Douze candidats, donc. Au lieu de seize en 2002, année record. Ça ne va pas mieux pour autant dans la douce France. Car douze prétendants, mais toujours autant de trotkistes (trois) et encore plus de représentants de cette gauche "anti-libérale": à la candidate communiste et à celle de l'écologie de gauche-qui furent pourtant totes les deux associées jadis à la "gauche plurielle" de gouvernement- il faut ajouter cette fois-ci le populiste agraire qui séduit aussi bien aux champs qu'à la ville les bobos complexés de voter pour un(e) candidat(e) par trop social démocrate. Bien. On n'arrête pas le progrès conceptuel en France: Ça nous fait quand même six candidats (sur douze, un sur deux!) qui se réclament peu ou prou de l'anticapitalisme et de l'altermondialisme. Il faudra bien quand même que le PS, quand il en aura assez de servir de souffre douleur à cette gauche-là et de retarder son entrée dans le XXIème siècle, tire enfin les conséquences de la situation dans laquelle il se met régulièrement: À la merci d'une gauche protestataire et revendicatrice, qui bien qu'incapable de s'entendre sur une candidature unique, semble toujours aussi mobilisée dans son objectif prioritaire: empêcher la gauche réformiste, la gauche du possible, de gagner et même de figurer au second tour. Elle trouve même des soutiens au sein même du PS, puisque désormais un Mélenchon appelle ouvertement les anti-Royal à voter pour Buffet, sans qu'apparement cela lui vaille la moindre remontrance. Sénateur, il ne craint nulle représaille aux législatives et conserve en poche sa carte de membre de l'auberge espagnole en de la rue de Solférino. Rocard avait bien raison, il faudra peut-être finalement se résigner et solder l'affaire du référundum par une scission. La question européenne, quasi absente de la campagne, est pourtant la question clé, par laquelle passe la solution de 90% des problèmes français. Le PS n'est pas clair là-dessus.
En tout cas Hollande a raison de se faire du mouron: On va droit vers un nouveau 21 avril, se sera d'ailleurs le 22.
Visiblement, il n'a même pas réussi à empêcher les petits maires de gauche de donner leur signature à l'encan, ce qui montre à quel point la gauche dans ce pays, n'a plus de boussole et s'apprête, si l'on en croit les sondages à se jetter dans les bras de Bayrou, quelques mois à peine après avoir succombé à Ségolène.
Bayrou, après tout, est l'ami du député Lasalle qui fit une grève de la fin pour empêcher une délocalisation d'usine de...60 km. Geste devant lequel tombèrent en pâmoison les belles âmes de ce pays qui crurent y reconnaître un acte incroyablement chevaleresque, le fin du fin de la résistance au "capitalisme sauvage", mais fit de la France, une nouvelle fois, un objet d'incrédulité, pour ne pas dire de ridicule, passé les frontières de l'Héxagone.
Les faits sont là: il est minuit moins cinq pour la gauche française qui, non contente d'être tombée au niveau électoral le plus bas de son histoire sous la Vème république se présente donc avec sept candidats et s'est fait volé le seul rôle qui compte, celui du candidat anti-système, anti-Sarkozy même, par un candidat centriste.
Pour Royal, rien n'est joué, c'est ce qui fait malgré tout le charme de cette campagne à l'issue imprévisible. En effet, comme ne cesse de me le répéter un "spin doctor" de mes amis: Une élection présidentielle, c'est rarement un candidat qui la gagne, mais souvent se rivaux qui la perdent. Ça laisse de l'espoir à Ségolène. Mais disons quand même qu'elle semble avoir gâché de belles chances. Jusqu'à la dernière: organiser la réplique à Bayrou sur le thème de la VIème république, qui ne passionne guère au delà de la blogosphère, paraît d'une maladresse insigne.
Tout cela arrive, encore une fois quand on ne met pas à profit son passage dans l'opposition pour mettre à jour ses tablettes programatiques et fixer un cap...Alors, Perrette-Ségolène, adieu veaux vaches, débats participatifs et jurys citoyens....
Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen
21 mars 2007
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4 commentaires:
Le problème à mon sens de la candidature Royal est qu'elle n'a pas de sens dèja au sein de son parti, je suis moi assez interloqué du fait que tout cela soit parti d'un sondage et ensuite d'une couverture médiatique à outrance, presque ridicule. Mais est ce de la faute de la candidate ? J'en doute, les cadres du parti sont déconnecter des realités des gens depuis un bon moment, là ou Sarkozy à pris son temps pour acceder au pouvoir, ou même Bayerou, Mme Royal n'a eu somme toute un an, c'est juste pour provoquer l'elan necessaire et affirmer son autorité sur son parti. La responsabilité en incombe à l'ensemble du parti et je vous rejoint parfaitement sur l'analyse ils n'ont pas mis à profit le temps d'opposition, finalement être socialiste en 2007 qu'est ce que c'est ? C'est peut être là d'ou viens le veritable malaise
Fichtre, cela sonne bien juste.
Quand à Mélenchon, il est au sénat, cela exprime tout son potentiel de propositions novatrices.
Ségolène Royal sera au deuxième tour, vous verrez. Après, je crois que Bayrou devra aller jusqu'au bout de sa logique et s'émanciper pleinement de la droite réactionnaire.
Je sens comme vous une évolution sensible vers le vote "utile" en fin de campagne. C'est pourquoi, si j'avais un pronostic à faire, ce serait le même que le votre pour le premier tour. J'ajouterai qu'un deuxième tour ségo-sarko me semble beaucoup plus ouvert qu'on ne le dit. La gauche minoritaire se mobilisera mieux que la droite, et Ségolène Royal peut attirer des électeurs de droite allergiques à Sarkozy. Quel que soit le vainqueur le resultat sera, à mon avis, dans un mouchoir de poche
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