Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

06 septembre 2007

Une nouvelle occasion historique

On n'a pas assez souligné l'importance du dernier discours de François Hollande devant l'université d'été du PS. Et surtout ce passage, cet aveu: "la France ne travaille pas assez". Je crois que jamais encore un premier secrétaire, un dirigeant important du parti socialiste (surtout dans l'opposition), n'avait fait un tel diagnostic. Royal avait bien laissé entendre quelques critiques contre les 35 heures, ou plutôt leur application, mais n'aurait jamais osé aller aussi loin. Cette reconnaissance (enfin !) par le leader de l'opposition du mal fondamental de l'économie française est un véritable tournant. Hollande a raison de dire qu'elle est plus importante que l'adhésion du PS, acquise depuis longtemps, aux principes de l'économie de marché. Elle devrait normalement signifier qu'il existe un consensus sur cette question et donc (là je m'avance beaucoup) sur les solutions.
Ce constat, même tardif, signifie que les politiques sont d'accord pour penser que si la France possède la croissance la plus faible de tous les pays européens (les chiffres du premier trimestre 2007 sont consternants) cela est du à un problème d'offre et non de demande. Si la France ne travaille pas assez c'est qu'elle est assommée par la fiscalité sur le travail et par un code du travail qui dissuade les entreprises d'embaucher quand leurs carnets de commande sont plein, de peur de ne pouvoir diminuer la masse salariale en cas de coup dur. Or, on peut retourner la question dans tous les sens, la seule piste intelligente était la TVA, dite "sociale" qui ferait participer tous les consommateurs (et non plus les seuls contribuables) sur tous les produits, nationaux ou importés, au financement de la solidarité. Les revenus du travail au noir seraient taxés-presque- comme les autres alors qu'aujourd'hui les salariés supportent l'essentiel du fardeau.
L'argument de l'inflation est fallacieux. Seule la trouille politique explique les hésitations. Aucun des pays qui ont adopté ce système n'ont eu à le regretter. Or, le gouvernement vient de le repousser, en tout cas jusqu'en 2009. Mauvais décision, encore une, après plusieurs choix industriels discutables (Suez-GDF, EADS), une reforme de l'université avortée, et des distributions improductives de cadeaux fiscaux au noyau dur de sa clientèle électorale. Jusqu'ici au moins, Sarkozy, le président le plus prometteur qu'ait eu la France depuis bien longtemps a préféré l'intérêt de ses électeurs aux intérêts de la France.
Reste à voir comment il se tirera de la reforme de la fonction publique et des baisses d'effectifs, autre condition indispensable à la croissance et à la compétitivité. Pour l'instant je reste sur ma faim. On dit souvent que l'élection de Sarkozy est le "mai 81" de la droite. En terme de symbole, de rupture et de promesse (dans le sens noble), c'est vrai. Il ne faudrait pas pousser la comparaison trop loin.
Pas plus que Mitterrand en 1981, Sarkozy n'est responsable de l'état alarmant de l'économie française en 2007. Ce n'est pas une raison pour la plonger encore plus dans la crise, comme le fit son illustre prédécesseur en pensant surtout à nourrir l'appetit du peuple "de gauche" pour les symboles.
Or, aujourd'hui se présente une occasion historique de mener à bien des réformes de structure qu'ont déjà faites tous nos partenaires depuis une quinzaine d'années. Tout est à revoir dans les modes de pensée et de calcul, pour intégrer par exemple la fiscalité écologique. Cesser aussi de raisonner en fonction de taux de chômage, mais plutôt de part de la population active dans la population totale. On sait en effet que la légère baisse des statistiques du chômage dans la dernière année était due à des radiations et à des facteurs démographiques favorables. Elle ne signifiait pas que la France travaillait davantage.
Il est donc plus que temps de quitter nos réflexes malthusiens et de mettre en application les solutions recommandées depuis près de 20 ans maintenant par des centaines de rapports et études, plutôt de constituer encore des commissions composées de brillants esprits qui aboutiront inévitablement aux mêmes conclusions. Tout ou presque était déjà dans la note de la Fondation Saint Simon datée de 1994 et signée Denis Olivennes (aujourd'hui patron de la Fnac), sobrement et justement intitulée: "La préférence française pour le chômage". On en est encore là.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Hello Sylvain

Anonyme a dit…

Cher Sylvain,

tu cites Hollande : "la France ne travaille pas assez"... alors, comme il semble que l'ère Chirac est bien finie, je te donne un peu de travail supplémentaire : lire cet article-là :
http://www.guysen.com/articles.php?sid=6158
et le transmettre à Asko... et peut-être nous faire un bel article sur "Pallywood", cette plaie...

Amicalement,

Anatole