Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

13 janvier 2007

Je te laisse, j'arrive aux voeux...

Incongruité française: les "voeux". Trois semaines de salamalèques et autres courbettes auxquels s'adonnent avec frivolité l'élite du pays. Dès les premiers jours de janvier, le Président ouvre le bal avec les voeux au gouvernement, puis aux parlementaires, corps diplomatique, autres corps constitués, "forces vives" (représentant les "vrais gens") et ainsi de suite par ordre décroissant de prestige. Cela se termine par les voeux à la presse. Les journalistes en dernier, donc, mais tout de même invités à l'Elysée autour d'un buffet très réputé pour sa qualité (Ah! ce tartare de Saint Jacques au vinaigre de réglisse).
En ce qui me concerne, en raison d'un fond de sentiment républicain, je réponds à cette invitation et à celle-là seulement. C'est à cette occasion que je croise des vieux camarades que je ne vois plus qu'une fois par an...
Car, c'est là ou ça devient cocasse, emboitant le pas au Président, tout le monde ou presque l'imite, à commencer par le premier ministre et chacun des ministres, secretaire d'Etat etc ...Et chacun d'organiser "sa" petite sauterie de début d'année. Comme ce sont souvent les mêmes, ou presque, qui sont concernés, tantôt comme invités, tantôt comme invitant, on comprend que leur activité "professionnelle" se trouve particulièrement allégée, disons jusqu'au 20 janvier. Heureusement qu'il y a les télephones mobiles pour rester en contact! Mais il n'est pas rare, en cette période, que votre conversation avec tel ou tel de ces édiles soit brutalement interrompue par un: "Je te laisses, j'arrive aux voeux de machin..." Un ancien ministre que je sollicitais ces jours-ci pour un "entretien de France 24", ou une interview si vous préférez, me fit ainsi répondre qu'il s'excusait car il devait assister au même moment aux voeux de...son préfet de région. Bon sang mais c'est bien sûr! Une fois les voeux terminés à Paris, on attaque les voeux régionaux! A l'heure ou la France se met au régime pour corriger les excès des "fêtes", la classe dirigeante, elle, préfère prendre quelques kilos supplémentaires.
Cette année, toutefois, on a pu croire un moment à l'Elysée que l'on allait rompre avec la tradition du discours policé et assez assomant du début d'année, copié sur celui de l'année précédente. Le président de l'association des journalistes de la presse présidentielle (!) termina son discours de "voeux" par cette question qui était en effet sur toutes les lèvres: "M. le Président, s'il vous plaît, dites-nous si vous serez candidat..." Les voeux allaient-ils enfin servir à quelque chose?...Le Président joua parfaitement le jeu, faisant mine d'être surpris (personne n'est dupe, le discours est communiqué avant la cérémonie), avant de répondre: "Celle-là elle vient de loin...ça mérite que j'y réflechisse..."
Et chacun de se dire, alors, qu'il n'était pas encore temps de mettre tous ses voeux dans le même panier.

2 commentaires:

C a dit…

Les voeux à rallonge, une de nos traditions bien franchouillarde !
Je connais très peu de pays où le président fait ces voeux à la presse et pourquoi pas aux bouchers, cordonniers ou infirmiers ?? Certainement une façon de se rapprocher des journalistes dès le début de l'année, en espérant faire table rase de l'année écoulée, et obtenir quelques "bons" papiers en 2007.

Dans tous les cas, j'ai une bonne idée pour réduire le déficit de l'état dès 2008 (car personne n'a chiffré le coût de ces voeux, sans compter un mois politiquement neutralisé...).
Peux-tu le glisser à l'oreille ds candidat que tu ne manqueras pas de rencontrer ?

Anonyme a dit…

Vous oubliez aussi les voeux des grands Groupes et autres Sociétés, et au sein des ces grands Groupes les voeux de leurs filiales et autres grands départements... sans parler encore du "pot" de début d'année entre collègues... Je parle en connaissance de cause. Surtout si l'on enchaîne sur "la Galette"... Et pourtant, si quelqu'un n'y est pas ou plus invité, que de questions, que d'angoisse... Très bonne année quand même, en attendant les voeux de l'année prochaine.

Rina