Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

30 mai 2005

Le Boomerang

Chirac s'est mangé un retour de fracture sociale en pleine figure. Les Français n'ont pas rejeté l'Europe, ils ont poussé un cri contre les conséquences des politiques européennes sur leur vie, et particulièrement sur l' emploi. Tout le monde est pourtant d'accord, de Paris à Berlin sur l'ineptie des "critères de convergences" que, du reste, plus personne ne respecte, sur l'imperium, pour la BCE, de baisser les taux d'intérêt, sur la nécessité de mettre en place une véritable politique de croissance, financée par l'emprunt, et une préférence européenne qui protège le salarié européen du dumping social. Faute d'avoir compris cela à temps, on a laissé une alliance improbable de populistes de droite et de gauche récupérer le malaise français. Le résultat est devant nous: L'Europe est stoppée et de quelle façon! Demain Chirac avec son futur premier ministre Dominique de Villepin referont ce qui leur a le mieux réussi dans les sondages: de la démagogie. Au lieu de dire non aux Etats-Unis, ils passeront leur temps à dire non à Bruxelles, à Tony Blair qui sera bientôt le président de l'Union pour six mois. Ils croiront ainsi interpréter le vote de dimanche en canardant les Bolkestein et les Mandelson, tentant ainsi de canaliser la bronca française vers de nouveaux boucs émissaires alors qu'ils sont, eux, les véritables responsables. "Si nous ne pouvons les gouverner, suivons les", sera leur mot d'ordre.
Et pourtant l'Europe n'est pas seule responsable. Pas davantage le libéralisme, dont Chirac a fait un repoussoir, contribuant ainsi à la victoire du non qui est, en France celle de tous les anti-libéraux.
Il n'y avait pas de fatalité à laisser la technocratie bruxelloise en faire à sa tête. Depuis dix ans, Chirac mais aussi Jospin qui a gouverné pendant 5 ans, n'ont absolument rien fait pour réformer le marché du travail français dont la rigidité explique beaucoup la précarité sociale. Du coup comme ils n'ont pas tenu ce discours de vérité, ls n'ont pas pu réclamer assez fortement, à Bruxelles, cette nouvelle politique européenne qui s'impose.
La France, après un tel Non, n'a plus, en Europe qu'un pouvoir de nuisance.
L'autre solution, après un tel désaveu du pouvoir, serait une clarification, avec, au moins, une dissolution de l'Assemblée Nationale. Mais Chirac ne s'y résoudra jamais car elle sonnerait la fin de son règne calamiteux.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je vous transmets un article qui laisse penser qu'il n'y a pas que les institutions qui sont a bout de souffle :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-655951@45-1,0.html

Merci M.Colombani, vous avez oublié de demander une impulsion libérale et salutaire...