Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

02 novembre 2006

Comment peut-on être smicard?


Je signale ce post très interessant de Daniel Schneidermann, dans le Big Bang Blog. On n'en attendait pas moins de l'indispensable redresseur de tors du PAF: Dévoiler les débats internes d'"Arrêt sur image". Je ne suis pas surpris que certains journalistes soient égarés par une méfiance instinctive envers tout ce qui peut être de près ou de loin assimilé à "la droite". De ce point de vue, Sarkozy, mais aussi TF1 sont "de droite". Cela nourrit l'estime qu'ils ont d'eux-mêmes. La méfiance ne me gêne pas. Je dirais plutôt que le scepticisme est de rigueur dans notre métier, ce qui n'est pas à confondre avec la méfiance qui a une versant trop négatif. De toute manière la méfiance, ou plutôt, donc, le scepticisme professionnel, le recul ou la distance sont des attitudes bienvenues lorsqu'elles s'appliquent à tout le monde et pas seulement à la droite....Or, beaucoup de journalistes ont tendance à investir toute démarche, pensée ou action réputée de gauche d'un a priori favorable. Comme le dit Daniel l'enfer est pavé des meilleures intentions, et dans le cas qui nous occupe (les smicards comme "cible" potentiellement récupérable dans la campagne de Sarkozy), le procès facile que l'on peut faire à TF1 de vouloir influencer l'audience pour qu'elle soit plus receptive aux thèmes de l'ami de Martin Bouygues, empêche tout simplement de poser la seule question interessante, journalistiquement:
Peut-on envisager le retour vers l'emploi d'un nombre important de chômeurs dans un pays ou l'écart est si infime entre la situation matérielle d'un smicard et celle d'un inactif qui vit de revenus d'assistance?
Sarkozy pose ce problème et c'est mal vu à gauche, sauf par Ségolène Royal peut-être. Mais est-elle encore de gauche, vous répondrons aussitôt les belles âmes? Dans le temps, être "travailliste", c'était être de gauche, socialiste même. Il semble que la gauche rejette désormais ces valeurs et qu'elle ait trouvé avec les chomeurs une catégorie plus "prolétarienne" que celle des smicards.

Il y a chomeur et chomeur, mais aujourd'hui, il en est qui ont une vie plus agréable que celle des femmes de ménage ou des caissières. Il est faux de dire que tous les chomeurs font tout ce qu'ils devraient pour retourner à l'activité. Le système ne les encourage pas à se comporter autrement et, en "homo economicus", ils arbitrent en permanence entre leur situation et celle qui deviendrait la leur en cas de reprise d'une activité. Et c'est vite fait, la conclusion est qu'il vaut mieux ne pas devenir...smicard. Comment expliquer, autrement que par des préoccupations d'ordre moral supérieures, le fait que malgré celà les smicards préfèrent le rester plutôt que de goûter aux délices de l'oisiveté? Pourquoi la gauche est-elle devenue à ce point amorale, renonçant à récompenser l'effort et le mérite, au mépris de toute justice?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous souvenez-vous de cette étonnante confession de François Laborde, sur le plateau d'ASI : "il y a peut-être un préjugé anti-satko à la rédaction"... Ceux qui voient en TF1 une chaîne pro-sarko devraient peut-être aussi méditer cela.

Anonyme a dit…

non il n'y a pas chômeur et chômeur... il y a des salariés qui cotisent à une assurance pour couvrir un risque : la perte de leur emploi... si on est pas content de ce sytème il suffit d'arrêter d'obliger les salariés à cotiser à cette assurance... chacun choisira en connaissance de cause... de plus aucun discours sur les licenciements abusifs et l'obligation pour un salarié de passer deux à trois ans en justice avant de pouvoir obtenir gain de cause... les assedics devraient poursuivre les employeurs qui licencient sans cause réelle et sérieuse et demander des dommages et intérêts... mais bizarrement on préfère le discours traitant les chômeurs de feignasses alors que sûrement 90% d'entre eux sont victimes...

Anonyme a dit…

"Peut-on envisager le retour vers l'emploi d'un nombre important de chômeurs dans un pays ou l'écart est si infime entre la situation matérielle d'un smicard et celle d'un inactif qui vit de revenus d'assistance?"

Le problème, c'est la conclusion qu'on en dire. Je vois que vous ne vous mouillez pas trop. Est-ce que vous dites ça pour taper sur les revenus des précaires, comme Le Point y incite en multipliant les sujets sur les "profiteurs" (bien entendu ceux qui se gavcent de stocks options, même lorsqu'ils sont mauvais gestionnaires, ne sont jamais désignés comme privilégiés) ou pour dire qu'il faudrait augmenter le SMIC ?

Vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a de plus en plus de travailleurs pauvres. On en trouve même qui ne peuvent se loger et qui sont SDF.