux du stade. C'est d'ailleurs, hélas tout ce que sont devenus les JO: Tout sauf des "jeux" justement, plutôt une opération commerciale planétaire, comme l'attestent les émoluments extravagants du héros de ces jeux, Michael Phelps.
Est-il trop tard pour en tirer les leçons, à Sotchi par exemple?
-Dix soldats français tombés en Afghanistan en une seule journée. Etait-ce une erreur de les y envoyer? Je ne crois pas. Mais de laisser le pilotage de cette "guerre" aux Américains qui viennent encore de commettre une gigantesque bavure en bombardant un rassemblement de civils et ont ainsi le don de se mettre à dos les populations civiles, certainement. De faire comme si le Pakistan n'était pas la source du problème, aussi.
-Coup de chapeau à Jack Lang. Dieu sait s'il n'est pas toujours irréprochable, mais en votant en faveur d'une réforme constitutionnelle certes incomplète (le Sénat), mais qui restaure le parlementarisme, il a été un des rares fidèles aux idéaux du Parti Socialiste depuis 50 ans. Quand au PS il s'est encore discrédité dans une opposition bête et méchante. Pitoyable.
-Siné antisémite? J'ai écrit, il y a quelques années et avant d'autres-dans "La plaie"- que cette question est déplacée. La seule chose interessante c'est de se prononcer sur ce qui est dit et écrit. De ce point de vue, il n'y a pas deux sortes d'antisémitisme. Un antisémitisme de droite, à la Le Pen qui mériterait châtiment immédiat, et un autre auquel l'anarchisme servirait de circonstance atténuante. Or la sortie du vieil anar de Charlie Hebdo était bien puante, révélatrice d'une levée d' interdits. Il n'y a qu'à voir, sur google (et depuis des années) le nombre de recherches du type "Sarkozy+juif" et ces derniers jours, comme le révèle site de La Paix Maintenant, "Biden+juif". Il semble que dès qu'une personnalité émerge dans une position de pouvoir, le dernier jeu à la mode, à l'abri de ce cabinet d'ombre qu'est internet, soit de vérifier si il, ou elle, n'a pas des accointances juives. Inquiétant...et surtout révélateur.

12 juillet 2008

Allons enfants!

Tout le monde ou presque sera là. Il ne manquera que Khadafi qui se considère davantage comme un africain que comme un méditerranéen et qui a besoin de se singulariser par des coups d'éclats. Sacré Mouamar! Je voudrais dire deux ou trois choses rapides sur ce lancement en grande pompe de l'Union pour la Méditerranée.
Primo que c'est évidement une excellente idée, mais qu'elle me parait mort-née. C'est très simple, la France n'a pas les moyens financiers de mener cette politique d'ouverture au sud. D'élargissement, serait-on tenté de dire. Bruxelles a déjà redimensionné l'affaire, en laissant toutefois au Président français, et pour six mois de l'UE le plaisir de produire un "show". Hors-mis des plans de dépollution de la Méditérannée, des arrières pensées sur le nucléaire civil, cette union ne comporte guère de projet concret. On ne sait même pas si, passé les six mois de présidence française, ce n'est pas la République Tchèque qui assurera-comme prévu- la co-présidence de l'UPM. Je veux bien, mais n'en déplaise aux bureaucrates bruxellois, tout comme l'Europe, la Méditerranée c'est d'abord une réalité géographique!
Deuxio, c'est un immense malentendu. Le Nord veut montrer qu'il n'adhère pas au choc des civilisations et aider les pays du sud à créer des emplois chez eux pour que leur jeunesse de déferle pas sur nos frèles économies, alors qu'au sud on ne rêve que de visas pour travailler dans les prospères contrées du Nord.
Tertio. On fait beaucoup de bruit autour de la présence d'Assad, le 13 et même le 14. Je ne vois pas comment Sarkozy aurait pu le renvoyer à Damas alors que ses collègues iraient, eux, congratuler l'armée française. Souhaité de le 13, sa présence le 14 devenait inévitable. Bien sûr, la Syrie a une nouvelle fois dicté sa loi au Liban. Elle finit toujours par obtenir ce qu'elle veut et ne donne rien en échange. Mais elle existe et aussi bien au Liban qu'avec Israël il ne peut pas y avoir de paix sans elle. Qu'on espère pas non plus que ce hochet méditerranéen va faire d'elle par magie un pays en voie de démocratisation. Le pouvoir syrien est un clan qui ne peut se maintenir au pouvoir que par le sang et la terreur. Mais si l'on met de côté Israël, et aussi la Turquie et le Maroc qui font de réels efforts en direction de la démocratie, ou sont les démocrates autour de cette Méditerranée?
On va donc festoyer pendant ces deux jours. La France aura deux ou trois raisons de se feliciter de son initiative (l'ouverture d'une ambassade syrienne au Liban, peut-être des contacts israélo-syriens sans lendemains en coulisse), mais toute comparaison entre cette UPM et la naissance de l'Europe serait abusive et nous prendrait vraiment, nous autre mediterranéens, pour de enfants.
Bonnes vacances!

03 juillet 2008

Miracle à la Colombienne

Ingrid Betancourt est donc libre. Libérée par l'armée colombienne, il faut le dire et le redire, sans tirer le moindre coup de feu. Avec elle 13 autres otages américains et colombiens. On n'ose dire qu'il s'agit là d'une opération "à l'israélienne", tant ce genre de comparaison sont dangereuses pour leurs auteurs de nos jours... C'est en tout cas une leçon de professionalisme et d'humanité de la part d'une armée et d'un Président (Uribe) régulièrement diffamé, en particulier sur la toile. Il y avait tant d'âmes vertueuses qui eussent préféré voir ici le triomphe de Chavez, l'homme qui met à terre l'économie de son pays et son peuple à l'abri de grands discours anti-impérialistes! Mais brisons-là, l'heure n'est pas aux règlements de compte. On verra comment certains s'arrangent avec leurs sempiternelles rengaines pacifistes. A les entendre il aurait fallu céder à toutes les exigences, même les plus baroques, d'une guerilla aux abois. La fermeté résolue peut aussi payer. Souhaitons que cette leçon soit méditée.
On ne reprochera pas non plus à Sarkozy d'avoir lui aussi donné l'impression de céder au "mirage Chavez". Pour réussir, il fallait bien sûr mettre toutes les chances de son côté, et la pression qu'il a mise en permanence sur tous les acteurs a été très précieuse. Un peu plus de solidarité manifeste avec Uribe n'aurait toutefois pas été déplacée. Mais il faut dire que la famille d'Ingrid n'a jamais cru à la stratégie du Président colombien. On ne peut pas non plus le lui reprocher, mais cela à sûrement influencé Sarkozy.
Il y a en effet quelque chose de quasi miraculeux dans cette libération qui a pris de court tout le monde, à commencer par le Président français qui n'était visiblement pas dans la confidence. Le secret est bien sûr le principal ingrédient de la réussite de telles actions d'éclat.
Les Farcs ne sont pas vaincues pour autant. Elles ont encore des dizaines d'otages anonymes auxquels il faut penser plus que jamais. Les problèmes sociaux de la colombie demeurent, bien sûr, même si la situation de ce pays est bien préférable à celle de son voisin du nord pourtant imbibé d'or noir.

20 juin 2008

Ne tirez plus sur Hortefeux!

Brice Hortefeux trimbale une sale réputation. Surtout depuis qu’il a accepté d’être le premier ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du co-développement. (cette dernière attribution étant devenue depuis les municipales « développement solidaire », ce qui sonne mieux. Il faut dire qu'aux yeux de certains professionnels de la vigilance, créer un ministère de l’immigration était déjà céder à la lepénisation des esprits. Mais alors, lui accoler « l’identité nationale », là, ceux qui "s’y connaissent" voyaient assurément le retour de Vichy et de la milice. Hortefeux ne valait guère mieux qu'un héritier de Darnand.
Il n’est pas toujours mauvais d’être un mal aimé. Impopulaire presque par vocation, il ne risquait pas d'advenir à nore ministre les mêmes mésaventures qu'à son maître politique, Nicolas Sarkozy: Point de de temps à perdre en vaine tentative de séduction du microcosme, il restait seulement à travailler pour mettre en œuvre la première politique d’immigration digne de ce nom. Car l’invocation abusive du vilain passé français n’était pour les gens "aux idées larges" qu’une argutie pour de nier l’évidence : l’immigration est un défi économique, social et même stratégique pour toutes les nations, aussi bien émergeantes que développées. Pour y répondre il faut une politique qui se substitue à l’aveuglement responsable de nombreux maux français : déficit des comptes publics, chômage, insécurité dans les banlieues, racisme, régression dans le relativisme culture (comme l’illustre l’affaire du mariage annulé de Lille, ou celle du gymnase réservé aux femmes). Or jusqu'ici ce qui faisait office de politique était le laisser-faire, le laxisme, un peu à la tête du client, assortie de temps à autre d'une repression au faciès. Une sorte d'ultra liberalisme migratoire défendu, c'est curieux, par ceux-là même qui vomissent le mot en L...Résultat, sous couvert de compassion altermondialiste on laissait s'enrichir les passeurs sans scrupules et parfois criminels, les trafiquants d'êtres humains, marchands de sommeil et autres patrons véreux. Ce sont d'alleurs parfois les mêmes, associés dans ces filières exploiteuses de misère.
Cette semaine, Hortefeux présentait dans une conférence de presse interminable, au dessus des forces du pauvre journaliste submergé (2heures! Même Sarkozy n'orait pas osé.), le premier bilan de sa politique qu'il définit en trois mots: Equilibre, fermeté et justice.
Pour l'équilibre on fut heureux d'entendre le ministre affirmer que l'immigration zéro n'était "ni possible ni souhaitable" et même que, pour peu qu'elle soit maitrisée, elle pouvait être "un atout" pour la France. Oui vous avez bien lu et vous vous souvenez sans doute de la formule de Bernard Stasi "l'immgration, une chance pour la France" qui lui valu d'être vilipendé durant des années par le FN? On n'en est pas loin.
Côté fermeté on ne sera pas surpris de voir que les reconduites à la frontière sont en forte augmentation (+31% depuis juin 2007) et que le rythme s'accélère. Plus spectaculaire, celle des retours volontaires (+374% en un an), ce qui prouve que des perspectives reviennent dans les pays du sud et que les aides sont donc plus incitatives. C'est une bonne nouvelle. De même on interpelle plus d'employeurs en fraude et de marchands de sommeil. L'immigration professionnelle ("choisie") se développe rapidement alors que les regroupements familiaux diminuent sous le coup des mesures dissuasives comme les tests de Français et peut-être les fameux tests ADN ( Je n'ai pas eu la patience d'attendre la fin de la conference pour poser une question sur ce sujet.). Par ailleurs, les conjoints inactifs ayant déjà bénéficié du regroupement familial sont incités à prendre une activité de type "emploi à la personne". Bref on s'assure désormais avant d'autoriser le séjour d'un étranger qu'il jouiera de conditions de vie décentes, comparables à celle de tout citoyen. C'est tout simplement une question de respect des droits de l'Homme. Tout ceci est excellent. Je suis davantage géné en revanche, revolté même, par les arrestations "d'aidants", près de 4000 personnes en un an soit une hausse de 28,5%. Héberger de façon désinteressée un clandestin est un comportement digne et même un devoir moral. En faire un délit est un scandale.
Justice enfin, envers les étrangers en situation régulière et tout ceux qui respectent la loi. A propos de la récente grève des sans-papier employés de la restauration et de l'hotellerie en région parisienne, Hortefeux a avancé des chiffres qui font réfléchir: A Paris, où le taux de chomage des étrangers-hors UE- est le triple de la moyenne nationale, sur 22000 étrangers (réguliers) demandeurs d'emploi, 1500 cherchent un emploi de cuisinier ou d'agent d'entretien. Régulariser massivement les clandestins reviendrait à défavoriser ceux qui ont souvent peiné pour se mettre en règle. Il n'annonce donc que quelque centaines de régularisations.
on verra comment tous ceux qui croient défendre les étrangers réagiront à ces premiers résultats. Ils ont l'air de convenir en tout cas aux pays d'origine de l'immigration, essentiellement en Afrique puisque le gouvernement français signe des dizaines d'accord avec eux et qu'une demi douzaine d'ambassadeurs assistaient au show d'Hortefeux.

17 juin 2008

Madrid 15 juin José Tomas-alias ET-coupe 3 oreilles à Las Ventas

Avec les 4 oreilles du 5 juin cela en fait 7 en 10 jours. El Pais a titre : "Une bonne après-midi pour mourir" Ce ne sera pas encore pour cette fois, et pourtant...Malgré trois "cornadas" dont au moins une grave Tomàs torrée jusqu'au bout, recolte ses trois trophées et se rend à pied à l'infirmerie ou il sera opéré durant plus d'une heure. "Quand j'entre dans une arène a-t-il dit un jour, je laisse mon corps à l'hotel". Torrero!

Sous un autre angle


Malheur à ceux qui-comme moi- n'y étaient pas ce jour-là, comme 10 jours avant.

12 juin 2008

Les atouts de l'Iran en Afghanistan

Entretien de France 24 avec le ministre des affaires étrangères
iranien (dans notre jargon on dit le “mae”), Manouchehr Mottaki. Ça
se passe à la résidence de l’ambassadeur, un magnifique hôtel
particulier dans le XVII arrondissement de paris, jouissant d’un
superbe patio surrélevé “à l’orientale”. En y pénétrant, j’ai
davantage l’œil d’un agent immobilier que celui d’un journaliste et je me
dis que les diplomates persans envoyés par le Shah avaient décidément bien du goût.
Face à moi, l’un des plus haut dignitaires de la République
Islamique, un proche d’Ali Larijani candidat malheureux à l’élection
présidentielle et ancien négociateur sur le dossier nucléaire. Comme
j’ai déjà pu le vérifier que la politique étrangère iranienne ne se
comprend qu'à condition d'en décoder les nombreuses
subtilités. L’homme est d’une courtoisie absolue, le verbe est
onctueux, le ton on ne peut plus mesuré et meme modéré, qui n’en
masque pas moins l’orthodoxie du propos. Lorsque je lui demande
pourquoi il a appelé les musulmans du monde entier à
détruire Israël (“Si chaque musulman jetait un baquet d’eau sur
l’entité sioniste, elle serait submergée”), il commence par répondre
qu’il respecte ceux qui ne partagent pas le point de vue iranien!
Mais attention que l’on comprenne bien: Téhéran ne songe pas à
vitrifier Israël, mais considère “en fonction des réalités “ que “le régime
sioniste honni” a perdu toute légitimité aux yeux du monde…comme ce
fut le cas pour le régime de l’Apartheid. On nous reservira cette
comparaison réchauffée (mais très appréciée de Jimmy Carter) à
Durban2 en 2009…
Il s’agit là d’ne version “humaniste” exclusivement destinée aux occidentaux. Devant les
orientaux les iraniens prennent moins de gants.
Cela dit, je pense que cette confrontation rhétorique avec “l’ennemi
sioniste” en dissimule une autre bien plus importante pour comprendre
l’évolution des rapports de force au moyen orient: l’affrontement
entre le “croissant chiite”, manoeuvré par l’Iran et le monde sunnite
dont le leadership fragile est assuré par l’Arabie Saoudite.
Le programme nucléaire iranien fournit une occasion d’une joute
verbale avec Israël qui arrange les deux parties et justifie que chacun
maintienne une garde haute. Mais il est surtout fait pour intimider ou
inquiéter les voisins immédiats de l’Iran, au premier chef l’Arabie
saoudite et les pays du golfe. Objectif déjà en partie
atteint. La puissance d’Israël ne gène nullement l’Iran. Au contraire, elle
maintient la pression sur le monde arabe et entretien le prestige de
l’Iran qui, par Hezbollah interposé, s’enorgueillit de tenir la dragée haute à l’Etat
Hébreu. Voilà pourquoi Téhéran et son allié au Liban feront tout ce
qui est en leur possible pour empêcher un réglement négocié du
conflit Israélo-palestinien.
Reste l’Afghanistan, la conférence sur la reconstruction du pays,
raison du passage à Paris du “mae” (il ne verra évidement aucun
officiel français. En tout cas pas au grand jour, l’Iran est
blacklistée.). Quel jeu y jouent exactement les iraniens? Une partie
d’échecs-jeu dont ils sont les inventeurs- dans laquelle comme il se
doit ils dissimulent parfaitement leur coup suivant. En 2001 ils ont
soutenu les moudjahidines de Massoud dans leur combat contre les
Talibans. Aujourd’hui encore lorsque je l’interroge sur le risque de
leur retour au pouvoir, Mottaki incrimine “ceux qui, à coup de
pétrollars, ont nourrit ces extremistes”, comprenez l’Arabie
Saoudite. Pourtant les services américains et britanniques sont
persuadés que l’Iran leur fournit aujourd’hui de l’armement (des
elements pour des “road bombs” déclenchées à distance au passage des
convois de l’OTAN). En septembre 2007 deux camions d’explosifs ont été
interceptés à la frontière irano-afghane. Mais l’Iran continue de
nier. Il faut dire que depuis le mensonge des ADM en Irak, on ne sait
plus à quelle source se fier…

Dans le même temps l’Iran aide économiquement l’Afghanistan. Mottaki
explique qu’avec $ 500000 les iraniens, très proches culturellement
des Afghans, font ce que “d’autres” (comprendre les pays de l’OTAN)
font avec 5 millions. Et sur ce point, on le croit volontiers.
En résumé, L’Iran soutient Karzai“tant qu’il sera là” (on ne saurait être
plus clair), par réalisme et “parce que c’est le choix du peuple”.
Mais les troupes de l’OTAN n’y seront pas éternellement, et Téhéran
attend leur départ avec impatience pour étendre son influence dans un
pays crucial à ses yeux. De là à forcer un peu ce destin, il n’y a
qu’un pas….

Pour visionner l'entreetien avec Mottaki, rendez-vous sur France24.com. Rubrique débat puis entretiens.

18 avril 2008

Césaire, un héritage

Je crois que ce qui me frappe le plus chez Césaire, c'est que, comme Senghor, il a illustré qu'un homme pouvait adhérer aux valeurs universelles des lumières sans que cela signifie le renoncement à ses racines et à son identité "nègre". C'est un beau message.
Pour une courte bio du poète martiniquais cliquez sur le tire.

17 avril 2008

Sarko n'a plus rien dans son chapeau

Ayant de temps en temps la dent dure envers la gauche française, je crois juste de dire la consternation qui me traverse de part en part au vu de cette première année de "Sarkozie". Ce n'est pas tant le bling-bling, ni le "pauvre con" symptomatique d'une difficulté, comme l'a bien résumé Fabius à se gouverner soit même. Tout cela, j'aurais pu l'accepter, le mettre sur le compte d'une recherche de "contemporainité". Je ne veux pas non plus m'en prendre à Sarkozy personnellement. Trop facile. Non, ce qui m'inquiète c'est que je pensais que nous avions touché le fond avec Chirac et que je commence à me demander si ce n'est pas pire avec Sarkozy. Là aussi, croyez-moi, je pense que la situation du pays est si grave que j'espère vraiment me tromper.
Car au fond, un an après et alors que la France s'apprête à prendre les rennes de l'UE, je ne sais toujours pas ou Sarko veut nous mener. Il y a, en effet un programme de réformes sans précédent mis sur les rails, mais on ne voit ni la direction, ni surtout la cohérence.
Souvenez-vous: Acte un: Le Président s'avance comme le champion du pouvoir d'achat. Il dillapide 40 milliards et se retrouve à sec. Bien sûr, beaucoup de français ont des problèmes de fins de mois, surtout avec la hausse de l'énergie et de l'agroalimentaire. Mais la consommation continue de se tenir à peu près et surtout peut-on distribuer plus quand on produit moins? Mais surtout, à quoi servait-il de faire une telle campagne si au bout du compte c'était pour ronger un des rares leviers de l'Etat, à savoir les allocations familiales? Comment croire Fillon lorsqu'il affirme qu'il est hors de question de faire une politique de rigueur en période de basse croissance, car cela ne ferait, en effet, qu'aggraver les effets de la crise, lorsque dans le même temps on prend la responsabilité de diminuer les ressources des familles? Comme l'a bien expliqué l'économiste du CNAM Michel Godet (qui avait pourtant il n'y a pas si longtemps encore l'oreille du président), chaque enfant grève de 10 à 20% le revenu d'un ménage. Ce qui veut dire que le revenu des familles nombreuses est davantage consommé et contribue au soutient l'activité économique. Sans compter que la démographie française reste l'un de nos derniers atouts en Europe.
Bien sûr, l'Etat doit faire des économies- c'est même la clé-mais pour reprendre une expression en vogue au gouvernement, n'y a-t-il pas à la fois inélégance et lâcheté à faire payer les familles plutôt que de s'attaquer aux dépenses improductives de l'Etat? Evidement cela peut sembler moins risqué politiquement que de défier les syndicats de la fonction publique...
De surcroit, le festival de couacs auquel a encore donné lieu cette affaire- bien raconté ici- renforce l'impression que cette équipe gouvernementale n'est pas "tenue" et n'a pas de feuille de route précise. Enfin, tous ces sujets ne sont-ils pas discutés en conseil des ministres, en interministeriel? C'est proprement hallucinant.
Sarko a joué les durs devant ses ministres en promettant la porte aux mauvais élèves. Pour ne pas perdre toute crédibilité, peut-être devra-t-il passer à l'acte et si cela ne suffit pas virer Fillon. Le Premier Ministre est là pour servir de fusible. Mais sans doute pourrait-il-avant de sacrifier un Premier Ministre compétent et sérieux- se demander si son équipe dispose d'une idée claire de sa ligne politique. Sur ce sujet, comme sur les OGM (souvenez-vous des engagements du Grenelle), ou même sur la politique étrangère, on y comprend que pouic...Car au bout du compte, si d'ici 4 ans et quelques premiers ministres on en est encore là, c'est Sarko qui en fera les frais!
Prenons l'attitude envers la Chine. Vous avez compris, vous, quelle position voulait adopter la France envers Pékin sur la question des JO? Un jour on veut leur vendre des centrales nucléaires et on fait des grandes déclarations d'amitiés en mettant un mouchoir sur les droits de l'homme au Tibet ou ailleurs, le lendemain on évoque un éventuel boycott de la cérémonie d'ouverture, "si les choses n'évoluent pas favorablement". Total, les Chinois sont furieux, spécialement contre la France arrogante et sournoise et ont l'impression, excusez-moi, qu'elle se fout de leurs gueules, alors qu'ils ont l'habitude que les Anglais ou les Allemands les cherchent sur les libertés démocratiques, mais avec moins de bruit de grosse caisse. A l'arrivée, on perd sur tous les tableaux.
Je crois qu'il ne reste plus qu'une seule chose à faire pour corriger ces débuts calamiteux: Se décider enfin à pratiquer un peu de parler vrai, faire la pédagogie de la réforme et surtout agir plus vite en se souciant un peu moins de l'opinion à court terme et en cessant de penser que l'électeur peut être abusé par des tours de passe-passe aussi grotesques. Bref que Sarkozy arrête de se prendre pour Mandrake, sinon il va finir comme Garcimore.

15 avril 2008

Leçons transalpines

Parlons un peu politique. Dans quelques jours sortira un livre très attendu signé Manuel Valls (avec Claude Askolovitch, copinage), intitulé "Pour en finir avec le vieux socialisme". Le très stimulant et prometteur député-maire d'Evry aurait pu aussi bien supprimer l'adjectif...
Dans le débat de France 24 lundi, j'ai animé un face à face entre Antonio Tajani, co-fondateur de Forza Italia et Franco Bassanini du Parti Démocrate, ancien ministre et membre de la commission Attali. Tous les deux revendiquaient leur proximité intellectuelle avec le programme économique de Sarkozy! On pourrait dire que Bassanini est proche de ce que Sarkozy avait promis de faire et Tajani de ce qu'il fait. Reste qu'aucun des deux ne fait l'apologie des dépenses publiques. Au contraire ils se prononcent l'un comme l'autre pour une politique de l'offre, des baisses d'impôts et un désendettement de l'Etat. Bassanini, comme d'ailleurs Weltroni, refuse de présenter le PD comme "la gauche", mais seulement comme "le centre-gauche". Certes la gauche du PS français ne manquera pas de faire remarquer à l'aile droite (Royal, Delanoë etValls) que la rupture du centre et de la gauche, en Italie, a été synonyme de défaite. Ce qu'Eric Dupin remarque aussi ici.
C'est oublier un autre facteur bien plus important que les programmes: Le "Storytelling", (Voir l'essai passionnant de Christian Salmon à la Découverte), c'est à dire la capacité d'un candidat à créer de l'émotion à partir de ses idées politiques, à mettre en marche l' imaginaire de l'électeur, sa capacité de représentation symbolique, un système de valeurs auquel il aura envie d'adhérer. Bref de faire rêver, comme on disait jadis de ce côté des Alpes. Sur ce plan Berlusconi, avec toutes ses casseroles, l'a emporté haut la main.
Reste que l'idéologie socialiste-la tendance pro-chinoise à la Melenchon- jadis très forte en Italie a été complètement laminée lors de ces législatives.
Nous avons eu en France cette gauche, la deuxième, la rocardienne. Elle a réussi intellectuellement mais échoué politiquement parce qu'elle n'a pas voulu ajouter à son réalisme une dimension subjective, affective y voyant- notamment son chef de file Rocard- une trahison, la manifestation d'une inepte démagogie.
La gauche convertie aux réalités économiques, acceptant de porter elle aussi les valeurs individualistes et refusant la diabolisation du liberalisme, devra bien un jour se rendre à l'évidence: Elle n'a plus le monopole du soucis social. Elle pourra alors poser son encombrant bagage socialiste.

10 avril 2008

Retour à Olympie


Confronté aux manifestations de Londres et Paris qui ont donné au parcours de la flamme olympique (transportée dans un bus!) un air de farce, le CIO s'est enfin décidé à réagir, quoique sur un mode très modéré, pour rappeler la Chine à ses engagements. C'était déjà trop pour Pékin qui a répliqué de manière cinglante en rappelant aux gardiens du temple les principes édictés par eux même, à savoir le pseudo "apolitisme" de la charte olympique. Un comble.
L'Olympisme moderne est dans une impasse totale, coincé entre nécessités économiques et contraintes politiques, dont il ne sortira que par un retour aux sources.
On peut d'ailleurs se demander si trouver une ville prête et surtout capable de remplir les multiples critères pour pouvoir organiser les prochains jeux à attribuer- ceux de 2016- ne s'avérera pas une tâche quasi-impossible.
Durant de mon expérience comme consultant éphémère pour "Paris 2012" j'ai analysé les expériences des 30 dernières années. Elles illustrent parfaitement la situation actuelle. Pardonnez l'énumération:
-Munich 1972: La tragédie que l'on sait, et les Jeux n'ont pas été interrompus un seul jour!
-Montréal 1976: Derniers jeux financés exclusivement sur fonds publics. Un désastre économique dont la ville a mis 25 ans à se sortir.
-Moscou 1980: Année du boycott d'athlètes de nombreux pays, dont les Etats-Unis en raison de l'intervention des chars russes en Afghanistan. De ce fait bilan sportif insignifiant. Des jeux pour rien, ou presque.
-Los Angeles 1984: Premier Jeux entièrement privatisés, de ce fait bénéficiaires. Mais dès lors plus rien ne peut plus se concevoir sans les sponsors.
Séoul 1988: On peut admirer pour la première fois le sens de l'organisation asiatique. La Corée du Sud montre qu'elle accède au rang de pays développé.
-Barcelone 1992: Les jeux marquent le retour de l'Espagne dans la modernité. Tout a été pensé pour que la ville soit transfigurée. Triomphe de J.A Samaranch, alors président du CIO. Aujourd'hui, en partie grâce aux Jeux, Barcelone est une des capitales européennes les plus attractives. Ces Jeux sont encore régulièrement cités en exemple d'héritage positif.
-Atlanta 1996: Les JO "Coca-Cola", Ce ne sont pas les Etats Unis qui ont été choisis mais la capitale d'un des principaux sponsors du CIO, et accessoirement de CNN. Choix uniquement dicté par les contraintes du business. Atlanta s'avère être une ville trop petite, ses infrastructures sont ridicules. Il y a des ratés dans l'informatisation des résultats. Modèle de mauvaise organisation, comme le montre en particulier l'attentat devant le parc olympique qui fait 2 morts et 112 bléssés.
Sydney 2000: L'exemple de jeux parfaitement organisés et réussis, portés par une nation qui porte aux nues les valeurs et la pratique du sport. L'Australie a de l'espace, est à l'écart des troubles géopolitiques et...c'est une démocratie. Elle profite de l'évènement pour compenser son éloignement du reste du monde. Une référence, mais difficile de reproduire ces Jeux ailleurs.
Athènes 2004: La Grèce obtient enfin, après plusieurs échecs, le retour des Jeux dans leur mère-patrie. Mais le CIO (et tous les observateurs) sont un peu nerveux. La Grèce moderne n'est-elle pas un trop petit pays? Ses moeurs "méditerranéennes" ne seront-elles pas un handicap insurmontable? Néanmoins impossible de bloquer plus longtemps la demande des Grecs. A l'arrivée, on passe tout près de la catastrophe. Athènes faillit ne pas être prête à l'heure. Les retards dus aux impayés ont pu être rattrapés grâce à la solidarité européenne qui a joué à plein. Du coup, Athènes s'est offert, en quelques années, au prix d'un endettement important et grâce au contribuable européen une modernisation de ses infrastructures qui aurait demandé 20 ans sans les Jeux.
Pékin 2008: C'est le tour de Pékin. Les sponsors et le CIO sont alléchés par les records de croissance. La Chine est un grand pays qui ne lésine pas sur les moyens, y compris les plus discutables pour arriver à ses fins. On a fermé les yeux sur les quasi esclaves venus des campagnes et les expropriations. Une telle "réussite" qu'il a fallu interrompre les chantiers pour ne pas être prêts trop tôt. La Chine prend des engagements sur les droits de l'homme qui resteront lettre morte.
Londres 2012: Paris échoue pour la troisième fois, pour 4 voix seulement (sur 104). Un camouflet pour les héritiers de Coubertin, à qui il est cyniquement rappelé que l'essentiel est de participer! Les raisons de l'échec sont multiples mais on ne dira jamais assez à quel point la grève des transports parisiens, le jour de la visite de la commission d'évaluation du CIO aura été un coup de poignard dans le dos. Finalement le CIO a davantage confiance dans le dynamisme et le cosmopolitisme londonien qu'en ces imprévisibles et quelque peu arrogants Français.
Conclusion: Mis à part Barcelone, Sydney et dans une moindre mesure Séoul le bilan est largement négatif. L'idée de l'apolitisme des JO est une fiction. Tout montre au contraire que l'histoire des Jeux s'inscrit dans l'Histoire tout court. En choisissant Pékin, le CIO a pensé au business tandis que les Chinois, comme tous ceux qui les ont précédé ont pensé réaliser une opération de relations publiques à l'échelle mondiale. Cela ne saurait être neutre ni se limiter à un événement purement sportif. Du reste on peut s'attendre à un festival de performances d'athlètes chinois plus ou moins suspectes, ce qui ne manquera pas de relancer la polémique sur le dopage.
Enfin, réflexion faite, si des Jeux correctement pensés (Barcelone) peuvent durablement façonner une ville, il est exagéré de dire que celle-ci en retire un supplément de croissance. En général celle-ci précède les Jeux qui constituent une lourde charge pour un pays et ses habitants, à peine compensée-pas toujours!- par des retombées d'image positives.
Pour 2016, le CIO cherchera un candidat en dehors de l'Europe en vertu d'une règle non écrite d'alternance entre les continents. Remis de l'expérience chinoise, il souhaitera privilégier une démocratie et en tout cas un pays à économie forte et fiable car les Jeux sont de plus en plus compliqués à organiser. L'Afrique étant de fait hors concours, on regardera vers l'Amérique. Il y aura le Brésil mais apparemment Rio préfère concourir pour la coupe du monde de foot 2014, choix indiscutable et quasi assuré. Les Etats-Unis ayant organisé deux fois des Jeux en 30 ans, cela ne laisse guère que le Canada (Toronto est un éternel candidat malchanceux). Le Mexique étant exclu car il a remplacé la Colombie comme pays le plus dangereux de la région. En Asie, il n'y aurait guère que le Japon mais rien n'indique qu'il souhaite être candidat. On pourra être tenté de retourner en Australie, à Melbourne, cette fois, qui a eu des velléités..Le choix, en tout cas, est restreint. Reste une autre solution, une vieille idée qui pourrait être un remède à tous ces tourments: Décider de revenir à l'esprit des Jeux de l'Antiquité, c'est à dire qu'ils se déroulent tous les quatre ans à Olympie, ou plutôt à Athènes dont les installations viennent d'être modernisées. Les investissements rendus nécessaires seraient bien sûr mutualisés, les installations sportives enfin amorties car contrairement à ce que l'on dit cela n'est jamais le cas. En effet, on ne peut plus y organiser par la suite d'événements comparables aux JO. Et contrairement aux infrastructures touristiques ou logistiques elles sont à fonds perdus, ne profitent qu'aux athlètes de haut niveau et ne laissent aucun héritage. On aurait enfin des JO durables! Mais les sponsors seront-ils d'accord? Le mouvement olympique va devoir faire un choix qui déterminera l'avenir des Jeux au XXIème siècle.

14 mars 2008

Un boycott archaïque et contreproductif

Un confrère arabe du journal « Al qods al arabi » me demande mon sentiment « à chaud » sur l’appel (arabe) au boycott du salon du livre dont l’invité d’honneur est cette année Israël, ou plutôt, comme ont du le préciser les organisateurs, « la littérature israélienne ». Il est sur le point de « boucler » et ne me laisse même pas quelques minutes pour me retourner.
Voici ce que je lui ai dit, et aussi ce que je n’ai pas eu le temps de lui dire :
-La coïncidence avec la célébration du soixantième anniversaire de l’Etat d’Israël a pu donner le sentiment à certains qu’il s’agissait d’une manifestation politique s’inscrivant dans le cadre de la célébration de l’évènement. En réalité il n’en est rien. Il s’agit d’une manifestation essentiellement culturelle dédiée à une des littératures les plus inventives et inspirées du moment, comme du reste son cinéma.
-Cet appel, motivé par la situation alarmante dans laquelle se trouve le peuple palestinien, est d’autant plus contreproductif qu’elle vise à pénaliser des hommes et des femmes qui sont presque tous résolument engagés dans le combat pour la reconnaissance mutuelle et pour la coexistence de deux Etats. Je pense exactement la même chose, pour les mêmes raisons des tentatives de boycott des universités israéliennes. Dans un pays dont 20% des habitants sont arabes, elles font en particulier un énorme travail pour l’accès de cette communauté à l’enseignement supérieur, dont beaucoup d’universités française pourraient utilement s’inspirer.
-Les auteurs et éditeurs arabes qui se priveraient de participer à la vitrine que représente le salon du livre de Paris ne feraient que se tirer une balle dans le pied. Le salon est, pour eux aussi, une occasion unique de se faire connaitre et aussi d’encourager la traduction en arabe d’autres auteurs. On cite souvent cette statistique du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) : Dans l’ensemble du monde arabe on traduit à peine autant de livres étrangers que dans un pays comme la Grèce ! Et ce ne sont pas toujours les meilleurs, quand on songe au succès que rencontre dans les échoppes arabes la traduction de « Mein Kampf », du « Protocole des sages de Sion », ou-pour parler d’un livre plus récent- de « l’effroyable imposture » de Thierry Meyssan qui prétend qu’un complot américain est derrière les attentats du 11 septembre.
-Bref, il n’est hélas pas impossible de penser que cet énième appel-qui n’émane d’ailleurs pas des intellectuels arabes mais d’autorités politiques comme la Ligue Arabe-est une nouvelle manifestation de rejet d’Israël, de sa société, de sa réalité moderne, plutôt que de sa politique envers les Palestiniens.
Espérons qu’il sera peu entendu et que de nombreux auteurs arabes iront au salon avec enthousiasme. Leur démarche ne vaut évidement pas soutien à Israël, elle contribue seulement à la paix. En effet, mieux que n’importe quelle initiative politique, le roman, le récit, le livre en général est la meilleure façon de découvrir ou de mieux comprendre la réalité de « l’autre ».

26 février 2008

Des regrets téléphonés (le salon, suite et fin?)

Et bien, les regrets que j'évoquais ici ce matin étaient bien peu spontanés comme l'atteste cette dépêche AFP tombée cet après-midi.

REMOUS AUTOUR D'UNE PHRASE DE REGRET AJOUTéE DANS UN ENTRETIEN DE SARKOZY

Une phrase de regret de Nicolas Sarkozy sur l'algarade qui l'a opposé à un visiteur du salon de l'agriculture a été ajoutée par l'Elysée dans un entretien avec les lecteurs du Parisien, de l'aveu d'un responsable du quotidien, suscitant mardi quelques remous.

La phrase en question, "J'aurais mieux fait de ne pas lui répondre", sert de titre à l'article publié mardi. Elle se trouve également dans une réponse du chef de l'Etat à une lectrice qui l'interroge sur sa réplique ("Casse-toi pauvre con") lancée samedi à un homme l'ayant insulté au salon de l'agriculture.

"Cette phrase n'a pas été prononcée" devant les lecteurs du Parisien, a expliqué mardi sur différents médias Dominique de Montvalon, directeur adjoint de la rédaction du quotidien. Elle a été ajoutée par l'Elysée tardivement lundi soir après relecture de l'entretien original.

Interrogé sur cette modification, l'Elysée a expliqué à l'AFP qu'on "était passé d'un entretien de 2H15 à trois pages" de journal. "Le texte nous est parvenu hier (lundi) soir tard et a été amendé et corrigé comme ça se fait habituellement. On dit la même chose, l'état d'esprit est le même", a assuré Franck Louvrier, responsable de la communication.

"A 23h45, dans les ultimes délais de notre bouclage, on s'est retrouvé avec une phrase qui n'avait pas été prononcée, une phrase qui devient le titre, car elle est très intéressante et très percutante", a raconté pour sa part M. de Montvalon.

Selon lui, le président "n'avait pas exprimé le moindre regret" lors de son entretien lundi matin, et la nouvelle citation "marquait un changement de ton, on était dans le registre cette fois du regret sinon du remords". "J'en déduis qu'au cours de la journée (de lundi), l'Elysée a fini par prendre la mesure de l'ampleur des secousses provoquées par cette affaire", a-t-il estimé.

Mais le fait que les lecteurs du Parisien qui ont rencontré M. Sarkozy "retrouvent dans le journal quelque chose qu'ils n'ont pas entendu" pose "quand même problème, et on s'en expliquera demain (mercredi) à l'intention de nos lecteurs", a observé M. de Montvalon, promettant de publier la version originale.

Les lecteurs ayant participé à l'interview, et interrogés par l'AFP, réagissaient diversement à cette affaire. Nicolas Sarkozy "n'a pas prononcé cette phrase. Cela pose un petit problème: il nous a dit 25 fois au cours de la rencontre qu'il ne mentait pas. Pourquoi cette phrase et en gros titre ? Ce n'est pas terrible franchement", a réagi Michel Augagneur, retraité de Lagny (Seine-et-Marne).

Mais pour Philippe Laratte, entrepreneur à Bus-Saint-Rémy (Eure), "si ce n'est pas les mots exacts, c'est la même chose dans l'esprit. Je retrouve ce qu'il nous a dit et ce que j'ai ressenti. C'est vraiment un détail".

Selon un verbatim de l'entretien original auquel l'AFP a eu accès, le président a notamment dit aux lecteurs du Parisien: "j'aurais pas dû lui dire: casse-toi".

Cette affaire soulève plus largement la question de la relecture des entretiens par les personnes interrogées. "Les journaux français, je pense au Monde, aux Echos, à des titres très respectables ont une politique qui consiste à faire relire les interviews, alors que déjà, je trouve que c'est critiquable", souligne François Malye, secrétaire général du Forum des Sociétés de journalistes.

Un journal, quel qu'il soit, a-t-il les moyens de dire non au président de la République ? Pour M. Malye, "la marge de maneuvre vis-à-vis des politiques ou des +puissants+ en général est de plus en plus faible".

Faut-il dire tout le mal que je pense de cette pratique de la relecture des interviews (même quand ce ne sont pas, comme ici, des interviews), pratique qui n'est plus guère signalée en exergue, même plus par le Monde qui, il fut un temps, faisait précéder celles-ci de la formule: "Cet entretien a été relu et amendé par M. X"
Mais en France, le rapport de force entre politiques et journalistes est tel que, pas de relecture, pas d'interview.
A la télévision ou à la radio, pourtant, les politiques n'ont aucun droit de regard sur le montage...

Sarkozy au salon (suite)

Pas tout à fait des excuses mais des regrets exprimés devant les lecteurs du Parisien, après le "casse-toi pauvre con"du salon de l'agriculture. On a semble-t-il enfin pris conscience, à l'Elysée, des dégats qu'allaient provoqué cette video dans une opinion déjà passablement déconcertée. Une bien meilleure réaction que celle de Brice Hortefeu qui, voulant prendre la défense du chef de l'Etat, avait cru bon d'affirmer: "il est bon que le Président de la République parle comme tous les Français."

24 février 2008

Sarkozy au salon de l'agriculture: une victoire du net sur la télé

Dans les heures et les jours qui viennent tout le monde va, si ce n'est déjà fait, donner son avis sur l'écart de langage de Nicolas Sarkozy au salon de l'agriculture. Pour ceux qui n'ont pas vu et entendu le Président traiter de "pauvre con" un visiteur qui refuse de lui serrer la main, la video se trouve sur le site du Parisien.fr. Elle a surtout été reprise par tous les grands journaux (Dès hier soir par France 3 et ce soir par France 2 et même (et oui!) par TF1. Claire Chazal-un peu pincée tout de même-a quand même fait le boulot. J'ai voulu en effet vérifier mon intuition, le sujet figurait bien dans les journaux, même si ce n'était pas l'ouverture ni sur la une si sur la 2, chose à mo avis hautement contestable. Il ne faut pas trp en demander! Demain ce sera l'ouverture des radios. Et bien sûr le sujet de conversation numero un au bistro, à l'usine ou au bureau.
Néanmoins, la question n'est pas de savoir-comme je le lis ici ou là- comment les hommes politiques, les stars ou les "pipoles" vont s'y prendre désormais pour contrôler ou essayer de bloquer la diffusion de telles séquences aussi dévastatrices pour leur image. Pour la simple raison que c'est devenu absolument impossible tant il y a d'émetteurs , qu'il s'agisse de blogueurs indépendants ou maintenant de sites de la presse traditionnelle comme celui du Parisien. Ce soir, à 20 Heures, la vidéo avait été déjà vue par plus de 700000 internautes sur le seul site du parisien, sans compter l'effet boule de neige. Il y a quelques années, si ces images avaient été enregistrées par une équipe d'une télévision nationale, le pouvoir politique aurait pu exercer des pressions pour qu'elles soient coupées au montage, ou au moins rapidement retirées de la diffusion. Ce type de censure ou d'autocensure n'est heureusement plus possible, grâce à internet. Non, M. Raffarin, il ne s'agit pas d'images "volées" comme vous l'avez affirmé sur Europe 1! Comment pouvez-vous employer ce terme s'agissant d'un échange enregistré dans un lieu public? En ajoutant que vous regrettez que la presse s'intéresse trop à la vie privée des hommes politique. Alors la visite présidentielle au salon de l'agriculture cela relève donc aussi de la vie privée de Sarkozy?
Pour faire allusion à une autre affaire de vidéo, abordée ici même récemment, j'ajouterai que ce qui est important ce n'est pas le nombre de video mises sur le net, mais leur valeur informative. Et dans ce cas présent, pas de doute que c'est "de la bombe"! Nicolas Sarkozy est à nouveau pris en défaut de sang froid. Il n'est pas piégé, il sait qu'il est filmé et pourtant, comme avec les pêcheurs du Guilvinec, ça sort quand même. Il a décidement un énorme problème de self contrôle. Qui osera lui dire que même s'il est normal d'avoir envie de répondre de la sorte à quelqu'un qui refuse votre main et vous dit "tu me salis", un Président de la République, qui dispose de tous les moyens coercitifs de l'Etat, ne peut tout simplement pas se permettre de s'adresser de la sorte à un Français. Sur le sujet du langage aussi il se doit d'être exemplaire s'il veut pouvoir en remontrer à "la racaille". Plus il s'exprimera de cette façon et moins il sera respecté de ses opposants ou détracteurs, dont les rangs ne feront que grossir. Car on est là au coeur de ce que les Français lui reprochent: Comme le montre la popularité de Fillon qui a cessé de faire pitié, ce n'est pas la politique qu'il mène qui est en cause. Ils l'ont élu en connaissance de cause. Il s'agit de la manière dont il incarne la fonction, le rôle dans lequel l'ont mis les Français, ou du moins l'idée qu'ils s'en font généralement. A la réunion de 8H30 demain à l'Elysée, on serait bien inspiré de lui conseiller de s'excuser.

20 février 2008

Cavada complice d'antisémitisme?

Peut-on utiliser dans une même phrase « juif » et « 4X4 » en faisant allusion au caractère polluant, ou réputé tel, de ces engins sans risquer l’infamie d’une accusation d’antisémitisme ? Nous devons au talent d’agitateur de Guy Birenbaum, à sa "vigilance" et surtout à son sens de l’auto-publicité de nous poser cette question, on l’imagine, cruciale.
Sans rire, elle ne vaudrait pas que j’y consacre plus de deux minutes si elle n’avait pas donné lieu à un début de chasse à l’homme contre Jean-Marie Cavada, candidat ump aux municipales dans le XIIème arrondissement de Paris. Mettons tout de suite les choses au point. Je connais à peine Jean-Marie Cavada et mon objectif n’est pas d’intervenir en faveur de tel ou tel dans cette campagne. Pour être encore plus clair, je considère que, même si on peut discuter de tel ou tel aspect de son action, Bertrand Delanoë est un bon maire de Paris qui mérite sa réélection, d’ailleurs largement prévisible.
D’où vient alors que, grâce à Birenbaum, une partie de la « blogosphère », à laquelle l’équipe de campagne du maire de Paris emboite étrangement le pas, soupçonne Jean-Marie Cavada, sinon d’antisémitisme au moins d’indifférence coupable face à ce qui est présenté comme des propos antisémites ?
Il suffit de prendre la peine de regarder cette video jusqu’au bout avec un tout petit peu d’honnêteté intellectuelle pour se convaincre du caractère scandaleux du procès et même du procédé.
De quoi s’agit-il ? D’un journaliste, M. Stefanovitch qui, devant une assistance au premier rang de laquelle est installé le candidat Cavada, tient des propos de comptoir au lieu d’arguments digne du journaliste qu’il prétend être. Tout y est confondu, à commencer par les camps nazis de déportés politiques (Dachau), avec les camps d’extermination (Auschwitz). L’orateur évoque ensuite un prétendu vote juif, alors que l’on ne peut tout au plus parler que d’un vote communautaire, parmi les Juifs pratiquants dans certains arrondissements de l’Est parisien ( qui peut néanmoins avoir un certain impact local sur le résultat). Le reproche sur côté arbitraire des subventions aux associations est vieux comme la mandature parisienne de Jacques Chirac. Delanöe y a plutôt mis un peu d’ordre mais c’est vrai que la liste des bénéficiaires est digne d’un inventaire à la Prévert. Les montants cités sont au demeurant assez ridicules. Peut-on vraiment prétendre qu’on achète des associations de déportés avec quelques milliers d’euros par an, tout juste suffisants pour payer un coup à boire de temps en temps ? Pas de quoi fouetter un chat.
Il est vrai que les écoles juives bénéficient de subventions publiques et n’accueillent que des élèves juifs, ce qui est contraire à la loi. Cela s’explique par le caractère non prosélyte du judaïsme, mais c’est surtout un débat de sophiste : Je ne connais aucune famille non juive qui souhaite inscrire son enfant dans ce genre d’école.
Venons-en à l’argument massue : Dire que les parents juifs polluent avec leurs 4X4 serait une expression caractérisée d’antisémitisme. Bien sûr, prétendre que les Juifs naitraient avec les clés d’un SUV serait un stéréotype antisémite. Mais on peut aussi affirmer qu’il ne s’agit que de stigmatiser les habitants des banlieues (il est fait référence au 93 et au 94), qui possèdent et conduisent plus volontiers qu’à Paris des voitures encombrantes…et polluantes. Il me semble que Stefanovitch critique là le principe des subventions municipales pour des écoles fréquentées par des enfants de banlieue, alors que les petits parisiens non-juifs n’y sont pas acceptés. En tout cas il est outrageant d’affirmer qu’il s’agit là d’une remarque antisémite voilée.
J’admets qu’affirmer que le maire de Paris privilégie les Juifs et les homosexuels dans un but politique a quelque chose d’un peu de scabreux, et de certainement pas innocent. C’est surtout stupide, et peut-être Stefanovitch a-t-il là du mal à réprimer des préjugés. Je n’en sais rien, et là n’est pas le problème.

A travers Stefanovitch, c’est évidemment Cavada qui est visé. Or, j’affirme qu’il n’y avait rien qui justifiait ou plutôt qui obligeait Cavada à se lever, cramoisi de colère ou d’indignation et à sommer l’intervenant de s’excuser en menaçant de claquer la porte, comme l’aurait jugé correct l’expert autoproclamé des bonnes mœurs politiques Guy Birenbaum.
Cavada ne débat pas directement avec Stefanovitch. Il n’a pas de micro en main et on seulement lui reprocher d’écouter trop distraitement.
Je comprends que l’entourage de Delanöe soit agacé qu’un personnage aussi peu rigoureux que Stefanovitch parade dans des meeting de l’ump, avec un argumentaire aussi faible et partial, et le dénonce. Mais au fond ça fait partie du côté trash des campagnes électorales. Ce qui n’est pas acceptable c’est, sous prétexte de campagne électorale, de chercher à disqualifier un adversaire en laissant entendre qu’il aurait « un fond » antisémite, simplement à cause de ce qu’il n’a pas dit ou pas fait. On n’est pas loin d’un procédé totalitaire, et en tout cas (évitons de devenir outrancier) il s’agit d’ une instrumentalisation scandaleuse de l’antisémitisme. Pour avoir consacré un livre au danger bien réel du « nouvel antisémitisme » (édité, ironie de l’histoire chez Denoël, par le même Guy Birenbaum), je me sens autorisé à le dire : Si tout le monde est antisémite, alors personne ne l’est plus.
C’est ce genre de campagne, de plus en plus répandue sur le net par des polémistes en mal d’existence qui risque de rendre irrespirable si l’on y prend garde le climat du débat démocratique.