Voici les impressions que je n'ai pas pu donner ici dès hier soir, étant à l'antenne de la soirée électorale de France 24 (qui fut soit dit en passant un grand succès, vous devriez essayer ça change!)
Comme l'a souligné assez justement hier le publicitaire Claude Posternak sur notre plateau la France sortie des urnes de 2007 a fait un bon en avant de 50 ans en distinguant nettement 3 candidats "modérés", adeptes de l'économie de marché et favorables à l'Europe. Je préfère le visage de cette France là, avec un Le Pen à 11% que celui de 2002. Sarkozy a réussi à l'affaiblir. S'il est élu, il faudra surveiller le FN comme le lait sur le feu, c'est à dire ne pas décevoir cet électorat chatouilleux.
La France est sortie en une soirée du chiraquisme, comme le montre le résultat de la Corrèze, ou Ségolène Royal est en tête!
La première leçon qui doit être retenue, c'est que la démocratie, pour rester vive et joyeuse a besoin de renouvellement, ce qui veut dire que nous serions bien inspirés de retenir cette leçon qu'appliquent déjà nos voisins: Quand on a perdu, on se retire du jeu, on laisse la place à d'autres. Quand on gouverne, il est normal que l'on cherche à se representer, mais pas plus d'une fois. La participation massive d'hier est la marque d'un espoir dans une nouvelle génération.
Pour le reste: Sarkozy est haut, très haut même, la gauche à un niveau historiquement bas. Il sera dur à battre. Le fait qu'un nombre non négligeable d'électeurs de centre-gauche aient voté Bayrou est un signe d'impatience dans la lenteur du PS à se moderniser. Mais il ne peut pas y avoir d'alliance UDF/PS dans de telles conditions.
Pourquoi? La logique du scrutin majoritaire impose en effet de faire des alliances entre les deux tours. Ivre de son score, Bayrou a oublié ce petit détail. Or, les élus UDF vont commencer à s'inquiéter de leur sort aux législatives. Et il est probable qu'une majorité des électeurs de l'UDF, même avec des réticences se sentent sans doute plus proches du projet de Sarkozy. Il ne paut pas s'atteler à un PS faible (Ségolène Royal ne fait guère plus en pourcentage que le total Jospin+Chevènement+Taubira en 2002). Bayrou n'a pas d'autre choix que de laisser la liberté à son électorat, sauf à se condamner à ne plus compter du tour dans les 5 ans à venir.
En effet, dans toutes les démocraties européennes les partis charnières (comme le FDP en Allemagne) vont vers le pôle qui attire le plus. Or, le PS n'est pas assez fort pour agréger les centristes. Il doit d'abord faire sa mue, pour retrouver un étiage d'environ 30% qui fait que l'on devient interessant pour ses alliés. En cas de défaite le 6 mai, il serait bien inspiré, cette fois-ci, d'y travailler sérieusement et de ne pas seulement compter sur l'anti-sarkozysme pour revenir au pouvoir, ou de se laisser griser par des victoires aux élections intermédiaires.
Il est normal que l'UDF, comme d'ailleurs le FN , les verts, etc... demandent une dose de proportionnelle. Mais ce mode de scrutin sympathique en apparence est en fait vecteur d'instabilité et d'opacité. C'est celui de la IVème république, des combinazione qui au bout du compte signifient que les électeurs sont floués. Si on veut aussi, ce qui est absolument necessaire, renforcer le parlement il faut que s'y dégage des majorités claires et que les gouvernements ne soient pas menacés d'être renversés toutes les deux semaines...
La tonalité de la campagne du deuxième tour sera interessante. Si la gauche mise uniquement sur l'antisarkozysme, elle risque d'aller vers une nouvelle déconvenue. Outre que ce serait un choix médiocre, il ne se trouvera pas une majorité de Français pour croire qu' un homme qui a déjà obtenu déjà plus de 11 millions de voix au premier tour est dangereux.
Je me demande comment quelqu'un comme Jean François Khan va réagir lorsqu'il verra que son préféré Bayrou n'adhère pas au TSS, "tout sauf Sarko"?
Il faudrait plutôt que Ségolène Royal explique pourquoi elle pense que ses propositions sont meilleures pour la France, sur le plan économique et social, sur celui de la politique étrangère et européenne, sur celui de l'intégration des populations reléguées dans les banlieues, que le projet de Sarkozy. Mais elle devrait pour cela préciser au préalable un programme qui est résté dans le flou sur de nombreux points.
Voilà, sa marge de manoeuvre paraît bien étroite (on est plutôt dans le cas de figure 74 que 81), mais c'est une autre campagne qui commence!
Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen
23 avril 2007
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1 commentaire:
Vous semblez pessimiste sur les chances de succès de SR.
C'est vrai qu'elle doit s'atteler à défendre ses propositions plus qu'à attaquer son rival.
Samuel.
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