Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

10 mai 2006

Putain 25 ans!

Dire que cela fait un quart de siècle et que je m'en souviens comme d'avant hier. De chaque moment ou presque. De mon bureau de vote, des vêtements que je portais. Du bel après midi, des rumeurs, de l'ambiance autour de la rue de Solférino. Des copains et des copines perdus de vue. De ceux qui ont fait du chemin...De la Bastille, de la pluie...Ce n'est pas que les souvenirs soient intacts qui est surprenant, c'est qu'il semblent si proches. Première constation: On ne s'est pas vu vieillir. Deuxième constation: Si peu de choses ont changé, alors que la gauche voulait "changer la vie". Peu de choses à ceci près: Jusque là l'alternance ne s'était pas produite depuis 25 ans. Dans les 25 années suivantes elle s'est produite à chaque élection. Troisième constation: La déliquescence de cette fin de règne chiraquienne relativise les turpitudes mitterrandiennes.
Hier, au Sénat, les socialistes inauguraient une nouvelle salle de réunion. Elle porte le nom du vainqueur du 10 mai. Une ancienne chapelle, toute en longueur. Au mur du fond, comme sur un autel, un immense portrait en noir et blanc de Mitterrand, une rose au poing. Le banc et l'arrière-banc socialiste étaient là. Mauroy, vieil homme très digne, qui évoqua une rencontre impromptue avec la veuve de Léo Lagrange, ministre de Léon Blum, qui lui demanda de monter chez elle un instant ce soir là: "Viens Pierre, Il faut que je te parle du Front Populaire." Mauroy, dans l'euphorie, s'exécuta, acceptant de perdre un peu de temps précieux alors que Mitterrand, qui venait d'être élu Président et allait le nommer à Matignon, l'attendait impatiement. Il fallait prendre en main la France et, en cet instant historique, Mauroy évoquait les congés payés avec une retraité du Front Populaire! C'était pour lui une façon de faire le lien entre les deux époques. Deux ans plus tard Mauroy prenait sans état d'âme le tournant de la rigueur, en homme d'Etat. Aujourd'hui on sent que tout le monde le respecte au PS. Il est peut-être le seul dont on puisse dire cela. Fabius était là aussi. Beaucoup d'allure, la mine grave. DSK, l'air éternellement en maraude. Hollande toujours souriant et chaleureux. Et puis Lang, Pierre Bergé, Dumas. Il paraissaient tous immaculés. rescapés de l'inventaire. L'étendue de l'affaire Clearstream et ses ramifications les avantagent. Pas si tordus que ça tout compte fait, pouvait on se dire.

Chirac leur a joué un dernier tour en choisissant le 10 mai pour célébrer l'abolition de l'esclavage. Du coup, ils étaient interdits de fête pour cause de banquet à Chateau Chinon. "Pour nous, le 10 mai c'est le 10 mai 81". a dit Mauroy, stoïque.
L'évènement était donc aussi au Sénat aujourd'hui, sous mes fenêtres. Beaucoup de jolies tenues colorées, de visages radieux, sincèrement heureux de voir une injustice réparée. je crains pour eux que la deuxième célébration ne passe beaucoup plus inaperçue en 2007.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Les fautes des uns rachètent-elles les fautes des autres ?

Peut-on pardonner à Staline parce qu'il y a eu Hitler ou inversement ?

Mitterrand et ses proches restent aussi coupables qu'auparavant et n'absolvent pas Chirac et les siens. L'oubli est un terrible ennemi.