Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen
21 avril 2005
Jospin, le retour?
Personnellement, j'éprouve toujours un frisson lorsque revient cette date. Quel cauchemar! Cette année particulièrement alors qu'il est évident que la gauche, loin de tirer la moindre leçon de ce désastre, prépare les conditions de ses futures défaites. La voiture fonce dans le mur et la moitié au moins des passagers rigole!
En revanche ils rigoleront moins lorsque le chauffeur de 2002 reprendra bientôt le volant. En effet, toutes les conditions seront bientôt remplies pour un retour effectif de Lionel Jospin, 3 ans après le "séisme" qui l'avait poussé à annoncer brutalement son retrait de la vie politique.
Jospin, qui s'exprimera le 28 avril sur France 2, en faveur du oui, fera sa première apparition à la télévision depuis cette funeste soirée électorale. C'est déjà un signe fort, car un simple militant de base du XVIIIème arrondissement de Paris a en général du mal à se faire inviter à la télévision.
Surtout, il interviendra alors que le PS est en réel danger d'implosion. Julien Dray, quelques minutes après sa participation, mardi, au face à face de "Public Sénat" face à François Baroin, m'a confié qu'il n'imaginait pas que les partisans du Non iraient aussi loin dans leur campagne, c'est à dire qu'ils "jouerait la scission". Durant le débat il a eu, envers eux, particulièrement Fabius et Mélenchon, des mots extrêmement durs, les plus durs que j'ai jamais entendu prononcer, en public, par un dirigeant socialiste envers un de ses pairs. Le débat est rediffusé demain vendredi sur Public Sénat (TNT, cable, satellite et internet) à 10H35 et 22H45.
Comment, en effet croire aux convictions de Mélenchon? Dray se souvient encore comment, ministre de Jospin, Mélenchon avait alors imploré les députés de la gauche socialiste (dont Dray) de ne pas voter contre le traité de Nice afin de ne pas gêner "Lionel"...Le même prône aujourd'hui le Non à un traité bien meilleur que celui de Nice, comme tout le monde le reconnaît.
Quatre ans après, Jospin n'a pas été remplacé au PS. Au contraire, il faut faire le constat qu'Hollande, malgré ses mérites, ne dispose pas de l'autorité nécessaire pour créer le rassemblement au lendemain du 29 mai, quelque soit le résultat. Dans ces conditions, il y a fort à parier que, au nom de l'union des socialistes, Jospin se laissera bientôt convaincre de revenir sur sa promesse et se consacrera à remettre ses camarades en ordre de bataille pour 2007, faute de quoi, un nouveau 21 avril paraît inévitable. "Ni avec lui, ni sans lui", telle sera bientôt la donnée de l'équation socialiste.
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4 commentaires:
Un petit bémol à cette analyse, par ailleurs brillante, comme le bonhomme (un peu d'encens, ça ne fait de mal à personne) qui revient en force dans les médias, ce n'est que justice. Le retour de Jospin, c'est quand même l'aveu d'un manque de crédibilité du oui épouvantable. Tout coucourt à ce que les citoyens de ce pays, qui ont peur, qui sont malades, qui ont froid, qui ne sentent pas compris, confient leur destin à d'autres. A d'autres qui seraient par exemple à Bruxelles. Or, tu admettras que même si le oui passe, ce n'est pas la réalité du pays qui aura prévalu. Il faudra d'autres hommes, d'autres réalités. Comment Villepin peut-il oser prétendre à Matignon, alors qu'il ne sait même plus se maîtriser ? Il y a un constat qui s'impose, le progrès est en panne aujourd'hui.
Je veux bien que le Pape soit là pour tenir la boutique, ce n'est pas là donner un signe aux peuples que d'élire un homme de 78 ans, dont la sagesse doit être grande, mais qui symbolise, par delà l'Eglise, le repli sur soi. D'autres applaudissent presque cette arrivée du rotweiller de Dieu. EN arguant qu'il est élu pour ça. Et que de ce conservatisme, peut naître un progressisme qu'on attendait pas. Moi, je veux bien, mais se prévalant de cette léction, les élécteurs du non se sentiront confortés. Les cardinaux ont voulu faire une pause, souffler, après avoir couru derrière un homme aux quatres coins du monde, pendant vingt-six ans, sans arrêt. Un peu de calme, revenons aux choses basiques. L'eglise s'est élargie avec vigueur, mais peut-être trop rapidement. L'Europe aussi. Je vois ici une analogie complête entre ces deux mondes, dont on pourrait penser qu'ils sont éloignés, mais qui sont en fait imbriqués, du chef de la Curie jusqu'au dernier prêtre d'une île perdue des Açores.
Rien n'encourage le oui. Rien ne vient lui souffler fort dans les voiles. Le bateau n'avance plus. Et cela, indépendamment du référendum. Jospin le recours ? Lui en a envie. Il a envie de se taper Chirac et Fabius en même temps. Mais comme grand bonhomme, dont le Destin nous porterait dans l'espérance, ben, je ne suis pas convaincu. Je voterai oui, parce qu'il le faut, mais moi-même, j'ai peur. J'ai la trouille. Quand on me dit qu'il ne faut pas, j'ai envie de boxer l'intéressé. Je suis à l'image du Français très moyen, très basique. Perdu.
Dans ma quête effrénée de l’homme providentiel, de l’homme qui m’embarquera définitivement dans le navire de l’Histoire, je regardais hier soir "100 minutes pour Comprendre l’Europe". Robert Badinter en fut le dernier invité. Badinter... D-ieu sait si je ne suis pas socialiste. D-ieu sait si mes opinions sont aux antipodes du socialisme tel qu’il a été façonné par Mitterrand, fasciné par l’argent et le Pouvoir. D-ieu sait aussi que Robert Badinter est un socialiste que je respecte. Infiniment. Avec une tendresse incommensurable. Il y a des hommes, comme cela, qui n’ont même pas besoin de forcer le respect, car ils incarnent l’Humanité en ce qu’elle recèle de plus beau.
Hier soir, Robert Badinter, en avocat du "oui", a été nullissime. Il a déclaré entre autres, qu’il avait rédigé une Constitution européenne, pour lui-même, pour s’amuser. A-t-elle quelque chose à voir avec le texte proposé aujourd’hui aux français ? Rien ! Son intervention, sans souffle, sans enthousiasme, sans force, sensu stricto, s’est même terminée par un lapsus terrible : "Avec le "oui", la construction européenne s’arrête." Les journalistes serviles et pathétiques dans leur volonté de soutenir le vieil homme dans son plaidoyer maigrichon et malade, n’auront même pas réussi à rattraper cette bourde qui me semble illustrer à merveille cette campagne du "oui" : personne ne veut de ce texte. Même pas Robert Badinter, un homme profondément européen, un homme juif, un homme qui a connu les affres de la Guerre, ses horreurs, un homme qui partout, a combattu les injustices, dans la lignée de Blum, Jaurès, Mandel, Zola, Mendès.
Le combat de trop, diront certains. Voire. Plutôt l’incapacité chronique à accorder ce texte du Traité pour une constitution européenne à l’idéal européen. Il y a véritablement inadéquation entre le lyrisme de l’Hymne à la Joie et l’ennui créé par ces 450 articles. Je suis sincèrement désolé pour Robert Badinter, dont j’attendais peut-être trop. Mais à trop attendre, à ne voir rien venir, on finit par se lasser. Une pointe de colère naît en moi. Il se peut que mon "oui" flamboyant, gigantesque, heureux, se mue doucement durant les cinq semaines et demie qui nous restent en "non" résigné, un "non" que je glisserai dans l’urne, le sentiment du devoir accompli, sans remords, mais avec une tristesse inconsolable au coeur. J’aurais combattu avec toutes les armes que le cerveau se construit : l’intelligence, le sens de l’intérêt général, la loyauté envers les idées, mes valeurs. Mais devant le refus explicite de Robert Badinter, le plaidoyer profondément honnête d’Henri Emmanuelli hier soir sur Lci, il ne me vient même plus à l’idée que l’Histoire est contenue dans ce Traité, mais bien au contraire que l’Histoire des peuples européens se réalisera dans le refus du peuple français. Une nouvelle étape, vers une nouvelle orientation.
Il serait injuste de ne pas ajouter que le choeur des pleureuses du "oui", j’entends les médias serviles, sauf bien sûr l’Humanité, n’auront en rien servi la cause qu’ils croyaient défendre. Bien au contraire. Au lieu de privilégier un débat démocratique, clair, simple, précis et enthousiaste, ils ont préféré jouer les carpettes devant le pouvoir. Les médias aussi auront une part évidente de responsabilité en cas de victoire du "non", qui se dessine maintenant très nettement. Devant le navire Histoire, les nuages s’évaporent pour laisser apparaître les contours d’une nouvelle Europe, peut-être pas celle que beaucoup attendaient, mais qui peut surprendre par sa capacité à rebondir. Comme Benoît XVI, dont l’élection a choqué le Monde, peut étonner la Planète en faisant avancer son vaisseau Eglise sur des flots agités, sans renier le dogme, si important pour lui.
Sylvain, arrête de faire du journalisme people. Bien sûr que yoyo veut revenir, bien sûr que strauss kahn sert de lièvre et s'effacera. Mais un étatiste de la vraie gauche pour remplacer un étatiste de la fausse gauche (chichi), c'est cela que tu souhaites ? Remarque comme cela tu pourras peut-être revenir en prime time ! Tchao
C'est la première fois qu'on me reproche de faire trop, people !!!
merci de te soucier de mon retour mais je crois que yoyo s'en fout mais à un point...
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