Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

26 avril 2006

Marine Le Pen Radsoc?

Vous ne le lirez pas, et vous avez tort. Comme je l'ai lu (pour des raisons professionnelles), je vais donc vous en parler, brièvement: Il s'agit de "A contre flots", le livre de Marine Le Pen. Allez directement aux deux derniers chapitres, "quel peuple?" et "quelle République?". Marine s'amuse à citer Pierre Mendès France (!), Churchill et même Jean Jaurès(!!). Elle se réclame de la Révolution Française, évènement qui pour bon nombre de militants du Front National est l'équivalent de la Naqba pour les Palestiniens. La Catastrophe fondatrice. Qu'on se le dise, Marine n'est pas une horrible contre révolutionnaire réac (courant pourtant solidement ancré au FN), mais une irréprochable républicaine, défenseur(e) acharnée de la laïcité et de la Nation. Je n'ai aucun problème avec cela. La recevant à Public Sénat lundi je lui ai fait remarquer qu'il s'agissait là d'une profession de foi radical-socialiste la situant au centre gauche, par rapport, disons, à De Villiers. Elle m'a répondu que je découvrais la lune et que c'était depuis belle lurette la vraie nature du Front National. Après tout "Les Français d'abord", comme elle le note dans son livre n'est pas si éloigné du "Produisons Français" du PCF dans les années 80...Ce n'est pas un hazard si tous ces gens là se sont retrouvés autour du NON au referendum. Je vais encore me faire des amis. Nous sommes aussi tombés d'accord sur un autre point avec MLP: La diabolisation du FN sur le thème de "la République en danger" n'a eu qu'un résultat: repousser indéfiniment la question du sens du message républicain aujourd'hui, puisque la République était "en danger". Résultat aujourd'hui le concept de République n'a plus de sens dans la jeunesse.

22 avril 2006

Interview du troisième millénaire

J'ai donné aujourd'hui une interview à Natacha Quester-Sémeon. Sujet: "Blog et Journalisme". Elle sera bientôt en podcast sur le site mémoire-vive , bourré d'idées et d'inventions (je ne dis pas ça parce qu'ils ont eu l'idée de m'interviewer évidement).
Ce qui m'a scié c'est que Natacha a mené cette interview avec un téléphone mobile, certes haut de gamme mais disponible dans le commerce! La qualité est incroyable. Comme je le dis- je crois-dans l'entretien, au fond un certain nombre de problème déontologiques ou intellectuels que nous nous posons sur l'avenir du métier, la crise du journalisme etc...étaient secondaires, par rapport aux aspects techniques. Ces nouvelles technologies vont révolutionner la manière de faire du journalisme en écrasant les coûts. Plus d'excuse bientôt pour ne pas partir en reportage!

20 avril 2006

Hooliganisme

L'une des découvertes les plus pénibles de l'après-crise du CPE, c''est l'étendue des dégradations commises dans les facs occupées. Libé avait bien mentionné le cas de l'EHESS, littéralement mise à sac, en attribuant ce triste comportement à un groupe venu de "l'ultra gauche". Le président de la Sorbonne, Jean-Robert Pitte, plus courageux (ou plus libre?) que la moyenne de ses collègues avait déploré l'attitude des occupants de la Sorbonne et dénoncé des vols d'ordinateurs et des destructions de livres précieux. On voit maintenant qu'il ne s'agissait pas de comportements marginaux ou isolés, mais bien d'une attitude presque générale: partout des tags,(parfois "imaginatifs" mais aussi inquiétants comme ce "J'emmerde la France" cf la photo prise à Nantes reproduite dans le Monde d'hier), des vols, des destructions gratuites (A quoi bon, par exemple, enfoncer des chaises dans les plafonds?). Cela s'appelle du Hooliganisme, et il n'est plus possible de le mettre sur le compte de "provocateurs", "de casseurs", ou encore d'anarchistes et autres "autonomes". Cela s'est passé pendant que les étudiants occupaient leurs locaux de travail et certainement pas à leur insu car ils ont su en revanche tenir les amphi face aux non grévistes.
Protester, manifester, et même faire grève quoi de plus normal? Occuper est déjà plus discutable, mais enfin c'est la loi du genre. Mais ça, ce manque de respect, ce crachat sur l'institution, ce comportement délinquant-qui renvoie étrangement aux destructions d'écoles pendant la crise des banlieues- pourquoi?
Jean-Robert Pitte invité hier soir de Public Sénat, avance que l'on a de respect que pour ce qui est gratuit et qu'il faut augmenter les droits d'inscription. Il n'a raison, me semble-t-il, que sur le dernier point. S'il faut augmenter les droits c'est pour équiper décemment des universités qui sont la honte de notre pays, pour faire en sorte aussi que les contribuables modestes cessent de financer les études des enfants de la classe moyenne ou supérieure et pour introduire plus de justice dans l'accès aux études supérieures. Actuellement les impôts (c'est à dire la collectivité) financent une partie des grandes écoles fréquentées par les enfants de la bourgeoisie et auxquelles ont difficilement accès les élèves issus de milieux modestes. Dans le même temps l'accès de l'université s'est démocratisé depuis 68, mais il n'y a toujours pas de système de bourse digne de ce nom. Est-ce normal?
On ajoutera qu'en 68 l'université était aussi gratuite et que les étudiants ne s'en étaient pas pris aux locaux, mais seulement aux "CRS SS"...Il y avait alors moins d'étudiants et aussi plus de confiance dans les débouchés offerts par les cursus universitaires. Ceci fonctionne aujourd'hui encore: Là ou les diplômes offrent une réelle perspective d'insertion dans la vie active, dans les grandes écoles mais aussi en droit et en économie (ou les droits ont été augmentés et où cela s'en ressent sur la qualité de l'enseignement), il n'y a pas eu de destructions, et même pas, la plupart du temps, de grève.
Tout ceci montre que l'on paye là les échecs successifs de toutes les tentatives de réforme de l'université depuis 20 ans. Ce n'est pas faute d'avoir essayé. En s'opposant, au nom d'idéaux démocratiques fourvoyés, à l'augmentation des droits, et même à la sélection et à l'autonomie des universités, les générations successives d'étudiants ont été les fossoyeurs du système éducatif français.
Et ceux qui payent les pots cassés sont, encore une fois, ceux qui ont le plus de mal à s'élever au dessus de la condition de leur milieu social d'origine que l'on maintien, au mépris de tout réalisme, dans des filières dont on sait très bien qu'elles sont des impasses et des fabriques de chômeurs.

17 avril 2006

From Finland with love

Retour de Finlande, pas exactement en Laponie finalement, mais en fait en Carélie du Nord, pour ceux qui connaissent, pas très loin de la frontière russe. Une parfaite antidote à la France, la Finlande. Croissance, niveau de vie, égalité des sexes, recherche et développement (Nokia...), excellence du système éducatif (Des lycées dans le moindre bled, des universités même dans des villes moyennes etc...), civisme naturel de la population, protection de l'environnement, et aussi, soyons juste le cafard! Car au moins en France on ne risque pas de s'ennuyer. Le Finlandais, lui, est calme et posé, mais souvent aimable comme une porte blindée! Ce n'est pas qu'il vous veuille du mal, c'est un choc de civilisation. Point final.
Dans le bled où je me trouvais, au milieu d'une somptueuse taïga, j'ai bien fait le vide croyez-moi, c'est ce qui fait le plus de bien avec les vies qu'on mène ici...mais plus d'une semaine, ça prenait des presque des allures de vie monastique.
Mon hôte, Sigi, un ancien entraîneur de ski de fond autrichien qui a plaqué sa vie de cadre sup pour une vie plus saine, c'était carrément un méridional!
Enfin, I am back.
Mauvaise nouvelle: j'avais oublié mon appareil numérique. Bien joué le blogeur! Donc pas de photos.
Bon, dans ces cas là on fait l'inventaire des sujets dont on parle, particulièrement dans la blogosphère: le martyr des Schonberg-Borloo, l'ascension irrésistible de
Ségo, Berlusconi battu sur le fil s'avoue difficilement vaincu, et bien sûr ce cher disparu, le CPE. Franchement vous ne savez pas déjà tout là dessus? Vous avez vraiment encore envie de mon point de vue?
On parle toujours aussi peu du génocide en cours au Darfour, ou des efforts pour lutter contre la pauvreté. A ce sujet, mention spéciale à Gilles Delafon qui consacre une pleine page à Jeffrey Sachs, l'économiste chargé de ce dossier à l'ONU, et ami du chanteur Bono. Il croît possible de sortir de la pauvreté 500 millions de personnes d'ici 2015. Vous avez bien lu: un demi milliard de personnes pourraient, avec un peu de mobilisation des pays riches, avoir une vie meilleure dans 10 ans. C'est à dire que leurs enfants accéderaient à l'éducation, qu'ils auraient de quoi soigner les maladies qui les empêchent de travailler et de gagner leur vie etc...C'est tellement possible, nous dit-il que, déjà, durant les 20 dernières années, le nombre de personnes vivant avec moins d'un dollar par jour a reculé de 500 millions: 1,5 milliard en 1981, 1 milliard en 2001, ils peuvent donc être 500 millions en 2015. Et vous savez comment nous dit Sachs? Grâce à la mondialisation, et à la libéralisation des échanges. Il faudrait donc à présent que les pays riches doublent leur aide au développement et qu'ils ouvrent leurs marchés aux productions, particulièrement agricoles, du tiers-monde. Et bien sûr, corollaire indispensable une meilleure transparence de la dépense publique dans ces pays ravagés par la corruption.
Ce serait un beau programme, internationaliste en diable, pour la gauche non? Mais je ne la sens pas très motivée par le sujet.
PS: Qu'en pense donc le député Lassalle, défenseur de la vallée d'Aspe, qui grâce à une grève de la faim héroïque a réussi a faire échec (provisoirement) aux "bridés" et à leur tentative de "délocalisation"... de 65 kilomètres?

07 avril 2006

Eloge du modèle lapon


Je m'envole dans quelques heures pour la Laponie finlandaise, avec le dernier Jonathan Coe et ma petite tribu enthousiaste, comme moi, à l'idée de découvrir une nature sauvage qu'aimerait certainement Jim Harrison. Un désert blanc peuplé uniquement de quelques misanthropes continentaux et bien sûr de Lapons, peuple pacifique s'il en est dont j'espère qu'ils auront la patience de m'enseigner l'art de la pêche en eaux froides. Autant dire que, là bas pas de blog, plus de CPE, je vais soigner mon overdose. Il est même probable que la défaite de Berlusconi et l'éventuelle démission de Villepin ne parvienne même pas jusqu'à moi. Tiens, quand même, il parait que la Finlande a le système social le plus juste d'Europe, ie celui qui aide le mieux les plus démunis, sans tomber dans la société d'assistance. J'enverrai peut-être une carte postale à Matignon. En tout cas, silence radio pendant une semaine!
Bien sûr je vous raconterai (un peu) et je prendrai des photos.
Joyeuses Pâques!

03 avril 2006

Aux lecteurs de ce blog

Vous êtes chaque jour entre 300 et 500 à visiter ce blog, créé à partir de rien en janvier 2005. Il y a quelque temps j'ai accepté la proposition de Fréderic Fillioux qui souhaitait que je fasse partie des chroniqueurs de 20 minutes.
Depuis, le contenu de ce blog est donc publié simultanément sur le portail de 20 minutes. j'y ai trouvé un autre lectorat, moins "sympathisant", moins acquis d'avance, ce qui est intéressant. A ce jour, il est d'ampleur comparable à celui que j'ai réuni via blogspot. J'ai donc rapidement doublé mon lectorat.
Toutefois je reste évidement très attaché à ce premier blog, à sa présentation, son originalité. Si je devais choisir entre les deux formules, ce qui serait plus logique ne serait-ce que pour gagner du temps et éviter les "copier coller", je voudrais au préalable avoir votre avis et être sûr que vous me resteriez fidèle, même sur
20 minutes.
je voudrais donc connaître votre sentiment sur les deux présentations. Que pensez-vous des images d'illustration? Les trouvez vous utiles, agréables? Que pensez-vous de la calligraphie, du fond etc...?
Il est temps de faire part de votre jugement et de vos attentes.
Je compte sur vous
SA

Vacance du pouvoir

Quand la vie politique commence à ressembler à un film écrit par les Monty Python et tourné par jean-Pierre Mocky, là, il faut commencer à s'inquiéter. Sérieusement.
Ce matin je me suis esclaffé, non pas devant une satyre quelconque, type guignol, mais bien en écoutant les titres du journal de RTL. En substance: "Jean-Louis Borloo
écrit aux patrons pour leur demander de surtout ne pas appliquer la loi que vient de promulguer le Président de la République."
Quelqu'un qui reviendrait d'un voyage, disons en Chine, d'une semaine à peine, se dirait: "
Pourquoi? Il est devenu fou le Président? Mais alors pourquoi ne l'a-t-on pas relevé de ses fonctions?"
Ça restera ça Chirac: Plus grave que les avertissements des plus méchants de ses contempteurs. En quelques minutes il a réussi à vider de son contenu la fonction présidentielle et celle de premier ministre, Puisque si l'on a bien compris le résultat de la contorsion, le pouvoir délègue entièrement au parlement, ou plutôt au parti majoritaire à l'assemblée, le soin de sortir de cette crise qu'il a grandement contribué à provoquer. Les institutions sont en lambeaux. Une sixième république baroque en somme, encore pire que la quatrième, et qui n'était pas celle qu'on espérait. C'est maintenant trop tard mais il faudra peut-être envisager, pour l'avenir, une période d'essai pour le Président aussi.

31 mars 2006

L'Assemblée a bien voté sur le CPE

Cette affaire de CPE a donné lieu a des complaisances et, plus grave à des contre-vérités journalistiques.
Le CPE est peut-être mauvais, mais en tout cas nous avons été trop longtemps complaisants avec la revendication principale des manifestants, à savoir le "retrait". Comme me le soufflait hier un sénateur, "
le retrait est une considération physiologique mais pas constitutionnelle." Un gouvernement ne peut nullement "retirer" une loi qui est à l'ordre du jour, il ne peut même pas retirer un article. Surtout quand la loi est votée.
Et la loi, bonne ou mauvaise, a été votée.
Et c'est la l'erreur commise par tout le monde et rabâchée dans les débats sans aucune contradiction, sauf par quelques rares observateurs scrupuleux:
L'Assemblée Nationale a bien discuté du CPE, c'est à dire de l'amendement modifiant l'article 3 du projet de loi sur l'égalité des chances. Cet amendement a fait l'objet de multiples sous-amendements tendant à le modifier, et presque tous ont été repoussés. Enfin l'Assemblée a adopté le CPE par 51 voix contre 23. Il suffit de se reporter au compte-rendu analytique de la troisième séance du 8 février.
Il est vrai que le gouvernement, lassé par les manoeuvres de retardement de l'opposition destinées à gagner (ou à faire perdre, c'est selon) du temps, a finalement engagé sa responsabilité (Art 49-3), mais sur
l'ensemble du texte sur l'égalité des chances, entraînant, en effet, son adoption sans vote. L'opposition a, à juste titre, dénoncé cette décision sur un texte sur lequel le gouvernement avait déjà demandé l'urgence (une seule lecture à l'assemblée et au sénat). Mais pourquoi n'a-t-elle pas déposé, sur un sujet aussi important et comme elle en a le droit, une motion de censure? Est-ce parce que nous étions à la veille des vacances parlementaires et que les députés voulaient, comme tout le monde, partir en congé?
N'ayant pas épuisé tous les recours parlementaires, l'opposition n'est pas très bien placée pour soutenir la rue. Le parlement a été traité cavalièrement mais guère plus que depuis l'instauration de cet article 49-3, utiliser régulièrement depuis 1958.
On peut demander et souhaiter que Chirac demande une nouvelle délibération du texte, en raison du contexte social. Mais cette demande ne peut en aucun cas s'appuyer sur le motif que le parlement ne se serait pas prononcé sur le point contesté, à savoir le CPE.
La gauche qui n'a pas fait complètement son travail d'opposition parlementaire montre dans cette affaire une dangereuse fascination pour la rue.

29 mars 2006

Le Million!

Le Million! C'est le nouveau mètre étalon de la vie politique française. De manifestants bien sûr. Il est largement dépassé ce soir, même selon la police (de Sarkozy, il est vrai, donc davantage portée à la sincérité des chiffres en la circonstance), les syndicats en annoncent même trois.
Première réaction: Villepin est cuit. Il devait être l'alternative chiraquienne à Sarkozy. Aujourd'hui, on ne voit pas comment il serait, en 2007, en situation d'incarner quoique ce soit. Je serais Sarko, je ne me réjouirais pas trop vite. La gauche a remporté les régionales, elle a fait gagner le non, aujourd'hui elle gagnerait haut la main, en tout cas des législatives et, avec Ségolène Royal (ou Jospin?) peut-être aussi la présidentielle. Je ne vois pas comment cela peut s'inverser en 12 mois.
Ce n'est pas très réjouissant car la gauche n'a absolument rien à proposer au pays et n'a même pas fait l'inventaire du jospinisme, en reconnaissant par exemple le mal qu'ont fait les 35 heures.
Chirac, lui, est nu. Il peut laisser Villepin administrer les affaires courantes. Ou bien nommer Sarkozy à Matignon dans une sorte de remake de Mission Impossible, ou bien encore, il en serait bien inspiré, démissionner. Au moins prendrait-il la gauche de vitesse, ce qui serait le dernier service à rendre à son camp. Et même au pays, qui serait fixé plus rapidement sur son avenir. Dans pratiquement toutes les autres démocraties européennes face à une telle perte de légitimité populaire, confirmée depuis deux ans dans les urnes et dans la rue, le pouvoir aurait depuis longtemps anticipé l'échéance. Pas en France, semble-t-il. C'est l'immobilisme français, institutionnel, économique et politique.
La leçon à tirer pour les suivants: commencer par dire ce que l'on a l'intention de faire et surtout faire ce que l'on a dit, ou risquer d'être haché menu au bout de 12 ou 20 mois par des Français en forme révolutionnaire et malheureusement assez peu conscients des problèmes et des reculs du pays.


Autre chose: ce soir j'ai suivi les deux premiers quarts de finale de la Champion's League sur Canal et les élections israéliennes sur internet. C'était parfait!
J'ai trouvé Arsenal, mon équipe fétiche, impressionante, candidate sérieuse au titre (une finale contre Lyon me comblerait), alors que le Barça, équipe également très plaisante était un peu poussive et malheureuse face à Benfica, toujours sous-estimée-à tort-dans ce genre de compétition.Ça promet! (Il y avait 5 champions du monde de 98 sur la pelouse à Londres!)
Mon commentaire à chaud sur les élections israéliennes, pour ceux que cela intéresse:
Un centre de gravité très clair au centre gauche. Olmert a été choisi pour gérer l'héritage spirituel de Sharon mais c'est un CPE. L'homme n'est pas aimé, il est à l'essai. Peretz est le premier leader travailliste qui fasse enfin du social une priorité et il est vraisemblable que pour la première fois une part significative des déshérités sépharades des villes de développement, clientèle traditionnelle du Likoud, a voté pour cet authentique homme de gauche. Il devrait obtenir un grand ministère économique et social dans le prochain gouvernement. Les pauvres, de plus en plus nombreux ont adhéré à son discours "marxien": l'économique commande le politique. Autrement dit en luttant contre la pauvreté, on oeuvre pour la paix. En somme, qu'il faut arrêter d'arroser les colonies religieuses de cisjordannie, ce qui n'apporte que la guerre et encore plus de pauvreté en Israël.

Les israéliens viennent donc de donner un mandat pour de nouvelles évacuations de territoires occupés. Une autre chose est frappante. Pratiquement tous les partis sont en faveur de ce principe, à part le PNR (Mafdal), parti des colons qui ne pèse que 7% environ. Même le Likoud, même Israël Beitenou d'Avigdor Lieberman! Ce dernier veut même rendre des territoires israéliens depuis 1948, au motif qu'ils sont peuplés d'Arabes, ce qui-au passage- est une injure raciste envers 20% de la population non juive d'Israël qui s'est toujours montrée loyale.
Bref, il y existe un consensus très large sur cette question en Israël, ce qui est une avancée considérable. Certains veulent le faire unilatéralement comme l'a initié Sharon, d'autres souhaitent ouvrir des négociations préalables avec les palestiniens. Il y aura des avocats des deux méthodes dans le prochain gouvernement.
Pour l'instant la victoire du Hamas, la libanisation de Gaza, d'où le Djihad Islamique vient de lancer sa première roquette Katyoucha sur Israël, et la victoire de Kadima, semblent donner raison aux premiers. Mais le Hamas multiplie les signes d'ouverture: la trêve observée à la lettre et une réaction extraordinairement mesurée sur l'affaire de la prison de Jericho.
Il y aura donc certainement un jour prochain des négociations avec les islamistes palestiniens. D'ailleurs, Nissim Zvili l'a révélé vendredi sur Public Sénat, dans Bibliothèque Medicis, devant Jean-Pierre Elkabbach: Il avait proposé à son gouvernement de commencer à parler avec le Hamas en 1995!
A ce soir sur RTL.

27 mars 2006

Antisémitisme dieudonnesque (suite)

Je vous "recommande" une petite visite sur le site des amis de Dieudo, en particulier cet article puant l'antisémitisme façon "Je suis partout". Y sont dénoncé les "sionistes" qui auraient envahi les medias. Le mieux, ce sont les commentaires. On y lit par exemple que la majorité des journalistes politiques sont juifs "mais qu'on n'a pas le droit de le dire." Votre serviteur y est dénoncé en bonne place, ce qui mériterait amplement une action en justice. J'ai dédidé depuis longtemps de ne pas poursuivre ce genre de propos, estimant ce genre d'initiative contre-productives.
Par ailleurs, Tristan Mendès-France nous révèle ici que cet article comportait, avant modération, un passage encore plus nauséabond dans lequel était dréssée une liste vertigineuse de Juifs, ou plutôt de noms à consonnance juive (qu'est-ce qu'un Juif je vous le demande?), soit invités soit invitant dans les medias. C'est du propre. Depuis Le Pen personne n'avait osé, ce qui ajoute du sens à la précédente note.

23 mars 2006

Dieudonné franchit le Rubicon

Voici un des premiers signes patents que, dans les banlieues, le FN élargit son audience au delà du "petit blanc raciste". En 2002, Le Pen avait déjà réalisé le meilleur score de tous les candidats chez les moins de 25 ans. Aujourd'hui, les jeunes séduits par Dieudonné, et par le discours sur les "indigènes de la République" ne cachent plus leur sympathie pour le FN, comme le montre ce compte rendu du récent non-lieu en faveur de Bruno Gollnisch, pour négation de crimes contre l'humanité. Ce texte, on ne peut plus complaisant pour le Délégué Général du FN émane du collectif "La Banlieue s'exprime", parainnée par Dieudonné, comme l'indique le site dieudonniste "les ogres." Il ne se contente pas de prendre fait et cause pour Gollnisch, mais appelle à sanctionner dans les urnes tous ses accusateurs renvoyés en correctionnelle pour diffamation. Est-ce un appel à voter FN? A moins que Dieudonné ne compte présenter ses propres listes?
Les amis de Dieudonné répondront certainement qu'il s'agit là de l'expression d'une solidarité des "muselés", au nom de la liberté d'expression. Liberté d'expression qui s'arrête, pour Dieudonné, lorsqu'il est mis en cause, comme l'attestent ses efforts (heureusement vains) pour censurer le livre d'Anne Sophie Mercier "La vérité sur Dieudonné".


21 mars 2006

Qui sont les casseurs? Réponse de France 2


France 2 a diffusé hier soir au 20 heures deux reportages très instructifs et "incorrects" sur les manifs, ou plutôt les "after". Le premier montre une bataille rangée, samedi soir place de la nation longtemps après la dispersion, entre CRS et "manifestants". Ceux-ci lancent des projectiles divers sur les policiers qui finissent par charger. Au milieu, un homme gît à terre, probablement piétiné au passage. On nous le présente comme le syndicaliste de Sud-PTT qui depuis se trouve dans le coma, pronostic vital reservé. Ses camarades interviewés témoignent: C'est bien lui, il a été frappé puis piétiné sans ménagement. Alors, on se demande si, journalistiquement, on peut aller un tout petit peu plus loin et poser cette question, sans passer pour un affreux réactionnaire: Est-ce donc le rôle de syndicalistes de défier ainsi les forces de l'ordre? Comment peut-on, ne serait-ce qu'évoquer l'hypothèse d'une bavure, à partir du moment où les affrontements ont été provoqués par les activistes de Sud, syndicat d'extrême gauche? Au moins France 2 nous a-t-il montré autre chose qui contredit les lénifiantes affirmations habituelles en pareil cas, à savoir: "les casseurs n'ont rien à voir avec les paisibles manifestants, ce sont des autonomes, des anarchistes, des provocateurs incontrôlés."
Les casseurs dont il s'agit ici ont repris tranquillement leur travail à la poste le lundi matin. Si, par malheur, leur camarade décède, le "mouvement" aura son martyr et le gouvernement sera montré du doigt.
Un postier. En 1986, les policiers voltigeurs motocyclistes-dissous depuis- dispersaient à coup de matraque les manifestants pacifistes. Malik Oussekine a été tabassé dans une petite rue alors qu'il rentrait chez lui. On ne sait même pas s'il avait pris une part active au défilé.
Deuxième reportage. Des jeunes interpellés samedi passent en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel. Il leur est reproché d'avoir cassé la vitrine d'un magasin d'électronique et/ou d'avoir volé des ordinateurs. Surprise. Là aussi il ne s'agit ni d'un casseur autonome, ni même d'un jeune de banlieue "issu de l'immigration" venu en découdre avec les flics et piller (Il y en a, France 2 nous montre aussi ceux qui viennent aux manifs uniquement pour ça), mais d'un jeune étudiant en économie bien sous tout rapport. Il prend trois mois avec sursis, et paraît désolé: Il s'excuse, même: "
Je me suis laissé tenter. Je regrette. J'aurais pu gâcher mes études." L'erreur est humaine, mais avouez que cela modifie un peu la perception que l'on a de ce mouvement.

20 mars 2006

Une histoire de piston


C'est un jeune collégien de Nanterre, appelons le Karim, il redouble sa troisième et adore le foot. Si ses résultats ne s'améliorent pas, ce sera le BEP direct. Sa mère l'élève toute seule. Son père vit au Sénégal. Il n'a pas abandonné son fils, c'est sa mère qui est partie pour que son fils grandisse en France. Elle était la nounou de mes nièces, à Nanterre. La cousine chez qui elle habitait était la voisine de palier de ma soeur. Aujourd'hui l'une de mes nièces travaille à M6, au Marketing. Elle a obtenu un stage pour Karim. Le stage d'observation en entreprise que tous les élèves de troisième doivent faire.
Un jour, il y a quelques semaines, la prof principale de Karim demande à ses élèves s'ils ont tous trouvé quelque chose, parce que pour ceux qui n'ont rien, elle a trouvé un chantier à Gennevilliers. La prof qui connaît la situation sociale et familiale de Karim lui propose le chantier.
-Pas besoin madame, j'ai un stage à M6.
-M6? La télé?
Stupéfaction de l'enseignante et de toute la classe.
-Arrête de te moquer de nous, tu veux?
Il était tout simplement impossible qu'un môme de Nanterre, en quasi échec scolaire- et black de surcroît- puisse entrouvrir la porte de la télé. La télé! autant dire le symbole de la réussite aux yeux de ces gosses!
Il a fallu que ma nièce appelle plusieurs fois la prof de Karim pour qu'elle admette que grâce à ses voisins français, bourgeois, qui ont donc quitté Nanterre depuis un certain temps pour habiter le centre de Paris, Karim échapperait au chantier. Pour l'instant en tout cas.
Cette histoire est, hélas, un parfait résumé des blocages français. Karim comme tous les petits blacks de 16 ans souffre du racisme. Comme beaucoup d' enfants élevés par des mères célibataires, d'origine étrangère et qui ont du mal a joindre les deux bouts, ses résultats scolaires sont médiocres. Ma soeur lui donne des cours de maths, mais cela ne suffit pas. Toutefois, pour Karim la principale difficulté c'est de ne pas disposer d' assez de réseaux pour que l'on puisse lui faire confiance. A moins qu'il perce dans le foot. Il paraît qu'il joue très bien, mais de là à faire une carrière professionnelle...
Il y a 15 ans j'ai écrit, avec Claude Askolovitch, un livre qui s'appelait "La France du piston" qui expliquait à quel point ces dynamiques de réseaux étaient prépondérantes en France. Tout le monde se sert de ses réseaux pour commencer dans la vie. Même ma nièce de M6 qui avait fait une maîtrise de gestion à Dauphine a eu un piston pour trouver ce job. Je n'imaginais pas à quel point nous avions raison.
La France est un pays conservateur qui se méfie des jeunes pas assez bien nés, qui condamne au chômage les élèves qui ne suivent pas le parcours normal de l'élitisme républicain: Bonne famille, bonnes études générales, bonne université ou grande école. L'innovation, la créativité n'est pas assez valorisée, sauf dans quelques domaines comme le rap ou le sport ou excellent d'ailleurs les jeunes laissés pour compte de banlieue, qu'ils soient black, blancs ou beurs.
Vendredi, je recevais à Public Sénat Christian Blanc, l'ancien président d'Air France. Il a parfaitement bien résumé les ressorts de la crise que nous traversons: "68 était un mouvement pour changer la société. Aujourd'hui la revendication principale c'est d'y entrer."

19 mars 2006

"Avec arme, à savoir avec oeuf"

Un citoyen parisien créateur d'un collectif de quartier intitulé "salauds de pauvres" est poursuivi devant les tribunaux pour avoir lancé un oeuf (frais ou pourri?) sur la dame De Panafieu alors que celle-ci visitait une cité HLM du XIXème. La citation à comparaitre évoque "une agression avec arme, à savoir un oeuf" Si les flics se mettent à faire du Alfred Jarry dans leurs commissariats....
Demain, je vous entretiendrais de sujets beaucoup plus graves

17 mars 2006

Matignon et le péril jeune

Liberation nous apprend ce matin que le CPE est sorti du cerveau d'un jeune technocrate qui a fait ses débuts au Parti Socialiste, côté "jeunes rocardiens", Louis-Charles Viossat. Passé ensuite par le cabinet de Jacques Barrot, il se retrouve au moment de la canicule 2003 directeur de cabinet du ministre de la santé Jean François Mattei, où, selon libé, il a brillé par son absence durant la crise, laissant le soin à son adjointe de gérer la crise. Recasé dans une usine à gaz administrative, c'est lui que Villepin est allé chercher pour lui confier le dossier de l'emploi des jeunes.
Peut-on imaginer plus bel exemple de la façon dont se font les carrières dans la haute fonction publique. où aucune faute ne se paye jamais très longtemps. Responsable mais pas coupable, et surtout hautement recyclable! On connaît la suite. Le CPE n'est peut-être pas une mauvaise mesure mais son accouchement technocratique peut expliquer la façon dont il est perçu dans une partie de la jeunesse. L'autre explication, comme le note aussi Libé, c'est que ni Matignon ni l'Elysée n'ont de conseiller chargé des questions interessant la jeunesse!

16 mars 2006

Assez de temps perdu

En France, il n'est jamais très bien vu de demander une acceleration des échéances électorales. Pourtant nous n'avons plus d'autre choix. Comme le note avec lucidité Jacques Attali dans l'Express, les difficultés économiques de la France sont étroitement liées à l'absence de confiance des Français dans la capaicité de leurs dirigeants à gouverner et des étrangers dans la valeur de la parole de la France. Il ne s'agit même plus de savoir si le CPE est ou non une bonne mesure. Dans une démocratie fonctionnant normalement, un premier ministre serait fondé à appliquer un texte de loi, même face à la grogne de la rue qui n'a quand même rien d'une situation révolutionnaire. Après tout, si les étudiants ne veulent plus aller en cours, cela n'empêche pas un pays de fonctionner normalement. Il vaudrait mieux s'interroger sur les raisons de leur malaise qui àa à voir avec l'impossibilité de toute réforme de l'université depuis 20 ans parce que les mêmes étudiants croient obstinément que l'ont peut avoir des diplômes qualifiants sans selection.
En Allemagne quand Shröeder a perdu une élection dans un seul Lander il a décidé de convoquer des élections générales pour demander au peuple de clarifier cette situation et éventuellement de lui donner un nouveau mandat. Il a failli gagner et aurait été conforté dans son programme de réformes. En France, non seulement ce Président a été élu sans que son score ait une signification politique claireet cette majorité élue sur un programme flou, mais lorsqu'elle a perdu 20 régions sur 22, il ne s'est rien passé.
Dans ces conditions il ne faut pas s'étonner que la France fasse du surplace et céde à la tentation de l'enfermement.

13 mars 2006

La psy qui provoque encore la foudre des musulmans

Selon le New York Times, Le Dr Wafa Sultan, une psychiatre américaine d'origine syrienne est l'objet de menaces de mort pour avoir osé mettre en doute les bienfaits de l'Islam au cours d'un débat sur Al Jazeera, en particulier pour avoir affirmé que "le choc auquel nous assistons n'est ni entre des religions, ni entre des civilisations, mais entre une mentalité moyenâgeuse et une mentalité du XXIème siècle, entre la civilisation et les primitifs, entre la barbarie et la raison." Elle a même risqué, comble du sacrilège une comparaison entre les Juifs et les Musulmans devant l'adversité: "Les Juifs, sortant d'une tragédie ont obtenu le respect grâce à leur savoir et non grâce à la terreur, grâce à leur travail et non avec des cris et des pleurs."
L'intégralité de la transcription, ainsi que la video de cette interview se trouve sur le site de Memri.
La chaîne Al Jazeera, montre à nouveau qu'elle ose poser des questions taboues dans le monde arabo-musulman, même si on sent que la sympathie du modérateur ne va pas vers le Dr Sultan. En raison de son audience, la chaîne l'a aussi, involontairement, désignée à la colère de nombreux téléspectateurs qui ont envahi sa messagerie, la menaçant des pires choses. Memri affirme que plus d'un million d'internautes ont vu la vidéo. Une nouvelle affaire d'apostasie? Souhaitons que les choses en restent là et saluons le courage de cette femme qui se présente simplement comme un être humain, laïc.
Elle est d'ailleurs qualifiée, en direct, d'hérétique par son contradicteur, un professeur égyptien qui refuse de poursuivre la discussion avec elle.
Cette femme qui vit aujourd'hui à Los Angeles a fuit la Syrie après avoir vu les Frères musulmans assassiner son professeur de médecine sous ses yeux. Son audace rend (un peu) optimiste.

PS: J'en ai parlé ce soir à RTL et cela a semblé intéresser mes comparses. Nous avons diffusé, sur Public Sénat, un reportage sur les 50 ans du planning familial. Les médecins ont confié à notre équipe qu'ils étaient de plus en plus confrontés à de jeunes filles demandant des certificats de virginité. L'une d'elles s'est laissée filmer. Après hésitation il ont décidé pour les protéger de leur fournir des certificats bidons. Un cas de conscience. Mais cela ne doit pas être une décision facile pour un médecin.

09 mars 2006

Mnef: Pourquoi Jospin ne témoignera pas

Les confrères ne semblent pas, à une ou deux exceptions près, beaucoup s’intéresser au procès de la Mnef. C’est dommage et pour tout dire inexcusable. Surtout si l’on compare avec le tohu-bohu (justifié) qu’avait provoqué l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris qui est symétriquement du même ordre pour la droite.
De même qu’il aurait été utile à la manifestation de la vérité qu’un juge entende Chirac sur ce dossier, il paraît légitime aujourd’hui que la justice demande à Lionel Jospin s’il était ou non au courant de ce système de faveurs au profit d’un certain nombre de ses proches. De surcroît, Jospin a été ministre de l’Education Nationale à l’époque des faits et la Mnef avait avec la gauche et ce ministère des relations consanguines. Pour autant, aucun juge n’a jamais sollicité le témoignage de Jospin. Jospin n’est pourtant protéger par aucun statut particulier. En fait il semble bien, comme me l’a confirmé une bonne source, que la chancellerie a donné des instructions au parquet pour que l’enquête reste soigneusement à distance de l’ancien premier ministre. Comme on se souvient des réticences de celui-ci à évoquer les casseroles de Chirac en 2002, on ne peut que soupçonner un « deal ». Le pouvoir continue-t-il de ménager Jospin ? C’est probable. Ce qui est sûr c’est que, dans cette affaire de Mnef aussi, comme dans celle des emplois fictifs, une ombre tutélaire plane sur les débats et ce sont les seconds rôles qui vont trinquer.

07 mars 2006

cousu de fil noir

Tout le monde vous le dit. Il est très bien le jeune Harry. Né à Tours voici 33 ans, on le désigne encore comme le "Martiniquais". Il a souffert du racisme. A ses débuts, on n'avait voulu de lui que sur une radio antillaise, a dévoilé un de ses proches. Je me souviens qu'à TF1 il n'y a pas si longtemps on expliquait un mauvais audimat par le fait qu'il y avait trop de noirs dans les reportages. Aujourd'hui on choisit un présentateur parce qu'il a la couleur recherchée. Du racisme positif en quelque sorte.
Le mois de novembre, Chirac et Sarkozy sont passés par là. Et surtout le marketing communautaire. Le Monde nous explique que Sarkozy veut devenir président grâce aux communautés. Il était informé avant tout le monde du "coup" de TF1 et au même moment il a d'ailleurs bombardé une autre militante black choisie au club Avéroes, secrétaire nationale de l'UMP à la francophonie. Une fille épatante, je la connais puisqu'elle est administratrice du sénat et travaillait, jusqu'à hier à Public Sénat. Une promotion météorique puisqu'elle était inconnue au bataillon de l'ump jusqu'à la semaine dernière. Une coïncidence qui en dit long sur ce qui se passe en France.
Nul doute qu'il fallait que les choses changent dans ce pays. Mais je doute que ce soit dans le bon sens. Voici accélérée la carrière de jeunes talents issus de minorités visibles qui avaient déjà fait leur trou dans le système. La grande masse des banlieues appréciera d'être "représentée" en politique ou dans les medias. et devra probablement s'en contenter. La situation sociale de l'écrasante majorité des jeunes qui connaissent les discriminations ne changera pas. Le pouvoir, les pouvoirs se seront acheté une bonne conscience à peu de frais.

Post Scriptum: Petite conversation aujourd'hui (21 mars) avec R. (je ne la cite pas même si sa nomination est publique). Elle me fait observer qu'elle n'a pas été "bombardée" et qu'elle n'était pas totalement inconnue au bataillon de l'ump puisqu'elle travaillait avec eux, à travers les associations dans lesquelles elle milite, sur les sujets de l'intégration. Dont acte. Elle me dit aussi qu'en exposant son cas je ne lui laisse pas une chance de faire ses preuves. C'est bien la dernière chose dont je voudrais être responsable!
C'est tout le problème avec la discrimination positive. Il faut que ses bénéficiaires montrent qu'ils ne doivent leur place qu'à leur mérites propres. Elle n'en manque pas, je peux en témoigner directement. Il est parfaitement exact que son parcours est tout ce qu'il y a de plus orthodoxe (Sciences-po, concours administratifs, elle a été reçue à l'assemblée et au sénat). D'ailleurs, l'Ump, à la différence de TF1 avec Harry, s'est bien gardé de faire un communiqué triomphant sur le thème: Nous avons recruté une noire. Je crois qu'elle est consciente, comme moi, des effets pervers de la discrimination positive, mais elle pense que c'est le seul moyen de changer les mentalités. Nous sommes en désaccord là dessus mais je respecte sa décision qu'elle n'a d'ailleurs pas prise à la légère.

Les musulmans et la démocratie

Je suis interpelé par un lecteur après des propos que j'ai tenu, sur RTL, au sujet du nucléaire indien et israélien. Ce lecteur trouvait douteux que je ne veuille pas reconnaitre le même droit à l'Iran ou aux pays arabes. C'est le fameux reproche du "deux poids et deux mesures". Je suis à nouveau soupçonné d'être guidé par des sentiments "antimusulmans", sinon racistes. Je lui ai répondu (voir les commentaires de la note "la gauche sectatrice..."). J'aurai pu aller plus loin sur le rôle que joue, à mon avis, l'attitude d'une communauté vis à vis du progrès scientifique et technique et le developpement économique associé à des instituttions démocratiques. Choses qui font défaut en partie ou en totalité aux pays arabes et à l'Iran.
En complément de ma réponse je reproduis donc des extraits d'un article du quotidien qatari Al-Raya, dans lequel Tarek Heggy, intellectuel egyptien, voit dans l'exemple de la démocratie indienne la preuve que les pays arabes et musulmans ne recourraient pas au terrorisme s'ils pouvaient participer librement à la vie politique de leur pays, comme c'est le cas en Inde. [1]

"Alors que [presque] toutes les communautés musulmanes dans le monde ont produit des combattants du djihad, lesquels ont rejoint Al-Qaïda et d'autres organisations [du même type], il existe une communauté musulmane qui ne participe pas à ce phénomène: il s'agit de la deuxième plus grande communauté musulmans au monde, la communauté musulmane d'Inde.
Cette communauté de plus de 150 millions de personnes (…) est la seule communauté musulmane à n'avoir pas produit un seul individu ayant un jour quitté le pays pour participer à des opérations violentes appelées 'djihad' par leurs auteurs et 'terrorisme' par [le reste du] monde.
La communauté musulmane d'Inde n'est pas riche. Elle fait partie intégrante de la société indienne (…) où un pourcentage important de la population vit à l'écart de la richesse et de la prospérité. Toutefois, aucun membre de cette communauté musulmane n'a jamais n'a jamais planifié ou exécuté d'opérations telles que l'attentat du 11 septembre 2001 à New York, ou les attentats intervenus par la suite à Madrid, Londres, Istanbul, Taba, Charm El-Cheikh et ailleurs. En outre, la communauté musulmane d'Inde (malgré son statut de minorité) a donné un grand érudit, qui joue actuellement le rôle de président d'Inde.
[2]
Ce qu'il faut noter est que la communauté musulmane d'Inde est la seule communauté musulmane [au monde] à vivre dans une véritable démocratie nationale.
Que pouvons-nous conclure de ces faits ? La conclusion évidente est qu'au cœur de chaque individu se trouve un être politique (…) Si cet être dispose de moyens effectifs et légitimes pour agir ouvertement au niveau politique, il ne cherchera pas à agir de façon souterraine.
L'Inde n'est pas seulement une démocratie ; c'est la plus grande démocratie au monde. Non seulement a-t-elle réussi à réaliser le rêve d'une existence démocratique propre à [toute grande nation], elle a aussi permis à cette nation d'accomplir des progrès significatifs dans les domaines de l'économie, de la recherche scientifique, de la production, du marketing et de l'enseignement moderne. En outre, elle gère remarquablement la diversité de la société indienne et l'actuel Premier ministre est en effet membre de la minorité Sikh [qui ne représente que 2% de la population] (…)
Les universités d'Inde (contrairement aux universités des [autres] pays du Tiers-monde) sont classées parmi les meilleures au monde (tandis que l'université du Caire - la plus ancienne université du monde arabe - n'est [même] pas classée parmi les 500 meilleures universités du monde.)
L'essentiel est que l'Inde a prouvé que quand les musulmans [comme tous les autres êtres humains] se trouvent dans un climat qui leur permet de participer pleinement à la vie politique, ils n'ont pas recours à des activités souterraines (…) et ils ne quittent pas [leur pays] pour faire sauter un avion, un train ou un bus rempli d'innocents (…)"

[1] Al-Raya (Qatar], le 21 décembre 2005
http://www.raya.com/site/topics/article.asp?cu_no=2&item_no=110189&version=1&template_id=24&parent_id=23.
[2] CNN rapporte en effet que bien que né de parents musulmans, Abdul Kalam ne se considère pas comme musulman. http://archives.cnn.com/2002/WORLD/asiapcf/south/07/18/india.president/index.html

source: Memri