Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

02 décembre 2005

Austerlitz aux oubliettes!


Je n'ai pas une passion forcenée pour le personnage de Napoléon. Je n'ai pas envie de me lancer ici dans un énième exposé des mérites et des tares de l'empire. Il y a eu des milliers de pages écrites là-dessus et par beaucoup plus compétent que moi. Je m'en fous un peu, comme dirait Houellebecq, nouveau réac désigné par le nouvel obs.
Mais on lit sur les forum internet des torrents d'insanités sur Napoléon, accusé pêle-mêle- comme ici-d'être un précurseur de Hitler, le véritable inventeur de camps de concentration, j'en passe pour arriver, bien sûr, au noeud de la présente controverse: L'empereur a rétabli l'esclavage aux Antilles pour les beaux yeux de Joséphine. C'est le point central du livre de Claude Ribbe, "le Crime de Napoléon" (éditions Privé). On oublie gaiement que Napoléon (ou Bonaparte je ne sais plus lequel) avait auparavant aboli la traite. Mais on n'est plus à ça près.
Ce qui est grave ce n'est pas seulement le déchaînement crétin qui voudrait réduire l'oeuvre de Napoléon à cette seule décision (qui n'est pas un "détail"), c'est que cette campagne a intimidé notre président, notre premier ministre (pourtant grand admirateur de l'homme des cents jours) et même notre Sarko ( au demeurant, lui aussi un "nouveau réac" au sens nouvel obs) au point qu'aucun n'ose se montrer aujourd'hui pour le bicentenaire d'Austerlitz.
Austerlitz, c'est quand même l'histoire de France non? Et ne dites pas que vous n'aimez pas les batailles et la guerre. Moi j'ai répété "Nos ancêtres les Gaulois", comme tous mes camarades de primaire, alors que je puis vous assurer qu'aucun ne l'était, et je le savais déjà! Mais c'était à ce prix là qu'on, fabriquait des petits Français.
Après Jeanne d'Arc, voici les belles âmes, les hérauts des droits de l'homme, prêts à abandonner Napoléon et Austerlitz à Le Pen qui, dit-on caracole déjà dans les sondages non publiés. Continuez braves gens et vous aurez encore des désillusions en 2007...
Nous étions, nous Français chevaleresques, de la fête il y a quelques mois, en Angleterre, pour les 200 ans de Trafalgar. Pensez, on avait même envoyé le "Charles de Gaulle" qui ne fait plus la guerre.
Finkielkraut a bien raison: Un pays qui célèbre ses défaites mais pas ses victoires est un pays qui ne s'aime pas. Comment voulez-vous qu'on l'aime?

15 commentaires:

Anonyme a dit…

Certains semblent en effet vouloir une Histoire univoque et ne célébrer que les saints laïcs (lesquels, d'ailleurs ?)...

Je vois avec grand plaisir que vous avez ouvert les commentaires aux non-googliens. Parfait ! C'est l'occasion, pour moi, de vous dire que ce billet n'est pas le premier que je lise de vous et que j'apprécie particulièrement.

Manquant de temps ce matin et partageant entièrement votre point de vue, je ne ferai d'ailleurs rien de plus sur mon blog que de renvoyer vers le vôtre.

Pourquoi dire autrement ce que vous avez très bien écrit ?

Anonyme a dit…

Jusqu'où ira-t-on dans ce manichéisme ridicule ? Le dernier monstre que la France s'est déniché dans son grenier, ce serait Napoléon ? Houuu ! Honte à lui ! Abattons ses statues, insultons-le !...

Ce serait amusant si ce n'était aussi tragique, cette manie de n'avoir qu'une vue binaire. Les choses et les personnes sont bonnes _ou_ mauvaises ? Pratique ! Mais tellement stupide !!! :(

Anonyme a dit…

Bonjour,vous soutenez tellement Mr Finkielkraut que j'ai du mal à croire votre impartialité. vous n'allez qu'à même pas nous faire croire que notre chèr philosophe est un fan des gens de couleur? je vous rappelle que c'est ce même Monsieur qui a traité les antillais de peuple d'assistés, alors comment croire à un dérapage si ça devient persistant.
Vous le soutenez parcequ'il est pro israelien ou par objectivité?

Sylvain Attal a dit…

A cet utilisateur "anonyme":
J'ai tellement entendu cette question formulée de façon plus ou moins directe. Bien sûr la seule raison que j'aurais de soutenir qualqu'un d'aussi infréquentable odieux monstrueux que Finkelkraut c'est parce qu'il est "pro-israélien". Allons dites le parce qu'il est Juif, puisque c'est ce que vous pensez.
Même lorsque ce n''est pas dit de façon explicite, j'entends à mon endroit ce genre de propos depuis la sortie de mon livre sur l'antisémitisme et celà me conforte dans l'idée que j'ai eu raison de l'écrire.

Anonyme a dit…

M. Attal,

Votre aveuglement confine au raffinement désormais...

Vous faites de grossiers anachronismes en décidant qu'avant d'avoir rétabli l'esclavage (1802), Napoléon aurait aboli la traite. En disant cela vous déformez l'histoire pour qu'elle se rapproche de vos désirs d'adulation de Napoléon.

Les faits sont là :

Napoléon rétablit l'esclavage en 1802
Les anglais interdisent la traite le 2 Mars 1807.
Napoléon, lors des cent jours (par pure stratégie) abolit la traite le 20 Novembre 1815.

La France grâce a Napoléon a deux privilèges, elle est la seule a avoir rétabli l'esclavage, elle est la seule à avoir mis en esclavage des citoyens Français (l'abolition sous la convention de 1794 faisait des esclaves libérés des Français).
Elle est également la dernière grande puissance européenne à avoir aboli la traite transatlantique qui depuis congrès de vienne était hors la loi.

Mal respecté l'abolition de la traite en france a vraisemblabment fait de la france entre 1814 et 1831 la plus grosse nation négrière du monde....



Veillez svp à respecter les faits historiques.

Merci.

Anonyme a dit…

À l'utilisateur qui s'en prend aux vérités déplaisantes dites par AF

Alain Finkielkraut a déclaré que "le peuple antillais, victime de l’esclavage, vivait de l’assistance de la Métropole". Phrase qu'il faut bien entendu remettre dans son contexte car je crois qu'il a continué en disant qu'on ne pouvait pas à la fois toujours accuser cette métropole et accepter son assistance.Ce n'est pas textuel, mais c'est le sens dont je me souviens.

Eh bien oui, les Antilles vivent à coup de subventions européennes et nationales. C'est cette vérité qu'on ne peut pas dire selon vous ?

Benjamin Jules-Rosette, créateur de la Compagnie du Théâtre noir en 1975, metteur en scène et comédien a déclaré dans un entretien , en juin 2005, à RFO (radio France Outremer ):

"Les Antillais sont trop assistés ; cet assistanat nous étouffe et nous empêche de jouer un rôle sur le plan national. Cette infantilisation dénie toute initiative, toute responsabilité. C’est ce que je dénonce."

Anonyme a dit…

Que retient-on de Heidegger ? L'époustouflant philosophe ou l'horrible nazi ? De Céline : Le génial écrivain ou l'ignoble salaud ? De Voltaire : Le grand esprit ou le propriétaire d'esclaves ? De Mao et Staline : Les grands leaders ou les affreux criminels ? On pourrait, ad libitum, multiplier les exemples.

La France doit beaucoup à Napoléon. Mais une partie de la communauté nationale estime, pour des raisons qui tiennent à l'histoire et directement liées au personnage, que le culte qui est fait de l'Empéreur est vis-à-vis d'elle, au mieux, une provocation, au pire, une injure.

Vous qui êtes intelligent voyez bien de quoi ça participe tout ça : Mettre sur la table de la République et à l'agenda de la Nation la question de la reconnaissance entière de leurs composantes diverses. On aime ou on n'aime pas, c'est comme ça.

La France doit encore faire avec sa communauté négro-africaine, j'aurais volontieres dit les Noirs si ça ne vous posait pas problème, le même travail que les Etats-unis ont accompli avec leur communauté africaine-américaine. Et qui fait qu'aujourd'hui un Jefferson, tout propriétaire d'esclaves qu'il fut, est reconnu par la nation américaine entière comme un "Founding Father" et célébré comme tel. Y compris par les Africains-Américains.

Anonyme a dit…

Pourtant on aime bien les célébrations, nous, comme les hochets que sont les médailles, les titres de présidents de choses et d'autres.

Une de plus une de moins, je ne vois pas l'intérêt de glorifier une victoire de nos ancêtres ou alors, il faut aussi accepter d'avoir honte des défaites ou de savoir reconnaître qu'on a commis, au cours des siècles, pas mal de saloperies.

Sevons-nous du passé uniquement pour ne pas en reproduire les erreurs et faisons preuve d'un peu plus de clairvoyance pour ce qui concerne l'avenir.

Anonyme a dit…

Sylvain,

j'ai lu votre livre sur l'antisémitisme et il m'a fait chaud au coeur. C'est concis, argumenté, intelligent, un bel essai et un coup de maitre. Les lignes de fracture sont de plus en plus claires pour certains et, décisions de justice pro-dieudonnesques oblige, ils se cachent de moins en moins même s'ils utilisent encore le vocable "Antisioniste", ils ne trompent plus leur monde. Et un grand bravo pour votre travail sur RTL, LCP ou "Proche-Orient". Vous êtes sur les traces des grands car vous avez du courage : je vous revois, seul contre tous l'autre soir sur RTL, OSER ne pas lyncher Finkie, ce nouveau monstre, oser dire que peut-être, l'ethnie, la religion,...NON, pas le droit ! C'est dans ces moments-là qu'on reconnait les grands.

Anonyme a dit…

Vous semblez, Mr Attal, concernant l'histoire napoléonienne, vouloir, sur ce point-là aussi, jouer à l'historien. Il vous manque cependant, pour que votre jeu soit crédible, quelques informations :

- la traite, qui avait été abolie par la Révolution le 4 février 1794, a été rétablie par napoléon quand il a, le 20 mai 1802, rétabli l'esclavage

- La traite a été théoriquement "abolie" par Napoléon le 29 mars 1815, lors des Cent jours. Mais ce n'était là qu'une manoeuvre tactique, un geste à l'égard des Anglais qui ne fut suivi d'aucun effet concret. Napoléon se garda bien d'accompagner cette loi de mesures qui la rendrait effective. Et la traite continua de plus belle.

- Louis XVII s'engagea, le 30 juillet 1815, à abolir la traite, mais il fallut une ordonnance et trois lois, en 1817, 1827, 1831 pour que cette abolition commence a avoir quelque effet. En fait, j'ausqu'à l'abolition de l'esclavage en 1848, la traite fut tolérée par le pouvoir français, particulièrement entre 1815 et 1833.

Instruit de ces faits, vous conviendrez, Sylvain Attal, que votre tentative de laver Napoléon de son ignominie en en faisant l'abolitionniste de la traite, est grotesque, nulle et non avenue !

Anonyme a dit…

D'autant plus que parler de peuple assisté en parlant des Antillais, ce n'est pas dire qu'ils sont assistés PARCE QUE QU'ILS SONT NOIRS (et blancs d'ailleurs pour partie) !

C'est juste constater que les DOM TOM en grande majorité ont un niveau de vie largement tributaire d'une assistance métropolitaine. Et cette assistance va parfois à l'encontre des intérêts économiques locaux (voir les tarifs Air France longtemps abusifs sans concurrence). Les Antilles auraient parfois plus intérêt à intégrer le marché des Caraïbes et plus largement celui du continant américain. Mais actuellement, c'est la règle européenne qui s'y exerce, avec souvent du Kafka à la clé.

Sylvain Attal a dit…

Dont acte le "auparavant" était en trop. Il n'en demeure pas moins que Napoléon a aboli la traite. Mesure peu suivie d'effet. Sans doute, mais l'abolition a été un processus s'étalant sur un demi siècle. Les pesanteurs économiques et même un certain discours issu des lumières ont retardé l'application des décisions.
les anglais ont joué un rôle moteur c'est vrai mais c'était leur interêt. Il n'y avait pas beaucoup de philantropie là dedans.
Rendre Napoléon responsable de l'escalavage est grotesque.
Quand au paralèlle avec les etats unis: Dans ce pays les noirs ont été officiellement et légalement discriminés jusque dans les années 1960. Ce qui justifie les mesures de discriminations positives.
En France rien de tel ne s'est produit.

Anonyme a dit…

Plus je pense à cette idée de discrimination positive, plus elle me semble de fait proche de celle de De Gaulle au moment où il a multiplié le nombre de grandes écoles.
Comprennat que la France ne pourrait etre compétitive et tenir son rang qu'en sollicitant tous ses enfants, il a développé les classes préparatoires (qui existaient déjà avant ms pas ds une telle proportion).
A l'heure actuelle, si l'"ascenseur social est en panne", je suggère, au lieu de "prendre l'escalier" comme dirait un de nos entrepreneurs immigrés, de fonder des internats d'excellence uniquement accessibles aux faibles revenus.
Si l'on se plaint du faible nombre d'élite issues de milieux populaires, alors il faut pratiquer une discrimination intelligente : favoriser des gens à un concours est profindément injuste, par contre, puisque l'élite se forme ds les classes prépas, als il faut préparer les élèves de milieux pop. à etre performant ds ces classes là. En effet, pour l'avoir vécu, les "parachuter" directement en prépa (les profs croient faire une bonne action) ne mène à rien : ils ont déjà trop de retard par rapport aux élèves de centre ville.
Par contre, si on sélectionnait (via les conseils de classe) à la fin de la seconde les 100 meilleurs élèves d'un département, et qu'on les formait ds des internats spéciaux, à l'image de ce qui existe pour la préparation à St Cyr, ou à certains concours de médecine, afin, d'une part, de préparer le BAC, ms surtout d'avoir un niveau comparable aux élèves de centre ville, als on leur donnerait une vraie chance de réussir, ms sans non plus discriminer les autres. Bref, on rattraperait l'injustice de la naissance, ms au final, ce serait au jeune de faire ses preuves face à sa copie de concours.
Ms la gauche égalitariste va hurler au scandale, elle préfère au nom de l'égalitarisme, qu'il n'y ait qu'un lycée unique, fut il une autoroute vers l'échec...Ou alors elle vénère le directeur de ScPo, alors que fondamentalement, l'inclusion de ces élèves (même s'ils réussissent bien) et profondément injuste

Anonyme a dit…

Ne confondons pas tous les débats. Réduire Napoléon à la légalisation de la traite c'est oublier le code civil et bien d'autres choses. Le problème en l'occurence n'est pas Napoléon- Austerlitz-l'esclavage-l'abolition mais pourquoi NON à Austerlitz et OUI à Trafalgar (aux célébrations duquel la France a participé). Si ce n'est pas du masochisme aigü appelé par les temps qui courent 'Correction politique' qu'est-ce donc? D'où la dernière phrase tout à fait juste de AF et Attal 'Un pays qui ne s'aime pas, comment voulez-vous qu'on l'aime'. A force de toujours battre sa coulpe, à force de tout et toujours "relativiser" et de ne montrer que les aspects négatifs de la francité, on présente un vide moral et un vide de valeurs qui se remplit de haine, de mépris et de dédain vis-à-vis de la France républicaine.

Anonyme a dit…

C'est surtout croire que l'esclavage est exclusivement français. N'oubliez-pas les centaines de milliers de morts de la guerre de sécession, survenue des décennies après Napoléon.
C'est oublier que l'esclavage existe de façon résiduelle mais bien réelle dans divers émirats, jusque que leurs ambassades parisiennes.

Ce que Finkielkraut dit, c'est que l'europe des lumières a accepté puis aboli l'esclavage, même avec l'intermede napoléonien. Quelle autre civilisation a-t-elle également produit son contre-poison?

Enfin, Finkielkraut conteste avec force l'idée que les minorités en France soient des indigènes de la République. C'est un amalgame sémantique consternant, et le rejetter ne signifie pas que l'on puisse méconnaître les discriminations bien réelles dans notre pays. Mais "rejouer" la partie, c'est idiot et dangereux. Car on s'expose à la sanction de toute guerre coloniale : le vaincu doit partir.

Et je pense à la vérité que la plupart des personnes étrangères venues en France, peu importe la manière, souhaitent y rester, et le rôle de nos dirigeants est de rendre cette intégration la plus harmonieuse possible.

Ces indigènes de la République rappellent le discours des organisations palestiniennes : "Israël est un pays fasciste et raciste, mais nous souhaitons pourtant le droit au retour pour y vivre".