Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

27 juin 2006

Moretti, Berlusconi, la démocratie, la vie


"Pourquoi donc aucun cinéaste n'a-t-il jamais fait un film sur Berlusconi?" se demande la jeune Térésa dans "Le Caïman", dernier-et magistral-film de Nani Moretti. En effet, il semble que la veine du film politique (assez avec le terme galvaudé de "citoyen"!) qui connu ses heures glorieuse dans les années 70, soit bel et bien épuiée. Ce qui vaut pour l'Italie vaut aussi pour la France, où il fallu attendre Karl zéro pour faire un film (et encore un documentaire) sur Chirac.
A un moment, un nouveau riche polonais, sollicité pour financer ce fameux film sur Berlusconi, ironise sur "l'Italie d'operette": "Vous autres Italiens, on croit toujours que vous avez touchez le fond, mais vous continuez toujours à creuser, à creuser". Nous sommes bien leurs cousins germains...
Là ou le film de Moretti mérite toutes les louanges c'est qu'il s'agit surtout d'un film sur la difficulté de le faire, ce film sur Berlusconi, ce film sur la politique, alors que le public redécouvre avec Tarantino-et les sous-Tarentino-les charmes du film de genre, avec une prédilection particulière pour les héroïnes guerrières, pâle reflet des fantasmes et archétypes sado-maso.
Dans le film, l'acteur sollicité pour jouer Berlusconi (et interprété par Moretti lui-même) fait ainsi part de son sceptiscisme: "A quoi bon faire un film sur Berlusconi, tout le monde sait déjà tout sur le personnage. Il n'ya que les gens de gauche qui veulent qu'on leur parle de ce qu'ils savent déjà". Pourtant, le film, après moult péripéties, se fera bien et avec l'acteur préssenti.
Film triple (au moins), sur l'Italie, sur l'examen de conscience d'un producteur de série B en train de rompre avec sa femme, embarqué par hasard, au milieu d'une bande de gauchiste dans une aventure dans laquelle il trouvera sa planche de salut.

J'ai un peu tardé à voir ce film et je vous en parle un peu tardivement. C'est un film indispensable sur la faiblesse de la démocratie, l' incapacité du peuple à se dresser quand la liberté est instrumentalisée par des démagogue affairistes. Et, finalement, sur la primauté de la sphère privé.
En sortant, je me disais que la démocratie, vue par Moretti, est assez bien résumée par cette maxime populaire: La dictature c'est ferme là, la démocratie, cause toujours...

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