Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

28 mars 2007

Besson, les socialistes, l'entreprise et le coup de boule en politique


Je tiens la publication du petit livre du dénommé Besson, Eric- que désormais tout le monde connaît-comme un des rares événements de cette campagne. Et pas seulement parce qu'il a été écrit en collaboration avec mon ami Askolovitch.Derrière son côté évidement pamphlétaire, ce bouquin est tout simplement passionnant par ce qu'il révèle du fonctionnement d'une grande machine politique comme le PS. Besson y était un peu un OVNI, un des rares cadres qui viennent de l'entreprise privée et qui n'ait pas tété de la politique au biberon selon le schéma: Unef- (option sciences-po-Ena)-cabinet ministériel-députation-et pour les plus vernis maroquin ministériel. Le citoyen Besson avait un "vrai" métier et a décidé de s'engager en politique dans le parti dont il se sentait le plus proche, c'est à dire, naturellement pour un social démocrate, le PS. Sa vie, sa liberté il peut et il va la reprendre. Quoiqu'on pense du bonhomme c'est rafraichissant de constater qu'il y a encore des gars qui pensent qu'il y a une vie avant et après la politique.
Dans les années 70, immédiatement avant la conquête du pouvoir il y avait encore beaucoup de militants et cadres du PS qui travaillaient dans le monde de l'entreprise. Forcément, à l'époque ils ne pouvaient pas croûter autrement vu que leurs copains n'étaient pas au pouvoir. C'était des militants de "l'économie sociale", qui rêvaient parfois d'autogestion et parlaient encore de Lip, mais ils étaient encore ancrés dans la réalité. Puis ça s'est gâté, ou ils se sont gâtés on ne sait pas.
Besson nous rapporte ses prises de bec avec son collègue Gaëtan Gorce qui lui balança un jour dans les gencives qu'il se méfiait fondamentalement d'un type qui avait travaillé, comme lui, avec Meissier et en était plutôt fier.
La vie politique française (c'est aussi valable même dans une légèrement moindre mesure à droite) est essentiellement le fait de fonctionnaires ou de permanents politiques ou syndicaux, protégés par un statut. C'est leur métier. Cherchez dans les travées de l'Assemblée les representants de la "vraie vie", les cadres ou les chefs d'entreprise, les artisans et professions libérale...il faut un microscope. Besson est de cette espèce là qui ne peut pas prendre durablement des vessies pour des lanternes. Certains y voient un traitre, moi plutôt un honnête homme.
Il se désole comme des dixaines d'autres responsables qui eux ne peuvent pas vivre sans la politique de ce que le PS reste croupi dans un bain politicien qui l'empêche d'être le parti du mouvement et de la réforme. Il confirme ce que j'écrivais ici il y a peu, à savoir que le PS n'avait effectué aucun travail de fond, progamatique durant ses cinq années d'opposition. La victoire aux régionales est venue trop vite et leur a laissé croire que ce travail était superflu.
Et puis il y a l'affect, bien sûr: Besson, pied noir qui a passé sa jeunesse au Maroc, passionné de football dit avoir compris le geste de Zidane. Il y a des choses avec lesquelles on ne transige pas, par exemple le respect de la famille. Quand ses amis socialistes se sont mis à salir sa vie privée, il leur a filé un méchant coup de boule!

21 mars 2007

Le 21 avril peut aussi tomber un 22 avril

Douze candidats, donc. Au lieu de seize en 2002, année record. Ça ne va pas mieux pour autant dans la douce France. Car douze prétendants, mais toujours autant de trotkistes (trois) et encore plus de représentants de cette gauche "anti-libérale": à la candidate communiste et à celle de l'écologie de gauche-qui furent pourtant totes les deux associées jadis à la "gauche plurielle" de gouvernement- il faut ajouter cette fois-ci le populiste agraire qui séduit aussi bien aux champs qu'à la ville les bobos complexés de voter pour un(e) candidat(e) par trop social démocrate. Bien. On n'arrête pas le progrès conceptuel en France: Ça nous fait quand même six candidats (sur douze, un sur deux!) qui se réclament peu ou prou de l'anticapitalisme et de l'altermondialisme. Il faudra bien quand même que le PS, quand il en aura assez de servir de souffre douleur à cette gauche-là et de retarder son entrée dans le XXIème siècle, tire enfin les conséquences de la situation dans laquelle il se met régulièrement: À la merci d'une gauche protestataire et revendicatrice, qui bien qu'incapable de s'entendre sur une candidature unique, semble toujours aussi mobilisée dans son objectif prioritaire: empêcher la gauche réformiste, la gauche du possible, de gagner et même de figurer au second tour. Elle trouve même des soutiens au sein même du PS, puisque désormais un Mélenchon appelle ouvertement les anti-Royal à voter pour Buffet, sans qu'apparement cela lui vaille la moindre remontrance. Sénateur, il ne craint nulle représaille aux législatives et conserve en poche sa carte de membre de l'auberge espagnole en de la rue de Solférino. Rocard avait bien raison, il faudra peut-être finalement se résigner et solder l'affaire du référundum par une scission. La question européenne, quasi absente de la campagne, est pourtant la question clé, par laquelle passe la solution de 90% des problèmes français. Le PS n'est pas clair là-dessus.
En tout cas Hollande a raison de se faire du mouron: On va droit vers un nouveau 21 avril, se sera d'ailleurs le 22.
Visiblement, il n'a même pas réussi à empêcher les petits maires de gauche de donner leur signature à l'encan, ce qui montre à quel point la gauche dans ce pays, n'a plus de boussole et s'apprête, si l'on en croit les sondages à se jetter dans les bras de Bayrou, quelques mois à peine après avoir succombé à Ségolène.
Bayrou, après tout, est l'ami du député Lasalle qui fit une grève de la fin pour empêcher une délocalisation d'usine de...60 km. Geste devant lequel tombèrent en pâmoison les belles âmes de ce pays qui crurent y reconnaître un acte incroyablement chevaleresque, le fin du fin de la résistance au "capitalisme sauvage", mais fit de la France, une nouvelle fois, un objet d'incrédulité, pour ne pas dire de ridicule, passé les frontières de l'Héxagone.
Les faits sont là: il est minuit moins cinq pour la gauche française qui, non contente d'être tombée au niveau électoral le plus bas de son histoire sous la Vème république se présente donc avec sept candidats et s'est fait volé le seul rôle qui compte, celui du candidat anti-système, anti-Sarkozy même, par un candidat centriste.
Pour Royal, rien n'est joué, c'est ce qui fait malgré tout le charme de cette campagne à l'issue imprévisible. En effet, comme ne cesse de me le répéter un "spin doctor" de mes amis: Une élection présidentielle, c'est rarement un candidat qui la gagne, mais souvent se rivaux qui la perdent. Ça laisse de l'espoir à Ségolène. Mais disons quand même qu'elle semble avoir gâché de belles chances. Jusqu'à la dernière: organiser la réplique à Bayrou sur le thème de la VIème république, qui ne passionne guère au delà de la blogosphère, paraît d'une maladresse insigne.
Tout cela arrive, encore une fois quand on ne met pas à profit son passage dans l'opposition pour mettre à jour ses tablettes programatiques et fixer un cap...Alors, Perrette-Ségolène, adieu veaux vaches, débats participatifs et jurys citoyens....

18 mars 2007

Et si le vote Bayrou signifiait l'esquive du presidentialisme?

Beaucoup de bêtises sont dites au sujet des conséquences institutionnelles d'une victoire de François Bayrou. Venant de ses concurrents, c'est compréhensible il faut qu'ils entaillent sa crédibilité. Que Bayrou laisse croire qu'il pourra gouverner est aussi compréhensible. Mais que les observateurs se laissent avoir, c'est plus curieux.
Il semble que l'engouement pour cette élection présidentielle ait fait un peu vite oublier que la France est un régime parlementaire. Autrement dit la légitimité et le pouvoir procède non de l'élection présidentielle (qui peut toutefois servir de solide marchepied), mais des élections législatives.
C'est pourquoi, si Bayrou gagne (ce qui n'est pas encore le scénario le plus vraissemblable), je fais le pari que PS et UMP rejetterons les propositions d'ouverture du nouvel habitant de l'Elysée. Celui-ci constituera bien sûr un gouvernement dans lequel figurerons ses proches ainsi que quelques personnalités symbolisant la façon dont Bayrou veut que la France soit dirigée, sans esprit partisan. plus une dose de société civile.
Bien. Mais, compte tenu du poids très relatif de l'UDF, même avec une petite prime due à l'état de grâce, il faudra que cette formation choisisse avec qui ses candidats veulent s'allier aux législatives (logique du scrutin majoritaire à deux tours): Avec le PS ou avec l'UMP? On voit mal en quelques semaines se créer une dynamique qui place la petite UDF en tête dans un nombre significatif de circonscription. Si elle ne choisit pas, elle se condamne à être laminée. Si elle choisit, elle redevient un supplétif.
Dans les deux cas, le véritable détenteur du pouvoir exécutif sera le chef du parti vainqueur des législatives. Pour l'UMP ce sera sans aucun doute Nicolas Sarkozy. Au PS, on peut prévoir une lutte éclair et au couteau entre Fabius et DSK (Ségo sera balayée par son échec et Hollande en supportera aussi le poids). C'est un congrès exceptionnel qui tranchera. Je mise sur DSK à dix contre un, car la base du parti est social democrate et européenne.
Comme Bayrou a d'ores et déjà laissé entendre qu'il préfèrerait gouverner avec un premier ministre de gauche, l'électorat sera tenté d'opter pour ce scénario de cohabitation avec la gauche, qui est paradoxalement le moins conflictuel possible. Bien sûr, Sarkozy expliquera le contraire et chacun fera aussault d'amabilité envers le nouveau président. Mais c'est de celà qu'il s'agit: Le pouvoir sera de toute façon à Matignon, comme en 97 avec Jospin. La France ne sera pas du tout ingouvernable, ce système fonctionne très bien et même de façon plus équilibrer que lorsque tous les pouvoirs sont concentrés entre les mêmes mains. La Vème République se mettra à nouveau à fonctionner comme un régime primo-ministériel "à l'anglaise". Bayrou sera un peu plus que la reine d'Angleterre, puisqu'il lui restera la présidence des sommets internationaux...et leministère de la parole. Ce cas de figure ne déplait pas du tout aux Français.

14 mars 2007

Peut-on obliger le PS à changer en brandissant la menace Bayrou?

C'est clair: Il y a en France une majorité d'électeurs prêts à voter pour une alliance du centre, de l'écologie modérée et de la social démocratie. Pour un programme politique comme celui de Tony Blair ( moins la politique étrangère historiquement appuyée sur la relation privilégiée avec les Etats-Unis.). Avec l'intention de vote Bayrou, l' électeur désespéré a peut-être trouvé un moyen de se faire entendre, mais c'est un calcul risqué car ces évolutions là ne s'improvisent pas et une nouvelle humiliation des socialistes pourrait conduire la forteresse à se replier encore davantage sur elle-même.
Ce "big bang" cher à Michel Rocard, à Dany Cohn Bendit et sans doute aussi à DSK ne s'est pas encore produit, en France, essentiellement pour deux raisons:
-l'incapacité du PS à tourner le dos à la gauche radicale, et ce, alors même que les congrès successifs montrent pourtant que les militants sont en faveur de cette ligne social-démocrate.
-Les motivations ambiguës des électeurs centristes et démocrates chrétiens qui au moment du choix s'en retournent plutôt vers la droite que vers une gauche qui ne semble pas avoir renoncé à ses alibis idéologiques.

Or, tout ceci pourrait changer, pour peu que chacun fasse un pas vers l'autre. Cela ne coûterait pas beaucoup car sur le fond, je l'ai déjà dit, plus rien ne sépare ces deux courants, qu'une rhétorique lassante aussitôt oubliée dès qu'ils se retrouvent aux affaires.
Bayrou a donné un gage en votant la censure du gouvernement Villepin. Le PS est encore englué dans ses vieux schémas tactiques, persuadé qu'il est que le centre est une force d'appoint et que c'est à elle de le suivre.
Oui, mais que se passe-t-il si Bayrou menace d'éliminer Royal du premier tour? Comme le note Nicolas Domenach (Marianne), le piège pourrait alors se refermer sur la "volaille socialiste"...

12 mars 2007

Chirac, ou le legs du conformisme français


Il n'y aura donc pas de sortant dans cette élection de 2007. Ce fut déjà le cas en 1995. L'incertitude qui plane sur cette présidentielle tient au fait que nul ne se bat pour revendiquer le bilan, tant il est clair que cette responsabilité est depuis 1981 un fardeau synonyme de défaite. On peut, de ce point de vue, faire un parallèle entre le "droit d'inventaire" façon Jospin et le droit à la différence invoqué par Sarkozy. Certes, tous les deux ont (ou ont eu) besoin d'un soutien dosé de la part du vieux président, mais encore davantage de bien signifier qu'ils ne sentaient en rien des incarnations de la continuité. Troublante, tout de même, la façon dont, depuis presque trente ans la majorité sortante est soit systématiquement battue aux élections, soit obligée de chercher un ressourcement, pour ne pas en supporter l'affligeant bilan. En 1995, Jospin qui avait dirigé le PS et été plusieurs fois ministre s'en sortit dignement mais fut tout de même battu par le Chirac de la "fracture sociale". Pour Sarkozy la subtilité suppose d'incarner la rupture, même "tranquille", sans avoir à supporter le poids du bilan, en particulier en ce qu'il a de plus négatif: chômage, compétitivité (il a été ministre de l'économie et des finances), mais aussi les désordres sociaux profonds de la société française révélés par la crise des banlieues et celle du CPE: ghettoïsation, place de l'Islam dans la République (dans lequel le ministre de l'intérieur a sa part de responsabilité). Ces échecs touchent à l'indécrottable conservatisme français qui privilégie systématiquement ceux qui ont (une naissance, un emploi, un statut) aux dépens de ceux qui n' ont pas (jeunes déclassés, chômeurs, enfants de l'immigration qui sont souvent les deux). C'est cela le véritable mal français dont sont co-responsables toutes les gouvernement français de droite ou de gauche depuis trente ans. Je mets à part les quelques réformes "sociétales" historiques de la gauche en 81-82, et celles de la droite pendant quelques mois en 86-87 pour rectifier les erreurs ou excès de la gauche en économie. A ces deux exceptions près toutes les tentatives venant aussi bien de gauche que de droite pour réformer ou moderniser le "modèle français" se sont fracassées sur le mur du conformisme et du conservatisme français. C'est une des principales explication du "phénomène Bayrou": sa percée coïncide avec une séquence pendant laquelle Sarkozy et Royal, qui étaient encore à l'automne dernier deux incarnations de la rupture et du renouvellement (et oui, du Blairisme n'en déplaise...), ont jugé important de se rapprocher de leurs "origines", chiraquiennes pour l'un, socialistes "éléphantesque" pour l'autre. Pour l'instant le premier résiste mieux au grand écart que l'on observe plutôt d'habitude entre les deux tours du scrutin. Il est aidé en cela par le penchant très marqué à droite de la société française, par son expérience pmersonnelle plus grande et par les souvenirs des épisodes conflictuels avec le chef de l'Etat ("souvenez vous seulement de l'insolence: " moi, je ne veux pas réparer des serrures à Versailles "). Quand on l'écoute il émane de lui une certaine cohérence de fond, celle d'une identité assumée (la droite) qui lui permet de mordre -qui s'en plaindra- sur l'électorat du FN. Ségolène Royal, elle, n'a guère convaincu en tentant de concilier le courage qui fut celui d'une gauche responsable, de Mendès à Rocard en passant par Mauroy, qui lui dicta de commencer son discours de Villepinte par la nécessité de lutter énergiquement contre la dette, avec la frivolité de la gauche archaïque et démagogique qui l'obligea à teinter son discours de promesses de dépenses incompatibles avec le premier objectif et que les Français ont déjà payé très cher.
Pour en revenir à Chirac, il est symptomatique que personne n'ait voulu (à l'exception, hélas encore, de Le Pen) le malmener hier soir . Ni Royal, ni les sarkozystes (car, c'était habile, on n'entendit pas Sarkozy qui se rerservait le lendemain matin pour le ton plus feutré de la radio...), ni même Bayrou qui essaie de rééditer le même coup impromptu que Chirac en 95. Respect du vieil homme qui reconnaît implicitement ne plus avoir les moyens de livrer un nouveau combat? Sans doute. Pourtant, il est clair que, dans le bilan de Chirac, les aspects positifs peinent à dissimuler l'essentiel: une coupable habitude prise dès sa jeunesse à travestir la réalité, de bercer les Français d'illusions ou d'engagements intenables, bref une forme de démagogie revendiquée et impénitente qui lui fit privilégier la conquête du pouvoir à son exercice.
Une assertion prononcée par le président hier soir revient sans cesse dans ma tête et résume cela mieux que tout. Celle selon laquelle la France ne serait pas un pays comme les autres. Qu'est-ce que cela signifie? Certes, il y a la beauté incomparable de ses paysages, la place unique en effet qu'y occupe encore le terroir...et le fait que chaque pays est singulier. Mais s'il s'agit, comme je le crains, d'une nouvelle flatterie destinée à encourager les mauvaises inclinations conservatrices du peuple français, à se gargariser par exemple d'un modèle social injuste et inefficace, bref à bout de souffle et qui nous condamne au déclin...alors Chirac aura immanquablement manqué, aussi, sa sortie.
Nous avons déjà eu l'avertissement de 2002, dont aucune leçon ne paraît avoir été tirée. Le PS aurait pu, par exemple, mettre à profit ces cinq ans d'opposition pour organiser son entrée dans le XXIème siècle. Je ne sais pas très bien comment, mais il faut pourtant espérer que la passation de pouvoir à une autre génération et/ou à un autre sexe (mais rien de tout ceci n'est, en soit, suffisant) fournisse aussi l'occasion d'un redressement. A moins qu'il ne soit trop tard et que, comme l'écrit Jean Michel Apathie , "fatiguée, épuisée par des années d'impérities, la France (ne) parai(sse)mure, malgré elle, pour une aventure politique qui, un jour pourrait aussi se transformer en accident démocratique."

09 mars 2007

Quand, ne craignant plus rien, tonton Raymond en vient à règler quelques comptes...


La harangue de Barre contre le lobby juif, l' éloge funèbre de son ancien ministre Papon, et du "pays" Gollnisch, son autojustification pathétique de ses propos tenus après l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic lui ont valu le soutien du dit Gollnisch mais aussi de Dieudonné, ce qui dit assez dans quel état Barre termine sa vie publique. Là dessus, je souscris à ce qu'en a dit Claude Askolovitch. Nous avons les mêmes souvenirs. J'ajouterai ceci: Barre peut bien en vouloir à un "lobby juif". J'ai déjà dit que cette expression, en soit, ne me choquait pas. Celà a été utilisé par quelques sites pas très bien intentionnés et j'en profite pour préciser: On peut très bien appeler "lobby juif" le regroupement de certains juifs, de certaines associations qui estiment, à un moment donné qu'elles veulent unir leur force pour mettre en échec ce qu'elles considèrent être des actions nuisibles à l'idée qu'elles se font des intérêts des Juifs, mais plus souvent- puisqu'il s'agit de politique- d'Israël. L'ennui c'est que, primo elles peuvent très bien se tromper sur ce qui est bon pour les Juifs et pour Israël: quels Juifs? Les religieux ou les laïcs? Quel Israël? Celui des colonies ou celui qui s'encanaille à Tel Aviv? Bon, déjà. Secondo, l'autre problème c'est que le poids démographique des Juifs Français ne peut faire peur qu'aux antisémites qui ont tendance à le surpondérer. A tout casser 6 à 700000 personnes, et encore pas toutes revendiquées comme telles. Ça ne peut pas avoir de réel poids politique, comme par exemple influencer sur le résultat politique dans une ville comme New York. L'antisémitisme commence lorsque l'on prête à ce "lobby" des pouvoirs, ou une influence qu'ils n'a pas. Mais il arrive, allez, disons deux ou trois fois dans un siècle, que ces Juifs qui ne sont pas d'accord sur grand chose quand il s'agit de politique, soient soudain tous d'accord et avec eux, ça arrive aussi, une bonne partie du reste des Français, assez parfois pour faire une majorité du peuple français. Pendant l'affaire Dreyfus ça n'a pas été sans mal. Sous Pétain, on sait que les persécutions anti-juives ont été le déclencheur, avec le STO, d'un lent mais inexorable retournement d'une opinion d'abord largement maréchaliste vers la résistance, ou en tout cas disons vers les "anti-boches" et "les anti-collabo". Le comportement de Papon a révulsé la France et la justice a tranché. La France juge tout aussi sévèrement l'attitude de Raymond Barre. Ce qui s'est passé, en 1981, c'est que pour une fois, une partie importante des Juifs de ce pays, qu'ils soient de gauche ou de droite ont soutenu Mitterrand. ils l'ont fait comme beaucoup d'autres catégories de Français pour des tas de raisons. Simplement, le comportement méprisant de la France giscardobarriste vis à vis des Juifs et d'Israël en était une de plus. Là dessus, Barre a complètement tort d'incriminer " la partie la plus à gauche du lobby juif". Celle là était de toute façon acquise à Mitterrand. Ce qui s'est passé, c'est que le Renouveau Juif réunissait des Juifs plutôt à droite, plutôt des bourgeois commerçants qui auraient dû craindre l'arrivée des "socialocommunistes", mais qui, à cause de comportements comme ceux de Barre après Copernic, ou de Giscard courbé devant les pétromonarques, ont voté à rebours de ce que leur dictaient leurs interêts sociologiques. Je crois que cela ne s'est pas reproduit depuis.