Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

08 mars 2005

Argent Public (suite)

Et maintenant "Arsène Lupin à Bercy"! Ce titre, quoique tentant est en fait tout ce qu'il y a de plus inexact pour qui veut résumer la rocambolesque affaire des disparitions de déclarations de revenus de personalités politiques. D'abord parce que l'Express a rectifié ce qu'il avait d'abord annoncé sur son site, le vol-qui ne concerne pas les déclarations de patrimoine mais bien les déclarations de revenus- n'a pas eu lieu à Bercy mais à la direction des services fiscaux de Paris-Sud dont dépendent les personnes visées, ensuite parce que le voleur n'a pas laissé de carte de visite. C'est ce point, la signature ou plutôt l'absence de signature du forfait et les conjectures qu'elle autorise qui m'intrigue le plus. Je suis en plein accord avec le responsable du syndicat national unifié des impôts (majoritaire chez les inspecteurs) avec qui j'ai parlé ce matin: Tout semble avoir été fait afin que l'affaire fasse le plus de bruit possible. Comme si ce qui interessait le voleur c'était moins le contenu des documents que le fait que tout le monde apprenne qu'ils aient pu être subtilisés et le nom des intéressés. Je pense aussi que si un agent avait pris un tel risque, il se serait bien gardé de faire disparaître l'original, et aurait pris au contraire une photocopie. D'autant que dans ce cas précis, seul un nombre restreint de fonctionnaires, autour du directeur des services ont accès au coffre dans lequel sont conservées ces pièces très "suivies". Ce sont eux qui risquent maintenant de se faire taper sur les doigts.
Selon mon interlocuteur du SNUI, ces pièces "sensibles" peuvent occasionellement être réclamées par un service central (direction des impôts, inspection générale des finances, voire cabinet d'un ministre). Elles suivent alors, me dit-il, "un circuit complètement opaque sur lequel nous ne savons rien. Nos demandes d'éclaircissement sont pour l'instant restées sans réponse. Mais nous ne nous laisserons pas soupçonner indûment". On le comprend. Cette description d'un "circuit opaque" a de quoi inquiéter, en effet. Elle permet toutes les interprétations. La plus vraissemblable étant une manip politique.
De qui ou pour le compte de qui? Regardons les noms des "victimes": Fabius, Jospin, Gaymard, Claude Chirac, et vient-on d'apprendre Badinter. Qu'est-ce-qui saute aux yeux? Qu'elles ont en commun d'être toutes des présidentiables supposés ou des proches de présidentiables. Des socialistes ou des chiraquiens. Pas de Sarkozistes. Quelle conclusion est-on tenté d'en tirer? Vous me suivez... Sauf que justement, la ficelle est un peu trop grosse et vous êtes peut-être en train d'aller là on l'on veut vous amener. Car là encore, s'il s'agit de faire chanter des personnalités génantes, pourquoi ne pas s'être contenté d'un vol plus discrêt, assorti de quelques fuites dans la presse?
Déjà, immédiatement après les révélations sur le patrimoine d'Hervé Gaymard, les chiraquiens avaient accusé Sarkozy d' être à l'origine du scandale. Il peut donc s'agir d'une nouvelle opération d'intox. D'ailleurs, pourquoi le voleur n'a-t-il gardé que la déclaration de revenus qui doit avoir peu d'interêt et pas les autres pièces ayant trait au patrimoine des déclarants qui se trouvaient dans les mêmes dossiers?
C'était ma rubrique: Ces bien étranges affaires d'arrière cuisine politique.

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