La justice est saisie après les insultes proférées publiquement par Georges Frêche, non pas contre les Harkis en général mais contre quelques uns avec lesquels il avait un différent politique. Celà reste un comportement particulièrement indigne, venant d'un élu du peuple. Frêche a finalement été suspendu des instances du PS, mais Hollande, décidément allergique aux conflits s'est fait prier. La France devrait s'inspirer du système anglais qui permet de mettre en congé temporairement un élu, un peu comme une exclusion temporaire dans une compétition sportive. Ken Livingstone, le maire de Londres, vient d'en faire les frais: 4 semaines de suspension pour voir traité un journaliste juif de "gardien de camp de concentration." Au moins Frêche s'est-il excusé, ce qu'a obstinément refusé Livingstone.
Au delà de cette lamentable affaire, il peut-être intéressant de poser la question des limites imposées au discours politique, ou par extension à d'autres catégories de professions en contact avec le public comme les enseignants ou les journalistes, dont on veut à la fois qu'ils s'écartent le plus possible de la langue de bois et du politiquement correct, au risque de choquer des minorités ou des communautés de plus en plus chatouilleuses sur la question.
La longue liste des dérapages de Frêche ne plaide pas en sa faveur, c'est pourquoi un rappel à l'ordre, et en effet une sanction s'imposait.
En revanche, il me semble que la suspension, pour 4 mois, du professeur de physique du lycée d'enseignement catholique Gerson (Paris XVI) relève de l'acharnement. "S'il tu as froid dans le frigo (la dour de récréation ou l'élève juif était puni), il restera de la place pour toi dans le four." avait ironisé M. Ricci. Sans doute la blague n'est-elle pas bien maligne. Mais il ne faut pas confondre balourdise et antisémitisme. Certains élèves font remarquer que "le four" c'était pour M. Ricci le bureau du surveillant général où "ça chauffe pour les élèves." On ne peut accuser aussi légèrement un homme d'antisémitisme.
Où alors au train ou vont les choses il faudra bientôt rebaptiser la rue du Four à Paris, au motif qu'elle rappellerait de mauvais souvenir aux juifs...
Cette histoire me rappelle la scène inaugurale de "La tâche", le roman de Roth. Un professeur d'université commet l'imprudence de se demander devant sa classe si deux de ses élèves qui brillent par leur absence ne sont pas des "zombies". Il ignore qu'il s'agit de deux étudiants noirs et c'est le début d'un enfer qui va conduire à sa suspension pour cause de propos racistes...
Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen
03 mars 2006
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4 commentaires:
Dans on refait le monde du 1er mars, émission de rtl à laquelle vous participé de temps en temps, Claude Askolovitch a dit que pour lui George Frêche n'était pas raciste et qu'il ne fallait pas en faire tout un plat de ses déclarations. Ces propos m'ont fait me poser une question : comment expliquer aux jeunes des quartiers que Georges Frêche n'est pas raciste mais que Dieudonné est antisémite quand leurs propos sont de la même nature (injures et blagues douteuses) et ne sont pas des actes isolés ? Ne pas dénoncer les propos (pas seulement les propos récents) de Frêche comme des propos racistes c'est laisser croire qu'il y a 2 poids 2 mesures et que si vous êtes blanc vous pouvez dire tout ce que vous voulez… c'est non seulement stupide mais également dangereux. Pour rester crédible il faut dénoncer toutes les discriminations. Certes il faut aussi savoir faire la distinctions entre propos et comportemetns racistes et antisémites et maladresses orales... et c'est parfois bien difficile !
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Vous parlez d'une sanction: suspendu du bureau national, la farce. Le PS aura du mal à jouer les effarouchés si d'aventure un Le Pen venait à déraper. Et cet ainsi que nos valeurs se liquéfient...
Je découvre votre blog : bravo.
J'ai renoncé il y a 4 ans à avoir la télé du fait des mensonges "à la louche" qu'on nous sert à longueur de temps.
J'aime votre façon d'écrire, je pense que grâce à vous, je vais à nouveau me tenir au courant de l'actualité (via ce blog, il s'entend), moi qui suis si inculte dans ce domaine.
Merci.
Edith.
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