Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

17 avril 2006

From Finland with love

Retour de Finlande, pas exactement en Laponie finalement, mais en fait en Carélie du Nord, pour ceux qui connaissent, pas très loin de la frontière russe. Une parfaite antidote à la France, la Finlande. Croissance, niveau de vie, égalité des sexes, recherche et développement (Nokia...), excellence du système éducatif (Des lycées dans le moindre bled, des universités même dans des villes moyennes etc...), civisme naturel de la population, protection de l'environnement, et aussi, soyons juste le cafard! Car au moins en France on ne risque pas de s'ennuyer. Le Finlandais, lui, est calme et posé, mais souvent aimable comme une porte blindée! Ce n'est pas qu'il vous veuille du mal, c'est un choc de civilisation. Point final.
Dans le bled où je me trouvais, au milieu d'une somptueuse taïga, j'ai bien fait le vide croyez-moi, c'est ce qui fait le plus de bien avec les vies qu'on mène ici...mais plus d'une semaine, ça prenait des presque des allures de vie monastique.
Mon hôte, Sigi, un ancien entraîneur de ski de fond autrichien qui a plaqué sa vie de cadre sup pour une vie plus saine, c'était carrément un méridional!
Enfin, I am back.
Mauvaise nouvelle: j'avais oublié mon appareil numérique. Bien joué le blogeur! Donc pas de photos.
Bon, dans ces cas là on fait l'inventaire des sujets dont on parle, particulièrement dans la blogosphère: le martyr des Schonberg-Borloo, l'ascension irrésistible de
Ségo, Berlusconi battu sur le fil s'avoue difficilement vaincu, et bien sûr ce cher disparu, le CPE. Franchement vous ne savez pas déjà tout là dessus? Vous avez vraiment encore envie de mon point de vue?
On parle toujours aussi peu du génocide en cours au Darfour, ou des efforts pour lutter contre la pauvreté. A ce sujet, mention spéciale à Gilles Delafon qui consacre une pleine page à Jeffrey Sachs, l'économiste chargé de ce dossier à l'ONU, et ami du chanteur Bono. Il croît possible de sortir de la pauvreté 500 millions de personnes d'ici 2015. Vous avez bien lu: un demi milliard de personnes pourraient, avec un peu de mobilisation des pays riches, avoir une vie meilleure dans 10 ans. C'est à dire que leurs enfants accéderaient à l'éducation, qu'ils auraient de quoi soigner les maladies qui les empêchent de travailler et de gagner leur vie etc...C'est tellement possible, nous dit-il que, déjà, durant les 20 dernières années, le nombre de personnes vivant avec moins d'un dollar par jour a reculé de 500 millions: 1,5 milliard en 1981, 1 milliard en 2001, ils peuvent donc être 500 millions en 2015. Et vous savez comment nous dit Sachs? Grâce à la mondialisation, et à la libéralisation des échanges. Il faudrait donc à présent que les pays riches doublent leur aide au développement et qu'ils ouvrent leurs marchés aux productions, particulièrement agricoles, du tiers-monde. Et bien sûr, corollaire indispensable une meilleure transparence de la dépense publique dans ces pays ravagés par la corruption.
Ce serait un beau programme, internationaliste en diable, pour la gauche non? Mais je ne la sens pas très motivée par le sujet.
PS: Qu'en pense donc le député Lassalle, défenseur de la vallée d'Aspe, qui grâce à une grève de la faim héroïque a réussi a faire échec (provisoirement) aux "bridés" et à leur tentative de "délocalisation"... de 65 kilomètres?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui, oui, mon cher sylvain, tu as bien raison de te révolter contre le silence qui contribue à nourrir l'endémique problème du Darfour. Heureusement que Public-Sénat, investie (blague à part) d'une véritable mission de service public destinée à informer et à former les citoyens à la vie politique, est là pour nous éclairer sur ce genre de sujet. Quant à la Laponie ou à la vie du Grand Nord, je n'en attendais pas autant d'un journaliste "vedette" de la chaîne qui "nous fait aimer la politique"! Faire évoluer la situation du journalisme français telle est la mission de ton blog si j'ai bien compris ?! Un vaste programme que ma situation précaire m'a amenée à regarder précisément. Alors je te donne des idées et quelques unes de mes convictions.
Peut-être aurais-tu pu évoquer la situation des stagiaires ? Néanmoins et je te l'accorde, le sujet n'apparaît probablement pas suffisamment "fashion". Et puis il a l'inconvénient de ne pas (encore?) susciter de révolte. De celle qui entre misère intolérable et cruauté inaliénable vous donne la nausée rien qu'à en parler...
C'est un peu l'histoire de la grenouille cuite. Elle est dans sa marmite sur le feu. Elle nage, elle est bien. L'eau est tiède. Elle se réchauffe mais la grenouille ne se rend compte de rien. La chaleur commence à l'engourdir. Elle se sent fatiguer mais elle ne réagit pas pour autant. Et lorsque la température passe les 50 degrés...elle meurt sans avoir été en mesure de réagir à ce changement...de température. en revanche si la grenouille avait été plongée directement dans une eau à 50 degrés, crois moi qu'elle aurait vite donné un coup de pâte pour sortir de la marmite! Eh bien notre monde c'est un peu pareil. Nous sommes plongés dans une sorte d'inertie qui nous est agréable. Nous ne sommes même plus en mesure de voir à quel point cette inertie grandit. Et un jour, nous mourrons tous de notre ignorance et de notre absence de référence faite au passé. Parce qu'aujourd'hui le monde n'a plus d'étalon...de valeur. C'est l'allégorie de la Caverne (médiatique)...à l'envers.

Anonyme a dit…

Sylvain,
Effectivement, la Finlande c'est magnifique, mais ce n'est pas le paradis pour autant !
il y a au moins un gros problème : la disparition progressive des dernières forêts anciennes, celles précisément où tu devais te balader la semaine dernière.

Ces forêts (pins centenaires qui poussent très lentement, à cause du climat) permettent au dernier peuple indigène d'Europe occidentale , les Samis, de vivre selon leur mode de vie traditionnel, de l'élevage des rennes, en semi-liberté.
Or le défrichage systématique pour l'exploitation forestière des dernières parcelles de forêts anciennes met en péril ces forêts, les lichens, et ainsi toute la biodiversité.

des alternatives existent : les forêts de replantation du sud du pays pourraient suffire à fournir le bois nécessaire aux papetiers.
pour les consommateurs, une seule garantie : le label FSC qui authentifie la provenance des bois (meubles, papiers...)

c'est valable aussi pour l'impression de tes prochains livres !

amitiés,
aurélie

Anonyme a dit…

Bonjour,

Sympa d'avoir à nouveau de vos nouvelles. Nous auront donc compris qu'il ne fait pas si mal vivre en France finalement et c'est bien là l'essentiel. Autant je suis d'accord pour reconnaître des qualités au modèle filandais, autant je ne suis pas certain que sa transposition dans notre cher pays soit possible: différence de culture, d'histoire... Mais on aurait tord de ne pas essayer d'appliquer à notre pays certaines réformes entreprises par ce pays, j'irai même au delà en disant qu'il serait bienvenu de tranposer également la manière de réformer. Car la première réforme à entreprendre dans notre pays est bien celle de la gouvernance qui est totalement déconnectée des réalités quotidiennes des gens mais aussi des entreprises.
Cordialement