Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

17 avril 2008

Sarko n'a plus rien dans son chapeau

Ayant de temps en temps la dent dure envers la gauche française, je crois juste de dire la consternation qui me traverse de part en part au vu de cette première année de "Sarkozie". Ce n'est pas tant le bling-bling, ni le "pauvre con" symptomatique d'une difficulté, comme l'a bien résumé Fabius à se gouverner soit même. Tout cela, j'aurais pu l'accepter, le mettre sur le compte d'une recherche de "contemporainité". Je ne veux pas non plus m'en prendre à Sarkozy personnellement. Trop facile. Non, ce qui m'inquiète c'est que je pensais que nous avions touché le fond avec Chirac et que je commence à me demander si ce n'est pas pire avec Sarkozy. Là aussi, croyez-moi, je pense que la situation du pays est si grave que j'espère vraiment me tromper.
Car au fond, un an après et alors que la France s'apprête à prendre les rennes de l'UE, je ne sais toujours pas ou Sarko veut nous mener. Il y a, en effet un programme de réformes sans précédent mis sur les rails, mais on ne voit ni la direction, ni surtout la cohérence.
Souvenez-vous: Acte un: Le Président s'avance comme le champion du pouvoir d'achat. Il dillapide 40 milliards et se retrouve à sec. Bien sûr, beaucoup de français ont des problèmes de fins de mois, surtout avec la hausse de l'énergie et de l'agroalimentaire. Mais la consommation continue de se tenir à peu près et surtout peut-on distribuer plus quand on produit moins? Mais surtout, à quoi servait-il de faire une telle campagne si au bout du compte c'était pour ronger un des rares leviers de l'Etat, à savoir les allocations familiales? Comment croire Fillon lorsqu'il affirme qu'il est hors de question de faire une politique de rigueur en période de basse croissance, car cela ne ferait, en effet, qu'aggraver les effets de la crise, lorsque dans le même temps on prend la responsabilité de diminuer les ressources des familles? Comme l'a bien expliqué l'économiste du CNAM Michel Godet (qui avait pourtant il n'y a pas si longtemps encore l'oreille du président), chaque enfant grève de 10 à 20% le revenu d'un ménage. Ce qui veut dire que le revenu des familles nombreuses est davantage consommé et contribue au soutient l'activité économique. Sans compter que la démographie française reste l'un de nos derniers atouts en Europe.
Bien sûr, l'Etat doit faire des économies- c'est même la clé-mais pour reprendre une expression en vogue au gouvernement, n'y a-t-il pas à la fois inélégance et lâcheté à faire payer les familles plutôt que de s'attaquer aux dépenses improductives de l'Etat? Evidement cela peut sembler moins risqué politiquement que de défier les syndicats de la fonction publique...
De surcroit, le festival de couacs auquel a encore donné lieu cette affaire- bien raconté ici- renforce l'impression que cette équipe gouvernementale n'est pas "tenue" et n'a pas de feuille de route précise. Enfin, tous ces sujets ne sont-ils pas discutés en conseil des ministres, en interministeriel? C'est proprement hallucinant.
Sarko a joué les durs devant ses ministres en promettant la porte aux mauvais élèves. Pour ne pas perdre toute crédibilité, peut-être devra-t-il passer à l'acte et si cela ne suffit pas virer Fillon. Le Premier Ministre est là pour servir de fusible. Mais sans doute pourrait-il-avant de sacrifier un Premier Ministre compétent et sérieux- se demander si son équipe dispose d'une idée claire de sa ligne politique. Sur ce sujet, comme sur les OGM (souvenez-vous des engagements du Grenelle), ou même sur la politique étrangère, on y comprend que pouic...Car au bout du compte, si d'ici 4 ans et quelques premiers ministres on en est encore là, c'est Sarko qui en fera les frais!
Prenons l'attitude envers la Chine. Vous avez compris, vous, quelle position voulait adopter la France envers Pékin sur la question des JO? Un jour on veut leur vendre des centrales nucléaires et on fait des grandes déclarations d'amitiés en mettant un mouchoir sur les droits de l'homme au Tibet ou ailleurs, le lendemain on évoque un éventuel boycott de la cérémonie d'ouverture, "si les choses n'évoluent pas favorablement". Total, les Chinois sont furieux, spécialement contre la France arrogante et sournoise et ont l'impression, excusez-moi, qu'elle se fout de leurs gueules, alors qu'ils ont l'habitude que les Anglais ou les Allemands les cherchent sur les libertés démocratiques, mais avec moins de bruit de grosse caisse. A l'arrivée, on perd sur tous les tableaux.
Je crois qu'il ne reste plus qu'une seule chose à faire pour corriger ces débuts calamiteux: Se décider enfin à pratiquer un peu de parler vrai, faire la pédagogie de la réforme et surtout agir plus vite en se souciant un peu moins de l'opinion à court terme et en cessant de penser que l'électeur peut être abusé par des tours de passe-passe aussi grotesques. Bref que Sarkozy arrête de se prendre pour Mandrake, sinon il va finir comme Garcimore.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Et vous auriez pu parler aussi des gros problèmes de Lauvergeon (AREVA) avec le Niger qui commence à rationner et vendre à prix d´or l´uranium de son sous-sol. Une retombée du discours improvisé et désastreux de Sarko sur l´Afrique ?

Chirac était excellent comparé à Sarko.

Un an déjà. Beaucoup de "bling-bling" et rien d´autre.

40 milliards donnés aux plus riches alors que la France est "en faillite"...

A part ça, Dati a augmenté de façon exponentielle les frais de réception de son ministère...

Il nous manque des Bérégovoy, Mendes-France, Barre, Stoléru aux affaires : des types capables, plus intéressés par la bonne marche de la république que par leur nombril ou la couleur de leur cravte (ou chaussettes) ! Et à l´international : De Villepin ou Védrine et non des valets faisant des courbettes à Bush.

Paulet a dit…

Tous ces couacs recents sur des sujets mineurs comme les cartes familles nombreuses ou les lunettes sont revelatrices du fait que le gvt n a entrepris aucune reforme majeure.Peut etre ds 10 ans verra t on que cette incurie etait annoncee des l ete 2007 quand Pecresse renonca a une reforme deja elle meme bien minoree par rapport aux plans initiaux, et qu elle du meme renoncer a la selection en master, ce qui est quand meme un comble...
La seule chance de Sarko c est que la mayonnaise artificielle autour de ce nouveau mai qu on nous annonce prenne. Dans ce cas la manifestation de ttes les forces reactionnaires de ce pays rameneront a Sarko toute la frange de l electorat qui n en peut plus des conservatismes francais

Anonyme a dit…

Quel beau parleur... c'est clair.




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Anonyme a dit…

Cher Sylvain,

vous vous souvenez, on en avait discuté sur votre blog : la promesse de campagne de Sarkozy, "moins de fonctionnaires, mieux payés", qui effectivement était de Bérégovoy à l'origine.

Moins de fonctionnaires, nous y sommes depuis un an, d'ailleurs sans stratégie claire, là non plus, mais simplement une vision purement comptable des suppressions de postes. Mais après-tout, il s'y était engagé. Non, ce qui totalement inacceptable, c'est que, contrairement à ce qui est annoncé dans les médias, les fonctionnaires n'ont même pas été augmentés à la hauteur de l'inflation. Pire : depuis un an, nous avons vu la plus basse augmentation des fonctionnaires depuis très longtemps !

Alors, s'il vous plaît, cher Sylvain, merci de ne pas caricaturer. Sarkozy n'a tout simplement pas tenu, et je pense n'a pas l'intention de tenir sa promesse de campagne d'augmenter le salaire des fonctionnaires.

Vis-à-vis des taxis et des notaires, peut-être les professions qu'ils fallaient le plus déverrouiller, toutes les réformes intéressantes ont été abandonnées.

Bon et puis quid de la suppression d'un poste de catégorie C administratif (qui coûte à peine plus qu'un SMIC), par exemple pour les permis de construire : si la mission est confiée au privé (géomètres pour notre exemple), cela deviendra payant. Quel seront alors les conséquences sur le pouvoir d'achat des français ? Je ne dit pas d'avance que ce sera mauvais, mais je pense que cela mérite un vrai débat.

Je ne doute pas de la bonne foi de Borloo, mais Sarkozy veut-il améliorer le service public, ou le tuer ? Car, pour bien connaitre les Etats-Unis, pays que j'affectionne, et qui est le modèle de notre président, on ne peux pas dire qu'il existe un service public performant.

Samuel A.